S. f. (Théologie) c'est l'acte de conférer les ordres à une personne qui a été déjà ordonnée. Voyez ORDRE et ORDINATION.

Le sacrement de l'ordre imprime, selon les Théologiens, un caractère ineffaçable, et par conséquent il ne peut pas être réitéré. Cependant on a disputé longtemps dans les écoles, si certaines ordinations dont il est parlé dans l'histoire ecclésiastique, n'ont pas été regardées comme nulles, et sous ce prétexte réitérées. Dans le VIIIe siècle, par exemple, Etienne III. déclara nulles les ordinations faites par Constantin son prédécesseur, consacra de nouveau les évêques ordonnés par Constantin, et pour les prêtres et les diacres que celui-ci avait ordonnés, il les réduisit à l'état des laïques. Mais les Théologiens pour la plupart prétendent que la nouvelle consécration de ceux qui avaient été ordonnés par Constantin, n'était pas une véritable ordination, mais une simple cérémonie de réhabilitation pour leur rendre l'exercice de leurs fonctions. Sur ce fait et sur plusieurs autres semblables, tels que les ordinations de Photius, du pape Formose, et les ordinations conférées par des évêques, soit schismatiques, soit intrus, soit excommuniés, soit simoniaques, comme il y en eut beaucoup de cette dernière espèce dans le XIe siècle ; il est de principe parmi les Théologiens, que les papes ou les conciles ne les ont jamais déclarés nulles quant au fond, mais seulement quant à l'exercice de l'ordre. C'est le sentiment de l'église d'Afrique contre les Donatistes, dont elle ne réordonna jamais les évêques ou les prêtres, quand ils voulurent se réunir avec les Catholiques. C'est aussi celui de la plupart des Théologiens après S. Thomas qui parle ainsi des ordinations simoniaques : ille qui simoniacè recipit ordinem, recipit quidem caracterem ordinis propter efficaciam sacramenti, non tamen recipit gratiam neque ordinis executionem. Secundâ secundae, quaest. C. art. 6. in resp. ad. 1. Et plus bas, nec debet aliquis recipere ordinem ab episcopo quem scit simoniacè promotum, et si ordinetur, non recipit ordinis executionem, etiamsi ignoraret eum esse simoniacum, sed indiget dispensatione. Ibid. in resp. ad 2.

L'usage présent de l'église romaine est de réordonner les Anglicans, parce qu'on y prétend que leurs évêques ne sont pas validement consacrés, et que la forme de leurs ordinations est insuffisante. Voyez la raison de cette prétention au mot ORDINATION.

Les Anglicans eux-mêmes sont dans l'usage de réordonner les ministres luthériens ou calvinistes, qui passent dans leur communion, parce que leurs évêques prétendent avoir seuls le droit de conférer les ordres sacrés, et que tout ministre qui ne le reçoit pas de leurs mains, n'a pas une vocation légitime et régulière.

Tout raisonnable que soit cet usage par rapport à ces ministres qui n'ont reçu leur vocation que du choix du peuple, il forme le plus grand obstacle qu'il y ait à les réunir avec les Anglicans, la plupart d'entr'eux ayant de grands scrupules de se faire réordonner, parce que la réordination emporte la nullité de leur première vocation, et que par conséquent ce serait convenir qu'ils ont administré les sacrements, sans en avoir le droit, et que toutes les fonctions du ministère qu'ils ont exercées, étaient nulles et invalides. Voyez PRESBYTERIENS.

Les Anglicans en usent de même, selon le p. le Quien, à l'égard des prêtres catholiques qui apostasient ; mais ils n'ont pas le même fondement ; car de quelques erreurs qu'ils accusent l'église romaine, ils ne peuvent nier que les ordres qu'elle confère, sont validement conférés, à moins de tomber eux-mêmes dans l'erreur des Donatistes. Voyez DONATISTES.