S. m. en Astronomie, cercle dont le centre est dans la circonférence d'un autre cercle, qui est censé le porter en quelque manière.

Ce mot est formé des mots grecs, , suprà, sur, et de , cercle, comme si l'on disait cercle sur cercle.

De même que les anciens astronomes ont inventé un cercle excentrique pour expliquer les irrégularités apparentes du mouvement des planètes, et leur différente distance de la terre, ils ont aussi inventé un petit cercle pour expliquer les stations et les rétrogradations des planètes. Ce cercle, qu'ils appellent épicycle, a son centre dans la circonférence du plus grand, qui est l'excentrique de la planète. Voyez EXCENTRIQUE.

C'est dans cet excentrique que se meut le centre de cet épicycle, lequel emporte avec lui la planète, dont le centre se meut régulièrement dans la circonférence de l'épicycle, suivant l'ordre des signes, lorsqu'elle est dans la partie inférieure de l'épicycle, et contre l'ordre des signes, lorsqu'elle est dans la partie supérieure.

Le point le plus haut de l'épicycle s'appelle apogée, et le point le plus bas s'appelle périgée. Voyez APOGEE et PERIGEE.

Quoique les phénomènes des stations et rétrogradations des planètes s'expliquent d'une manière bien plus naturelle dans le système de Copernic, on ne peut disconvenir que la manière dont Ptolomée les a sauvées ne soit ingénieuse : c'est apparemment pour cette raison que M. Godin, dans un mémoire imprimé parmi ceux de l'Académie, en 1733, a cherché à développer cette théorie, et à donner les lois du mouvement apparent des planètes dans les épicycles. Lorsqu'on ne cherche qu'à connaître les apparences, et à construire des tables, il importe peu, dit l'historien de l'Académie, quelle hypothèse on choisisse, pourvu que cette hypothèse les sauve toutes, et que ces tables les représentent. De plus, les satellites de Jupiter et de Saturne ont, par rapport à nous, des apparences de mouvements semblables à celles que doivent avoir les planètes dans le système de Ptolomée : la Terre et la Lune, vues du Soleil ou de quelque autre point du système solaire, sont aussi dans le même cas ; c'est pourquoi la théorie dont il s'agit peut être de quelque utilité. D'ailleurs M. Godin l'a donnée d'une manière beaucoup plus simple que n'ont fait jusqu'ici tous les Astronomes : il n'a besoin pour cela que des deux suppositions suivantes ; 1°. la direction apparente d'un corps qui décrit un cercle, est à chaque instant la tangente au point du cercle qu'il décrit dans cet instant ; 2°. un corps mu par deux forces, dont les directions font angle entr'elles, ou paraissent faire angle, décrira ou paraitra décrire la diagonale d'un parallelogramme formé sur ces directions.

Le grand cercle, dans la circonférence duquel l'épicycle est situé, s'appelle aussi le déférent de l'épicycle. Voyez DEFERENT.

Riccioli, quoique ennemi déclaré du mouvement de la terre, n'a jamais pu faire de tables astronomiques qui s'accordassent tant-sait-peu avec les observations, sans supposer ce mouvement de la terre, quoiqu'il appelât à son secours, d'une manière un peu forcée, les épicycles variables, sujets à des augmentations et à des décroissements perpétuels, et différemment inclinés à l'écliptique. Voyez COPERNIC, STATION, RETROGRADATION, etc.

Quoique les épicycles des planètes, imaginés par Ptolomée, soient aujourd'hui entièrement bannis de l'Astronomie, cependant quelques astronomes modernes s'en sont servis pour expliquer les irrégularités du mouvement de la Lune ; mais avec cette différence, qu'ils n'ont pas prétendu que la lune parcourut en effet la circonférence d'un épicycle, comme Ptolomée prétendait que les planètes la parcouraient : ils ont seulement dit que les inégalités apparentes du mouvement de la Lune étaient les mêmes que si cette planète se mouvait dans un épicycle. M. Machin, dans un ouvrage fort court qui a pour titre, the laws of moon's motion, les lois du mouvement de la Lune, fait mouvoir la Lune dans une ellipse dont le petit axe est la moitié du grand : tandis que le centre de cette ellipse décrit d'un mouvement uniforme un cercle autour de la Terre, la Lune se meut dans l'ellipse, de manière qu'elle y parcourt des aires proportionnelles aux temps. Mais M. Clairaut, dans un mémoire imprimé parmi ceux de l'académie, en 1743, soutient que M. Machin se trompe, et qu'on ne peut expliquer par cette supposition les mouvements de la Lune. M. Halley a supposé que la Lune se mouvait dans une ellipse, et que le centre de cette ellipse était dans un épicycle dont le centre se mouvait uniformément autour de la Terre : il a déduit de ce mouvement les inégalités qu'on observe dans la vitesse de l'apogée, et dans l'excentricité de l'orbite de cette planète. Voyez LUNE. Voyez aussi les Dict. de Harris, de Chambers, et les élém. d'Astronomie de Wolf, d'où une partie de cette article est tirée. (O)