v. a. (Théologie) Ce terme pris selon sa signification littérale et étymologique tirée du Latin, signifie proprement porter à sa bouche, baiser sa main, ou baiser quelque chose : mais dans un sentiment de vénération et de culte : si j'ai Ve le soleil dans son état, et la lune dans sa clarté, et si j'ai baisé ma main, ce qui est un très-grand péché, c'est-à-dire si je les ai adoré en baisant ma main à leur aspect. Et dans les livres des Rois : Je me réserverai sept mille hommes qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal, et toutes les bouches qui n'ont pas baisé leurs mains pour l'odorer. Minutius Felix dit que Cecilius passant devant la statue de Séraphis baisa la main, comme c'est la coutume du peuple superstitieux. Ceux qui adorent, dit S. Jérôme, ont accoutumé de baiser la main, et de baisser la tête ; et les Hébreux, suivant la propriété de leur Langue, mettent le baiser pour l'adoration ; d'où vient qu'il est dit : baisez le fils, de peur qu'il ne s'irrite, et que vous ne périssiez de la voie de justice, c'est-à-dire adorez -le, et soumettez-vous à son empire. Et Pharaon parlant à Joseph : tout mon peuple baisera la main à votre commandement, il recevra vos ordres comme ceux de Dieu ou du Roi. Dans l'Ecriture le terme d'adorer se prend non-seulement pour l'adoration et le culte qui n'est dû qu'à Dieu seul, mais aussi pour les marques de respect extérieures que l'on rend aux Rais, aux Grands, aux Personnes supérieures. Dans l'une et dans l'autre sorte d'adoration, on s'inclinait profondément, et souvent on se prosternait jusqu'en terre pour marquer son respect. Abraham adore prosterné jusqu'en terre les trois Anges qui lui apparaissent sous une forme humaine à Mambré. Loth les adore de même à leur arrivée à Sodome. Il y a beaucoup d'apparence que l'un et l'autre ne les prit d'abord que pour des hommes. Abraham adore le peuple d'Hébron : adoravit populum terrae. Il se prosterna en sa présence pour lui demander qu'il lui fit vendre un sépulcre pour enterrer Sara. Les Israélites ayant appris que Moyse était envoyé de Dieu pour les délivrer de la servitude des Egyptiens, se prosternèrent et adorèrent le Seigneur. Il est inutîle d'entasser des exemples de ces manières de parler : ils se trouvent à chaque pas dans l'Ecriture. Job. xxxj. 26. 27. III. Reg. xjx. 18. Minut. in octav. Hier. contr. Rufin. L. I. Psaumes XIe 12. Genèse xlj. 40. Genèse XVIIIe 2. xjx. 7. Exode IVe 31. Calmet, Dictionnaire de la Bible, tome I. lett. A. page 63.

* ADORER, honorer, revérer ; ces trois verbes s'emploient également pour le culte de religion et pour le culte civil. Dans le culte de religion, on adore Dieu, on honore les Saints, on revère les reliques et les images. Dans le culte civil, on adore une maîtresse, on honore les honnêtes gens, on revère les personnes illustres et celles d'un mérite distingué. En fait de religion, adorer c'est rendre à l'être suprême un culte de dépendance et d'obéissance : honorer, c'est rendre aux êtres subalternes, mais spirituels, un culte d'invocation : revérer, c'est rendre un culte extérieur de respect et de soin à des êtres matériels, en mémoire des êtres spirituels auxquels ils ont appartenu.

Dans le style profane, on adore en se dévouant entièrement au service de ce qu'on aime, et en admirant jusqu'à ses défauts : on honore par les attentions, les égards, et les politesses : on revère en donnant des marques d'une haute estime et d'une considération au-dessus du commun.

La manière d'adorer le vrai Dieu ne doit jamais s'écarter de la raison ; parce que Dieu est l'auteur de la raison, et qu'il a voulu qu'on s'en servit même dans les jugements de ce qu'il convient de faire ou ne pas faire à son égard. On n'honorerait peut-être pas les Saints, ni on ne révérait peut-être pas leurs images et leurs reliques dans les premiers siècles de l'Eglise, comme on a fait depuis, par l'aversion qu'on portait à l'idolatrie, et la circonspection qu'on avait sur un culte dont le précepte n'était pas assez formel.

La beauté ne se fait adorer que quand elle est soutenue des grâces ; ce culte ne peut presque jamais être justifié, parce que le caprice et l'injustice sont très-souvent les compagnes de la beauté.

L'éducation du peuple se borne à le faire vivre en paix et familièrement avec ses égaux. Le peuple ne sait ce que c'est que s'honorer réciproquement : ce sentiment est d'un état plus haut. La vertu mérite d'être révérée : mais qui la connait ? Cependant sa place est partout.