S. m. (Métaphysique) le polythéisme est une opinion qui suppose la pluralité des dieux. Il est étonnant dans quels excès l'idolâtrie a précipité ses sectateurs. Lisez-en la description dans le discours de M. de Meaux sur l'Histoire universelle. " Tout était dieu, dit ce grand prélat, excepté Dieu lui-même, et le monde que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d'idoles. Le genre humain s'égara jusqu'à adorer ses vices et ses passions ; et il ne faut pas s'en étonner, il n'y avait point de puissance plus inévitable ni plus tyrannique que la leur. L'homme accoutumé à croire divin tout ce qui était puissant, comme il se sentait entrainé au vice par une force invincible, crut aisément que cette force était hors de lui, il s'en fit bien-tôt un dieu. C'est par-là que l'amour impudique eut tant d'autels, et que des impuretés qui font horreur, commencèrent à être mêlées dans les sacrifices. La cruauté y entra en même temps. L'homme coupable qui était troublé par le sentiment de son crime, et regardait la divinité comme ennemie, crut ne pouvoir l'apaiser par les victimes ordinaires. Il fallut verser le sang humain avec celui des bêtes. Une aveugle fureur poussait les pères à immoler leurs enfants, et à les bruler à leurs dieux au lieu d'encens. Ces sacrifices étaient communs dès le temps de Moïse, et ne faisaient qu'une partie de ces horribles iniquittés des Amorrhéens dont Dieu commit la vengeance aux Israélites. Mais ils n'étaient pas particuliers à ces peuples. On sait que dans tous les peuples du monde, sans en excepter aucun, les hommes ont sacrifié leurs semblables ; et il n'y a point eu d'endroits sur la terre où l'on n'en ait servi à ces tristes et affreuses divinités, dont la haine implacable pour le genre humain exigeait de telles victimes. Au milieu de tant d'ignorances l'homme vint à adorer jusqu'à l'œuvre de ses mains. Il crut pouvoir renfermer l'esprit divin dans ses statues ; et il oublia si profondément que Dieu l'avait fait, qu'il crut à son tour pouvoir faire un dieu. Qui le pourrait croire, si l'expérience ne nous faisait voir qu'une erreur si stupide et si brutale n'était pas seulement la plus universelle, mais encore la plus enracinée et la plus incorrigible parmi les hommes ? Ainsi il faut reconnaître, à la confusion du genre humain, que la première des vérités, celle que le monde prêche, celle dont l'impression est la plus puissante, était la plus éloignée de la vue des hommes. "
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