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Catégorie : Philosophie
S. m. (Histoire moderne, Religion et Philosophie) c'est le nom sous lequel on désigne au Japon une secte de philosophes qui font profession de ne suivre aucune des religions admises dans cet empire. Ces philosophes font consister la perfection et le souverain bien dans une vie sage et vertueuse. Ils ne reconnaissent point un état futur, et prétendent que les bonnes actions et les crimes n'ont point hors de ce monde de récompenses ou de punitions à attendre. L'homme, selon eux étant doué de la raison, doit vivre conformément aux lumières qu'il a reçues, et par conséquent il est obligé de vivre sagement. Les siutoïstes rejettent les chimères de la métempsycose, et toutes les divinités ridicules des religions du sintos et de siaka. Voyez SINTOS et SIAKA. Ils craient que nos âmes, issues d'un esprit universel qui anime toute la nature, après avoir été séparées du corps, retournent dans le sein de ce même esprit, de même que les fleuves après avoir terminé leurs cours, rentrent dans la mer d'où ils tiraient leur origine. Tien, c'est-à-dire le ciel, est le nom qu'ils donnent à cet esprit, qui est la seule divinité qu'ils admettent ; d'où l'on voit que les siutoïstes ont les mêmes idées sur la divinité que les lettrés chinois, c'est-à-dire, ce sont de vrais théïstes ; car quoique le mot tien signifie le ciel, il ne faut point croire que ce soit au ciel matériel et visible que ces philosophes adressent leurs vœux, mais à l'Etre suprême, créateur du ciel et de la terre. Voyez TIEN. Cependant on assure que quelques-uns d'entr'eux admettent un être intellectuel et incorporel qui gouverne la nature, mais qu'ils distinguent de son auteur, et qu'ils regardent comme étant lui-même une production de la nature. Selon eux cet être a été engendré par In et Jo ; deux puissances différentes, dont l'une est active, et l'autre passive ; l'une est le principe de la génération, et l'autre de la corruption. Les siutoïstes craient le monde éternel, mais que les hommes, les animaux, le ciel et tous les éléments ont été produits par In et Jo. Ces philosophes n'ont aucun temple, ni aucune forme de culte ; ainsi que les lettrés chinois, ils font des cérémonies en mémoire de leurs ancêtres, sur les tombeaux desquels ils offrent du riz et des viandes ; ils allument des cierges devant leurs images, et donnent des repas somptueux en leur honneur. Ils regardent le suicide non-seulement comme permis, mais même comme honorable.

Les siutoïstes ont, ainsi que les lettrés de la Chine, une profonde vénération pour la mémoire et les écrits de Confucius, et particulièrement pour un de ses livres intitulé siudo, c'est-à-dire voie philosophique, d'où l'on voit que leur secte a tiré son nom ; elle était autrefois très-nombreuse au Japon, et avait beaucoup de partisans parmi les personnes savantes et éclairées, qui s'étaient détrompées des superstitions et des religions absurdes du pays. Mais ces philosophes eurent à essuyer de la part des bonzes ou des moines, des calomnies et des persécutions qui les obligèrent de se conformer, du-moins extérieurement, à l'idolâtrie du Japon. Le plus grand crime qu'on leur imputa, était de favoriser le Christianisme, accusation la plus terrible dont on puisse charger quelqu'un dans l'empire japonais.




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