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Catégorie : Astronomie
S. m. (Astronomie) est le commencement du jour, ou le temps du lever du soleil. Voyez JOUR. Les Astronomes comptent le matin, manè, de minuit à midi. Ainsi on dit qu'une éclipse a commencé à onze heures du matin, &c.

Les différents peuples font commencer le matin à différentes heures. Cela dépend de leurs différentes manières de compter les heures. Mais la façon la plus commune est de le commencer à minuit. Ainsi on peut distinguer, pour ainsi dire, deux sortes de matins ; l'un qu'on peut appeler réel, commence avec la lumière du jour ; l'autre qu'on peut nommer civil ou astronomique, commence à minuit, ou à une autre heure fixe, selon l'usage du pays où l'on est Voyez HEURE.

L'étoîle du matin est la planète de Vénus, quand elle est occidentale au soleil, c'est-à-dire, lorsqu'elle se lève un peu avant lui. Dans cette situation, les Grecs l'appellent phosphorus, et les Latins lucifer. Voyez VENUS.

Crépuscule du matin. Voyez CREPUSCULE. Chamb. MATIN, le, (Médecine)

Des nuits l'inégale courière

S'éloigne et pâlit à nos yeux,

Chaque astre au-bout de sa carrière

Semble se perdre dans les cieux.

Des bords habités par le Maure

Déjà les heures de retour,

Ouvrent lentement à l'Aurore

Les portes du palais du jour.

Quelle fraicheur ! L'air qu'on respire

Est le souffle délicieux

De la Volupté qui soupire

Au sein du plus jeune des Dieux.

Déjà la colombe amoureuse

Vole du chêne sur l'ormeau ;

L'amour cent fois la rend heureuse,

Sans quitter le même rameau.

Triton sur la mer applanie

Promene sa conque d'azur,

Et la nature rajeunie

Exhale l'ambre le plus pur.

Au bruit des Faunes qui se jouent

Sur les bords tranquilles des eaux,

Les chastes Naïades dénouent

Leurs cheveux tressés de roseaux.

Dieux, qu'une pudeur ingénue

Donne de lustre à la beauté !

L'embarras de paraitre nue

Fait l'attrait de la nudité.

Le flambeau du jour se rallume,

Le bruit renait dans les hameaux,

Et l'on entend gémir l'enclume

Sous les coups pesans des marteaux.

Le règne du travail commence ;

Monté sur le trône des airs,

Soleil, annonce l'abondance

Et les plaisirs à l'univers.

Vengez, etc. &c. &c.

Oeuvres mêlées de M. le cardinal DE BERNIS.

Cette partie du jour qui offre à l'imagination du poète ces images riantes, matière des descriptions agréables, n'est point indifférente pour le médecin ; attentif à examiner et à recueillir les phénomènes de la nature, il ne perd aucune occasion de lire dans ce livre intéressant ; il n'examine tous ces changements, toutes ces actions, que pour en retirer des lumières dont il prévait l'utilité ; il laisse au physicien aisif spéculateur le soin de remonter aux causes des phénomènes qu'il observe, de les combiner, d'en montrer l'enchainement. Pour lui, il met ses observations en pratique, et tourne toujours ses réflexions vers l'intérêt public, le mobîle et le but le plus noble de ses travaux, en même temps qu'il en est la récompense la plus flatteuse. Le médecin observe que dans l'état de santé le corps est plus léger, plus dispos le matin que le soir, les idées en conséquence plus nettes, plus vives, plus animées. Le sommeil précédent n'est pas seul capable de produire cet effet ; puisqu'on l'éprouve bien moins, ou même pas du-tout, lorsqu'on pousse le sommeil bien avant dans le jour. Il est vrai aussi que cet effet est bien plus sensible, lorsqu'on a passé la nuit dans un sommeil tranquille et non interrompu. Le retour du soleil sur l'horizon, le vent léger d'orient qui excite alors les vapeurs retombées, une douce humidité qui couvre et imbibe la terre, tous ces changements survenus dans l'atmosphère doivent nécessairement faire quelqu'impression sur nos corps, voyez INFLUENCE DES ASTRES. Quoi qu'il en sait, ces changements sont constants et universels ; les plantes, les animaux, l'homme, en un mot, tout ce qui vit, tout ce qui sent, les éprouve. Ici se présente naturellement la réponse à une question célèbre ; savoir, s'il est utîle à la santé de se lever matin. Le raisonnement et l'expérience s'appuient mutuellement pour faire conclure à l'affirmative. La nuit est le temps destiné au repos, et le matin le temps le plus propre au travail ; la nature semble avoir fixé les bornes et le temps du sommeil ; les animaux qui ne suivent que ses ordres, et qui sont dépourvus de cette raison superbe que nous vantons tant, et qui ne sert qu'à nous égarer en nous rendant sourds à la voix de la nature ; les animaux, dis-je, sortent de leur retraite dès que le sommeil est prêt à paraitre ; les oiseaux annoncent par leur ramage le retour de la lumière ; les sauvages, les paysans, qu'une raison moins cultivée et moins gâtée par l'art rapproche plus des animaux, suivent en cela une espèce d'instinct ; ils se lèvent très- matin, et ce genre de vie leur est très-avantageux. Voyez avec quelle agilité ils travaillent, combien leurs forces s'augmentent, leur santé se fortifie, leur tempérament devient robuste, athlétique ; ils se procurent une jeunesse vigoureuse, et se préparent une longue et heureuse vieillesse. Jettez ensuite les yeux sur cette partie des habitants de la ville, qui fait de la nuit le jour, qui ne se conduit que par les modes, les préjugés, les usages, la raison ou ses abus. Ces personnes poussent les veilles jusques bien avant dans la nuit, se couchent fort tard, goutent un sommeil peu tranquille, passent beaucoup plus de temps dans le lit que ces paysans, dorment quelquefois davantage ; mais quand elles se lèvent, inquietes, fatiguées, nullement ou peu refaites d'un sommeil semblable, elles ne sentent point cette douce fraicheur du matin, elles n'éprouvent point cette légéreté qu'il semble qu'on prenne alors avec l'air qu'on respire. Voyez en même temps combien leur santé est faible, leur tempérament délicat ; la même conséquence dans les autres actions de la vie devient la source féconde des maux variés dont elles sont sans cesse attaquées.

On demande en second lieu, si le matin n'est pas le temps le plus propre pour remplir les devoirs conjugaux. Les auteurs, partagés sur cet article, pour ce qui regarde l'homme, assurent que tous les temps sont à-peu-près égaux pour la femme, et qu'elle peut vaquer à ce devoir agréable lorsqu'elle veut et dans tous les temps, parce qu'elle désire plus vivement que l'homme, qu'elle perd moins dans l'acte, et qu'elle n'en est pas aussi fatiguée. Comme ces sacrifices trop fréquents épuisent l'homme, et que même lorsqu'ils sont modérés, il en éprouve une lassitude et une espèce de langueur, on a prétendu assigner un temps de la journée, qu'on a cru plus propre à l'exercice de cette fonction. Les uns ont pensé que c'était quatre ou cinq heures après chaque repas ; d'autres ont voulu qu'on attendit plus longtemps ; les uns, comme Hermogène, ont préféré le jour, assurant que la nuit les plaisirs de l'amour sont plus doux, et que le jour ils sont plus salutaires. D'autres ont donné la préférence à la nuit, disant qu'ils sont d'autant moins nuisibles, qu'ils sont plus agréables. Ceux qui craient le soir plus favorable que le matin, se fondent sur ce qu'alors les aliments sont digérés, le corps bien refait, les pertes réparées, et qu'après cela le sommeil peut dissiper la lassitude qui en pourrait résulter ; au-lieu que le matin, disent-ils, l'estomac est rempli de crudités ; c'est le temps du travail, il est à craindre que cet exercice ne diminue l'aptitude à remplir les autres. Ceux enfin qui prétendent que le matin est de tous les temps de la journée celui qu'on doit choisir préférablement à tout autre, disent que le soir les aliments ne sont pas digérés ; ou s'ils le sont, que les sécrétions ne sont pas faites, que la quantité de semence n'est pas augmentée ; au-lieu que le matin la dernière coction, pour parler avec Hippocrate, est achevée, le corps est dans cet état d'égalité qui résulte de l'harmonie et du bien-être de toutes les parties, que le sommeil précédent a rendu le corps agîle et dispos ; que le matin, semblable au printemps, est plus commode et plus sur pour la génération ; qu'alors aussi les désirs sont plus vifs ; que c'est une erreur de croire que, quand on se porte bien, l'estomac soit plein de matières crues et pituiteuses. Et ils soutiennent après Sanctorius, que les plaisirs du mariage modérés dégagent et rendent légers, loin de fatiguer ; mais qu'au cas qu'on ressentit quelque lassitude, il était tout simple de se rendormir un peu. Ils citent l'exemple des paysans vigoureux et robustes, qui font des enfants aussi bien constitués, et qui lassés des travaux de la journée, s'endorment dès qu'ils sont au lit, et ne remplissent leurs devoirs conjugaux que le matin à leur réveil. Enfin, ils n'ont qu'à faire observer que les oiseaux choisissent presque tous ce temps, qu'ils témoignent leurs plaisirs par leur chant, etc. &c. etc. Cette opinion parait assez vraisemblable et mériterait d'être adoptée, si dans des affaires de cette nature, il fallait consulter des lois et observer des règles, et non pas suivre ses désirs et profiter des occasions.

L'influence et les effets du matin sont encore bien plus sensibles dans l'état de maladie où le corps est bien plus impressionable. On observe dans presque toutes les fièvres, et pour mieux dire, dans toutes les maladies, que le malade est pour l'ordinaire moins mal le matin que le soir. Presque tous les redoublements se font le soir, et il n'est pas nécessaire pour les exciter que le malade ait mangé ; car soit qu'il ait fait des excès ou observé la diete la plus exacte, ils n'en reviennent pas moins dans ce temps plus ou moins forts ; la nuit est alors mauvaise, troublée, et le redoublement ne se dissipe que vers le lever du soleil. Alors le malade est plus tranquille, il s'assoupit et se livre à un sommeil, d'autant plus agréable, qu'il a été plus attendu. Voyez INFLUENCE DES ASTRES.

La considération de cette tranquillité que procure le matin, à la plus grande partie des maladies, n'est pas une simple spéculation ; elle est d'une grande utilité et d'un usage fréquent dans la pratique. Lorsqu'on a quelque remède à donner et que l'on peut choisir le temps, on préfère le matin ; c'est le temps d'élection de la journée, comme le printemps l'est dans l'année ; on ne le manque que lorsque la nécessité pressante oblige d'administrer les secours à toute heure. Le matin est le temps où l'on purge, où l'on fait prendre les apozemes, les opiats, les eaux minérales, etc. C'est aussi celui que le médecin éclairé fait choisir au chirurgien manouvrier pour faire les opérations, quand le mal n'est pas de nature à exiger des secours pressants. En un mot, le matin est le temps d'élection, toutes les heures peuvent être le temps de nécessité. (m)

MATIN, (Critique sacrée) ce mot se prend d'abord dans l'Ecriture pour le commencement ou la première partie du jour artificiel, qui est distingué en trois, vespere, mane, et meridie, et il se prend en ce premier sens dans ce passage : vae tibi, terra, cujus rex puer est, et cujus principes mane comedunt. Ecclésiastes. 10, 16, 20. Il se prend aussi pour le jour artificiel tout entier : factumque est vespère et mane dies unus. Genèse 1, 5. Le jour naturel se fit du matin qui est le jour artificiel, et du soir qui se met au commencement, parce qu'il précéda le jour artificiel qui commence par le matin, et se compte du lever du soleil à un autre ; c'est pour cela que les Juifs commençaient leur jour par le soir, à vesperâ in vesperam : ce mot se met souvent pour promptement ; vous m'exaucerez le matin, c'est-à-dire, de bonne heure. Il désigne la diligence avec laquelle on fait quelque chose : le Seigneur dit qu'il s'est levé de grand matin pour inviter son peuple à retourner à lui, mane consurgens conversatus sum, et dixi, audite vocem meam. Jer. 11, 7. (D.J.)




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