S. f. (Théologie) selon les Théologiens catholiques, c'est l'assemblée des fidèles unis par la profession d'une même foi et par la communion des mêmes sacrements, sous la conduite des légitimes pasteurs ; c'est-à-dire, des évêques, et du pape successeur de S. Pierre et vicaire de Jesus-Christ sur la terre.

La plupart des hérétiques ont défini l'Eglise conformément à leurs opinions, ou de manière à faire croire que leurs sociétés particulières étaient la véritable Eglise. Les Pélagiens disaient que c'était une société d'hommes parfaits, qui n'étaient souillés d'aucun péché. Les Novatiens, qu'elle n'était composée que des justes qui n'avaient pas péché griévement contre la foi. Les Donatistes n'y admettaient que les personnes vertueuses et exemptes des grands crimes ; Wiclef, que les prédestinés ; Luther, que les saints, qui croient et qui obéissent à Jesus-Christ. Calvin et ses sectateurs ont admis tantôt une Eglise extérieure et visible, tantôt une Eglise invisible, composée des élus. Jurieu l'a composée de toutes les sectes chrétiennes qui n'errent pas dans les articles fondamentaux. Tous se sont accordés à en exclure le gouvernement hiérarchique du pape et des évêques. L'hérésie fut toujours ennemie de la subordination.

Les Anglicans conviennent pourtant avec nous de la nécessité d'un chef visible dans l'Eglise. Mais au lieu que nous reconnaissons le pape en cette qualité, ils la défèrent à leur roi, qui en effet dans ses titres prend celui de chef de l'église anglicane. Voyez SUPREMATIE.

Le mot Eglise vient originairement du grec , qu'on a dit en général pour une assemblée publique, quelle qu'elle fût, et quelquefois aussi pour le lieu même de l'assemblée. On le trouve employé en ce dernier sens par les écrivains sacrés et ecclésiastiques, mais plus ordinairement ils le restraignent à l'assemblée des Chrétiens ; de même que le terme synagogue, qui d'abord signifiait une assemblée en général, a été ensuite consacré par l'usage à signifier une assemblée de Juifs. Voyez SYNAGOGUE.

Ainsi dans le nouveau Testament le mot Eglise n'est guère employé qu'en parlant des Chrétiens, tantôt pour le lieu où ils s'assemblent pour prier, comme dans la première épitre aux Corinthiens, ch. XIVe . 34. tantôt pour l'assemblée des fidèles répandus par toute la terre, comme dans l'épitre aux Ephésiens, ch. Ve . 24. et 26. quelquefois pour les fidèles d'une ville ou d'une province en particulier, comme dans la première épitre aux Corinthiens, ch. j. . 1. et 2. et dans la seconde aux Corinthiens, ch. VIIIe . 1. quelquefois pour une seule famille, comme dans l'épitre aux Romains, ch. XVIe . 5. et enfin pour les pasteurs et les ministres de l'Eglise, comme dans S. Matthieu, ch. XVIIIe . 17.

L'Eglise universelle est la société de toutes les églises particulières unies par la même profession de foi, la participation aux mêmes sacrements, et la même soumission à la voix des pasteurs légitimes, c'est-à-dire du pape et des évêques. On y distingue deux parties ; l'une extérieure et visible, qu'on nomme son corps ; l'autre intérieure et invisible, qu'on appelle son âme. Le corps est la profession extérieure de la foi et la communion des sacrements. L'ame, ce sont les dons intérieurs du S. Esprit, la foi, l'espérance, la charité, etc. De cette distinction, l'on conclut que les hérétiques qui font profession ouverte d'une doctrine contraire à celle de Jesus-Christ, les infidèles, les schismatiques, les excommuniés, ne sont ni de l'âme ni du corps de l'Eglise. Mais les pécheurs, les mécans, les infidèles et les hérétiques cachés, les réprouvés même sont de son corps. Les justes et les élus appartiennent seuls proprement à son âme ; les cathécumenes et les pénitens sont de son corps, mais imparfaitement, parce qu'ils aspirent ou à y être reçus, ou à y rentrer.

Les qualités ou caractères de l'Eglise marqués dans le symbole du Concîle de Constantinople, sont qu'elle est une, sainte, catholique, et apostolique. Une, par l'union de tous ses membres sous un même chef invisible qui est Jesus-Christ, et sous un même chef visible qui est le pape, et par l'unité de sa doctrine qu'elle tient de Jesus-Christ et des apôtres, et par la tradition des pères. L'Eglise est sainte par la sainteté de sa doctrine, de ses sacrements, et parce qu'il n'y a et ne peut y avoir de saint que dans sa société. Catholique, c'est-à-dire, qu'elle n'est bornée ni par les temps ni par les lieux, et qu'elle est plus étendue qu'aucune des sectes qui se sont séparées d'elle ; et enfin apostolique, tant parce qu'elle professe la doctrine qu'elle a reçue des apôtres, que parce que ses pasteurs sont par une suite non interrompue les légitimes successeurs des apôtres. A quoi il faut ajouter trois autres avantages fondés sur les promesses de Jesus-Christ ; savoir, 1°. sa visibilité, 2°. son indéfectibilité ou sa perpétuité, 3°. son infaillibilité dans ses décisions, soit qu'elle soit dispersée, soit qu'elle soit assemblée. Nos plus habiles théologiens et controversistes ont prouvé contre les Protestants, que ces caractères et ces avantages convenaient parfaitement à l'Eglise romaine, et ne convenaient qu'à elle seule. On peut en voir les preuves dans les savants ouvrages de MM. Bossuet, Nicole, de Wallembourg, Pelisson, etc. Voyez APOSTOLIQUE, CATHOLICITE, UNITE, etc.

Quoique toutes les églises catholiques aient toujours été considérées comme une seule et même Eglise, cependant les églises particulières ont eu leur dénomination propre, comme l'église d'Orient, l'église d'Occident, l'église d'Afrique, l'église gallicane, etc.

L'église d'Orient ou l'église grecque signifiait autrefois simplement les églises des Grecs ou d'Orient, et non pas une église particulière et séparée de communion de l'église latine, et elle comprenait toutes les provinces qui étaient anciennement soumises à l'empire grec ou empire d'Orient, et dans lesquelles on parlait grec, c'est-à-dire tout l'espace, depuis l'Illyrie jusqu'à la Mésopotamie et la Perse, y compris l'Egypte. Le schisme commencé par Photius, consommé par Michel Cerularius, a séparé de l'église latine cette partie de l'Orient, autrefois si féconde en grands hommes ; et quoiqu'on en ait tenté la réunion en divers conciles, elle n'a jamais réussi, à l'exception du patriarchat de Jérusalem : ceux d'Antioche et d'Alexandrie sont demeurés dans le schisme avec celui de Constantinople, que le grand-seigneur confère ordinairement au plus offrant, et dont par cette raison les titulaires sont souvent destitués, soit par l'avarice des Turcs, soit par l'avidité du premier concurrent, qui donne au grand-vizir ou aux autres ministres de la Porte des sommes plus considérables que celles qu'ils ont reçues du patriarche qui est en place.

L'église d'Occident comprenait autrefois les églises d'Italie, d'Espagne, d'Afrique, des Gaules, et du Nord, en un mot de toutes les provinces où l'on parlait la langue des Romains. La Grande Bretagne, une partie des Pays-bas, de l'Allemagne, et du Nord, s'en sont séparées depuis plus d'un siècle, et forment des sociétés à part, que leurs sectateurs appellent églises reformées, mais qui dans le vrai font un schisme aussi réel que celui des Grecs. Voyez REFORMATION et SCHISME. Cette église reformée se divise elle même en église luthérienne, calviniste, et anglicane, qui n'ont aucun point fixe de créance et de communion uniforme entr'elles que leur déchainement contre l'Eglise catholique. Tandis que celle-ci souffrait ces pertes en Europe, elle faisait de nouvelles conquêtes dans les Indes, le Japon, la Chine, et le nouveau Monde, où la religion a fait des établissements très-considérables. Au reste l'indéfectibilité n'est promise à aucune église en particulier, même nationale. Les églises d'Afrique et d'Angleterre n'en fournissent qu'une trop triste expérience. Voyez INDEFECTIBILITE, INFAILLIBILITE, etc.

L'église romaine est la société des Catholiques unis de communion avec le pape, successeur de S. Pierre. On l'a appelée la mère et la maîtresse des autres églises dès le temps de S. Irénée au second siècle, parce qu'en effet presque toutes celles de l'Occident sont émanées d'elle, et qu'on l'a regardée comme le centre de l'unité catholique. Quiconque ne communique pas avec l'évêque de Rome, est comme séparé de cette unité : ç'a toujours été la marque distinctive du schisme que de rompre avec l'église de Rome, soit dans l'unité de doctrine, soit dans l'ordre de la hiérarchie ecclésiastique. Voyez SCHISME, PRIMAUTE, PAPE, UNITE, etc.

L'église d'Afrique avait un grand nombre de chaires épiscopales, comme il parait par l'histoire des Donatistes. Quelques-uns en comptent jusqu'à huit cent ; elle a donné à l'Eglise des docteurs illustres. Il suffit de nommer S. Cyprien, S. Augustin, S. Fulgence, pour rappeler au lecteur l'idée du génie sublime réuni à celle de la plus éminente piété. L'irruption des Goths et des Vandales attachés à l'Arianisme, et chassés à leur tour de cette partie du monde par les Sarrasins, y a aboli la véritable religion. Dieu retranche à son gré les lumières, et permet les ténèbres, surtout quand on rejette les unes, et qu'on appelle les autres.

L'église gallicane a de tout temps été une des portions des plus florissantes de l'Eglise universelle. Son attachement constant au S. Siege, sans altérer celui qu'elle devait à l'ancienne discipline de l'Eglise ; son zèle contre les hérésies, égal à celui qu'elle a témoigné contre les innovations, contraires à l'esprit des conciles et des canons ; sa fidélité pour nos rois ; la protection qu'elle a accordée aux bonnes lettres, et le nombre infini d'hommes célèbres par leur savoir et par leur piété, qu'elle a produits dans tous les temps, seront à jamais des monuments de sa gloire. Le P. de Longueval, jésuite, nous en a donné une histoire, continuée par les PP. de Fontenay, Brumoy, Berthier, ses confrères. Voyez BIBLE.

EGLISE, considérée par rapport à l'Architecture, est un grand édifice oblong, destiné parmi les Chrétiens à la prière publique. Elle est ordinairement en forme de vaisseau, et a un chœur, un autel, une nef, des bas côtés, des chapelles, une tour ou clocher. Voyez chacun de ces mots à sa place.

Les anciens ont mis quelque différence entre l'Eglise prise pour l'assemblée de la société des fidèles, et le lieu de cette assemblée ; et ils appelaient la première , et l'autre . Aliud est, dit Isidore de Peluse, , aliud ; nam ea ex immaculatis animis constat, haec autem ex lapidibus et lignis exaedificatur. Ils donnaient aussi différents noms aux églises ; les Grecs les nommaient , d'où les Latins on fait dominium et domus Dei ; les Saxons, kyrik ou kyrch ; les Ecossais et les Anglais, kyrk ou church, noms fort approchants du grec. Tertullien appelle l'Eglise la maison de la colombe, domus columbae, pour marquer la simplicité et la pureté des mystères qu'on y célébrait au grand jour, par opposition aux abominations que commettaient les Valentiniens dans leurs assemblées. On les appelait aussi oratoires ou maisons de prière ; basiliques ou palais du Roi des rais. On ne leur donna jamais le nom de temples avant le quatrième siècle, parce que ce titre était affecté aux lieux où les Payens adoraient leurs idoles ; encore moins ceux de delubrum ou de fanum, si particulièrement affectés au paganisme. On trouve dans plusieurs pères les églises désignées par les noms de synodi, concilia, conciliabula, conventicula, termes relatifs aux assemblées qu'y tenaient les Chrétiens. Dans d'autres elles sont nommées martyria, memoriae, apostolea, prophetea, soit parce que les corps des martyrs, des apôtres ou des prophetes y étaient inhumés, soit parce qu'elles étaient dédiées sous leur nom : on les trouve aussi, mais plus rarement, appelées cimetières, caemeteria ; et tables, mensae ; et aires ou places, areae. Le premier de ces noms vient de ce que dans la persécution, les fidèles s'assemblaient dans des cavernes ou souterrains, où l'on avait déjà enterré des martyrs. Le second tire son origine de la table ou de l'autel destiné au sacrifice ; et le troisième signifie encore un lieu destiné aux sépultures, areae sepulturarum, dit Tertullien, ad Scapul. c. IIIe On les appelait encore cases, casae, parce que les premières églises étaient souvent des maisons particulières, et situées à l'écart ou à la campagne ; tropaea, trophées des apôtres et des martyrs qui avaient courageusement défendu la foi ; titres, tituli, parce que, dit Baronius, étant marquées du signe de la croix, elles appartenaient à ce titre à Jésus-Christ ; ou, selon Joseph Mede, parce qu'en les dédiant on y inscrivait le nom de Jesus-Christ, comme on désignait les maisons et autres biens temporels, par les noms de leurs possesseurs. Enfin on les trouve, mais beaucoup plus rarement, nommés monastères et tabernacles, monasteria et tabernacula, Bingham, orig. ecclesiastiq. tom. III. lib. VIII. cap. j. §. 1. 2. 3. 4. et seq.

Une église simple, est celle qui consiste uniquement en une nef et un chœur.

U ne église à bas côtés, est celle qui a à droite et à gauche un ou plusieurs rangs de portiques en manière de galeries voutées, avec des chapelles dans son pourtour.

Eglise en croix grecque, est celle dont la longueur de la croisée est égale à celle de la nef. On la nomme ainsi, parce que la plupart des églises grecques sont bâties de cette manière.

Eglise en croix latine, est celle dont la nef est plus longue que la croisée, telles que sont la plupart des églises gothiques.

Eglise en rotonde, est celle dont le plan est un cercle parfait, à l'imitation du panthéon. Voyez ROTONDE.

Pour la forme des anciennes églises des Grecs, voici qu'elles étaient leurs parties, lorsqu'il n'en manquait aucune. Voyez la Planc. parmi celles d'antiquités. L'église était séparée, autant qu'il se pouvait, de tous les édifices profanes ; éloignée du bruit, et environnée de tous côtés de cours, de jardins, ou de bâtiments dépendants de l'église même, qui tous étaient renfermés dans une enceinte de murailles. D'abord on trouvait un portail ou premier vestibule, par où l'on entrait dans un péristyle, c'est-à-dire une cour carrée, environnée de galeries ouvertes, comme sont les cloitres des monastères. Sous ces galeries se tenaient les pauvres, à qui l'on permettait de mendier à la porte des églises ; et au milieu de la cour était une ou plusieurs fontaines, pour se laver les mains et le visage avant la prière : les bénitiers y ont succédé. Au fond était le porche ou portique, qu'ils appelaient , qui était orné de colonnes en-dehors, et fermé en-dedans d'une muraille, au milieu de laquelle était une porte par laquelle on entrait dans un second portique. Le premier était destiné pour les énergumenes et les pénitens qui étaient encore dans la première classe. Le second était beaucoup plus large, et destiné pour les pénitens de la seconde classe, et pour les catéchumenes : on l'appelait , férula, parce que ceux qui étaient dans ce portique, commençaient à être sujets à la discipline de l'église. Ces deux portiques prenaient à-peu-près le tiers de la longueur totale de l'église. Près de la basilique, en-dehors, étaient deux bâtiments séparés ; savoir le baptistère et le diaconium, sacristie, ou trésor. Du narthex on entrait par trois portes dans l'église, qui était partagée en trois, selon la largeur, par deux rangs de colonnes qui soutenaient des galeries des deux côtés, et dont le milieu formait la nef : c'était où se plaçait le peuple, les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. Avant que d'arriver à l'autel, était un retranchement de bois qu'on nommait en grec , et en latin cancelli, pour placer les chantres. A l'entrée de ce chancel était l'ambon, c'est-à-dire un jubé ou tribune élevée, où l'on montait des deux côtés pour faire les lectures publiques. Si l'ambon était unique, il était placé au milieu ; mais quelquefois on en faisait deux, pour ne point cacher l'autel. A la droite de l'évêque et à la gauche du peuple, était le pupitre de l'évangîle ; de l'autre côté celui de l'épitre : quelquefois il y en avait un troisième pour les prophéties. Après l'ambon était le chœur, garni des deux côtés de sièges et de stalles, dont la première, à droite près du sanctuaire, était la plus honorable. Voyez CHOEUR.

Du chœur on montait par des degrés au sanctuaire, où l'on entrait par trois portes. Le sanctuaire avait trois absides dans sa longueur, et le maître-autel était placé au milieu sous l'abside la plus élevée, couronné d'un baldaquin soutenu par quatre colonnes. Voyez ABSIDE, SANCTUAIRE, BALDAQUIN.

Sous chacune des moindres absides était une table ou crédence en forme de buffet, pour mettre les oblations ou les vases sacrés.

Derrière l'autel enfin était le sanctuaire ou presbytère, où les prêtres étaient assis en demi-cercle, l'évêque au milieu d'eux sur une chaise plus élevée que les sièges des prêtres. Tous les sièges ensemble s'appelaient en grec , en latin consessus. Quelquefois aussi on le nommait tribunal, et en grec , parce qu'il ressemblait aux tribunaux des juges séculiers dans les basiliques. Voyez BASILIQUES ; Fleury, mœurs des Chrét. tit. xxv. Vehler, de templis veterum ; Leo Allatius, Mabillon, etc.

Il est vrai que parmi les églises grecques qui subsistent encore, il y en a peu qui aient toutes les parties que nous venons de décrire, parce qu'elles ont été la plupart ruinées ou converties en mosquées. Voyez MOSQUEE.

Quant à la forme des églises latines, quoiqu'elle ne soit pas bien constante, on peut les réduire à trois classes ; celles qui sont en forme de vaisseau ; celles qui sont en croix ; et celles qui ne formant qu'un dome, sont absolument de forme ronde : mais celles-ci sont les plus rares.

M. Frezier ingénieur du Roi, et le P. Cordemoy chanoine régulier, ont disputé avec beaucoup d'érudition l'un et l'autre sur la forme des églises anciennes et modernes, et sur la meilleure manière d'en construire ; ils ont tous deux donné à ce sujet des dissertations fort intéressantes, qu'on trouve dans les mémoires de Trévoux.

EGLISE signifie aussi un temple bâti et consacré en l'honneur de Dieu, et pour l'ordinaire sous l'invocation de quelque saint ; ainsi l'on dit l'église de saint Pierre de Rome, de S. Jean de Latran, de Notre-Dame de Paris. Les anglicans même ont conservé ce titre, puisqu'ils disent l'église de S. Paul à Londres. Mais les autres réformés ont poussé leur aversion contre l'Eglise romaine, jusqu'à abolir le nom d'église, auquel ils ont substitué celui de prêche, inconnu à toute l'antiquité, pour désigner leurs lieux d'assemblée pour les exercices de religion.

Les églises prises en ce sens ont différents noms, selon leur rang, leur usage, et la manière dont elles se gouvernent, comme église métropolitaine, église cathédrale, église paroissiale, église cardinale, église collégiale, etc. Voyez METROPOLITAINE, CATHEDRALE, etc.

On trouve quelquefois dans les auteurs ecclésiastiques le terme de grande église, pour signifier la principale église d'un endroit. Ce terme est singulièrement employé dans la liturgie grecque, pour désigner l'église de sainte Sophie à Constantinople, qui était le siège patriarchal ; elle avait été commencée par Constantin, elle fut finie et consacrée sous Justinien. Cette église était alors d'une telle magnificence, qu'on dit que pendant la cérémonie de la consécration ce prince s'écria : , je t'ai surpassé, ô Salomon ! Le dome, qui est, dit-on, le premier qu'on ait jamais construit, a 330 pieds de diamètre : les Turcs en ont fait leur principale mosquée. Voyez DOME et MOSQUEE.

Fitz Herbert prétend que dans les anciens livres de droit anglais le mot église, ecclesia, signifie proprement une paraisse desservie par un prêtre ou curé en titre ; c'est pourquoi, ajoute-t-il, si l'on faisait une présentation à une chapelle, comme à une église, en employant le mot ecclesia, la chapelle changeait de nom, et était dès-lors érigée en titre d'église ou de paraisse. Quand il s'agissait de savoir si c'était une église ou une chapelle annexe à quelqu'église, on demandait si elle avait baptisterium et sepulturam, c'est-à-dire des fonds baptismaux et le droit d'inhumation ; et sur l'affirmative la justice décidait qu'elle avait le titre d'église. Chambers, dictionn. lett. E. au mot Ecclésiastesia.

Quelques auteurs prétendent que la première église qui ait été bâtie publiquement par les Chrétiens, a été celle de S. Sauveur à Rome, fondée par Constantin. D'autres soutiennent que plusieurs églises qui ont porté le nom de S. Pierre le Vif, avaient été bâties en l'honneur de cet apôtre dès son vivant. Ce dernier sentiment est absurde, et contraire à la discipline ecclésiastique de tous les siècles. D'ailleurs, si l'on juge du nom des églises consacrées sous ce titre, par une très-ancienne qui se trouve dans un des fauxbourgs de Sens, et que le peuple appelle S. Pierre le Vif, son véritable nom est S. Pierre du Vic, sancti Petri Vicus, ou l'église de saint Pierre du Vic, sancti Petri de Vico, c'est-à-dire du bourg ou du fauxbourg ; nom qui peut bien avoir été altéré par le peuple en celui de vif, et avoir donné lieu à l'erreur dont nous venons de parler. (G)

EGLISE MATRICE ou MERE, Voyez MATRICE.

EGLISE, (Jurisprudence) ce terme a dans cette matière plusieurs significations différentes ; il s'entend quelquefois de l'assemblée des fidèles, quelquefois du corps des ecclésiastiques de toute la chrétienté ; ou de ceux d'une nation, d'une province, d'une ville, d'une église particulière : on entend enfin quelquefois par église, l'édifice où les ecclésiastiques font le service divin. Voyez EGLISE (Architecture)

L'Eglise peut être considérée par rapport à la foi et au dogme, ou par rapport à la célébration du service divin et à l'administration des sacrements ; ou par rapport à la discipline ecclésiastique pour ces matières. Voyez aux mots DOGME, FOI, SERVICE DIVIN, SACREMENS ECCLESIASTIQUES, DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE.

Il y a des biens d'église, c'est-à-dire attachés à chaque église particulière, pour la subsistance de ses ministres.

Jesus-Christ a fondé l'église dans l'état de pauvreté. Les apôtres vivaient des libéralités des fidèles. Dans l'Eglise naissante à Jérusalem, qui est le véritable lieu de son origine extérieure, les fidèles prévoyant les persécutions, vendaient leurs biens, et mettaient le prix entre les mains des apôtres, dont ils vivaient en commun.

Mais on tient que cette vie commune ne s'étendit pas hors de Jérusalem, et qu'elle cessa dès que le nombre des fidèles se fut assez multiplié, pour que la vie commune fût difficîle à pratiquer. Les fidèles donnaient cependant toujours une partie de leurs biens pour la subsistance des ministres de l'Eglise et des pauvres.

Les apôtres faisaient d'abord eux-mêmes la distribution de ces aumônes et oblations, mais voyant les murmures que cela excitait contr'eux, dès la seconde assemblée qui se tint à Jérusalem, ils instituèrent sept diacres qu'ils chargèrent de ce soin, afin de vaquer plus librement à la prédication et à la prière. Voyez DIACRE.

Quelque temps après l'Eglise commença à posséder des biens-fonds, les uns provenant de la libéralité des fidèles, d'autres de l'abdication qu'en faisaient ceux que l'on admettait dans le ministère de l'église. Il parait que ce fut sous Urbain I. qui siégeait en 220, que l'Eglise romaine commença à posséder des terres, prés et autres héritages, lesquels étaient communs, et les fruits distribués pour les gens d'église, les pauvres, et les protonotaires qui écrivaient les actes des martyrs.

Dioclétien et Maximien ordonnèrent la confiscation de tous les immeubles que possédait l'Eglise, ce qui ne fut pourtant pas exécuté par-tout.

Huit ans après, Maxence fit rendre ceux qui avaient été confisqués. Constantin et Licinius permirent à l'Eglise d'acquérir des biens-meubles et immeubles, soit par donation ou par testament.

La paix que Constantin donna à l'Eglise, la fit bientôt croitre en honneur, en puissance et en richesses. Les empereurs et autres princes firent des libéralités immenses aux églises ; et les fidèles, à leur exemple, donnèrent les prémices, les dixmes et oblations, et souvent même leurs immeubles. Les fondations devinrent communes dès le VIIe siècle, et elles furent encore faites avec plus de profusion dans les IXe Xe XIe XIIe et XIIIe siècles, dans lesquels plusieurs personnes publièrent que la fin du monde était prochaine, et par-là jetèrent la terreur dans l'esprit des fidèles.

L'Eglise ayant été ainsi dotée de quantité de biens-fonds, on fit attention en France et dans plusieurs autres états, que cela mettait ces biens hors du commerce, et surtout depuis l'établissement des fiefs. On considéra que le roi et les autres seigneurs étaient par-là privés de leurs droits ; c'est pourquoi il fut ordonné aux gens d'église et autres gens de mainmorte, de vider dans l'an et jour leurs mains des fonds qu'ils possédaient. Mais sous la troisième race de nos rois on commença à leur donner des lettres d'amortissement, en payant au roi un droit pour la main-morte, et un droit aux seigneurs pour leur indemnité.

On leur permit dans la suite, non-seulement de garder les fonds qui leur étaient donnés, mais même aussi d'en acquérir. Cette liberté indéfinie d'acquerir a depuis été restreinte en France, par une déclaration du mois d'Aout 1749. Voyez AMORTISSEMENT et GENS DE MAIN MORTE.

Tous les biens d'une même église étaient d'abord communs, tant pour le fonds que pour le revenu ; l'évêque en avait l'intendance, et confiait la recette et le maniement des deniers à des prêtres et diacres, auxquels il pouvait ôter cette administration, lorsqu'il y avait quelque raison légitime pour le faire.

On continua dans l'église d'Orient de vivre ainsi en commun, suivant l'ancien usage : mais dans celle d'Occident on commença vers la fin du IVe siècle à partager les revenus en quatre parts ; la première pour l'évêque, la seconde pour le clergé de son église et du diocèse, la troisième pour les pauvres, et la quatrième pour la fabrique de l'église. Ce partage fut même ainsi ordonné par le pape Simplicius, qui siégeait en 467.

Lorsqu'on eut ainsi partagé les revenus, on ne tarda pas à partager aussi les fonds, pour éviter les inconvénients que l'on trouvait à jouir en commun. Ce fut-là l'origine des bénéfices en titre, dont il est parlé dès le commencement du VIe siècle. Il est probable que ce partage fut d'abord fait pour les cures de la campagne, à cause de leur éloignement. Cet exemple fut bientôt suivi pour les églises des villes.

Lorsque l'Eglise commença à posséder des biens-fonds, il lui était libre de les vendre ou aliéner autrement ; mais l'abus que quelques pasteurs en firent, engagea les laïcs à défendre ces aliénations. L'empereur Léon, en 470, défendit à l'église de Constantinople toute aliénation. En 483, sous le règne d'Odoacre, Basilius Cecina préfet du prétoire à Rome, ordonna pendant la vacance du siège pontifical, que les biens de l'église romaine ne pourraient être aliénés.

Les trois pontifes suivants ne critiquèrent point ce decret ; mais en 502 Odoacre étant mort, le pape Symmaque dans un concîle annulla le decret de Basilius, et néanmoins il fut ordonné que le pape ni les autres ministres de cette église ne pourraient aliéner les biens qui lui appartenaient ; mais il fut dit que cela ne regardait pas les autres églises.

L'empereur Anastase étendit le decret de Léon à toutes les églises subordonnées au patriarche de Constantinople.

Justinien, en 533, ordonna la même chose pour toutes les églises d'Orient, Occident et Afrique, à moins que l'aliénation ne fût pour nourrir les pauvres ou pour racheter les captifs.

Les lois de l'Eglise ont elles-mêmes défendu l'aliénation de leurs propres biens, excepté dans certains cas de nécessité ou utilité évidente pour l'église : c'est ce que l'on voit au decret de Gratien, cause XIIe quest. et aux decrétales, tit. de rebus ecclesiae alienandis, vel non.

Dans les cas même où l'aliénation est permise, elle ne peut être faite sans certaines formalités, qui sont, 1°. le consentement de ceux qui y ont intérêt, 2° une enquête de commodo aut incommodo, 3° un procès-verbal de visite et estimation, 4° la publication en justice et dans les lieux voisins, 5° l'autorité de l'évêque ou autre supérieur ecclésiastique, 6° des lettres-patentes du Roi homologuées en la justice royale du lieu.

L'église jouit du privilège des mineurs, de sorte qu'elle est restituée contre les aliénations par elle faites sans formalités, et où elle se trouve lésée ; mais le défaut de formalités n'est pas seul un moyen suffisant de restitution : l'église n'est restituée, de même que les mineurs, qu'autant qu'elle est lésée.

Il y a eu dans des temps de trouble beaucoup d'abus commis par rapport aux églises et aux biens qui en dépendent. Charles Martel s'étant emparé du bien des églises, pour soutenir la guerre contre les Sarrasins, le distribua aux officiers ; c'est de-là que quelques-uns tirent l'origine des dixmes inféodées.

Depuis ce temps on donnait des abbayes et autres bénéfices à des laïcs, sous prétexte de les tenir en commende, c'est-à-dire sous leur protection.

On faisait ouvertement commerce des bénéfices, tellement que dans des actes publics, des laïcs ne rougissaient point d'avouer qu'ils avaient acheté une église, comme on voit dans un cartulaire de l'église de Macon, où il est parlé d'une donation de la moitié de l'église de S. Genis, diocèse de Lyon, faite par Erlebade et Gislard, qui était, disent-ils, de leur conquêt.

Par une suite de ce désordre on donnait aussi aux filles en dot des églises, même des cures, dont elles affermaient la dixme et le casuel.

Cependant sous le règne des rois Robert et Henri I, à la sollicitation des papes, tous les biens d'église dont on put reconnaître l'usurpation, furent rendus par les seigneurs et autres qui en jouissaient.

Pour la conservation des biens de l'église, on ne s'est pas contenté d'en interdire l'aliénation, on a aussi établi que la prescription n'a lieu contre l'église que par 40 ans, ce qui s'entend pour le fonds ; car les profits et revenus se prescrivent par 30 ans contre le titulaire.

Une église peut pareillement prescrire contre une autre église, des biens et droits qui en dépendent. Voyez PRESCRIPTION.

Pour ce qui concerne la construction des édifices matériels des églises chrétiennes, l'usage en est presque aussi ancien que le christianisme. On prétend que l'église de Glastenbury en Angleterre, est la première église chrétienne qui ait été bâtie dans le monde, 31 ans après la mort de Notre-Seigneur.

Il est du moins certain qu'il y en eut de bâties dans les villes dès l'an 110, et qu'en 400 on commença à en bâtir dans les villages.

Sixte II. ordonna en 264 de construire les églises et les autels vers l'Orient ; en 314 commença la coutume de les benir, et en 483 celle de les dédier.

Quand une église est polluée par effusion de sang ou par quelqu'autre scandale, l'évêque l'interdit jusqu'à ce qu'elle soit réconciliée par une nouvelle bénédiction. Voyez POLLUTION et RECONCILIATION.

On tient communément que jusque vers l'an 1000, la plupart des églises n'étaient que de bois : on en trouve une preuve dans la chronique de Reginon, où il est dit que du temps de Charles le Chauve, les Normands poursuivis par Robert gouverneur d'Anjou et par Robert comte de Poitiers, se retirèrent dans une grande église bâtie de pierre. Suivant une charte de l'an 932, Pierre I. évêque de Poitiers donna à l'abbaye de S. Cyprien, alodum suum cum ecclesia lignea. L'église cathédrale de Chartres était aussi originairement de bois ; ce fut Yves de Chartres qui la fit reconstruire en pierre : il ne faut pas s'étonner après cela, s'il ne se trouve point d'église plus ancienne que le Xe siècle.

Ceux qui fondent des églises, ont ordinairement soin de les doter, cet usage parait avoir été pratiqué dès le Ve. siècle, tant par nos rois que par leurs vassaux, et par les simples propriétaires de terres, gaulois ou romains.

Le patronage d'une église s'acquiert par l'une de ces trois voies, dos, aedificatio, fundus ; c'est-à-dire ou en donnant le fonds sur lequel est construite l'église, ou en la faisant construire à ses dépens, ou en la dotant. Ceux qui ont donné quelque chose à l'église depuis la première dotation ne sont pas patrons, mais seulement bienfaiteurs. Voyez PATRON, PATRONAGE.

Quand une église tombe en ruine par vétusté ou accident, il n'est pas permis d'en employer les matériaux à des usages profanes, ainsi que cela fut défendu par le pape Hyginus.

Les réparations et reconstructions des églises doivent être faites sur les revenus qui y sont attachés : à l'égard des églises paroissiales, les réparations et reconstructions de la nef se font sur les revenus de la fabrique ; ou s'ils ne sont pas suffisans, on oblige les paraissiens de contribuer à la dépense.

La translation des églises d'un lieu dans un autre ; c'est-à-dire du titre de l'église et du bénéfice, et de l'office qui s'y faisait, ne peut être valable, sans l'autorité du supérieur ecclésiastique ; il faut aussi le concours de la puissance temporelle, attendu que l'église n'a point de territoire.

La puissance qu'elle tient de Jesus-Christ est purement spirituelle, elle ne s'étend que sur les âmes, et pour se faire obéir elle ne peut employer d'autres armes que les censures et les excommunications.

L'église n'a donc par elle-même aucune juridiction proprement dite ; mais les princes chrétiens par respect pour l'église, lui ont permis de connaître de certaines affaires qui concernent les ecclésiastiques.

Il y a aussi des justices purement temporelles attachées à certaines églises, à cause des fiefs qu'elles possèdent. Voyez TEMPORALITES.

Chaque évêque a droit de visite sur les églises de son diocèse, excepté celles qui sont exemptes de l'ordinaire. Voyez EVEQUE, EXEMPTION et VISITE.

Nos rois comme protecteurs de l'église ont fait divers règlements, tant par rapport au temporel des églises, que pour la manutention de la discipline ecclésiastique, et pour faire observer le respect qui est dû dans les églises.

Il y a aussi plusieurs règlements au sujet des droits honorifiques et préséances que certaines personnes peuvent prétendre dans les églises. Voyez DROITS HONORIFIQUES et PRESEANCE. (A)

EGLISE ABBATIALE, est celle qui a pour chef un abbé, et qui est attachée à une abbaye.

EGLISE D'AFRIQUE, c'était le corps des églises de cette partie du monde ; elle faisait partie de l'église latine.

EGLISE ANGLICANE, ne s'entend que de l'église hérétique et schismatique d'Angleterre, depuis que Henri VIII. s'en déclara le chef ; auparavant lorsqu'elle était catholique, on disait l'église d'Angleterre.

EGLISE-ANNEXE, est celle qui est jointe à une autre. Voyez ANNEXE et SUCCURSALE.

EGLISE ARCHIEPISCOPALE, est celle qui forme le siège d'un archevêché.

EGLISE ARCHIPRESBYTERALE, c'est une église paroissiale, dont le curé a le titre d'archiprêtre du diocèse, ou de la ville, ou d'un des doyennés de la campagne. Il y a à Paris deux églises archipresbytérales ; savoir, la Madeleine en la cité, et S. Severin en l'université.

EGLISE CARDINALE, c'est le nom que l'on donnait autrefois aux églises paroissiales dans lesquelles il y a un curé et des prêtres pour administrer les sacrements au peuple.

EGLISE CATHEDRALE. Voyez CATHEDRALE.

EGLISE CATHOLIQUE ou UNIVERSELLE : Théodose attribua ce nom par un édit aux églises qui suivaient le concîle de Nicée, à l'exclusion de toutes les autres : présentement ce terme ne désigne point aucune église en particulier, mais la foi et la religion romaine, et l'universalité de l'église répandue chez toutes les nations de la terre.

EGLISE COLLEGIALE. Voyez COLLEGIALE et CHAPITRE.

EGLISE-CURE, ce titre est commun aux paroisses et aux autres églises où l'on fait les fonctions curiales comme les annexes, succursales, et les églises enclavées dans des lieux exceptés de l'ordinaire.

EGLISES EPISCOPALES, c'est ainsi que l'on appelait autrefois celles qui étaient le siège d'un évêque ; on les appelle aujourd'hui cathédrales. Voyez CATHEDRALE.

EGLISE FILLE D'UNE AUTRE EGLISE : on appelle ainsi certaines églises, qui sont comme des colonies émanées d'une autre église supérieure, de laquelle elles dépendent d'une manière plus particulière que les autres églises, comme à Paris les filles de M. l'archevêque, qui sont S. Marcel, S. Honoré, Ste. Opportune : le chapitre de S. Germain de l'Auxerrais, à présent réuni à Notre-Dame, était une quatrième fille de M. l'archevêque. Les quatre filles de Notre-Dame sont S. Etienne des grès, S. Benait, S. Mery, et le Sepulchre : l'église abbatiale de Citeaux a aussi ses quatre filles, qui sont quatre abbayes subordonnées à celle de Citeaux, savoir Clairvaux, la Ferté, Pontigny, et Morimon.

EGLISE GALLICANE, c'est l'église de France, à laquelle on donna ce nom dès le premier établissement du Christianisme dans les Gaules ; elle fait partie de l'église latine ou d'occident : l'église gallicane a ses libertés, dont il sera parlé au mot LIBERTE.

EGLISE GREQUE ou EGLISE D'ORIENT, on comprend sous ce nom toutes les églises des pays qui ont été soumis à l'empire des Grecs, et où ils avaient porté leur langue : elle est opposée à l'église latine. Tout le monde chrétien est de l'église grecque ou de l'église latine ; ces deux églises n'ont cependant qu'un même chef et une même croyance, si ce n'est depuis le schisme des Grecs, qui commença en 867, du temps de Photius patriarche de Constantinople, à l'occasion de la préséance qu'il prétendait avoir. L'empereur Baudouin ayant fait élire un patriarche latin, réunit l'église d'orient à celle d'occident, mais cela ne dura que 55 ans comme l'empire latin ; Michel Paleologue ayant repris Constantinople en 1261 se sépara de Rome : ce schisme dura jusqu'au concîle de Florence en 1439. Cette réunion faite par le besoin que l'empereur avait du pape, fut même désavouée par l'empire et n'eut guère d'effet ; ce fut le dernier état de la religion dans l'église grecque, et elle en fut totalement bannie en 1453, lorsque Mahomet II. s'empara de Constantinople.

EGLISE LATINE : on comprend sous ce nom toutes les églises d'Italie, de France, d'Espagne, d'Allemagne, d'Angleterre, de tout le Nord, d'Afrique, et de tous les pays où les Romains avaient établi leur langue. On l'appelle aussi église d'Occident. Voyez ci-devant EGLISE GREQUE.

EGLISE-MATRICE ou MERE-EGLISE, est celle dont d'autres sont émanées, et à laquelle elles obéissent. Voyez ci-devant EGLISE-FILLE, etc.

EGLISE-MERE. Voyez ci-dev. EGLISE-MATRICE.

EGLISE METROPOLITAINE, est celle qui est le siège de l'archevêque ou métropolitain, et de laquelle plusieurs autres évêques sont suffragans.

EGLISE D'OCCIDENT, est la même chose que l'église latine.

EGLISE D'ORIENT, est la même que l'église grecque.

EGLISE PAROISSIALE, est celle qui est érigée en titre de paraisse, et qui a un territoire dont les habitants doivent remplir dans cette église leur devoir de paraissiens. Voyez PAROISSE.

EGLISE PRIMATIALE, est celle qui forme le siège du primat, comme l'église cathédrale de Lyon.

EGLISE PRIMITIVE, se prend quelquefois pour les premiers chrétiens qui vivaient à la naissance de l'Eglise. On entend aussi quelquefois par-là une église plus ancienne qu'une autre qui en dépend, et qui a retenu sur cette église à elle subordonnée les droits de primitive, c'est-à-dire quelques honneurs et rétributions en reconnaissance de sa supériorité.

EGLISE PRINCIPALE, est celle qui est la plus considérable d'une ville, comme la cathédrale, s'il y en a une, ou une collégiale, ou à défaut de collégiale, la plus ancienne paraisse, etc.

EGLISE PRIORALE, est celle à laquelle est attaché le titre de prieuré.

EGLISE REGULIERE, est celle qui est affectée à des réguliers, soit religieux ou chanoines réguliers.

EGLISE ROMAINE, ne s'entend pas seulement de la cathédrale de Rome, mais de tout le corps des églises qui sont de la même communion que l'église romaine.

EGLISE SECULARISEE, est celle qui a été autrefois régulière.

EGLISE SECULIERE, est celle qui est affectée à des ecclésiastiques séculiers.

EGLISE SCHISMATIQUE, est celle où l'on ne reconnait point le pape pour chef de l'Eglise.

EGLISE SUCCURSALE, est celle qui sert d'aide à une église paroissiale lorsque son territoire se trouve trop étendu. Voyez SUCCURSALE.

EGLISE UNIVERSELLE, c'est la même chose que l'église romaine, c'est-à-dire le corps de toutes les églises catholiques, apostoliques, et romaines. (A)

EGLISE (Etat d') Géographie moderne contrée de l'Italie, que le pape possède en souveraineté. Elle a environ 90 lieues de long, sur 44 de large. Elle est au midi de l'état de Venise, à l'occident du royaume de Naples et du golfe de Venise, au nord de la mer de Toscane, à l'orient de la Toscane, et duchés de Modene, de la Mirandole, et de Mantoue ; elle se divise dans les douze provinces suivantes, la campagne de Rome, la Sabine, le patrimoine de S. Pierre, le duché de Castro, l'Orviétan, le Perugin, les duchés de Spolete et d'Urbin, la marche d'Ancone, la Romagne, le Boulonnais, et le Ferrarais.

EGLISES (les cinq), Géographie moderne ville de la basse Hongrie, à 10 lieues du Danube. Long. 36. 35. lat. 46. 6.