(Théologie) livre de l'ancien Testament, qui tire son nom de celui d'une fille juive célèbre, captive en Perse, que sa beauté éleva jusqu'à la qualité d'épouse d'Assuerus, et au trône de Perse, et qui en cette qualité délivra les Juifs ses compatriotes d'une proscription générale, dans laquelle Aman ministre et favori d'Assuerus voulait les envelopper. L'histoire de cet événement fait le sujet du livre d'Esther.

Les critiques sont partagés sur l'auteur du livre d'Esther. S. Augustin, S. Epiphane, et S. Isidore l'attribuent à Esdras, mais Eusebe le croit encore plus récent. Quelques-uns le donnent à Joachim grand-prêtre des Juifs, et petit-fils de Josedech ; d'autres disent que c'est l'ouvrage de la synagogue, à laquelle Mordechaï ou Mardochée écrivait des lettres pour l'instruire de tous les événements contenus dans ce livre.

Mais la plupart des interprétes hébreux, grecs, latins, etc. l'attribuent à Mardochée lui-même. Elias lévite, dans son mass-hamum, praef. 3. parle de ce sentiment comme incontestable. Il est fondé surtout sur le . 20 du ch. IXe du livre d'Esther, où il est dit que Mardochée écrit ces choses et envoie les lettres à tous les Juifs qui sont dispersés dans toutes les provinces, etc. On suppose aussi que la reine Esther y eut quelque part, comme il parait par le . 29. du même chapitre, où cette princesse et Mardochée écrivent une seconde lettre par ordre d'Assuerus, pour ordonner de solenniser tous les ans la fête appelée purim, c'est-à-dire le jour des sorts, en mémoire de ce que les Juifs avaient été délivrés des sorts qu'Aman avait consultés pour savoir quel jour devait être fatal à la nation juive et l'exterminer.

On croit que le livre d'Esther a d'abord été composé en hébreu, puis amplifié par quelque juif helleniste, dont les additions ont été insérées en leur place dans la version grecque, et mises par S. Jérome toutes ensemble à la fin du livre depuis le 24 verset du chapitre X. Origène a cependant conjecturé que toutes ces pièces avaient été autrefois dans le texte hébreu : quoi qu'il en sait, le livre d'Esther était compris dans le canon des anciens Juifs. Il n'est cependant point dans quelques anciens canons des Chrétiens, mais il se trouve dans le concîle de Laodicée et dans plusieurs autres. S. Jérome a rejeté hors du canon des livres sacrés les six derniers chapitres, et plusieurs auteurs catholiques, jusqu'à Sixte de Sienne, ont été de ce sentiment ; mais le concîle de Trente a reconnu le livre entier pour canonique. Les Protestants sont de l'opinion contraire, et n'admettent ce livre que jusqu'au troisième verset du chapitre X. Le reste jusqu'à la fin du chapitre XVIe est mis chez eux au nombre des livres apocryphes. Voyez APOCRYPHE. (G)