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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Theologie
S. m. (Théologie) sacrement par lequel on est fait enfant de Dieu et de l'Eglise, et qui a la vertu d'effacer le péché originel dans les enfants, et les péchés actuels dans les adultes.

Le mot baptême en général signifie lotion, immersion, du mot grec, ou , je lave, je plonge ; et c'est en ce sens que les Juifs appelaient baptême certaines purifications légales qu'ils pratiquaient sur leurs prosélytes après la circoncision. On donne le même nom à celle que pratiquait S. Jean dans le désert à l'égard des Juifs, comme une disposition de pénitence pour les préparer, soit à la venue de Jesus-Christ, soit à la réception du baptême que le Messie devait instituer, et dont le baptême de S. Jean était absolument différent par sa nature, sa forme, son efficace, et sa nécessité, comme le prouvent les Théologiens, contre la prétention des Luthériens et des Calvinistes.

Le baptême de l'Eglise chrétienne est appelé dans les pères de plusieurs noms relatifs à ses effets spirituels, comme adoption, renaissance, régénération, remission des péchés, renouvellement des esprits, vie éternelle, indulgence, absolution ; et par les Grecs, tantôt , régénération de l'âme, et tantôt , onction ; soit à cause de celles qu'on y pratique, soit parce qu'il nous consacre à J. C. quelquefois et , illumination, , signe ou marque ; et par les Latins, salut, mystère, sacrement. Cyprian. Augustin. Tertull. Cyrill. Justin. Chrysost. Clem. Alex. Euseb. Ambros. &c.

La définition que nous avons donnée au commencement de cet article ne convient donc au baptême, qu'entant qu'il est le premier des sacrements de la loi nouvelle : sa matière éloignée est l'eau naturelle, comme de rivière, de fontaine, de pluie, etc. par conséquent toute autre liqueur, soit artificielle, soit même naturelle, telle que le vin, ne peut être employée comme matière dans ce sacrement ; et les exemples qu'on cite au contraire, ou sont apocryphes, ou partaient d'une ignorance grossière, justement condamnée par l'Eglise. Voyez MATIERE.

Sa forme dans l'église grecque consiste en ces paroles : baptisatur servus vel serva Dei N. in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti ; et dans l'église latine, le prêtre en versant de l'eau naturelle sur la tête de la personne qu'il baptise, la nomme d'abord par le nom que lui ont donné ses parrein et marreine, et prononce ces mots : ego te baptiso, in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti, amen. Cette forme étant pleinement exprimée dans les Ecritures, Matth. ch. xxviij. vers. 19. et attestée par les écrits des plus anciens auteurs ecclésiastiques, il s'ensuit que tout baptême conféré sans une appelation ou invocation expresse des trois personnes de la sainte Trinité, est invalide. La doctrine des conciles y est formelle, surtout celle du premier concîle d'Arles tenu en 314 ; et l'Eglise a mis une grande distinction entre les hérétiques, et ceux qui dans leur baptême conservaient ou corrompaient cette forme ; se contentant à l'égard des premiers, lorsqu'ils revenaient dans son sein, de les recevoir par la cérémonie de l'imposition des mains, et réitérant aux autres le baptême, ou plutôt leur donnant le sacrement qu'ils n'avaient jamais reçu. Voyez REBAPTISANS.

Le baptême a été rejeté totalement par plusieurs anciens hérétiques des premiers siècles, tels que les Ascodrutes, les Marcosiens, les Valentiniens, les Quintilliens, qui pensaient tous que la grâce qui est un don spirituel, ne pouvait être communiquée ni exprimée par des signes sensibles. Les Archontiques le rejetaient comme une mauvaise invention du Dieu Sebahoth, c'est-à-dire du Dieu des Juifs, qu'ils regardaient comme un mauvais principe. Les Seleuciens et les Hermiens ne voulaient pas qu'on le donnât avec de l'eau : mais ils employaient le feu, sous prétexte que saint Jean-Baptiste avait assuré que le Christ baptiserait ses disciples dans le feu. Les Manichéens et les Pauliciens le rejetaient également, aussi-bien que les Massaliens. Le nombre des hérétiques qui ont altéré ou corrompu la forme du baptême, n'est pas moindre : Menandre baptisait en son propre nom : les Eluséens y invoquaient les démons ; les Montanistes joignaient le nom de Montan leur chef, et de Priscille leur prophétesse, aux noms sacrés du Père et du Fils. Les Sabelliens, les Marcosiens, les disciples de Paul de Samosate, les Eunomiens, et quelques autres hérétiques ennemis de la Trinité, ne baptisaient point au nom des trois Personnes divines ; c'est pourquoi l'Eglise rejetait leur baptême : mais, comme nous l'avons dit, elle admettait celui des autres hérétiques, pourvu qu'ils n'altérassent point la forme prescrite, quelles que fussent d'ailleurs leurs erreurs sur le fond des mystères.

La discipline de l'Eglise sur la manière d'administrer ce sacrement, n'a pas toujours été la même : autrefois on le donnait par une triple immersion : et cet usage a duré jusqu'au XIIe siècle. Il est vrai que dans le VIe quelques catholiques d'Espagne s'en tenaient à une seule immersion, de peur, disaient-ils, que les Ariens n'imaginassent que par la triple immersion ils divisaient la Trinité à l'exemple de ces hérétiques : mais cette raison frivole ne changea généralement rien à l'ancien usage. Celui de baptiser par infusion, ou en versant l'eau sur la tête, commença, selon quelques-uns, dans les pays septentrionaux, et s'introduisit en Angleterre vers le IXe siècle. Le concîle de Calchut ou de Celchyth, tenu en 816, ordonna que le prêtre ne se contenterait pas de verser de l'eau sur la tête de l'enfant, mais qu'il la plongerait dans les fonts baptismaux.

Les Ecrivains ecclésiastiques parlent de plusieurs cérémonies qu'on pratiquait au baptême, qui sont aujourd'hui abolies, ou dont il ne reste que de legeres traces ; comme de donner aux nouveaux baptisés du lait et du miel dans l'église d'orient ; et dans celle d'occident, du miel et du vin, de les revêtir d'une robe blanche, etc. de ne baptiser qu'à jeun, de donner immédiatement après le baptême la confirmation et l'eucharistie, etc.

Les Théologiens distinguent trois sortes de baptêmes ; le baptême d'eau, dont nous venons de parler ; le baptême de feu, c'est-à-dire la charité parfaite jointe à un ardent désir d'être baptisé, c'est ce qu'on appelle aussi le baptême du S. Esprit, qui supplée au baptême d'eau ; et le baptême de sang, c'est-à-dire le martyre. On ne baptisait autrefois les catéchumenes qu'à pâque et à la pentecôte, excepté en cas de nécessité.

Le ministre ordinaire du baptême est l'évêque ou le prêtre ; mais en cas de nécessité, toutes personnes, même les femmes, peuvent baptiser.

Quelques-uns ont prétendu que dans la primitive Eglise on ne baptisait que les adultes : mais c'est sans fondement. Car quoiqu'on n'ait point dans l'Ecriture de textes précis qui marquent que des enfants ont été baptisés, et que quelques anciens pères, comme Tertullien, fussent persuadés que de baptiser les enfants avant qu'ils eussent atteint l'âge de raison, c'était les exposer à violer les engagements de leur baptême ; et qu'ainsi il était de la prudence et de la charité de n'admettre à ce sacrement que les adultes : il est néanmoins certain, 1°. que les apôtres ont baptisé des familles entières, dans lesquelles il est très-probable qu'il se trouvait des enfants : 2°. que la pratique actuelle de l'Eglise à cet égard est fondée sur la tradition des apôtres, comme l'assure S. Augustin après S. Irénée et S. Cyprien. Ce dernier surtout consulté par l'évêque Fidus, s'il ne serait pas à-propos de fixer le temps du baptême des enfants au huitième jour après leur naissance, comme celui de la circoncision l'était chez les Juifs, en conféra avec soixante-cinq autres évêques assemblés en concîle à Carthage en 253, et répondit à Fidus : Quod tu put abas esse faciendum, nemo consentit : sed universi potius judicavimus nulli hominum nato misericordiam Dei et gratiam esse denegandam. Quelqu'autorisée que fût cette pratique dans les premiers siècles de l'Eglise, il faut convenir qu'elle n'était pas généralement observée à l'égard de tous les enfants des fidèles : les catéchumenes même différaient plusieurs années à recevoir le baptême. L'histoire ecclésiastique nous apprend que S. Ambraise ne fut baptisé qu'après avoir été élu évêque de Milan. On sait que l'empereur Constantin ne reçut ce sacrement qu'à l'article de la mort, et qu'il eut en cela bien des imitateurs d'un nom illustre dans l'Eglise. Plusieurs différaient ainsi leur baptême le plus longtemps qu'ils pouvaient, mais par des motifs très-différents ; les uns par un esprit d'humilité, dans la crainte de n'être pas assez bien disposés pour recevoir dignement ce premier sacrement ; les autres pour mener plus librement une vie déréglée, se flattant d'en obtenir le pardon à la mort par l'efficace du baptême. Les pères s'élevèrent avec tant de force contre les fausses raisons et le danger des délais dont on usait pour recevoir si tard le baptême, qu'ils réussirent peu-à-peu à établir l'usage qui subsiste aujourd'hui.

Quoique Jesus-Christ soit venu dans le monde pour ouvrir à tous les hommes la voie du salut, cependant il était d'usage et de règle dans la primitive Eglise, de refuser le baptême à certaines personnes engagées dans des conditions ou professions notoirement criminelles, comme incompatibles avec la sainteté du Christianisme ; à moins qu'elles ne renonçassent à cette profession ou à cet état. De ce nombre étaient les Sculpteurs, Fondeurs, ou autres ouvriers qui faisaient des idoles ; les femmes publiques, les comédiens, les cochers, gladiateurs, musiciens, ou autres qui gagnaient leur vie à amuser le public dans le cirque ou l'amphithéâtre ; les astrologues, devins, magiciens, enchanteurs, ceux qui étaient adonnés aux crimes contre-nature, ceux mêmes qui étaient tellement passionnés pour les représentations des jeux et du théâtre, qu'ils refusassent de s'en abstenir dès qu'ils auraient embrassé la religion ; les concubinaires, ceux qui tenaient des lieux de débauche ; quelques-uns même ont cru qu'on n'y admettait pas les gens de guerre : mais l'histoire ecclésiastique ne laisse aucun doute que les Chrétiens n'ont pas confondu une profession utîle et honorable par elle-même, avec des arts ou des conditions reprouvées par la raison même. Bingham, orig. ecclés. liv. XI. chap. Ve §. 6. 7. 8. 9. 10.

On convient aujourd'hui qu'on ne doit pas baptiser les enfants des infidèles, même soumis à la domination des princes chrétiens, malgré leurs parents, à moins que ces enfants ne soient en danger évident de mort ; parce que cette violence est contraire au droit naturel qu'ont les pères et les mères sur leurs enfants ; et que d'ailleurs elle exposerait le sacrement à une profanation certaine, par l'apostasie à laquelle ces pères et mères engageraient leurs enfants.

Quelques-uns ont cru qu'on devait conférer le baptême aux morts, et même qu'on pouvait le recevoir à leur place, fondés sur ce passage de S. Paul aux Corinthiens I. épit. ch. XVe vers. 30. alioquin quid facient qui baptisantur pro mortuis, si mortui non resurgunt : ut quid et baptisantur pro illis ? passage sans-doute mal entendu, et qui à la lettre ne signifie autre chose, sinon qu'on peut pratiquer en mémoire des morts des œuvres de pénitence qui leur obtiennent la rémission des péchés qu'ils n'ont pas suffisamment expiés en cette vie ; car le mot de baptême, dans un sens général et usité dans l'Ecriture, signifie quelquefois la pénitence, les afflictions et les souffrances. Ainsi dans S. Luc, Jesus-Christ parlant de sa passion, l'appelle un baptême : ch. XIIIe vers. 50. baptismo habeo baptisari ; et dans S. Marc, ch. Xe vers. 38. potestis.... baptismo quo ego baptisor baptisari. (G)

APTEME du tropique ou de la ligne, en Marine ; c'est une cérémonie ridicule, mais d'un usage ancien et inviolable parmi les gens de mer, qui la pratiquent bien régulièrement sur ceux qui passent pour la première fois le tropique ou la ligne équinoxiale.

Chaque nation s'y prend diversement, et même les équipages d'une même nation l'exercent en différentes manières. Voici celle qui est la plus ordinaire parmi les équipages français.

Pour préparatifs, on met une baille au pied du grand mât pleine d'eau de la mer ; le pilote pour l'ordinaire se met auprès, le visage barbouillé, le corps revêtu et tout entortillé de garcettes, dont quelques-unes lui pendent des bras. Il est accompagné de cinq ou six matelots habillés de même : il tient entre ses mains un livre de cartes marines tout ouvert ; aux environs il y a des matelots avec des seaux pleins d'eau ; il y en a sur les vergues et sur les hunes. On amène celui qui doit être baptisé en grande cérémonie ; on le fait asseoir sur une planche tenue aux deux bouts par deux matelots, et posée sur la baille pleine d'eau ; on lui fait jurer sur le livre que tient le pilote, de pratiquer sur les autres la même cérémonie, lorsque l'occasion s'en trouvera ; et dans l'instant les deux matelots renversent la planche, et font tomber l'homme dans la baille ; en même temps ceux qui sont à la hune et sur les vergues lui jettent plusieurs seaux d'eau sur le corps. Les officiers et les passagers se rachettent d'une si ridicule cérémonie, en donnant quelqu'argent aux équipages : mais on ne fait point de grâce à ceux qui ne donnent rien. On demande cependant permission au capitaine pour faire le baptême.

Un vaisseau qui n'a point encore passé la ligne ou le tropique, y est soumis : mais le capitaine le rachette par quelques rafraichissements qu'il donne aux gens de l'équipage, autrement ils couperaient l'éperon ou quelqu'autre partie du vaisseau : mais aujourd'hui beaucoup de capitaines abolissent cette ridicule cérémonie. (Z)




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