adj. (Métaphysique) c'est tout ce qui renferme contradiction. Deux idées qui s'excluent réciproquement, forment un assemblage qui est impossible, de même que l'assemblage qui l'exprime.

Il faut bien prendre garde ici aux notions trompeuses et déceptrices que l'on prend quelquefois pour des idées claires. Il arrive en effet que nous nous formons de semblables idées qui nous paraissent évidentes, faute d'attention, parce que nous avons une idée de chaque terme en particulier, quoiqu'il soit impossible d'en avoir aucune de la phrase qui nait de leur combinaison. Ainsi l'on penserait d'abord entendre ce que l'on veut dire par une figure renfermée entre deux lignes droites ; et l'on croirait parler d'un corps régulier en parlant d'un corps à neuf faces égales, parce qu'on entend tous les termes qui entrent dans ces propositions. Cependant il implique contradiction que deux lignes droites renferment un espace, et fassent une figure, et qu'un corps ait neuf faces égales et semblables. On a encore un exemple de ces idées déceptrices dans le mouvement le plus rapide d'une roue, dont M. Leibnitz s'est servi contre les Cartésiens ; car il est aisé de faire voir que le mouvement le plus rapide est impossible, puisqu'en prolongeant un rayon quelconque, ce mouvement devient plus rapide à l'infini. On voit par ces exemples, qu'il est très-possible de croire avoir une idée claire d'une chose, dont cependant nous n'avons aucune idée.

L'impossible est tel absolument ou hypothétiquement, suivant qu'il répugne au principe de contradiction, ou à celui de la raison suffisante. L'impossible absolu, c'est ce qui ne saurait être, quelque supposition que vous fassiez, parce qu'il répugne à l'essence même du sujet, dont on voudrait le rendre attribut, comme un triangle à quatre angles, une montagne sans vallée. C'est-là l'impossible, proprement dit ; mais on connait aussi une impossibilité conditionnelle, qui vient de ce qu'une chose n'a ni n'aura jamais de raison suffisante de son existence. Un voyage de la terre à la lune implique contradiction, entant que les hommes sont destitués des moyens requis pour l'exécuter. C'est sur cette distinction que MM. Leibnitz et Wolf fondent leur nécessité absolue et hypothétique.

On peut regarder comme impossible au premier sens, 1°. tout ce qui se contredit soi-même ; 2°. tout ce qui contredit à quelque proposition démontrée ; 3°. toute combinaison d'attributs qui s'excluent réciproquement.

Tout impossible absolu est un véritable rien, à quoi ne répond aucune idée. Car si l'on met ensemble deux choses inalliables, elles se détruisent l'une l'autre, et il ne reste rien. Des propositions qui expriment des combinaisons absolument impossibles, ne sauraient donc être l'objet de la puissance de Dieu, qui s'exercerait en ce cas sur le rien. Ce n'est point la borner que dire qu'elle ne s'étend pas jusques-là ; car le néant ne saurait être son objet, puisqu'il n'est susceptible de rien. De telles propositions ne sauraient être non plus l'objet de notre foi ; car il ne dépend pas de moi de croire qu'une chose soit et ne soit pas, qu'elle soit ici et ailleurs, qu'elle soit une et trois au même sens et de la même manière.