(Théologie) nom de quelques dévots qui ont formé des confréries, principalement en Italie, et qui font profession de faire une pénitence publique, en allant en procession dans les rues, couverts d'une espèce de sac, et se donnant la discipline.

On dit que cette coutume fut établie à Péronne en 1260, par les prédications pathétiques d'un hermite qui excitait les peuples à la pénitence. Elle se répandit ensuite en d'autres pays, et particulièrement en Hongrie, où elle dégénéra en abus, et produisit la secte des flagellans. Voyez FLAGELLANS.

En retranchant les superstitions qui s'étaient mêlées à cet usage, on a permis d'établir des confréries de pénitens en divers lieux d'Italie. Le P. Mabillon, dans son voyage, dit en avoir Ve une à Turin. Il y a en Italie des pénitens blancs, aussi-bien qu'à Lyon et à Avignon. Dans d'autres villes du Languedoc et du Dauphiné, on trouve des pénitens bleus et des pénitens noirs. Ceux-ci assistent les criminels à la mort, et leur donnent la sépulture.

Le roi Henri III. ayant Ve la procession des pénitens blancs à Avignon, voulut y être agrégé, et en établit depuis une semblable dans l'église des Augustins, sous le titre de l'Annonciation de Notre-Dame, dans laquelle entrèrent la plupart des princes et des grands de sa cour. Ce prince assistait aux processions de cette confrérie, sans gardes, vêtu d'un long habit blanc de toîle d'Hollande en forme de sac, ayant deux trous à l'endroit des yeux, avec deux longues manches et un capuchon fort pointu. A cet habit était attaché une discipline de lin pour marquer l'état pénitent, et une croix de satin blanc sur un fond de velours tanné. On peut voir dans les mémoires de l'Etoîle l'effet que produisaient ces dévotions.

PENITENS, (Théologie) est aussi le nom qu'on a donné à plusieurs communautés ou congrégations de personnes de l'un ou de l'autre sexe, qui ayant précédemment vécu dans la débauche et le libertinage, se sont retirées dans ces maisons pour y expier par la pénitence les désordres de leur vie passée. On a aussi donné ce nom aux personnes qui se dévouent à la conversion des débauchés et des femmes de mauvaise vie.

Tel est en particulier l'ordre de la pénitence de sainte Magdelaine établi vers l'an 1272, par un bourgeois de Marseille nommé Bernard, qui travailla avec zèle à la conversion des courtisannes de cette ville. Il fut secondé dans cette bonne œuvre par plusieurs autres personnes, et leur société fut enfin érigée en ordre religieux par le pape Nicolas III. sous la règle de S. Augustin.

On ajoute qu'ils formèrent aussi un ordre religieux de femmes converties auxquelles ils donnèrent la même règle.

La congrégation des pénitens de la magdelaine à Paris doit son origine aux prédications du père Jean Tisseran, cordelier de Paris, qui ayant converti par ses sermons plusieurs femmes publiques, établit cet institut pour y retirer celles qui à leur exemple voudraient mener une vie plus exemplaire. Ce fut vers l'an 1294 que Charles VIII. leur donna l'hôtel de Bohaines, et en 1500, Louis duc d'Orléans, qui regna sous le nom de Louis XII. leur donna son hôtel d'Orléans, où elles demeurèrent jusqu'en 1572, que la reine Cathérine de Médicis les plaça ailleurs. Dès l'an 1497, Simon, évêque de Paris, leur avait dressé des statuts et donné la règle de S. Augustin.

Une des conditions pour entrer dans cette communauté était autrefois d'avoir vécu dans le désordre, et l'on n'y recevait point de femmes au-dessus de 35 ans. Mais depuis la reforme qu'on y a établie en 1616, on n'y reçoit plus que des filles, qui portent toujours néanmoins le nom de pénitentes.

Il y a aussi en Espagne, à Séville, une congrégation de pénitentes du nom de Jesus. Ce sont des femmes qui ont mené une vie licencieuse. Elles furent fondées en 1550, sous la règle de S. Augustin. Leur monastère est divisé en trois quartiers ; un pour les religieuses professes, un pour les novices, et un troisième pour celles qui sont en correction. Lorsque celles-ci donnent des marques d'un repentir sincère, on les fait passer au quartier des novices ; et si elles ne s'y conduisent pas bien, on les renvoye à la correction.

Les pénitentes d'Orviete sont une congrégation de religieuses instituée par Antoine Simonulli, gentilhomme de cette ville. Le monastère qu'il bâtit fut d'abord destiné à recevoir des pauvres filles abandonnées par leurs parents, et en danger de perdre leur vertu. En 1660 on l'érigea en maison propre à recevoir des filles qui ayant mené une vie scandaleuse, auraient formé une bonne resolution de renoncer au monde, et de se consacrer à Dieu par des vœux solennels. Leur règle est celle des Carmélites.

Ces religieuses ont ceci de particulier, qu'elles ne font point de noviciat. Tout ce qu'on exige d'elles, c'est de continuer pendant quelques mois à porter dans le monastère l'habit séculier, après quoi on les admet à faire des vœux.

PENITENS INDIENS, (Histoire moderne superst.) rien n'est plus étonnant que ce que les voyageurs nous rapportent des austérités et des rigueurs que quelques brahmanes ou prêtres de l'Indostan exercent sur eux-mêmes. Les vies des premiers solitaires et anachoretes de l'Eglise chrétienne ne nous offrent rien de si frappant que les pénitences que s'imposent ces fanatiques idolâtres, que l'on nomme joguis ou jaguis. Ils forment plusieurs sectes qui diffèrent les unes des autres, non par la doctrine, mais pour le genre de vie qu'elles embrassent, dans la vue de plaire à la divinité.

Les vanaprastas vivent avec leurs femmes et leurs enfants dans les déserts et les forêts ; ils ne se nourrissent que de plantes et des fruits que la terre donne sans qu'il soit besoin de la cultiver. Quelques-uns d'entr'eux poussent le scrupule jusqu'à ne point arracher des racines de la terre de peur de déloger quelqu'ame qui pourrait y être passée.

Les sanjassi ou sanias renoncent à tous les plaisirs du monde. Ils s'interdisent le mariage, ne prennent de la nourriture qu'une fois le jour ; ils ne se servent que de vaisseaux de terre. Ils sont obligés de ne vivre que d'aumônes, sans cependant qu'il leur soit permis de toucher de l'argent. Ces pénitens n'ont point de demeure fixe, ils ne peuvent demeurer plus d'une nuit dans un même endroit. Ils portent un habit rouge et un bâton. Ils ont six ennemis à combattre ; la concupiscence, la colere, l'avarice, l'orgueil, l'amour du monde, et le désir de vengeance, pour s'élever à la contemplation des choses divines. Les sanjassi sont de la tribu des brahmanes. Ceux de la tribu des kutterys ou nobles, se nomment perma amfa ; ceux de la tribu des soudras ou du petit peuple, se nomment joguis ; ces derniers sont moins réglés.

Les avadoutas sont encore plus austères que les sanjassi. Ils quittent tout, femmes, enfants et leurs biens. Ils vont tout nuds, cependant quelques-uns couvrent leur nudité avec une pièce d'étoffe. Ils se frottent le corps avec de la fiente de vache. Pour demander à manger ils ne font que tendre la main, sans proférer une parole ; d'autres attendent qu'on vienne leur apporter des aliments pour se nourrir. Ces pénitens pratiquent quelquefois des macérations incroyables, comme de garder pendant longtemps la même posture. Les uns tiendront pendant plusieurs jours les deux bras élevés ; les autres se font suspendre par les pieds au-dessus d'un feu qui rend une fumée épaisse ; d'autres se tiennent immobiles, et sont comme en extase, sans paraitre s'apercevoir de ce qui se passe autour d'eux : en un mot, il n'y a sortes d'austérités et de rigueurs que ces pénitens n'exercent sur eux. Ils n'en ont d'autre récompense que la vénération qu'ont pour eux les Indiens idolâtres ; les femmes poussent la leur jusqu'à leur baiser dévotement les parties que la pudeur ne permet point de nommer.