S. f. (Théologie) acte par lequel on sanctifie une chose commune ou profane, par le moyen de certaines cérémonies, prières, et bénédictions destinées à cet usage.

La consécration est le contraire du sacrilège et de la profanation, qui consiste à employer à des usages profanes une chose qui n'était destinée qu'à des usages pieux.

L'évêque consacre une église ou un calice. Le pape consacre des médailles, des agnus Dei, et accorde des indulgences à ceux qui les portent sur eux avec dévotion.

La consécration ou dédicace d'une église est une cérémonie épiscopale, qui consiste en un grand nombre de bénédictions, d'aspersions, et d'onctions sur les murailles, tant dedans que dehors. Voyez EGLISE.

Voici les principales cérémonies qu'on y observe, selon le pontifical romain et le droit canon. Le plan de l'église étant tracé, l'évêque fait planter une croix au lieu où doit être l'autel, puis il bénit la première pierre et les fondements, avec des prières qui font mention de Jesus-Christ la pierre angulaire, et des mystères signifiés par cette construction matérielle. Lorsque le bâtiment est achevé, l'évêque doit en faire au plutôt la dédicace ou consécration, qui est la plus solennelle et la plus longue de toutes les cérémonies ecclésiastiques. On s'y prépare par le jeune, et par les vigiles que l'on chante devant les reliques qui doivent être mises sous l'autel ou dedans. Le matin, l'évêque consacre la nouvelle église par plusieurs bénédictions et aspersions qu'il fait dedans et dehors : il y emploie l'eau, le sel, le vin, et la cendre, matières propres à purifier ; puis il la parfume d'encens, et fait aux murailles plusieurs onctions avec le saint-chrême. Il consacre ensuite l'autel. On ne réitère point la consécration tant que la bâtiment subsiste ; mais si l'église est profanée, on la réconcilie. Voyez RECONCILIATION. Fleury, instit. au droit eccles. tom. I. part. II. ch. VIIe p. 314.

L'usage de consacrer à Dieu les hommes destinés à son service, et au ministère de ses temples et de ses autels, les lieux, les vases, les instruments, et les vêtements qui y servent, est très-ancien : Dieu l'avait ordonné dans l'ancienne loi, et il en avait prescrit toutes les cérémonies.

Dans la loi nouvelle, quand ces consécrations regardent les hommes, et qu'elles se font par un sacrement institué par Jesus-Christ, nous les nommons en français ordinations, excepté celles des évêques et des rais, que nous appelons consécrations. Voyez EVEQUE, ROI, DINATIONTION.

Quand elles se font seulement par une cérémonie instituée par l'église, nous les nommons bénédictions. Voyez BENEDICTION.

Quand elles se font pour des temples, des autels, des vases, des vêtements, nous disons dédicace. Voyez DEDICACE.

CONSECRATION signifie plus particulièrement l'action par laquelle un prêtre qui célèbre la messe consacre le pain et le vin. Voyez EUCHARISTIE.

Les catholiques romains la définissent la conversion du pain et du vin en corps et en sang de J. C. et une preuve que c'est-là le sentiment de leur Eglise, c'est que le prêtre élève l'hostie immédiatement après la consécration pour la faire adorer au peuple. Voyez ELEVATION.

Il y a de grandes difficultés entre l'église grecque et latine touchant les paraboles de la consécration : l'opinion la plus commune et la plus conforme à la doctrine de S. Thomas et de l'école, est que la consécration du pain et du vin consiste en ces mots. Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Les Grecs au contraire attribuent, au moins en partie, le changement du pain et du vin en corps et en sang de J. C. à une certaine prière qu'ils appellent l'invocation du S. Esprit, qui se fait après que le prêtre a récité ces paroles, ceci est mon corps, ceci est mon sang, que les mêmes Grecs ne croient nécessaires que pour la consécration des symboles, parce qu'elles renferment l'histoire de l'institution de ce sacrifice.

CONSECRATION, signifie, chez les Médaillistes, la même chose qu'apothéose : c'est l'apothéose d'un empereur après sa mort, sa translation, et sa réception dans le ciel parmi les dieux. Voyez APOTHEOSE.

Les consécrations sont ordinairement exprimées sur les médailles de la manière suivante. D'un côté est la tête de l'empereur couronnée de laurier, et souvent voilée, et dans l'inscription on lui donne le titre de divus : au revers il y a un temple ou un autel, ou un bucher, ou un aigle sur un globe qui prend son essor pour s'élever au ciel ; quelquefois l'aigle est sur un autel ou sur un cippe. Dans d'autres médailles l'empereur parait dans les airs porté sur un aigle qui l'enlève au ciel, et pour inscription toujours consecratio.

Ce sont-là les types les plus ordinaires. Antonin Pie a cependant quelquefois au revers de ses consécrations la colonne Antonine. Au lieu d'un aigle, les impératrices ont un paon.

Pour les honneurs rendus après la mort aux empereurs, qui consistent à les mettre au nombre des dieux, ils sont expliqués par les mots consecratio, pater, divus, et deus.

Quelquefois on met autour des temples et des autels, memoria felix, ou memoriae aeternae ; quelquefois aux princesses aeternitas, ou syderibus recepta ; et du côté de la tête, diva ou . Voyez le P. Jobert, les dictionn. de Trév. et Chambers. (G)

Nous voyons dans plusieurs auteurs anciens les cérémonies qu'on pratiquait à la consécration des empereurs ou des princes. On peut s'en former une idée dans Tacite, en lisant tout ce que dit cet historien au sujet de la mort de Germanicus, des honneurs qu'on lui avait refusés, et des murmures du peuple à cette occasion. On plaçait l'image du prince sur un lit, on chantait des vers en son honneur, on faisait son éloge funèbre, on le pleurait, enfin on contrefaisait au moins la douleur. C'est ce que Tacite exprime par ces mots : Praepositam toro effigiem, et laudationem, et lacrymas, et doloris imitamenta. C'est ainsi que les Romains consacraient après la mort dans le ciel le nom des princes, qui souvent avaient le plus mal gouverné la terre. Il y a apparence que c'était une vaine cérémonie, dont le peuple même n'était point la dupe : du moins il est certain que les grands ne l'étaient pas ; et quelquefois ceux qui devaient en être l'objet s'en mocquaient hautement. Vespasien devenant vieux et infirme, plaisantait d'avance sur son apothéose future, et disait à ses courtisans : Il me semble que je commence à devenir dieu. C'est ainsi qu'on doit traiter la superstition du peuple. Il est vrai que ce n'est pas le moyen de le corriger, du moins d'abord ; mais la lumière se répand peu-à-peu, et la vérité chasse le mensonge. Voyez APOTHEOSE.

La consécration ou apothéose du prince lui valait l'épithète de divus, qui équivaut à celle de dieu. C'est ainsi que l'on trouve divus Augustus, divus Vespasianus, etc. Mais comme la consécration était une pure cérémonie, l'épithète de divus n'était aussi apparemment qu'une épithète d'honneur, une espèce de titre qu'on accordait au mort, et qui n'engageait les vivants à rien ; et s'il était permis de parler ainsi, il est fort vraisemblable que les Romains aimaient mieux divus Nero (c'est-à-dire Neron mort), que vivus Nero. Ce qu'il y a de singulier, et ce qui prouve que le mot divus était une pure épithète de cérémonie, c'est que même après que les empereurs eurent embrassé le Christianisme, ils conservèrent encore ce titre assez longtemps.

CONSECRATION des pontifes Romains, (Histoire ancienne) Voici la description que nous en a laissé Prudence. On faisait descendre le pontife élu ou désigné, et revêtu des habits pontificaux, dans une fosse qu'on couvrait d'une planche percée de plusieurs trous ; alors le victimaire, et les autres ministres servants aux sacrifices, amenaient sur la planche un taureau orné de guirlandes, et lui ayant enfoncé un couteau dans la gorge, ils en épanchaient le sang qui découlait par les trous sur le pontife, et dont il se frottait les yeux, le nez, les oreilles, et la langue, parce qu'on croyait que cette cérémonie le purifiait de toutes souillures : ensuite on le tirait de la fosse tout dégouttant de sang, et on le saluait par cette formule, salve pontifex maxime ; il changeait d'habits, et on le reconduisait en pompe à sa maison, où la solennité se terminait par un grand repas. Voyez TAUROBOLE. (G)