S. f. pl. (Théologie) en terme de religion, sont tous les dons qu'on présente à Dieu ou à ses ministres, dans le culte public, soit en reconnaissance du souverain domaine qu'il a sur toutes choses, et dont on lui consacre spécialement une portion, soit pour fournir à l'entretien de ses temples, de ses autels, de ses ministres, etc.

Les Hébreux avaient plusieurs sortes d'offrandes qu'ils présentaient au temple. Il y en avait de libres, et il y en avait d'obligation. Les prémices, les décimes, les hosties pour le péché, étaient d'obligation : les sacrifices pacifiques, les vœux, les offrandes d'huile, de pain, de vin, de sel et d'autres choses que l'on faisait au temple ou aux ministres du Seigneur, étaient de dévotion. Les Hébreux appellent en général corban, toutes sortes d'offrandes, et nomment mincha, les offrandes de pain, de sel, de fruits, d'huile, de vin, etc. Les sacrifices ne sont pas proprement des offrandes ; mais l'offrande faisait partie des cérémonies du sacrifice. Voyez SACRIFICE.

Les offrandes étaient quelquefois seules, et quelquefois elles accompagnaient le sacrifice. On distinguait de plusieurs sortes d'offrandes, comme de pure farine, de gâteaux cuits au four, de gâteaux cuits dans la poêle, ou sur le gril, ou dans une poêle percée, les prémices des grains nouveaux qu'on offrait ou purs et sans mélange, ou rotis et grillés dans l'épi ou hors de l'épi. Le pain pour être offert devait être sans levain, et on ajoutait ordinairement à ces choses solides du vin ou de l'huile, qui en était comme l'assaisonnement. Le prêtre qui était de service retirait les offrandes de la main de celui qui les offrait ; en jetait une partie sur le feu de l'autel, ou sur la victime, lorsque l'offrande était accompagnée d'un sacrifice, afin qu'il fût consumé par le feu ; et réservait le reste pour sa subsistance. C'était-là son droit comme ministre du Seigneur. Il n'y a que l'encens qui était brulé entièrement, le prêtre n'en réservait rien. On peut voir dans le Lévitique toutes les autres cérémonies qu'on pratiquait pour toutes les diverses offrandes, soit qu'elles fussent faites par des particuliers, soit qu'elles se fissent au nom de toute la nation.

Les offrandes des fruits de la terre, de pain, de vin, d'huile, de sel, sont les plus anciennes dont nous ayons connaissance. Caïn offrait au Seigneur des fruits de la terre, les prémices de son labourage ; Abel lui offrait aussi des prémices de ses troupeaux et de leurs graisses. Genèse, iv. 3. 4. Les Payens n'avaient rien dans leur religion que ces sortes d'offrandes, faites à leurs dieux : ils offraient le pur froment, la farine, le pain :

Farra tamen vetères jaciebant, farra metebant,

Primitias Cereri farra resecta dabant.

Ov. Fast. 2.

Numa Pompilius, au rapport de Pline, liv. XVIII. chap. IIe enseigna le premier aux Romains à offrir aux dieux des fruits, du froment, de la farine, ou de la mie de pain avec du sel, du froment grillé et roti. Ovide nous apprend encore, fastor. j. qu'avant les sacrifices sanglans, ils n'offraient que du froment et du sel :

Ante, deos homini quod conciliare valeret,

Far erat, et puri lucida mica salis.

Théophraste remarque que parmi les Grecs la farine mêlée avec du vin et de l'huile, qu'ils appelaient , étaient la matière des sacrifices ordinaires des pauvres.

La différence qu'il y avait entre les offrandes de farine, de vin et de sel dont les Grecs et les Romains accompagnaient leurs sacrifices sanglans, et celles dont les Hébreux se servaient dans leur temple, consistait en ce que les Hébreux jetaient ces oblations sur les chairs de la victime dejà immolée et mise sur le feu, au lieu que les Payens les jetaient sur la tête même de la victime encore vivante, et prête à être sacrifiée. Voyez LIBATION, IMMOLATION et SACRIFICE.

Dans l'Eglise catholique, quoiqu'il n'y ait proprement qu'une seule offrande, qui est le corps de J. C. dans l'eucharistie, cependant dès les premiers temps on a donné le nom d'offrande aux pieuses libéralités des fidèles, et aux dons qu'ils faisaient à l'Eglise pour l'entretien de ses ministres, ou pour le soulagement des pauvres. Les moines eux-mêmes étaient obligés de faire leur offrande, si l'on en croit saint Jérôme, et ne pouvaient s'en dispenser sur leur pauvreté. Ammien Marcellin reproche au pape et aux ministres de son église, de recevoir de riches oblations des dames romaines ; cet auteur payen ignorait le saint usage qu'on en faisait. S. Augustin parle d'un tronc ou trésor particulier où l'on faisait les offrandes qu'on destinait à l'usage du clergé, comme du linge, des habits et d'autres choses semblables. Il est parlé dans les dialogues de S. Grégoire le Grand, des offrandes qu'on faisait pour les morts. Le concîle de Francfort distingue deux sortes d'offrandes : les unes se faisaient à l'autel pour le sacrifice : les sousdiacres, selon S. Isidore de Séville, les recevaient des mains des fidèles pour les remettre en celles des diacres qui les plaçaient sur l'autel : les autres étaient portées à la maison de l'évêque, pour l'entretien des pauvres et du clergé. Selon les constitutions faites par Réginon, le prêtre devait couper en plusieurs morceaux, et mettre dans un vase propre quelque partie des premières de ces offrandes, pour les distribuer les dimanches et fêtes à ceux qui n'avaient pas communié. On en trouve aussi deux exemples chez les Grecs, et l'on donnait à ces portions d'offrandes le nom d'eulogies. Voyez EULOGIE.

Le père Thomassin remarque que si ce n'est point là l'origine du pain benit, c'est du moins une des plus anciennes preuves de son établissement. Voyez PAIN BENIT.

Depuis que les fidèles n'ont plus donné le pain et le vin nécessaire au sacrifice, les offrandes les plus ordinaires se sont faites en argent. Divers conciles ont fait des règlements pour obliger les fidèles, et même les Juifs demeurants sur une paraisse, à les payer. Celui de Londres adjuge à l'église matrice, toutes les offrandes faites aux succursales. Dans un autre concîle d'Angleterre, il est ordonné à tous les curés d'envoyer à l'église cathédrale, en signe de reconnaissance, les offrandes du jour de la pentecôte. Voyez CATHEDRATIQUE et PENTECOSTALE.

La discipline a extrêmement varié sur ce point, et il n'y a même rien d'uniforme dans les différents diocèses sur les offrandes, ni sur les occasions ou circonstances où on les fait. Si ce n'est : 1°. que dans toutes les paroisses, chaque paraissien à son tour, est obligé d'offrir le dimanche un pain que le prêtre benit : 2°. qu'aux messes des morts ou services, on offre du pain et du vin avec un cierge : 3°. que les autres offrandes se font en argent et appartiennent de droit aux curés, s'il n'y a usage contraire : 4°. que dans les campagnes en certains endroits, on offre des gerbes après la récolte, lesquelles sont vendues au profit de la fabrique. Voyez FABRIQUE. Thomassin, discipl. ecclés. part. I. liv. III. chap. VIe part. III. liv. II. chap. IIe liv. III. chap. IIIe et iv. et part. IV. liv. III. chap. Ve Calmet, dictionn. de la bible.

OFFRANDE, (Critique sacrée) oblation, en latin oblatio. Les Hébreux en avaient de trois sortes, les offrandes ordinaires, celles qui étaient d'obligation, et celles qui n'étaient que de pure dévotion. Les offrandes ordinaires se faisaient avec un parfum appelé thymiama, qu'on brulait tous les jours sur l'autel. Les oblations libres et de pure dévotion étaient les sacrifices pacifiques, les vœux, les offrandes de vin, d'huile, de pain, de sel, et d'autres choses, que l'on faisait aux ministres du temple. Les offrandes prescrites et d'obligation comprenaient les prémices, les dixmes, les hosties pour le péché. Les prémices de toutes choses devaient être offertes à Dieu. On lui offrait les personnes par la consécration ; les fruits de la terre, par l'oblation ; les liqueurs, par la libation ; des aromates, par les encensements ; des bêtes, par les sacrifices. Il était défendu de moissonner qu'on n'eut offert à Dieu l'omer, c'est-à-dire la gerbe nouvelle, le lendemain du jour des azymes. Il était défendu de cuire du pain de blé nouveau, qu'on n'eut présenté le jour de la Pentecôte les pains nouveaux. Avant l'offrande de ces prémices, tout était immonde ; après cette offrande, tout était sain. Enfin, le mot offrande ou oblation marque le sacrifice de Jesus-Christ pour l'expiation de nos péchés. Tradidit semetipsum pro nobis oblationem et hostiam Deo. Eph. Ve 2. (D.J.)