S. m. (Hydraulique) ce sont des planches fort épaisses de bois de chêne, qui servent à soutenir les terres ou à former des plate-formes pour asseoir la maçonnerie des puits, des citernes, et des bassins.

MADRIERS, (Art militaire) sont des planches fort épaisses qui servent à bien des choses dans l'artillerie et la guerre des siéges. Les madriers qu'on emploie pour la plate-forme des batteries de canon et de mortier, ont depuis neuf jusqu'à douze ou quinze pieds de long, sur un pied de largeur, et au moins deux pouces et demi d'épaisseur.

MADRIERS, (Architecture) on appelle ainsi les plus gros ais qui sont en manière de plate-forme, et qu'on attache sur des racinaux ou pieux, pour asseoir sur de la glaise les murs de maçonnerie lorsque le terrain parait de faible consistance.

Madriers, on appelle de ce nom de fortes planches de sapin qui servent pour les échafauts, et pour conduire dessus avec des rouleaux de grosses pierres toutes taillées, ou prêtes à être posées.

MADRIGAL, s. m. (Littérature) dans la poésie moderne italienne, espagnole, française, signifie une petite pièce ingénieuse et galante, écrite en vers libres, et qui n'est assujettie ni à la scrupuleuse régularité du sonnet, ni à la subtilité de l'épigramme, mais qui consiste seulement en quelques pensées tendres exprimées avec délicatesse et précision.

Menage fait venir ce mot de mandra, qui en latin et en grec signifie une bergerie, parce qu'il pense que ç'a été originairement d'une chanson pastorale que les Italiens ont formé leur mandrigal, et nous à leur imitation. D'autres tirent ce mot de l'espagnol madrug, se lever matin, parce que les amants avaient coutume de chanter des madrigaux dans les sérénades qu'ils donnaient de grand matin sous les fenêtres de leurs maîtresses. Voyez SERENADE.

Le madrigal, selon M. le Brun, n'a à la fin ou dans sa chute rien de trop vif ni de trop spirituel, roule sur la galanterie, mais d'une manière également bienséante, simple, et cependant noble. Il est plus simple et plus précis de dire avec un auteur moderne, que l'épigramme peut être polie, douce, mordante, maligne, etc. pourvu qu'elle soit vive, c'est assez. Le madrigal au contraire, a une pointe toujours douce, gracieuse, et qui n'a de piquant que ce qu'il lui en faut pour n'être pas fade. Cours de belles Lettres, tome II. pag. 268.

Les anciens n'avaient pas le nom de madrigal, mais on peut le donner à plusieurs de leurs pièces, à quelques odes d'Anacréon, à certains morceaux de Tibulle et de Catulle. Rien en effet ne ressemble plus à nos madrigaux que cette épigramme du dernier.

Odi et amo, quare id faciam fortasse requiris :

Nescio ; sed fieri sentio et excrucior.

L'auteur du cours des belles Lettres, que nous avons déjà cité, rapporte en exemple ce madrigal de Pradon, qui réussissait mieux en ce genre là qu'en tragédies. C'est une réponse à une personne qui lui avait écrit avec beaucoup d'esprit.

Vous n'écrivez que pour écrire,

C'est pour vous un amusement,

Moi qui vous aime tendrement,

Je n'écris que pour vous le dire.

On regarde le madrigal comme le plus court de tous les petits poèmes. Il peut avoir moins de vers que le sonnet et le rondeau ; le mélange des rimes et des mesures dépend absolument du goût du poète. Cependant la briéveté extrême du madrigal interdit absolument toute licence, soit pour la rime ou la mesure, soit pour la pureté de l'expression. M. Despreaux en a tracé le caractère dans ces deux vers :

Le madrigal plus simple et plus noble en son tour,

Respire la douceur, la tendresse et l'amour.

Art poét. c. 2. (G)

MADRIGAL, (Géographie) Madrigal, petite ville d'Espagne dans la vieille Castille, abondante en blé et en excellent vin, à quatre lieues de Medina-del-Campo. Long. 13. 36. lat. 41. 25.

Madrigal est célèbre en Espagne par la naissance d'Alphonse Tostat, évêque d'Avila, qui fleurissait dans le quinzième siècle ; il mourut en 1454 à l'âge de quarante ans, et cependant il avait déjà composé des commentaires sur l'Ecriture-sainte, qui ont Ve le jour en vingt-sept tomes in-folio. Il est vrai aussi qu'on ne les lit plus, et qu'on songe encore moins à les réimprimer. (D.J.)