S. f. (Dioptrique) on appelle ainsi une lentille à deux faces convexes, dont les rayons sont fort petits ; cette lentille a la propriété de grossir les objets, voyez LENTILLE ; et elle les grossit d'autant plus que son foyer, c'est-à-dire le rayon de sa convexité, est plus court. Supposons que l'objet placé au foyer de la loupe puisse être Ve distinctement sans loupe à 8 pouces de distance, et que le foyer de la loupe soit demi-ligne, l'objet sera augmenté en raison de demi-ligne à 8 pouces, c'est-à-dire de 1 à 192, parce que la loupe fait voir l'objet distinctement (comme s'il était à la distance de 8 pouces), et sous le même angle à peu près sous lequel on le verrait sans loupe, mais confusément à la distance de demi-ligne. Voyez l'article MICROSCOPE, où on donne la raison de cette proportion.

LOUPE, terme de Chirurgie, tumeur qui se forme sous la peau dans les cellules du tissu adipeux. Cette tumeur est circonscrite, sans chaleur, sans douleur, et sans changement de la couleur naturelle de la peau qui la couvre. La peau n'y est pas adhérente, et l'on sent dans son centre une fluctuation quelquefois très-sensible, et quelquefois plus obscure.

Les loupes sont des humeurs enkistées, qu'on a rangées sous trois classes, relativement à la nature de l'humeur qu'elles contiennent : mais cela ne forme que des différences accidentelles, puisque, comme l'a fort bien remarqué notre célèbre chirurgien français Ambraise Paré, on ne connait ce que contiennent ces tumeurs que lorsqu'elles sont ouvertes. Voyez les art. ENKISTE, ATHEROME, STEATOME, MELICERIS.

M. Littre ajoute une quatrième sorte de loupe formée par une graisse molle, et qu'il a nommée lipoma. Voyez LIPOME.

La cause formelle des loupes est une accumulation des sucs lymphatiques, qui prennent des couleurs et des consistances différentes, suivant qu'ils sont plus ou moins chargés de sucs bilieux, graisseux, gélatineux, ou d'autres sucs recrémenteux. Les coups, les chutes peuvent en être les causes occasionnelles et primitives. Les loupes se forment peu-à-peu par des degrés insensibles ; aussi ne comprimant point les vaisseaux du voisinage, et ne le faisant que fort peu et très-lentement, le sang se conserve une entière liberté de circuler, en dilatant à proportion les vaisseaux collatéraux, ce qui fait que les loupes n'attirent ordinairement aucune inflammation. Quand elles grossissent, elles peuvent s'enflammer, s'abscéder ; il y en a qui deviennent skirrheuses et carcinomateuses, cela dépend de la dégénération vicieuse des sucs qui y sont renfermés. Voyez CANCER et CARCINOME.

Paré appelle énorme une loupe dont il a fait heureusement l'extirpation. Elle pesait huit livres, était de la grosseur de la tête d'un homme, située derrière le col, et pendait entre les épaules. Il est parlé, dans les Transactions philosophiques, d'une loupe bien plus extraordinaire qu'avait à la mâchoire inférieure un nommé Alexandre Palmer, de Keith en Ecosse : il la portait depuis vingt-sept ans. Sa grosseur énorme et les douleurs violentes qu'elle lui causait, le déterminèrent à se la faire couper. La base de cette loupe avait cinq pouces d'étendue, ce qui est considérable par le lieu qu'elle occupait ; elle pesait vingt-une à vingt-deux livres : elle était de figure sphéroïde, et avait trente-quatre pouces de tour dans un sens et vingt huit dans un autre. L'hémorrhagie qui suivit l'opération, fut arrêtée par le moyen de la poudre de vitriol, et la plaie par des pansements ordinaires fut guérie en six semaines.

Les loupes sont des maux opiniâtres, mais qui ne sont pas ordinairement dangereux, lorsqu'elles ne changent point de nature ; elles peuvent néanmoins incommoder beaucoup par leur volume ou par leur situation. On ne peut espérer de les guérir par la voie de la résolution, que quand elles sont commençantes ; et les loupes graisseuses se résoudront plus facilement que les autres par des applications discussives, telles que la fumigation de vinaigre dans lequel on aura fait dissoudre de la gomme ammoniaque : les emplâtres de ciguè, de diabotanum, de vigo cum mercurio, sont fort recommandés, et ne font pas grand effet.

Les loupes, dont la base est étroite, peuvent être détruites par la ligature ; l'extirpation est plus prompte et moins douloureuse. J'ai Ve plusieurs personnes qui craignaient l'instrument tranchant, en demander l'usage par préférence à la ligature qu'on avait tentée. Quand le pédicule est assez considérable, on peut inciser circulairement la peau vers la base de la tumeur, et en lier la base intérieurement ; ce procédé épargne les grandes douleurs qui viennent de la grande sensibilité de la peau. On peut aussi cautériser circulairement la peau, et tracer par une escare la voie de la ligature.

Nous avons donné au mot ENKISTEE des règles pour l'extirpation de ces sortes de tumeurs ; mais les grands principes se tirent de l'Anatomie, qui instruit dans chaque cas particulier des parties auxquelles la tumeur a ses attaches. Elle peut tenir à des tendons, à des nerfs, être sur la route de vaisseaux considérables, etc. toutes ces différences font varier le traitement, ou établissent des procédés particuliers. On peut attaquer la tumeur par sa partie la plus éminente par le moyen des cathérétiques, dont on continue l'usage méthodiquement jusqu'à la parfaite éradication de la tumeur. Si la loupe était carcinomateuse, ce serait une voie fort dangereuse ; l'extirpation par l'instrument tranchant est indispensable, si elle est possible. Quand le kiste est emporté ou détruit en entier, l'ulcère est simple, et se guérit aisément par les pansements ordinaires. (Y)

LOUPES, (Monnaie) on appelle ainsi dans les monnaies les briques et les carreaux des vieux fourneaux qui ont servi à la fonte de l'or et de l'argent. On les broye et on les concasse, pour en tirer par le moyen du moulin aux lavures, les particules de ces deux métaux qui peuvent s'y être attachées. Voyez LAVURES.

Loupes se dit encore en terme de jouaillier, des perles et des pierres précieuses imparfaites, dans la formation desquelles la nature est, pour ainsi dire, restée à moitié chemin.

Les pierres qui restent le plus ordinairement en loupes, sont les saphirs, les rubis et les éméraudes. A l'égard de ces dernières, il ne faut pas confondre leurs loupes avec ce qu'on appelle prime d'éméraudes. Voyez EMERAUDE.

Pour ce qui est des loupes de perles, ce n'est quelquefois des endroits que de nacre de perles un peu élevés en demi bosse, que les Lapidaires ont l'adresse de scier et de joindre ensemble en forme de vraies perles. Voyez PERLE.