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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Idolâtrie
SECTE DES, (Idolâtrie orientale) Secte de l'Orient, diamétralement opposée à celle des Sabéens. Toute l'idolâtrie du monde a été longtemps partagée entre ces deux sectes. Voyez SABEENS, Secte des.

Les Mages, ennemis de tout simulacre que les Sabéens adoraient, révéraient dans le feu qui donne la vie à la nature, l'emblême de la Divinité. Ils reconnaissaient deux principes, l'un bon, l'autre mauvais ; ils appelaient le bon yardan ou ormuzd, et le mauvais, ahraman.

Tels étaient les dogmes de leur religion, lorsque Smerdis, qui la professait, ayant usurpé la couronne après la mort de Cambyse, fut assassiné par sept seigneurs de la première noblesse de Perse ; et le massacre s'étendit sur tous ses sectateurs.

Depuis cet incident, ceux qui suivaient le magianisme, furent nommés Mages par dérision ; car mige-gush en langue persane, signifie un homme qui a les oreilles coupées ; et c'est à cette marque que leur roi Smerdis avait été reconnu.

Après la catastrophe dont nous venons de parler, la secte des Mages semblait éteinte, et ne jetait plus qu'une faible lumière parmi le peuple, lorsque Zoroastre parut dans le monde. Ce grand homme, né pour donner par la force de son génie un culte à l'univers, comprit sans peine qu'il pourrait faire revivre une religion qui pendant tant de siècles avait été la religion dominante des Medes et des Perses.

Ce fut en Médie, dans la ville de Xiz, disent quelques-uns, et à Ecbatane, selon d'autres, qu'il entreprit vers l'an 36 du règne de Darius, successeur de Smerdis, de ressusciter le magianisme en le réformant.

Pour mieux réussir dans son projet, il enseigna qu'il y avait un principe supérieur aux deux autres que les Mages adoptaient ; savoir, un Dieu suprême, auteur de la lumière et des ténèbres. Il fit élever des temples pour célebrer le culte de cet être suprême, et pour conserver le feu sacré à l'abri de la pluie, des vents et des orages. Il confirma ses sectateurs dans la persuasion que le feu était le symbole de la présence divine. Il établit que le soleil étant le feu le plus parfait, Dieu y résidait d'une manière plus glorieuse que par-tout ailleurs, et qu'après le soleil on devait regarder le feu élémentaire comme la plus vive représentation de la divinité.

Voulant encore rendre les feux sacrés des temples qu'il avait érigés, plus vénérables aux peuples, il feignit d'en avoir apporté du ciel ; et l'ayant mis de ses propres mains sur l'autel du premier temple qu'il fit bâtir, ce même feu fut répandu dans tous les autres temples de sa religion. Les prêtres eurent ordre de veiller jour et nuit à l'entretenir sans cesse avec du bois sans écorce, et cet usage fut rigoureusement observé jusqu'à la mort d'Yazdejerde, dernier roi des Perses de la religion des Mages, c'est-à-dire pendant environ 1150 ans.

Il ne s'agissait plus que de fixer les rites religieux et la célébration du culte divin ; le réformateur du magianisme y pourvut par une liturgie qu'il composa, qu'il publia, et qui fut ponctuellement suivie. Toutes les prières publiques se font encore dans l'ancienne langue de Perse, dans laquelle Zoroastre les a écrites il y a 2245 ans, et par conséquent le peuple n'en entend pas un seul mot.

Zoroastre ayant établi solidement sa religion en Médie, passa dans la Bactriane, province la plus orientale de la Perse, où se trouvant appuyé de la protection d'Hystaspe, père de Darius, il éprouva le même succès. Alors tranquille sur l'avenir, il fit un voyage aux Indes, pour s'instruire à fond des sciences des Brachmanes. Ayant appris d'eux tout ce qu'il désirait savoir de Métaphysique, de Physique, et de Mathématique, il revint en Perse, et fonda des écoles pour y enseigner ces mêmes sciences aux prêtres de sa religion ; en sorte qu'en peu de temps savant et mage devinrent des termes synonymes.

Comme les prêtres mages étaient tous d'une même tribu, et que nul autre qu'un fils de prêtre, ne pouvait prétendre à l'honneur du sacerdoce, ils réservèrent pour eux leurs connaissances, et ne les communiquèrent qu'à ceux de la famille royale qu'ils étaient obligés d'instruire pour les mieux former au gouvernement. Aussi voyons-nous toujours quelques-uns de ces prêtres dans le palais des rais, auxquels ils servaient de précepteurs et de chapelains tout ensemble. Tant que cette secte prévalut en Perse, la famille royale fut censée appartenir à la tribu sacerdotale, soit que les prêtres espérassent s'attirer par ce moyen plus de crédit, soit que les rois crussent par-là rendre leur personne plus sacrée, soit enfin par l'un et l'autre de ces motifs.

Le sacerdoce se divisait en trois ordres, qui avaient au-dessus d'eux un archimage, chef de la religion, comme le grand sacrificateur l'était parmi les Juifs. Il habitait le temple de Balck, où Zoroastre lui-même résida longtemps en qualité d'archimage ; mais après que les Arabes eurent ravagé la Perse dans le septième siècle, l'archimage fut obligé de se retirer dans le Kerman, province de Perse ; et c'est-là que jusqu'ici ses successeurs ont fait leur résidence. Le temple de Kerman n'est pas moins respecté de nos jours de ceux de cette secte, que celui de Baseh l'était anciennement.

Il ne manquait plus au triomphe de Zoroastre, que d'établir la réforme dans la capitale de Perse. Ayant bien médité ce projet épineux, il se rendit à Suze auprès de Darius, et lui proposa sa doctrine avec tant d'art, de force et d'adresse, qu'il le gagna, et en fit son prosélite le plus sincère et le plus zélé. Alors à l'exemple du prince, les courtisans, la noblesse, et tout ce qu'il y avait de personnes de distinction dans le royaume, embrassèrent le Magianisme. On comptait parmi les nations qui le professaient, les Perses, les Parthes, les Bactriens, les Chowaresmiens, les Saces, les Medes, et plusieurs autres peuples barbares qui tombèrent sous la puissance des Arabes dans le septième siècle.

Mahomet tenant le sceptre d'une main et le glaive de l'autre, établit dans tous ces pays-là le Musulmanisme. Il n'y eut que les prêtres mages et une poignée de dévots, qui ne voulurent point abandonner une religion qu'ils regardaient comme la plus ancienne et la plus pure, pour celle d'une secte ennemie, qui ne faisait que de naître. Ils se retirèrent aux extrémités de la Perse et de l'Inde. " C'est-là qu'ils vivent aujourd'hui sous le nom de Gaures ou de Guèbres, ne se mariant qu'entr'eux, entretenant le feu sacré, fidèles à ce qu'ils connaissent de leur ancien culte, mais ignorants, méprisés, et à leur pauvreté près, semblables aux Juifs, si longtemps dispersés sans s'allier aux autres nations ; et plus encore aux Baniants, qui ne sont établis et dispersés que dans l'Inde ".

Le livre qui contient la religion de Zoroastre, et qu'il composa dans une retraite, subsiste toujours ; on l'appela zenda vesta, et par contraction zend. Ce mot signifie originairement, allume-feu ; Zoroastre par ce titre expressif, et qui peut nous sembler bizarre, a voulu insinuer que ceux qui liraient son ouvrage, sentiraient allumer dans leur cœur le feu de l'amour de Dieu, et du culte qu'il lui faut rendre. On allume le feu dans l'Orient, en frottant deux tiges de roseaux l'une contre l'autre, jusqu'à ce que l'une s'enflamme ; et c'est ce que Zoroastre espérait que son livre ferait sur les cœurs. Ce livre renferme la liturgie et les rites du Magianisme. Zoroastre feignit l'avoir reçu du Ciel, et on en trouve encore des exemplaires en vieux caractères persans. M. Hyde qui entendait le vieux persan comme le moderne, avait offert de publier cet ouvrage avec une version latine, pourvu qu'on l'aidât à soutenir les frais de l'impression. Faute de ce secours, qui ne lui manquerait pas aujourd'hui dans sa patrie, ce projet a échoué au grand préjudice de la république des lettres, qui tirerait de la traduction d'un livre de cette antiquité, des lumières précieuses sur cent choses dont nous n'avons aucune connaissance. Il suffit pour s'en convaincre, de lire sur les Mages et le Magianisme, le bel ouvrage de ce savant anglais, de religione veterum Persarum, et celui de Pocock sur le même sujet. Zoroastre finit ses jours à Balk, où il régna par rapport au spirituel sur tout l'empire, avec la même autorité que le roi de Perse par rapport au temporel. Les prodiges qu'il a opérés en matière de religion, par la sublimité de son génie, orné de toutes les connaissances humaines, sont des merveilles sans exemple. (D.J.)

MAGES, (Théologie) des quatre Evangélistes, saint Matthieu est le seul qui fasse mention de l'adoration des mages qui vinrent exprès d'Orient, de la fuite de Joseph en Egypte avec sa famille, et du massacre des Innocens qui se fit dans Bethléem et ses environs par les ordres cruels d'Hérode l'ancien, roi de Judée. Quoique cette autorité suffise pour établir la croyance de ce fait dans l'esprit d'un chrétien, et que l'histoire nous peigne Hérode comme un prince soupçonneux et sans cesse agité de la crainte que son sceptre ne lui fût enlevé, et qui sacrifiant tout à cette jalousie outrée de puissance et d'autorité, ne balança pas à tremper ses mains dans le sang de ses propres enfants : cependant il y a des difficultés qu'on ne saurait se dissimuler, tel est le silence des trois autres évangélistes, celui de l'historien Josephe sur un événement aussi extraordinaire, et la peine qu'on a d'accorder le récit de saint Luc avec celui de saint Matthieu.

Saint Matthieu dit que Jesus étant né à Bethléem de Juda, les Mages vinrent d'Orient à Jérusalem pour s'informer du lieu de sa naissance, le nommant roi des Juifs : ubi est qui natus est rex Judaeorum ? qu'Hérode et toute la ville en furent alarmés ; mais que ce prince prenant le parti de dissimuler, fit assembler les principaux d'entre les prêtres, pour savoir d'eux où devait naître le Christ ; que les prêtres lui répondirent que c'était à Bethléem de Juda ; qu'Hérode laissa partir les Mages pour aller adorer le Messie nouveau né ; qu'il se contenta de leur demander avec instance de s'informer avec soin de tout ce qui concernait cet enfant, afin qu'étant lui-même instruit, il put, disait-il, lui rendre aussi ses hommages ; mais que son dessein secret était de profiter de ce qu'il apprendrait, pour lui ôter plus surement la vie ; que les Mages, après avoir adoré Jesus-Christ, et lui avoir offert leurs présents, avertis par Dieu même, prirent pour s'en retourner une route différente de celle par laquelle ils étaient venus, évitant ainsi de reparaitre à la cour d'Hérode ; que Joseph reçut par un ange l'ordre de se soustraire à la colere de ce prince en fuyant en Egypte avec sa famille ; qu'Hérode voyant enfin que les Mages lui avaient manqué de parole, fit tuer tous les enfants de Bethléem et des environs depuis l'âge de deux ans et au-dessous, selon le temps de l'apparition de l'étoîle ; qu'après la mort de ce prince, Joseph eut ordre de retourner avec l'enfant et sa mère dans la terre d'Israèl ; mais qu'ayant appris qu'Archelaus fils d'Hérode, régnait dans la Judée, il craignit, et n'osa y aller demeurer ; de sorte que sur un songe qu'il eut la nuit, il résolut de se retirer en Galilée, et d'établir son séjour à Nazareth, afin que ce que les Prophètes avaient dit fût accompli, que Jesus serait nommé Nazaréen : et venit in terram Israel, audiens autem quod Archelaus regnaret in Judaeâ pro Herode patre suo, timents illò ire, et admonitus somnis, secessit in partes Galileae et veniens habitavit in civitate quae vocatur Nazareth, ut adimpleretur quod dictum est per Prophetas, quoniam Nazareus vocabitur.

L'évangéliste distingue là Bethléem par le territoire où elle était située, afin qu'on ne la confondit pas avec une autre ville de même nom, située dans la Galilée, et dans la tribu de Zabulon.

Saint Luc commence son évangîle par nous assurer qu'il a fait une recherche exacte et particulière de tout ce qui regardait notre sauveur, assecuto à principio omnia diligenter. En effet, il est le seul qui nous ait raconté quelque chose de l'enfant Jesus. Après ce prélude sur son exactitude historique, il dit que l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, nommée Nazareth, à une vierge nommée Marie, épouse de Joseph, de la famille de David ; que César ayant ensuite ordonné par un édit que chacun se ferait inscrire, selon sa famille, dans les registres publics dressés à cet effet : Joseph et Marie montèrent en Judée, et allèrent à Bethléem se faire inscrire, parce que c'était dans cette ville que se tenaient les registres de ceux de la famille de David ; que le temps des couches de Marie arriva précisément dans cette circonstance ; que les bergers de la contrée furent avertis par un ange de la naissance du Sauveur ; qu'ils vinrent aussi-tôt l'adorer ; que huit jours après on circoncit l'enfant, qui fut nommé Jesus ; qu'après le temps de la purification marqué par la loi de Moïse, c'est-à-dire sept jours immondes et trente-trois d'attente, on porta l'enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, et faire l'offrande accoutumée pour les ainés ; que ce précepte de la loi accompli, Joseph et Marie revinrent en Galilée avec leur fils, dans la ville de Nazareth leur demeure, in civitatem suam Nazareth ; que l'enfant y fut élevé croissant en âge et en sagesse ; que ses parents ne manquaient point d'aller tous les ans une fois à Jérusalem ; qu'ils l'y perdirent lorsqu'il n'avait que douze ans ; et qu'après l'avoir cherché avec beaucoup d'inquiétude, ils le trouvèrent dans le temple disputant au milieu des docteurs, et ut perfecerunt omnia secundum legem Domini, reversi sunt in Galileam in civitatem suam Nazareth. Puer autem crescebat et confortabatur plenus sapientiâ, et gratia Dei erat in illo, et ibant parentes ejus per omnes annos in Jerusalem, in die solenni paschae.

Tels sont les récits différents des deux évangélistes. Examinons-les maintenant en détail. 1°. S. Matthieu ne dit rien de l'adoration des bergers, mais il n'oublie ni celle des Mages, ni la cruauté d'Hérode, deux événements qui mirent Jérusalem dans le mouvement et le trouble. S. Luc qui se pique d'être minutieux, comme il le dit lui-même, multi quidem conati sunt ordinare narrationem quae in nobis completae sunt rerum ; visum est et mihi assecuto omnia à principio diligenter, ex ordine tibi scribere, optime Theophile, ut cognoscas eorum verborum de quibus eruditus es veritatem ; cependant il se tait et de l'adoration des Mages et de la fuite de Joseph en Egypte, et du massacre des innocens. Pouvait-il ignorer des faits si publics, si marqués, si singuliers, s'ils sont véritablement arrivés ? et s'il n'a pu les ignorer, quelle apparence que lui, qui affecte plus d'exactitude que les autres, les ait obmis ? n'est-ce pas là un préjugé contre saint Matthieu ?

2°. S. Matthieu dit qu'après le départ des Mages de Bethléem, Joseph alla en Egypte avec l'enfant et Marie, et qu'il y demeura jusqu'à la mort d'Hérode. Saint Luc dit qu'ils demeurèrent à Bethléem jusqu'à ce que le temps marqué pour la purification de la femme accouchée fût accompli ; qu'alors on porta l'enfant à Jérusalem pour l'offrir à Dieu dans le temple, où Siméon et la prophétesse Anne eurent le bonheur de le voir ; que de-là ils retournèrent à Nazareth, où Jesus fut élevé au milieu de sa famille ; et que ses parents ne manquaient pas d'aller chaque année à Jérusalem, dans le temps de la pâque, avec leur fils, à qui il arriva de se dérober une fois de leur compagnie pour aller disputer dans les écoles des docteurs, quoiqu'il n'eut encore que douze ans. Quand est-il donc allé en Egypte ? quand est-ce que les Mages l'ont adoré ? Ce dernier fait s'est passé à Bethléem, à ce que dit S. Matthieu ; il faut donc que ce soit pendant les quarante jours que Joseph et Marie y séjournèrent en attendant le temps de la purification. Pour le voyage d'Egypte, si Joseph en reçut l'ordre immédiatement après l'adoration des Mages, en sorte qu'en même temps que ceux-ci évitaient la rencontre d'Hérode par un chemin, celui-ci en évitait la colere en fuyant en Egypte : comment ce voyage d'Egypte s'arrangera-t-il avec le voyage de Bethléem à Jérusalem, entrepris quarante jours après la naissance de Jesus, avec le retour à Nazareth, et les voyages faits tous les ans à la capitale, expressément annoncés dans S. Luc ? Pour placer la fuite en Egypte immédiatement après l'adoration des Mages, reculera-t-on celle-ci jusqu'après la purification, lorsque Jesus ni sa famille n'étaient plus à Bethléem ? Ce serait nier le fond de l'histoire pour en défendre une circonstance. Reculera-t-on la fuite de Joseph en Egypte jusqu'à un temps plus commode, et les promenera-t-on à Jérusalem et de-là à Nazareth, comme le dit S. Luc ? Mais combien de préjugés contre cette supposition ? Le premier, c'est que le récit de S. Matthieu semble marquer précisément que Joseph alla de Bethléem en Egypte immédiatement après l'adoration des Mages, et peu de temps après la naissance de Jesus. Le second, qu'il ne fallait pas un long temps pour qu'Hérode fût informé du départ des Mages, Bethléem n'étant pas fort éloignée de Jérusalem, et la jalousie d'Hérode le tenant très-attentif ; aussi ne tarda-t-il guère à exercer sa cruauté ; son ordre inhumain d'égorger les enfants fut expédié aussi-tôt qu'il connut que les Mages l'avaient trompé, vidents quod illusus esset à Magis, misit, etc. On ne peut donc laisser à Joseph le temps d'aller à Jérusalem et de-là à Nazareth, avant que d'avoir prévenu par sa fuite les mauvais desseins d'Hérode. Le troisième, c'est que le commandement fait à Joseph pressait, puisqu'il partit dès la nuit, qui consurgens accepit puerum et matrem ejus nocte, et secessit in Egyptum. Et comment dans la nécessité pressante d'échapper à Hérode lui aurait-il été enjoint d'aller de Nazareth en Egypte, c'est-à-dire de retourner à Jérusalem où était Hérode, et de passer du côté de Bethléem où ce prince devait chercher sa proie, afin de traverser toute la terre d'Israèl et le royaume de Juda, pour chercher l'Egypte à l'autre bout ; car on sait que c'est là le chemin. Etant à Nazareth, il était bien plus simple de fuir du côté de Syrie, et il y a toute apparence que S. Matthieu n'envoye Jesus en Egypte que parce que cette contrée était bien plus voisine du lieu où Joseph séjournait alors ; c'est-à-dire que cet évangéliste suppose manifestement par son récit que le départ de la sainte famille fut de Bethléem et non de Nazareth. Le quatrième, c'est qu'Hérode devait chercher à Bethléem et non à Nazareth ; que ce fut sur cette première ville et non sur l'autre que tomba la fureur du tyran, et que par conséquent Joseph ne devait fuir avec son dépôt que de Bethléem et non de Nazareth, où il était en sûreté. Le cinquième, c'est que S. Luc nous fait entendre que Jesus, après son retour à Nazareth, n'en sortit plus que pour aller tous les ans à Jérusalem avec ses parents, et que c'est là que se passèrent les premiers années de son enfance, et non en Egypte.

3°. Il semble que S. Matthieu ait ignoré que Nazareth était le séjour ordinaire de Joseph et de Marie, et que la naissance de Jesus à Bethléem n'a été qu'un effet du hasard ou de la Providence, une suite de la description des familles ordonnée par César. Car après avoir dit simplement que Jesus vint au monde dans la ville de Bethléem, y avoir conduit les Mages et l'avoir fait sauver devant la persécution d'Hérode ; quand après la mort de ce prince, il se propose de le ramener dans son pays, il ne le conduit pas directement à Nazareth en Galilée, mais dans la Judée où Bethléem est située, et ce n'est qu'à l'occasion de la crainte que le fils d'Hérode n'eut hérité de la cruauté de son père, que S. Matthieu résout Joseph à se retirer à Nazareth en Galilée, et non dans son ancienne demeure, afin que les prophéties qui disaient que Jesus serait nommé Nazaréen fussent accomplies. Desorte que la demeure du Sauveur dans Nazareth n'a été, selon S. Matthieu, qu'un événement fortuit, ou la suite de l'ordre de Dieu à l'occasion de la crainte de Joseph, pour l'accomplissement des prophéties. Au lieu que dans S. Luc, c'est la naissance du Sauveur à Bethléem qui devient un événement fortuit, ou arrangé pour l'accomplissement des prophéties à l'occasion de l'édit de César ; et son séjour à Nazareth n'a rien de singulier, c'est une chose naturelle ; Nazareth est le lieu où demeurait Joseph et Marie, où l'ange fit l'annonciation, d'où ils partirent pour aller à Bethléem se faire inscrire, et où ils retournèrent, après l'accomplissement du précepte pour la purification des femmes accouchées et l'offrande des ainés.

Voilà les difficultés qu'ont fait naître, de la part des antichrétiens, la diversité des évangiles sur l'adoration des Mages, l'apparition de l'étoile, la fuite de Joseph en Egypte, et le massacre des innocens. Que s'ensuit-il ? rien ; rien ni sur la vérité de la religion, ni sur la sincérité des historiens sacrés.

Il y a bien de la différence entre la vérité de la religion et la vérité de l'histoire, entre la certitude d'un fait, et la sincérité de celui qui le raconte.

La foi et la morale, c'est-à-dire le culte que nous devons à Dieu par la soumission du cœur et de l'esprit, sont l'unique et le principal objet de la révélation, &, autant qu'il est possible et raisonnable, les faits et les circonstances historiques qui en accompagnent le récit.

C'est en ce qui regarde ce culte divin et spirituel que Dieu a inspiré les écrivains sacrés, et conduit leur plume d'une manière particulière et infaillible. Pour ce qui est du tissu de l'histoire et des faits qui y sont mêlés, il les a laissé écrire naturellement, comme d'honnêtes gens écrivent, dans la bonne foi et selon leurs lumières, d'après les mémoires qu'ils ont trouvés et crus véritables.

Ainsi les faits n'ont qu'une certitude morale plus ou moins forte, selon la nature des preuves et les règles d'une critique sage et éclairée ; mais la religion a une certitude infaillible, appuyée non-seulement sur la vérité des faits qui ont connexion, mais encore sur l'infaillibilité de la révélation et l'évidence de la raison.

Le doigt de Dieu se trouve marqué dans tout ce qui est de lui. Le Créateur a gravé lui-même dans sa créature ce qu'il inspirait aux prophetes et aux apôtres, et la raison est le premier rayon de sa lumière éternelle, une étincelle de sa science. C'est delà que la religion tient sa certitude, et non des faits que M. l'abbé d'Houteville, ni Abadie, ni aucun autre docteur ne pourra jamais mettre hors de toute atteinte, lorsque les difficultés seront proposées dans toute leur force.

MAGES étoîle des, (Ecrit. sac.) Il y a différents sentiments sur la nature de l'étoîle qui apparut aux Mages. Beaucoup de savants ont pensé que cette étoîle était quelque phenomene en forme d'astre, qui ayant été remarqué par les Mages avec des circonstances extraordinaires, leur parut être l'étoîle prédite par Balaam, et conséquemment ils se déterminèrent à la suivre pour chercher le roi dont elle annonçait la venue ; mais l'opinion particulière de M. Benaist, illustre théologien, né à Paris dans le dernier siècle, et mort en Hollande en 1728, m'a paru d'un goût si singulier, et remplie d'idées si neuves, que je crois faire plaisir à bien des personnes, au lieu de l'exposer ici dans toute son étendue, de les renvoyer à ce qu'en a dit M. Chaufepié dans son dictionnaire.

MAGE, (Jurisprudence) Juge-mage, quasi major judex, est le titre que l'on donne en quelques villes de Languedoc, comme à Toulouse au lieutenant du Sénéchal. (A)




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