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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Theologie
S. m. (Histoire ancienne et moderne, Théologie) espèce de table de bois, de pierre ou de métal, élevée de quelques pieds au-dessus de terre, sur laquelle on sacrifie à quelque divinité. Voyez SACRIFICE.

Les Juifs avaient un autel d'airain pour les holocaustes, et un d'or sur lequel ils brulaient l'encens. Voyez TABERNACLE, etc.

Chez les Romains l'autel était une espèce de piédestal carré, rond, ou triangulaire, orné de sculpture, de bas-reliefs et d'inscriptions, sur lequel ils brulaient des victimes qu'ils sacrifiaient aux idoles. Voyez VICTIME.

Servius nous apprend que les autels des dieux célestes et supérieurs étaient exhaussés et construits sur quelqu'édifice relevé ; et que ce fut pour cela qu'on les appela altaria, composé de alta et ara, qui signifient autel élevé. Ceux qu'on destinait aux dieux terrestres étaient posés à rase terre, et on les appelait arae ; et pour les dieux infernaux, on fouillait la terre, et on y faisait des fosses qu'on appelait , scrobiculi.

Mais cette distinction ne parait pas suivie. Les meilleurs auteurs se servent fréquemment d'ara, comme d'un terme générique sous lequel ils comprennent également les autels des dieux célestes, terrestres et infernaux : témoin Virgile, Eclog. V.

En quatuor aras,

où assurément altaria est bien compris dans arae ; car il est question entr'autres de Phoebus, qui était un dieu céleste. De même Cicéron, pro Quint. Aras delubraque Hecates in Graeciâ vidimus.

Les Grecs distinguaient aussi deux sortes d'autels ; l'un sur lequel ils sacrifiaient aux dieux, qu'ils appelaient , et qui était un véritable autel : l'autre, sur lequel ils sacrifiaient aux héros, qui était plus petit, et qu'ils appelaient . Pollux fait cette distinction des deux sortes d'autels usités chez les Grecs, dans son Onomasticon : il ajoute cependant que quelquefois les poètes employaient le mot , pour exprimer l'autel sur lequel on sacrifiait aux dieux. Les Septante emploient aussi le mot , pour un autel bas, qu'on pourrait exprimer en latin par craticula, attendu que c'était plutôt une espèce d'âtre ou foyer qu'un autel.

Varron dit qu'au commencement les autels étaient portatifs, et consistaient en un trépié sur lequel on mettait du feu pour bruler la victime. Les autels étaient communément dans les temples ; cependant il y en avait de placés en plein air, soit devant la porte des temples, soit dans le péristyle des palais des princes. Dans les grands temples de l'ancienne Rome il y avait ordinairement trois autels : le premier était dans le sanctuaire, et au pied de la statue du dieu ; on brulait l'encens, les parfums, et l'on y faisait les libations : le second était devant la porte du temple, et on y offrait les sacrifices : le troisième était un autel portatif, nommé anclabris, sur lequel on posait les offrandes et les vases sacrés. On jurait par les autels et sur les autels ; et ils servaient d'asîle aux malheureux. Lorsque la foudre tombait en quelque lieu, on y élevait un autel en l'honneur du dieu qui l'avait lancée : Deo fulguratori aram et locum hunc religiosum ex aruspicum sententiâ, Quint. Pub. Front posuit, dit une ancienne inscription. On en élevait aussi pour conserver la mémoire des grands événements, comme il parait par divers endroits de l'Ecriture.

Les Juifs donnaient aussi le nom d'autels à des espèces de tables qu'ils dressaient au milieu de la campagne, pour sacrifier à Dieu. C'est de ces autels qu'il faut entendre plusieurs passages où on lit : En cet endroit il édifia un autel au Seigneur.

Il faut pourtant observer que ces autels ainsi dressés en plaines campagne pour sacrifier, n'ont été permis que dans la loi de nature ; car dans celle de Moyse il ne devait y avoir pour tout le peuple d'Israèl qu'un autel pour offrir des victimes ; et c'était celui des holocaustes qui était d'abord dans le tabernacle, aussi bien que l'autel des parfums : car on lit au chap. xxij. du livre de Josué, que les tribus de Ruben, de Gad, et la demi-tribu de Manassé qui en dressèrent d'autres, furent obligées de se disculper, en remontrant qu'elles ne les avaient pas érigés pour sacrifier, mais seulement pour servir de monument. Il y eut dans le temple de Salomon, comme dans le tabernacle, deux autels, l'un pour les holocaustes, et l'autre pour les parfums. C'était violer la loi dans un point capital, que d'offrir des sacrifices en tout autre endroit : aussi les autels que Jéroboam érigea à Samarie, et ceux que les Juifs, à l'exemple de quelques-uns de leurs rais, élevèrent sur les hauts lieux, furent en abomination aux yeux de Dieu.

Autel, parmi les Chrétiens, se dit d'une table carrée, placée ordinairement à l'orient de l'église, pour y célébrer la messe. Voyez EUCHARISTIE.

L'autel des Chrétiens ne ressemble pour sa construction, ni à ceux des Payens, ni à ceux des Juifs : mais il est fait comme une table, parce que l'Eucharistie fut instituée par J. C. à un souper, et sur une table : ainsi on pourrait l'appeler, comme on fait en effet en quelques endroits, table de communion. Voyez COMMUNION.

Ce n'est pas que le nom d'autel n'y convienne aussi ; car l'Eucharistie étant véritablement un sacrifice, la table sacrée sur laquelle se consomme ce mystère est bien aussi véritablement un autel. Voyez MESSE.

Dans la primitive Eglise les autels n'étaient que de bois, et se transportaient souvent d'une place à une autre : mais un concîle de Paris de l'an 509 défendit de construire à l'avenir des autels d'autre matière que de pierre.

Dans les premiers siècles il n'y avait qu'un seul autel dans chaque église : mais le nombre en augmenta bien-tôt ; et nous apprenons de saint Grégoire le grand, qui vivait dans le sixième siècle, que de son temps il y en avait douze et quinze dans certaines églises. A la cathédrale de Magdebourg il y en a quarante-neuf.

L'autel n'est quelquefois soutenu que par une seule colonne, comme dans les chapelles souterraines de sainte Cécîle à Rome, et ailleurs : quelquefois il l'est par quatre colonnes, comme l'autel de S. Sébastien, in Crypta arenaria : mais la méthode la plus ordinaire est de poser la table d'autel sur un massif de pierre.

Ces autels ressemblent en quelque chose à des tombeaux : et en effet nous lisons dans l'histoire de l'Eglise, que les premiers Chrétiens tenaient souvent leurs assemblées aux tombeaux des martyrs, et y célébraient les saints mystères. C'est de-là qu'est venu l'usage qui s'observe encore à présent, de ne point bâtir d'autel sans mettre dessous quelque relique de saint. Voyez RELIQUE, SAINT, CIMETIERE.

L'usage de la consécration des autels est assez ancien, et la cérémonie en est réservée aux évêques. Depuis qu'il n'a plus été permis d'offrir que sur des autels consacrés, on a fait des autels portatifs, pour s'en servir dans les lieux où il n'y avait point d'autels consacrés. Hincmar et Bede en font mention. Les Grecs se servent à la place d'autels de linges benis, qu'ils nomment , c'est-à-dire qui tiennent lieu d'autel.

AUTEL de prothèse, altare prothesis, est un petit autel préparatoire sur lequel les Grecs bénissent le pain avant que de le porter au grand autel ; où se fait tout le reste de la célébration.

Cet autel a beaucoup de rapport avec ce que nous appelons dans nos églises crédence.

Le père Goar prétend que cette table de prothèse était anciennement dans la sacristie, ou le vestiaire ; et son sentiment parait appuyé par quelques manuscrits Grecs, où en effet le mot sacristie est employé au lieu de celui de prothèse Voyez SACRISTIE.

Autel se trouve aussi employé dans l'Histoire ecclésiastique, pour signifier les oblations ou les revenus casuels de l'église. Voyez OBLATION.

Dans les premiers temps on mettait une distinction entre l'église et l'autel : on appelait l'église, les dixmes et autres revenus fixes ; et l'autel, les revenus casuels. Voyez DIXME.

On dit même encore en ce sens que le prêtre doit vivre de l'autel ; ce qui signifie qu'il est juste que se devouant tout entier au service de Dieu, il puisse être sans inquiétude sur les besoins de la vie. (G)

AUTEL, s. m. (Astronomie et Mythologie) c'est une constellation méridionale composée de sept étoiles, &, selon quelques auteurs, d'un plus grand nombre ; car il y en a qui en comptent huit, comme Bayer ; et d'autres veulent qu'elle soit formée de douze étoiles. Suivant la fiction des poètes elle est l'autel sur lequel les dieux prêtèrent serment de fidélité à Jupiter avant la guerre contre les Titants, et que ce dieu mit entre les astres après sa victoire ; ou bien l'autel sur lequel Chiron le centaure immola un loup, dont la constellation est dans le ciel proche de cet autel. Voyez LOUP. (O)




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