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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Theologie
S. m. (Théologie) du grec ἀνάθημα, chose mise à part, séparée, dévouée. Ce nom est équivoque, et a été pris dans un sens odieux et dans un sens favorable. Dans le premier de ces deux sens, anathème se prend principalement pour le retranchement et la perte entière d'un homme séparé de la communion des Fidèles, ou du nombre des vivants ; ou des privilèges de la société ; ou le dévoument d'un homme, d'un animal, d'une ville, ou d'autre chose, à être exterminé, détruit, livré aux flammes, et en quelque sorte anéanti.

Le mot hébreu HEBREW, cherem, qui répond au grec ἀνάθημα, signifie proprement perdre, détruire, exterminer, dévouer, anathématiser. Moyse veut qu'on dévoue à l'anathème les villes des Chananéens qui ne se rendront pas aux Israèlites, et ceux qui adoreront les faux dieux. Deut. VII. 2. 26. Ex. XXII. 19. Quelquefois on dévouait à l'anathème ceux qui n'avaient pas exécuté les ordres du prince ou de la république : ainsi le peuple Hébreu assemblé à Maspha dévoua à l'anathème quiconque ne marcherait pas contre ceux de Benjamin, pour venger l'outrage fait à la femme du jeune Lévite. Judic. xjx. et xxj. Saul dévoua à l'anathème quiconque mangerait quelque chose avant le coucher du soleil dans la poursuite des Philistins. I. Reg. XIVe 24. Il parait par l'exécution de tous ces dévouments, qu'il s'agissait de faire mourir tous ceux qui s'y trouvaient enveloppés. Quelquefois des personnes se dévouaient elles-mêmes, si elles n'exécutaient quelque chose.

De-là l'Eglise chrétienne, dans ses décisions, a prononcé anathème, c'est-à-dire qu'elle a dévoué au malheur éternel ceux qui se révoltent contre elle, ou qui combattent sa foi. Dans plusieurs conciles, tant généraux que particuliers, on a dit anathème aux hérétiques qui altéraient la pureté de la foi ; et plusieurs autres ont conçu leurs décisions en cette forme : si quelqu'un dit ou soutient telle ou telle erreur ; si quelqu'un nie tel ou tel dogme catholique, qu'il soit anathème : si quis dixerit, etc. anathema sit ; si quis negaverit, etc. anathema sit.

Il y a deux espèces d'anathèmes ; les uns sont judiciaires, et les autres abjuratoires.

Les judiciaires ne peuvent être prononcés que par un concile, un pape, un évêque, ou quelqu'autre personne ayant juridiction à cet égard : ils diffèrent de la simple excommunication, en ce qu'elle n'interdit aux Fidèles que l'entrée de l'église ou la communion des Fidèles, et que l'anathème les retranche du corps des Fidèles, même de leur commerce, et les livre à Satan. Voyez EXCOMMUNICATION.

L'anathème abjuratoire fait pour l'ordinaire partie de l'abjuration d'un hérétique converti, parce qu'il est obligé d'anathématiser l'erreur à laquelle il renonce. Voyez ABJURATION.

Les critiques et les commentateurs sont partagés sur la manière d'entendre ce que dit S. Paul, qu'il désirait être anathème pour ses frères. Rom. IXe 3. Les uns expliquent ce mot par celui de maudit ; les autres par celui de séparé.

Cependant comme le mot anathème, , signifie en général consacré, dévou, on le trouve pris en bonne part dans les anciens auteurs ecclésiastiques ; c'est-à-dire, pour toutes les choses que la piété des Fidèles offrait dans les temples, et consacrait d'une manière particulière, soit à leur décoration, soit au service de Dieu. Quelques grammairiens distinguent scrupuleusement entre ces deux mots grecs ἀνάθηματα, et ἀνάθεματα, dont le premier, disent-ils, signifie les choses dévouées à périr, en signe de malédiction et d'exécration ; et le second s'applique aux choses retirées de l'usage profane, pour être spécialement consacrés à Dieu : mais ils ne donnent aucune raison solide de cette distinction. D'ailleurs, les pères grecs emploient indifféremment ces deux termes dans le double sens dont il s'agit ici, sans y mettre la distinction qu'ont imaginée les Grammairiens. Pour nous, nous nous contenterons de remarquer que les anciens donnaient le nom d'anathème à toutes les offrandes, mais principalement à celles qu'on suspendait aux piliers ou colomnes et aux voutes des églises, comme des monuments de quelque grâce ou faveur signalée qu'on avait reçue du ciel. Bingham, orig. ecclésiastiq. tome III. liv. VIII. chap. VIIIe §. 1. (G)




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