S. m. (Dioptrique) instrument qui sert à grossir de petits objets. Ce mot vient des mots grecs, , petit, &, je considere. Il y a deux espèces de microscopes, le simple et le composé.

Le microscope simple est formé d'une seule et unique lentille ou loupe très-convexe. Voyez LENTILLE. et LOUPE.

On place cette lentille E D tout proche de l'oeil, (fig. 21. opt.) et l'objet A B qu'on suppose très-petit, est placé un peu en-deçà du foyer de la lentille ; de sorte que les rayons qui viennent des extrémités A, B, sortent de la lentille presque parallèles, et comme s'ils partaient de deux points K, I, beaucoup plus éloignés ; de sorte que l'objet qui parait en K I, est beaucoup plus grand, et l'image K I est à A B comme F H est à F C, c'est-à-dire à-peu près comme la distance à laquelle on verrait l'objet distinctement, est à la longueur du foyer. Voyez DIOPTRIQUE et VISION.

Les microscopes simples devraient être probablement aussi anciens que le temps où l'on a commencé à s'apercevoir des effets des verres lenticulaires ; ce qui remonterait à plus de 400 ans, voyez LUNETTE ; cependant les observations faites au microscope, même simples, sont beaucoup moins anciennes que cette date, et ne remontent guère à plus de 130 ans. On voit dans la fig. 22. la figure d'un microscope simple ; A est l'endroit au centre duquel on place la lentille ; et H est une vis où cette lentille est enchâssée ; au moyen de quoi on peut placer en A des lentilles ou loupes de différents foyers. E G est une pointe au bout de laquelle on fixe l'objet qu'on veut voir, et qu'on approche pour cet effet de la lentille. Les microscopes simples sont quelquefois formés d'une seule loupe sphérique de verre. La fig. 21. n °. 2. fait voir comment ces loupes augmentent l'image de l'objet. Car l'oeil étant placé, par exemple, en G, il voit le point A par le rayon rompu G D L A et dans la direction de G D ; de sorte que l'objet A B lui paraitra plus grand que s'il était Ve sans loupe. Voyez APPARENT.

Les microscopes composés sont formés d'un verre objectif E L (fig. 24.) d'un foyer très-court, et d'un oculaire G H d'un foyer plus long. Ainsi le microscope est l'inverse du télescope. Voyez TELESCOPE. On place l'objet A B à-peu-près au foyer du verre E L, mais un peu au-delà ; les rayons sortent du verre E L presque parallèles (voyez LENTILLE) avec très-peu de convergence ; de-là ils tombent sur le verre G H, et se réunissent presque à son foyer I. Ainsi le verre E L agrandit d'abord l'objet A B, à-peu-près comme ferait un microscope simple, et l'image de l'objet deja agrandie l'est encore par le verre G H. Il est encore facîle de voir que dans ce microscope l'objet paraitra renversé.

Au lieu d'un oculaire on en met quelquefois plusieurs, et ce sont même les microscopes les plus en usage aujourd'hui. On peut voir dans la fig. 25. un microscope composé, et tout monté sur son pied pour voir les objets ; on les place en I sur la plaque L I, et ces objets sont éclairés par la lumière que réfléchit le miroir O N.

A l'égard de la fig. 23. elle représente un microscope simple d'une autre espèce que celui de la fig. 22. On place l'objet au haut de la vis B, qu'on éloigne ou qu'on approche du miroir à volonté ; et le microscope est évidé et à jour dans une de ses faces, afin que l'objet puisse recevoir la lumière extérieure. Dans d'autres microscopes, le tuyau extérieur n'est point évidé, mais la vis l'est en-dedans, et au-dessus de la vis on place un verre plan, qui tombe à-peu-près au foyer de la lentille, l'objet reçoit alors la lumière par-dessous ; la vis sert à éloigner ou rapprocher l'objet du foyer, selon les différentes vues.

On ne sait pas exactement l'inventeur du microscope composé. On attribue ordinairement cette invention à Drebel, mais M. Montucla, dans son Histoire de Mathématique, tome II. p. 174, apporte des raisons pour en douter. Fontana se les attribue, ainsi que les télescopes à oculaire convexe ; il est difficîle de prononcer là-dessus.

MICROSCOPE SOLAIRE, n'est autre chose, à proprement parler, qu'une lanterne magique, éclairée par la lumière du soleil, et dans laquelle le porte-objet au lieu d'être peint, n'est qu'un petit morceau de verre blanc, sur lequel on met les objets qu'on veut examiner. Il y a encore cette différence, qu'au lieu des deux verres lenticulaires placés au-delà du porte-objet dans la lanterne-magique, il n'y en a qu'un dans le microscope solaire. Voyez LANTERNE-MAGIQUE.

Cet instrument qui nous est venu de Londres en 1743, a été inventé par feu M. Lieberkuhn, de l'académie royale des Sciences de Prusse. On trouvera sur cet instrument un plus grand détail à l'article qui suit sous la même dénomination de micros. sol. On place le tuyau du microscope solaire dans le trou d'un volet d'une chambre obscure bien fermée, et on fait tomber la lumière du soleil sur les verres du microscope par le moyen d'un miroir placé au-dehors de la fenêtre. Alors les objets placés sur le porte-objet paraissent prodigieusement grossis sur la muraille de la chambre obscure. (O)

MICROSCOPE des objets opaques, (Optique) ce microscope, dont on doit l'invention au D. Lieberkuhn, est aussi curieux qu'avantageux. Il remédie à l'inconvénient d'avoir le côté obscur d'un objet tourné du côté de l'oeil ; ce qui a été jusqu'ici un obstacle insurmontable, qui a empêché de faire sur les objets opaques des observations exactes ; car dans toutes les autres inventions qui nous sont connues, la proximité de l'instrument à l'objet (lorsqu'on emploie les lentilles les plus fortes (produit inévitablement une ombre si grande, qu'on ne le voit que dans l'obscurité et sans presque rien distinguer ; et quoiqu'on ait essayé différents moyens de diriger sur l'objet la lumière du soleil ou d'une chandelle par un verre convexe placé à côté, les rayons qui tombent ainsi sur l'objet, forment avec sa surface un angle si aigu qu'ils ne servent qu'à en donner une idée confuse, et qu'ils sont incapables de le faire voir clairement.

Mais dans ce nouveau microscope, par le moyen d'un miroir concave d'argent extrêmement poli en plaçant à son centre la lentille, on réfléchit sur l'objet une lumière si directe et si forte, qu'on peut l'examiner avec toute la facilité et tout le plaisir imaginable.

On emploie quatre miroirs concaves de cette espèce et de différentes profondeurs, destinés à quatre lentilles de différentes forces, pour s'en servir à observer les différents objets : on connait les plus fortes lentilles, en ce qu'elles ont de moindres ouvertures. (D.J.)

MICROSCOPE solaire, (Optique) ce microscope dépend des rayons du soleil, et comme on ne peut en faire usage que dans une chambre obscure, on le nomme quelquefois microscope de la chambre obscure. Il est composé d'un tuyau, d'un miroir, d'une lentille convexe et du microscope simple. Le mécanisme de ce microscope est si simple, qu'il n'exige point de figures ; c'est assez de dire ici que les rayons du soleil étant dirigés par le miroir à-travers le tuyau sur l'objet renfermé dans le microscope, cet objet vient se peindre distinctement et magnifiquement sur un écran couvert de papier blanc ou de linge bien blanc. Cette image est tout autrement grande que ne peuvent l'imaginer ceux qui n'ont pas Ve ce microscope ; car plus on recule l'écran, plus l'objet s'agrandit, en sorte que l'image d'un poux est quelquefois de cinq à six pieds ; mais il faut avouer qu'elle est plus distincte, lorsqu'on ne lui donne qu'une partie de cette longueur.

Quand on veut se servir du microscope solaire, on doit rendre la chambre aussi obscure qu'il est possible, car c'est de l'obscurité de la chambre et de la vivacité des rayons du soleil que dépendent la clarté et la perfection de l'image. Les lentilles les plus utiles à ce microscope sont en général la quatrième, la cinquième ou la sixième.

L'écran propre à recevoir l'image des objets est ordinairement d'une feuille d'un très-grand papier étendue sur un châssis qui glisse en-haut ou en-bas, ou qui tourne, comme on veut, à droite ou à gauche sur un pied de bois arrondi, à-peu-près comme certains écrants qu'on met devant le feu : on fait aussi quelquefois des écrants plus grands avec plusieurs feuilles du même papier collées ensemble, que l'on roule et déroule comme une grande carte.

Ce microscope est le plus amusant de tous ceux qu'on a imaginés, et peut-être le plus capable de conduire à des découvertes dans les objets qui ne sont pas trop opaques, parce qu'ils les représentent beaucoup plus grands qu'on ne peut les représenter par aucune autre voie. Il a aussi plusieurs autres avantages qu'aucun microscope ne saurait avoir ; les yeux les plus faibles peuvent s'en servir sans la moindre fatigue ; un nombre de personnes peuvent observer en même temps le même objet, en examiner toutes les parties, et s'entretenir de ce qu'elles ont sous les yeux, ce qui les met en état de se bien entendre et de trouver la vérité ; au lieu que dans les autres microscopes on est obligé de regarder par un trou l'un après l'autre, et souvent de voir un objet qui n'est pas dans le même jour, ni dans la même position. Ceux qui ne savent pas dessiner, peuvent par cette invention prendre la figure exacte d'un objet qu'ils veulent avoir ; car ils n'ont qu'à attacher un papier sur l'écran, et tracer sur ce papier la figure qui y est représentée, en se servant d'une plume ou d'un pinceau.

Il est bon de faire remarquer à ceux qui veulent prendre beaucoup de figures par ce moyen, qu'ils doivent avoir un châssis où l'on puisse attacher une feuille de papier, et l'en retirer aisément ; car si le papier est simple, on verra l'image de l'objet presqu'aussi clairement derrière que devant ; et en la copiant derrière l'écran, l'ombre de la main n'interceptera pas la lumière, comme il arrive en partie lorsqu'on la copie par-devant.

Le microscope solaire est encore une invention qui est dû. au génie du docteur Lieberkuhn prussien, membre de la société royale, à laquelle il a communiqué en 1748 ou environ, les deux beaux microscopes qu'il avait inventés et travaillés lui-même, je veux dire le microscope solaire et le microscope pour les objets opaques ; ensuite Mrs Cuff et Adam, anglais, ont perfectionné ces ouvrages. Le microscope solaire du D. Lieberkuhn n'avait point de miroir, et par conséquent ne pouvait servir que pendant quelques heures du jour lorsqu'on pouvait placer le tube directement contre le soleil ; mais l'application du miroir fournit le moyen de faire réfléchir les rayons du soleil dans le tube, quelque soit sa hauteur ou sa situation, pourvu qu'il donne sur la fenêtre. Phil. trants. n °. 458. sect. 9. de Baker, microscop, object. (D.J.)