DEGRÉ

DEGRE, s. m. (Métaphysique) c'est en général la différence interne qui se trouve entre les mêmes qualités, lesquelles ne peuvent être distinguées que par-là, c'est-à-dire par le plus ou le moins de force avec le quel elles existent dans divers sujets, ou successivement dans le même sujet.

Par exemple, vous avez chaud, et moi aussi ; la même qualité nous est commune, et nous ne pouvons distinguer entre chaleur et chaleur, que par le degré où elle se trouve en nous : à cet égard, votre chaleur peut être à la mienne, comme tant à tant. De même en Morale, quant aux vertus, la tempérance, par exemple, est la même vertu dans Pierre et dans Paul ; mais l'un peut la posséder et la pratiquer dans un degré supérieur à celle de l'autre.

Les degrés sont donc les quantités des qualités par opposition aux quantités des masses, qui consistent dans la grandeur et dans l'étendue. Les degrés existent toujours dans les qualités, mais ils ne sauraient être compris que par voie de comparaison.

Comme la longueur d'un pied ne saurait être déterminée qu'en rapportant le pied à une autre mesure, de même nous ne saurions expliquer le degré de froid qui est dans un tel corps, ou le plus grand froid d'un certain jour d'hiver, si nous ne connaissons un degré de froid donné, auquel nous appliquons celui dont nous voulons juger. Les vitesses ne se déterminent non plus que de la même manière.

Comme une ligne droite peut être double, triple, quadruple, etc. d'une autre ; de même, un degré de froid, de lumière, de mouvement, peut avoir de pareilles proportions avec un autre degré.

Les degrés se subdivisent en d'autres plus petits. Je fais une échelle pour le baromètre ou le thermomètre, j'y prents arbitrairement la grandeur d'un degré ; mais ensuite je puis diviser ce degré en quatre, six, huit portions égales, que j'envisagerai comme de moindres degrés, qui font partie de l'autre.

Les parties qui constituent les qualités, ne sont pas comme celles de l'étendue, l'une hors de l'autre : un degré de vitesse ne saurait être coupé en tant de morceaux, comme une planche ou un fil ; mais il peut s'augmenter ou se diminuer, sans qu'il arrive aucun changement à l'étendue du sujet dans lequel il existe. Mais en comparant les parties de l'espace parcouru par deux mobiles en même temps, ou par le même mobîle dans des temps égaux, nous attribuons aux forces les mêmes proportions que nous trouvons entre les espaces et le temps ; et nous disons que la vitesse de ce mobîle dans la première seconde était à sa vitesse dans la seconde suivante, comme tel nombre à un autre, ou telle ligne à une autre. Ces notions imaginaires ne sont point chimériques, et elles sont les plus efficaces pour nous conduire aux idées distinctes ; il faut seulement prendre garde de ne leur pas prêter une réalité d'existence dans les sujets même. Article de M. FORMEY.

Suivant ces principes, il faut, 1° être attentif à n'employer le mot degré qu'à propos, pour une plus grande précision ou clarté du discours, et pour exprimer simplement des rapports, et non pas des quantités absolues : 2° il faut ne s'en servir que lorsqu'il est question de quantités qu'on peut mesurer, et par conséquent comparer entr'elles, et non pas lorsqu'il est question de quantités purement métaphysiques et incomparables. Ainsi on peut dire qu'un corps a tant de degrés de mouvement ou de vitesse, parce que le mouvement ou la vitesse d'un corps se détermine par l'espace parcouru en un certain temps donné, et que cet espace est une quantité qui peut se mesurer. Il faut même ajouter qu'on ne doit se servir du mot de degré de vitesse ou de mouvement, que lorsqu'il s'agit de comparer le mouvement de deux ou plusieurs corps, et non pas lorsqu'il est question d'un corps isolé ; car le mouvement d'un corps isolé n'a point en lui-même de grandeur absolue, ni qu'on puisse représenter par des degrés. Mais on ne peut pas dire, par exemple, en comparant deux sensations ou deux affections entr'elles, que l'une de ces deux sensations ou affections est plus grande que l'autre d'un certain nombre de degrés ; car on ne peut jamais dire qu'une sensation soit double, triple, moitié, etc. d'une autre ; on sent seulement qu'elle est plus ou moins vive ; mais nous n'avons point de mesure pour comparer exactement nos sensations les unes aux autres.

Ceci suffira pour faire sentir le ridicule des degrés d'être, que l'auteur de la Prémotion physique imagine dans notre âme. Selon cet auteur, toute modification, toute idée de notre âme, est un degré d'être de plus ; comme si la substance de notre âme s'augmentait réellement par de pareilles modifications, et comme si d'ailleurs ces augmentations (fussent elles aussi réelles qu'elles sont chimériques) pouvaient se comparer et se mesurer. C'est pourtant sur cette idée si peu vraie et si peu philosophique, que l'auteur a bâti toutes ses propositions sur la prémotion physique ; propositions qu'il a honorées des noms de théoremes et de démonstrations ; mais, comme l'observe très-bien M. de Voltaire, il ne faut juger, ni des hommes, ni des livres par les titres. V. APPLICATION de la méthode des Géomètres à la Métaphysique ; V. aussi le traité des Systèmes de M. l'abbé de Condillac, où l'on a fait à ce système sur les degrés d'être l'honneur de le réfuter.

Nous ne croyons pas devoir nous étendre ici sur ce qu'on a appelé dans l'école degrés métaphysiques, et qui ne sont autre chose que les attributs généraux ; désignés par les mots d'être, de substance, de modification, etc. ou, comme d'autres les définissent, les propriétés essentielles d'un être depuis son genre suprême jusqu'à sa différence spécifique ; comme être, substance, vivant, sentant, pensant, etc. On demande quelle distinction il faut admettre entre ces degrés ; question frivole. Il est évident que ce sont autant d'abstractions de notre esprit, qui n'indiquent rien de réel et d'existant dans l'individu. En effet qu'est-ce que l'être et la substance en général ? Y a-t-il autre chose que des individus dans la Nature ? L'esprit, il est vrai, opère sur ces individus ; il y remarque des propriétés semblables ; celle d'exister, qui constitue ce qu'on appelle être ; celle d'exister isolé, qui constitue la substance ; celle d'exister de telle manière, qui constitue la modification. Mais l'erreur consiste à s'imaginer qu'il y ait hors de l'esprit même, quelque chose qui soit l'objet réel de ces abstractions. (O)

DEGRE. Ce mot, en Géométrie, signifie la 360e partie d'une circonférence de cercle. Voyez CERCLE.

Toute circonférence de cercle grande et petite est supposée divisée en 360 parties qu'on appelle degrés. Le degré se subdivise en 60 parties plus petites, qu'on nomme minutes, la minute en 60 autres appelées secondes, la seconde en 60 tierces, etc. d'où il s'ensuit que les degrés, les minutes, les secondes, etc. dans un grand cercle sont plus grands que dans un petit. Voyez MINUTE, SECONDE, etc.

Il y a apparence qu'on a pris 360 pour le nombre des degrés du cercle, parce que ce nombre, quoiqu'il ne soit pas fort considérable, a cependant beaucoup de diviseurs ; car il est égal à 2 x 2 x 2 x 3 x 3 x 5, et par conséquent il peut se diviser par 2, par 4, par 5, par 6, par 8, par 9, par 10, et par beaucoup d'autres nombres. Voyez DIVISEUR.

Les subdivisions des degrés sont des fractions, dont les dénominateurs procedent en raison de 1 à 60, c'est-à-dire que la minute est 1/60 de degré, la seconde 1/3600, la tierce 1/21600 ; mais comme ces dénominateurs sont embarrassants, on substitue à leur place des expressions plus simples dans l'usage ordinaire pour les indiquer.

Ainsi un degré étant l'unité ou un entier, est exprimé par d, la minute ou prime par ', la seconde par ", la tierce par ''' ; c'est pourquoi 3 degrés, 25 minutes, 16 tierces, s'écrivent ainsi 3d 25'16'''. Stevin, Ougthred, Wallis, ont désiré que l'on proscrivit cette division sexagésimale du degré, pour mettre la décimale à sa place. Il est certain que cela abrégerait les opérations. Car si au lieu de diviser, par exemple, le degré en 60 minutes, on le divisait en 100, la minute en 100 secondes ; etc. on réduirait plus promptement les fractions de degrés en minutes. Ainsi pour réduire 51/72 de degré en minutes, il faudrait simplement diviser 5100 par 72, au lieu qu'il faut d'abord multiplier 51 par 60, et diviser ensuite par 72 : on s'épargnerait donc une multiplication. En général il serait à souhaiter que la division décimale fût plus en usage. Voyez DECIMAL.

La grandeur des angles se designe par les degrés ; ainsi on dit un angle de 90 degrés, de 70 degrés, 50 minutes, de 25 degrés, 15 minutes, 49 secondes. Voyez ANGLE. On dit aussi : Telle étoîle est montée de tant de degrés au-dessus de l'horizon ; décline de l'équateur de tant de degrés, etc. Voyez HAUTEUR et DECLINAISON.

La raison pourquoi on mesure un angle quelconque par les degrés ou parties d'un cercle, c'est 1° que la courbure du cercle est uniforme et parfaitement la même dans toutes ses parties ; en sorte que des angles égaux dont le sommet est au centre d'un cercle, renferment toujours des arcs parfaitement égaux de ce cercle ; ce qui n'arriverait pas dans une autre courbe, par exemple, dans l'ellipse dont la courbure n'est pas uniforme : 2° deux angles égaux renferment des arcs de cercle du même nombre de degrés, quelques rayons différents que l'on donne à ces cercles. Ainsi on n'a point d'équivoque ni d'erreur à craindre, en désignant un angle par le nombre de degrés qu'il renferme, c'est-à-dire par le nombre de degrés que contient un arc de cercle décrit du sommet de l'angle comme centre, et d'un rayon quelconque.

Un signe du Zodiaque renferme 30 degrés de l'écliptique. Voyez SIGNE et ZODIAQUE.

Degré de latitude, en supposant la terre sphérique, n'est autre chose que la 360e partie d'un méridien, parce que c'est sur le méridien que se mesure la latitude. Voyez LATITUDE.

Mais, en supposant la terre sphérique ou non, on appelle plus généralement et plus précisément degré de latitude, l'espace qu'il faut parcourir sur un méridien pour que la distance d'une étoîle au zénith croisse ou diminue d'un degré.

En effet supposons deux observateurs placés sur le même méridien, de manière qu'il y ait un degré de différence dans la hauteur de la même étoîle par rapport à leur zénith. Par les points où sont placés les deux observateurs, imaginons deux tangentes au méridien qui représenteront leurs horizons, et deux perpendiculaires à ces tangentes, qui représenteront les lignes de leurs zéniths. L'étoîle pouvant être censée à une distance infinie (voyez ETOILE), les rayons visuels des deux spectateurs à l'étoîle seront parallèles ; donc la différence de la hauteur ne peut venir que de la différence de l'inclinaison des deux horizons. Donc l'angle des deux horizons ou tangentes sera d'un degré ; donc aussi l'angle des deux perpendiculaires sera d'un degré. Si la terre est sphérique, les deux perpendiculaires concourront au centre, et la distance des deux observateurs sera un degré ou la 360e partie du méridien.

Quoique la terre ne soit pas exactement sphérique, on peut la supposer à-peu-près telle. Dans cette hypothèse un degré de latitude est d'environ 57000 taises. C'est ce que nous discuterons plus bas, et encore plus exactement à l'art. FIGURE DE LA TERRE. Mais il est bon d'expliquer ici comment on mesure un degré de latitude. On prend la distance d'une étoîle au zénith, ensuite on avance vers le midi ou vers le nord jusqu'à ce que la hauteur de cette étoîle soit différente d'un degré ; on mesure par des opérations géométriques la distance des deux lieux, et on a en taises la grandeur du degré. Pour mesurer la distance en question, on forme une suite de triangles, dont les deux extrêmes ont un de leurs angles aux deux lieux dont il s'agit ; on mesure les angles de ces triangles, ensuite on mesure sur le terrain une base, et on forme un triangle dont cette base est un des côtés, et dont le sommet coincide avec quelqu'un des angles des triangles. Connaissant les côtés de ce triangle, ce qui est facile, on connait tous les autres, et par conséquent la distance des deux lieux, en faisant les réductions et opérations nécessaires. Voyez TRIGONOMETRIE.

Les degrés de latitude se comptent depuis l'équateur ; on les appelle degrés de latitude septentrionale dans l'hémisphère septentrional, et de latitude australe dans l'hémisphère austral.

Si la terre est sphérique, tous les degrés de latitude sont égaux ; mais si les degrés ne sont pas égaux comme les observations le prouvent, la terre n'est pas sphérique. Si les degrés vont en diminuant vers le nord, la terre est allongée ; s'ils vont en augmentant, la terre est aplatie : c'est ce qui sera expliqué et discuté à l'article FIGURE DE LA TERRE. Supposons d'abord la terre sphérique.

La grandeur du degré du méridien ou d'un autre grand cercle de la terre, est différemment déterminée par les différents observateurs, et les méthodes dont ils se servent pour cela sont aussi fort différentes. Ptolomée fait le degré de 68 milles arabiques 2/3, en comptant 7 stades et 1/2 pour un mille. Les Arabes qui ont fait un calcul assez exact du diamètre de la terre, en mesurant la distance de deux lieux sous le même méridien dans les plaines de Sennaar, par ordre d'Almamon, ne donnent au degré que 56 milles. Kepler détermine le diamètre de la terre par la distance de deux montagnes, et fait le degré de 13 milles d'Allemagne ; mais sa méthode est bien éloignée d'être exacte. Snellius s'étant servi de deux méthodes pour chercher le diamètre de la terre par la distance de deux parallèles à l'équateur, trouva par l'une que le degré était de 57064 taises de Paris ou 342384 pieds, et par l'autre il le trouva de 57057 taises ou 342342 pieds. M. Picart dans la mesure de la terre qu'il fit en 1669, depuis Amiens jusqu'à Malvoisine, trouva par une opération plus exacte le degré de la terre de 57060 taises ou 342360 pieds, c'est-à-dire moyen entre les deux degrés de Snellius. Cette mesure réduite aux autres, donne la quantité du degré de la terre :

En milles anglaises de 50000 pieds chacune, 73 7/200.

En milles de Florence, de 63 7/80.

En lieues communes de France de 2200 taises, 25.

En perches du Rhin de 12 pieds, 29556.

Cependant M. Cassini ayant répeté le même travail en 1700 par l'ordre du Roi, mesura un espace de 6 degrés 18 minut. depuis l'observatoire de Paris jusqu'à la ville de Collioure en Roussillon, afin que la grandeur de l'espace mesuré put diminuer l'erreur ; il trouva que la grandeur du degré était de 57292 taises ou 343742 pieds de Paris. Suivant cette mesure, la quantité d'une minute de degré d'un grand cercle, est de 5710 pieds de Paris, et celle d'une seconde de 95 pieds.

Le travail de M. Cassini s'accorde, à très peu de chose près, avec celui de Norwood, qui vers l'année 1635 mesura la distance entre Londres et Yorck, et la trouva de 905751 pieds anglais ; et comme la différence des latitudes entre ces deux villes est de 2d 28', il en conclut la grandeur du degré de 367196 pieds anglais, ou 57300 taises de Paris, qui font 69 milles d'Angleterre et 288 taises. Voyez les princip. mathémat. de M. Newton, prop. xjx. p. 378. et l'hist. de l'acad. royale des Sciences, année 1700, page 153.

M. Cassini le fils en 1718 trouva le degré moyen de Paris à Collioure de 57097 taises, et de Paris à Dunkerque de 56960 ; d'où il conclut le degré milieu de 57060 taises, comme M. Picard. Je dis degré milieu, c'est-à-dire celui qui passerait par le milieu de la France ; car le véritable degré de M. Picard, le premier degré au nord de Paris qu'il avait mesuré, fut trouvé par M. Cassini de 56975 taises.

Il y a pourtant à remarquer sur ces opérations de M. Cassini, 1° qu'il a trouvé que les degrés allaient en diminuant vers le Nord ; au lieu qu'il est certain par les opérations faites en Laponie et au Pérou, que c'est tout le contraire. Il est vrai que les degrés immédiatement consécutifs sont trop peu différents, pour qu'il ne s'y glisse pas d'erreur plus grande que leur différence même. 2°. Cette valeur du degré est fondée sur la base de M. Picard, dont MM. Cassini prétendent que la mesure est fautive : c'est ce qui sera peut-être vérifié un jour, et qui mérite bien de l'être. Voyez FIGURE DE LA TERRE.

Quoi qu'il en sait, on peut prendre en attendant 57060 taises en nombres ronds pour la mesure du degré. M. Musschenbroeck par des opérations particulières l'a trouvé de 57033 taises entre Alcmaer et Bergopzom. Fernel médecin d'Henri II. avait trouvé à-peu-près de 57046 taises le degré de France, mais par une méthode bien fautive ; car il comptait le chemin par le nombre des tours des roues de sa voiture, et rabattait ce qu'il jugeait à propos pour les inégalités et les détours.

En 1739, MM. les académiciens qui avaient mesuré au Nord le degré, trouvèrent celui de Paris de 57183, en corrigeant l'amplitude de l'arc de M. Picard par un excellent instrument et par l'aberration des fixes ; mais ils ont supposé sa base bien mesurée. Les mêmes académiciens ont trouvé en 1736 le degré du Nord de 57438 taises. MM. de Thury et la Caille, en corrigeant ou changeant la base de M. Picard, trouvèrent le degré de Paris de 57074 taises. MM. les académiciens du Pérou ont trouvé le premier degré, du méridien de 56753 taises. Il est assez singulier que le degré de France auquel on travaille depuis plus de 80 ans, soit aujourd'hui celui qu'on connait le moins. Voyez FIGURE DE LA TERRE.

DEGRE de longitude, est proprement un angle d'un degré compris entre deux méridiens. Voyez LONGITUDE. Il est visible que tous les arcs des parallèles à l'équateur renfermés entre les deux méridiens dont il s'agit, seront chacun d'un degré. Il est visible de plus que ces degrés seront d'autant plus petits, que l'on sera plus proche du pôle. Le soleil par son mouvement apparent faisant 360 degrés par jour, il fait un degré en 4 minutes. Ainsi il y a 4 minutes de différence entre les deux méridiens dont il s'agit. Donc pour mesurer un degré de longitude, il faut aller sur le même parallèle jusqu'à ce qu'on soit à 4 minutes de différence du lieu d'où l'on est parti, et mesurer ensuite par des opérations géographiques la distance des lieux. Cela sera plus amplement expliqué au mot LONGITUDE.

La quantité du degré d'un grand cercle étant donnée, ainsi que la distance d'un parallèle à l'équateur, on trouvera la quantité du degré de ce parallèle par cette règle : Comme le sinus total est au co-sinus de la distance du parallèle à l'équateur, ainsi la grandeur du degré de l'équateur est à la grandeur du degré de parallèle.

Supposons, par exemple, que la latitude du parallèle soit de 51d, et que le degré de l'équateur soit de 69 milles.

Le nombre qui répond dans les tables à ce dernier logarithme, est 43 42/100 milles à-peu-près ; et ce dernier nombre étant multiplié par 5280, qui est le nombre de pieds contenus dans un mille d'Angleterre, donne le nombre de pieds anglais que contient un degré de ce parallèle, etc. Voyez MESURE.

Le mot degré s'emploie aussi dans l'Algèbre en parlant des équations. On dit qu'une équation est du second degré, lorsque l'exposant de la plus haute puissance de l'inconnue est 2 ; du troisième degré, lorsque l'exposant est 3, et ainsi de suite. Voyez EQUATION, EXPOSANT, PUISSANCE, etc.

On se sert encore du mot degré en parlant des courbes. On dit qu'une courbe est du second degré, lorsque la plus haute dimension des deux inconnues ou d'une seule, est 2 ; du troisième degré, lorsque cette plus haute dimension est 3. Voyez COURBE. Au lieu du mot degré, on se sert quelquefois de celui de genre ; courbe du second genre est la même chose que courbe du second degré.

DEGRES DE FROID ET DE CHAUD, en Physique, se mesurent par les degrés du thermomètre. Voyez THERMOMETRE. Sur quoi il faut remarquer deux choses : 1°. que nos propres sensations étant un moyen très-fautif de juger de l'augmentation du froid et du chaud, il est nécessaire de déterminer cette augmentation par un instrument physique. Voyez CAVE et CHALEUR. 2°. Que cet instrument même nous apprend simplement l'augmentation du froid et du chaud, sans nous apprendre au juste la proportion de cette augmentation : car quand le thermomètre, par exemple, monte de 30 degrés à 31, cela signifie seulement que le chaud est augmenté, et non pas que la chaleur est augmentée d'une trente-unième partie. En effet, si on prend la chaleur pour la sensation que nous éprouvons, il est impossible de déterminer si une certaine chaleur que nous sentons, est le double, le triple, la moitié, les deux tiers, etc. d'une autre ; parce que nos sensations ne peuvent pas se comparer comme des nombres. Si on prend la chaleur pour un certain mouvement ou disposition de certains corps, il est impossible de s'assurer si les degrés de ce mouvement ou de cette disposition quelconque, sont proportionnels au degré du thermomètre ; parce que l'élévation de la liqueur est un effet qui peut provenir ou qui provient réellement de la complication de plusieurs causes particulières, et de plusieurs agens, dont l'action réunie occasionne la chaleur plus ou moins grande. Voyez CAUSE. (O)

DEGRE, (Histoire moderne) dans les universités, est une qualité que l'on confère aux étudiants ou membres, comme un témoignage du progrès qu'ils ont fait dans les arts et les facultés : cette qualité leur donne quelques privilèges, droits, préséances, etc. Voyez UNIVERSITE, FACULTE, etc.

Les degrés sont à-peu-près les mêmes dans toutes les universités : mais les règles pour les obtenir, et les exercices qui doivent les précéder, sont différents. Les degrés sont ceux de bachelier, de licentié, et de docteur. Nous ne parlerons ici que des formalités en usage dans l'université de Paris et dans celles d'Angleterre.

A Paris, après le quinquennium ou temps de cinq années d'études, dont deux ont été consacrées à la Philosophie, et trois à la Théologie, le candidat déjà reçu maître-ès-arts, et qui aspire au degré de bachelier, doit subir deux examens de quatre heures chacun, l'un sur la Philosophie, l'autre sur la première partie de la somme de S. Thomas, et soutenir pendant six heures une thèse nommée tentative. S'il la soutient avec honneur, la faculté lui donne des lettres de bachelier. On en reçoit en tout temps, mais plus communement depuis la S. Martin jusqu'à Pâques. Voyez BACHELIER et TENTATIVE.

Le degré suivant est celui de licentié. La licence s'ouvre de deux ans en deux ans, et est précédée de deux examens pour chaque candidat sur la seconde et la troisième partie de S. Thomas, l'Ecriture sainte, et l'histoire ecclésiastique. Dans le cours de ces deux ans, chaque bachelier est obligé d'assister à toutes les thèses sous peine d'amende, d'y argumenter souvent, et d'en soutenir trois, dont l'une se nomme mineure ordinaire : elle roule sur les sacrements, et dure six heures. La seconde, qu'on appelle majeure ordinaire, dure dix heures ; sa matière est la religion, l'écriture-sainte, l'église, les conciles, et divers points de critique de l'histoire ecclésiastique. La troisième, qu'on nomme sorbonique, parce qu'on la soutient toujours en Sorbonne, traite des péchés, des vertus, des lais, de l'incarnation, et de la grâce ; elle dure depuis six heures du matin jusqu'à six du soir. Ceux qui ont soutenu ces trois actes et disputé aux thèses pendant ces deux années, pourvu qu'ils aient d'ailleurs les suffrages des docteurs préposés à l'examen de leurs mœurs et de leur capacité, sont licentiés, c'est-à-dire renvoyés du cours d'études, et reçoivent la bénédiction apostolique du chancelier de l'église de Paris. Voyez LICENCE.

Pour le degré de docteur, le licentié soutient un acte appelé vesperies, depuis trois heures après midi jusqu'à six : ce sont des docteurs qui disputent contre lui. Le lendemain, il préside dans la salle de l'archevêché de Paris à une thèse nommée aulique, ab aulâ, du lieu où on la soutient. Après quoi il reçoit le bonnet de la main du chancelier de l'université ; et six ans après il est obligé de faire un acte qu'on nomme resumpte, c'est-à-dire récapitulation de tous les traités de Théologie, s'il veut jouir des droits et des émoluments attachés au doctorat. Voyez DOCTEUR et DOCTORAT.

Les facultés de Droit et de Médecine ont aussi leurs degrés de baccalauréat, de licence, et de doctorat, qu'on n'obtient qu'après des examents, des thèses ; et pour ceux qui se destinent à être membres de ces facultés, quant aux fonctions académiques, par l'assiduité et l'argumentation fréquente aux actes publics. Voyez DROIT et MEDECINE. La faculté des Arts ne reconnait que deux degrés ; savoir, de bachelier-ès-arts et de maître-ès-arts, qu'on acquiert par deux examents.

Dans les universités d'Angleterre, en chaque faculté il n'y a que deux degrés ; savoir, celui de bachelier, et celui de docteur, qu'on appelait anciennement bachelier et maître : et la faculté des Arts n'en admet que deux, qui retiennent encore l'ancienne dénomination, savoir bachelier et maître.

A Oxford, on ne donne les degrés de maître et de docteur qu'une fois l'an, savoir le lundi après le sept de Juillet ; et l'on fait pour cette cérémonie un acte solennel.

Les frais du doctorat dans toutes les facultés se montent, tant en droits qu'en repas, à cent livres sterlings ; et ceux de la maitrise ès arts, à vingt ou trente livres. On reçoit ordinairement par an environ cent cinquante docteurs et maîtres. Voyez DOCTEUR et MAITRE. On ne donne le degré de bachelier qu'en carême, et l'on en fait ordinairement deux cent par an. Il faut quatre ans d'études pour prendre le degré de bachelier-ès-arts, et trois de plus, pour prendre celui de maître ès-arts. Voyez BACHELIER.

A Cambridge, les choses sont à-peu-près sur le même pied. La discipline y est seulement un peu plus sévère, et les exercices plus difficiles. L'ouverture de ces exercices, qui répond à l'acte d'Oxford, se fait le lundi qui précède le premier mardi de Juillet. On prend les degrés de bachelier en carême, en commençant au mercredi des cendres.

Ceux qui veulent prendre le degré de bachelier-ès-arts, doivent avoir résidé près de quatre ans dans l'université ; et sur la fin de ce temps, avoir soutenu des actes de Philosophie, c'est-à-dire avoir défendu trois questions, de Philosophie naturelle, de Mathématiques, ou de Morale, et avoir répondu en deux différentes occasions aux objections de trois adversaires ; ils doivent aussi avoir argumenté eux-mêmes trois fais. Après cela, le candidat est examiné par les maîtres et membres du collège, qui en font le rapport à l'université, et déclarent qu'il se présente pour recevoir les degrés dans les écoles. Il est ensuite sur les bancs pendant trois jours, afin d'y être examiné par deux maîtres-ès-arts députés à cet effet.

On ne donne le degré de maître-ès-arts que plus de trois ans après celui de bachelier. Durant cet intervalle, le candidat est obligé de soutenir trois différentes fois deux questions philosophiques dans les écoles publiques, et de répondre aux objections que lui fait un maître-ès-arts ; il doit aussi soutenir deux actes dans les écoles des bacheliers, et déclamer un discours.

Pour passer bachelier en Théologie, il faut avoir été sept ans maître-ès-arts, avoir argumenté deux fois contre un bachelier, soutenu un acte de Théologie, et prêché deux fois devant l'université, l'une en latin, et l'autre en anglais.

Pour ce qui concerne le degré de docteur, voyez DOCTEUR et DOCTORAT.

Il ne sera pas inutîle de faire ici une observation en faveur des personnes qui confondent ces deux manières de parler, avoir des grades et avoir des degrés, qui pourtant signifient des choses très-différentes. Avoir des grades, c'est en France avoir droit à certains bénéfices, en vertu du temps des études faites dans une université où l'on a reçu le titre de maître-ès-arts ; et avoir des degrés, c'est être outre cela bachelier, ou licentié, ou docteur. Dans la faculté de Droit, homme gradué et homme qui a des degrés, sont des termes synonymes : c'est pourquoi l'on appelle gradués les avocats, et autres officiers de judicature qui doivent être licentiés ès lais, pour opiner et juger dans les procès criminels. De même on peut avoir des degrés, et n'être point gradué avec prétention aux bénéfices, comme ces mêmes avocats qui ont les degrés de bacheliers et licentiés en Droit, sans avoir passé maîtres-ès-arts. Voyez GRADE, GRADUE. (G)

DEGRE, (Jurisprudence) Ce terme dans cette matière s'applique à plusieurs objets.

DEGRE D'AFFINITE, est la distance qu'il y a entre deux personnes alliées par mariage ou par une conjonction illicite, ou par le sacrement de baptême, qui produit une affinité spirituelle.

Les degrés de parenté se comptent par générations ; ce qui ne peut avoir lieu entre alliés, attendu que l'affinité ne se forme pas par génération, mais elle suit l'affinité pour la computation des degrés ; de sorte que tous les parents du mari sont tous alliés de la femme au même degré qu'ils sont parents du mari, et vice versâ.

L'affinité en ligne collatérale empêche le mariage aux mêmes degrés que la parenté, mais le pape en peut accorder dispense.

A l'égard de l'affinité qui provient d'une conjonction illicite, elle n'empêche le mariage que jusqu'au second degré. (A)

DEGRES DE COGNATION. Voyez ci-après DEGRES DE PARENTE.

DEGRES DE COGNATION SPIRITUELLE. Voyez ci-devant DEGRES D'AFFINITE.

DEGRE DE CONSANGUINITE. Voyez ci-après DEGRE DE PARENTE.

DEGRE EGAL. Voyez ci-après MEME DEGRE.

DEGRES DE FIDEICOMMIS. Voyez ci-après DEGRES DE SUBSTITUTION.

DEGRES DE JURISDICTION ; c'est la supériorité qu'une juridiction a sur une autre. Il y a plusieurs degrés dans l'ordre des juridictions, tant séculières qu'ecclésiastiques.

Il y a, quant au pouvoir, trois degrés de juridiction seigneuriale, savoir la basse, la moyenne et la haute justice ; mais on n'appelle point de la basse justice à la moyenne, on Ve directement à la haute justice, ce qui est une exception à la règle, qui veut que tout appel soit porté par gradation au juge supérieur, non omisso medio ; en sorte que pour le ressort d'appel, et pour parvenir jusqu'au juge royal, il n'y a proprement que deux degrés de justices seigneuriales. La basse et la moyenne justice forment le premier degré, et la haute-justice le second.

Il y a trois degrés de justices royales.

Le premier est celui des châtelains, prevôts royaux ou viguiers, qui connaissent des appelations interjetées des sentences des hauts-justiciers.

Le second est celui des baillis, sénéchaux et présidiaux, qui connaissent des appelations interjetées des sentences des châtelains et prevôts royaux. Depuis quelques années on a supprimé presque toutes les prevôtés ou châtellenies royales, dans les villes où il y a bailliage royal : afin que dans une même ville il n'y eut pas deux degrés de juridiction royale.

Le troisième degré est celui des parlements, qui jugent souverainement et en dernier ressort les appelations des baillis, sénéchaux et présidiaux.

Dans les matières que les présidiaux jugent au premier chef de l'édit, ils sont le dernier degré des justices royales.

Quoique dans certains cas on puisse se pourvoir au conseil du Roi contre les arrêts des cours souveraines et autres jugements en dernier ressort, le conseil ne forme pas un quatrième degré de juridiction, attendu que les requêtes en cassation ne sont point une voie ordinaire, et qu'elles sont rarement admises.

Dans certaines matières dont la connaissance est attribuée à des juges particuliers, le nombre des degrés de juridiction se compte différemment. Par exemple en matière d'eaux et forêts, le premier degré est la gruerie, le second est la maitrise, le troisième est la table de marbre, et le quatrième le parlement.

En matière d'amirauté il n'y a que trois degrés, savoir les amirautés particulières, l'amirauté générale, et le parlement.

En matière de tailles, de gabelles et d'aides, il n'y a que deux degrés de juridiction ; le premier est celui des élections, greniers à sel, juges des traites foraines, juges de la marque des fers, etc. le second est celui des cours des aides.

Pour les monnaies il n'y a pareillement que deux degrés ; savoir les prevôtés des monnaies, et les cours des monnaies.

Dans les matières où il y a plus de deux degrés de juridiction, on n'observe pleinement l'ordre de ces degrés que dans les appelations interjetées en matière civîle ; car dans les matières criminelles : quand la condamnation est à peine afflictive, l'appel des premiers juges ressortit toujours aux cours supérieures chacune en droit soi, omisso medio. Ordonnance de 1670, tit. xxvj. art. 1.

Les appels comme de juge incompétent sont aussi portés directement aux cours, omisso medio.

Dans la juridiction ecclésiastique il y a quatre degrés ; le premier est celui de l'évêque ; le second, celui du métropolitain ; le troisième, celui du primat ; et le quatrième, celui du pape.

Ces degrés de la juridiction ecclésiastique doivent toujours être gardés ; on ne Ve point même par appel devant un juge supérieur, omisso medio.

Il y a seulement une exception, qui est le cas d'appels comme d'abus, lesquels sont portés directement aux parlements, chacun dans leur ressort.

Quelques évêques et archevêques sont soumis immédiatement au saint siège ; ce qui abrège à leur égard le nombre des degrés de juridiction.

Quand il y a en cour d'église trois sentences définitives conformes les unes aux autres, on ne peut plus appeler ; en sorte que si ces sentences sont émanées des trois premiers degrés de juridiction, on n'est pas obligé d'en essuyer un quatrième, qui est celui du pape. (A)

DEGRE DE LIGNAGE, est la même chose que degré de parenté, si ce n'est que le terme de lignage semble exprimer plus particulièrement le degré que l'on occupe dans la ligne. (A)

DEGRE, (même) On appelle être en même degré de parenté ou de succéder, lorsque deux personnes sont toutes deux au premier, second, troisième ou autre degré, relativement à une tierce personne ; ce qui est différent de ce que l'on entend par être en pareil degré, ou en égal degré. Ce dernier cas est lorsque deux personnes sont en un semblable degré ou éloignement, eu égard à la souche et à la tige commune, comme deux grandes-tantes, deux oncles, deux frères, deux cousins ; au lieu que ceux qui sont au même degré, ne sont pas toujours en pareil degré. Par exemple, une grande-tante et une cousine germaine sont toutes deux au même degré du défunt : toutes deux au quatrième ; mais elles ne sont pas en pareil degré : la cousine est plus proche que la grande-tante, parce qu'elle trouve plutôt une tige commune, qui est l'ayeul ; au lieu que la grande-tante ne trouve de tige commune qu'en la personne du bisayeul, qui est d'un degré plus éloigné que l'ayeul. (A)

DEGRE DE NOBLESSE, est la distance qu'il y a d'une génération à l'autre, depuis le premier qui a été annobli. Ces degrés ne se comptent qu'en ligne directe, ascendante et descendante ; de manière que l'annobli fait dans sa ligne le premier degré, ses enfants font le second, les petits-enfants le troisième, et ainsi des autres.

Il y a des offices qui transmettent la noblesse au premier degré, c'est-à-dire qui communiquent la noblesse aux enfants de l'officier qui meurt revêtu de son office, ou qui a acquis droit de vétérance. Tels sont les offices de présidents et conseillers des parlements de Paris, de Dauphiné et de Besançon ; ceux du conseil et du parlement de Dombes ; ceux des sénats, conseils et cours souveraines de toute l'Italie ; les offices de secrétaires du Roi du grand collège ; les offices d'échevins, capitouls et jurats, dans les villes où ils donnent la noblesse. La plupart des autres offices qui annoblissent celui qui en est pourvu, ne transmettent la noblesse aux descendants de l'officier, qu'au second degré, ou, comme on dit ordinairement, patre et avo consulibus ; c'est-à-dire qu'il faut que le père et le fils aient rempli successivement un office noble pendant chacun vingt ans, ou qu'ils soient décedés revêtus de leur office, pour transmettre la noblesse aux petits-enfants du premier qui a été annobli.

Pour entrer dans certains chapitres et monastères, et dans certains ordres militaires, tels que celui de Malthe et celui du saint Esprit, il faut faire preuve d'un certain nombre de degrés de noblesse. Voyez à l'article de ces ordres. (A)

DEGRE DE PARENTE, est la distance qui se trouve entre ceux qui sont joints par les liens du sang.

La connaissance des degrés de parenté est nécessaire pour régler les successions, et pour les mariages.

Dans quelques coutumes, comme en Normandie, on ne succede que jusqu'au septième degré inclusivement ; mais suivant le droit commun on succede à l'infini, pourvu que l'on puisse prouver sa parenté, et que l'on soit le plus proche en degré de parenté.

Les mariages sont défendus entre parents jusqu'au quatrième degré inclusivement.

Les titres que l'on donne à chacun de ceux qui forment les degrés ; sont les mêmes dans le droit civil et dans le droit canon, tant en directe qu'en collatérale.

En ligne directe ascendante, les degrés sont les pères et mères, les ayeux et ayeules, les bisayeux, trisayeux, quatriemes ayeux, et ainsi en remontant de degré en degré.

En ligne directe descendante, les degrés sont les enfants, petits-enfants, arriere-petits-enfants, etc.

En collatérale, les degrés ascendants sont les oncles et tantes, grands-oncles et grandes-tantes, etc. en descendant, ce sont les frères et sœurs, les neveux et nièces, les petits-neveux, arriere-petits-neveux, cousins-germains, cousins issus de germains, cousins arriere-issus de germains, etc. On désigne ordinairement les différentes générations de cousins, en les distinguant par le titre de cousins au second, troisième, quatrième, cinquième ou sixième degré, &c.

Il y a deux manières de compter le nombre des degrés de parenté, savoir celle du droit romain, et celle du droit canon : la première est observée pour les successions, et la seconde pour les mariages.

Les degrés en ligne directe se comptent de la même manière, suivant le droit civil et le droit canon. On compte autant de degrés qu'il y a de générations, dont on en retranche néanmoins toujours une ; de sorte que le père et le fils sont au premier degré, attendu qu'ils ne font successivement que deux générations, dont il faut retrancher une pour compter leur degré relatif de parenté. De même l'ayeul et le petit-fils sont au second degré, parce qu'il y a entre eux trois générations, l'ayeul, le fils, et le petit-fils : le bisayeul et l'arriere-petit-fils sont par conséquent au troisième degré, et ainsi des autres. Cela s'appelle compter les degrés par générations ; au lieu qu'il y a certaines matières où les degrés se comptent par têtes, comme dans les substitutions.

La manière de compter les degrés de parenté en collatérale, suivant le droit civil, est de remonter de part et d'autre à la souche commune de laquelle sont issus les parents dont on cherche le degré ; et l'on compte autant de degrés entr'eux qu'il y a de personnes, à l'exception de la souche commune, que l'on ne compte jamais ; c'est pourquoi il n'y a point de premier degré de parenté en ligne collatérale.

Ainsi quand on veut savoir à quel degré deux frères sont parents, on remonte au père commun, et de cette manière on trouve trois personnes ; mais comme on ne compte point la souche commune, il ne reste que deux personnes qui composent le second degré.

Pour connaître le degré de parenté qui est entre l'oncle et le neveu, on remonte jusqu'à l'ayeul du neveu, qui est le père de l'oncle et la souche commune. On trouve par ce moyen trois personnes, sans compter l'ayeul, au moyen de quoi l'oncle et le neveu sont au troisième degré.

On compte de même les degrés de parenté entre les autres collateraux, en remontant d'un côté jusqu'à la souche commune ; et descendant de-là jusqu'à l'autre collateral, dont on cherche le degré relativement à celui par lequel on a commencé à compter.

Pour compter les degrés en collatérale, suivant le droit canon, il y a deux règles à observer.

L'une est que quand ceux dont on cherche le degré de parenté, sont également éloignés de la souche commune, on compte autant de degrés de distance entr'eux transversalement, qu'il y en a de chacun d'eux à la souche commune.

L'autre règle est que quand les collatéraux dont il s'agit, ne sont pas également éloignés de la souche commune, on compte les degrés de celui qui en est le plus éloigné ; ainsi l'oncle et le neveu sont parents entr'eux au second degré, parce que le neveu est éloigné de deux degrés de son ayeul père de l'oncle, et ainsi des autres collatéraux.

Quand on veut mieux désigner la position de ces collatéraux, on explique l'inégalité de degré qui est entr'eux, en disant, par exemple, que l'oncle et le neveu sont parents du premier au second degré, c'est-à-dire que l'oncle est distant d'un degré de la souche commune, et le neveu de deux degrés, ce qui fait toujours deux degrés de distance entr'eux. (A).

Manière de compter les degrés en directe, suivant le droit civil et canonique.

Manière de compter les degrés en collatérale, suivant le droit civil.

Manière de compter les degrés en collatérale, suivant le droit canon.

DEGRES DES SUBSTITUTIONS, sont les différentes parties de la durée des substitutions, laquelle se compte par degrés. Chacun de ceux qui recueillent la substitution, forme ce que l'on appelle un degré.

Les lois romaines n'avaient point fixé la durée des fidéicommis, que nous appelons substitutions ; elles pouvaient s'étendre à l'infini.

L'on en usait aussi de même autrefois en France ; mais l'ordonnance d'Orléans, faite en 1560, décida, art. 59. qu'à l'avenir les substitutions n'auraient lieu après deux degrés, non compris l'institution.

L'ordonnance de Moulins, en 1566, ordonna que les substitutions faites avant l'ordonnance d'Orléans, seraient restreintes au quatrième degré, outre l'institution et première disposition.

Dans les provinces qui ont été réunies à la Couronne depuis les ordonnances d'Orléans et de Moulins, les substitutions peuvent encore s'étendre à l'infini, comme au parlement de Besançon et dans celui de Pau, et dans les provinces de Bresse, Bugey, Gex et Valromey.

L'ordonnance de 1629 est la première qui ait déterminé la manière de compter les degrés de substitution : elle porte, article 124. qu'ils seront comptés par tête, et non par souches et générations ; en sorte que plusieurs frères qui ont recueilli successivement la substitution, remplissent chacun un degré.

On observait néanmoins le contraire au parlement de Toulouse.

La nouvelle ordonnance des substitutions ordonne l'exécution de celle d'Orléans ; &, en conséquence, que toutes substitutions, par quelqu'acte et en quelques termes qu'elles soient faites, ne pourront s'étendre au-delà de deux degrés, non compris l'institution ; sans néanmoins déroger à l'art. 57 de l'ordonnance de Moulins, par rapport aux substitutions qui seraient antérieures à ladite ordonnance.

Que dans les provinces où les substitutions auraient été étendues par l'usage jusqu'à quatre degrés, outre l'institution, la restriction à deux degrés n'aura lieu que pour l'avenir, et non pour les substitutions faites entre-vifs avant la publication de cette ordonnance ; ou par testament, si le testateur est décedé avant ladite publication :

Enfin que c'est sans rien innover, quant à-présent, à l'égard des provinces où les substitutions n'ont pas encore été restreintes à un certain nombre de degrés, Sa Majesté se réservant d'y pourvoir dans la suite. (A)

DEGRES DE SUCCEDER, ou DE SUCCESSION, sont les degrés de parenté qui rendent habîle à succéder. Le parent le plus proche du défunt en général, succede aux meubles et acquêts ; celui qui est le plus proche en degré dans la ligne paternelle, succede aux meubles paternels ; le plus proche de la ligne maternelle, succede aux propres de la ligne maternelle. Voyez ACQUETS, MEUBLES, PARENTE, PROPRES, SUCCESSION. (A)

DEGRE se dit, en Médecine, en différents sens.

On détermine les degrés de chaleur que doit avoir un poêle, pour que l'air ne soit pas trop rarefié, et soit doué des qualités convenables pour servir à la respiration. On emploie le thermomètre pour régler cette chaleur. Voyez THERMOMETRE, et plus haut DEGRE DE CHAUD et DE FROID.

On détermine aussi les degrés de pesanteur de l'atmosphère, pour que l'air ait la force nécessaire pour dilater les poumons par son propre poids ; ils doivent être différents, selon les différents tempéraments et le différent état des poumons, dans les maladies où ce viscère résiste plus ou moins à sa dilatation par le propre ressort de son tissu. Voyez BAROMETRE.

On se sert du baromètre pour déterminer le degré ordinaire de la plus grande ou de la moins grande pesanteur de l'atmosphère dans un pays.

Enfin on emploie le terme de degré, pour déterminer les différents états des malades hectiques, dans lesquels la cause du mal a fait moins ou plus de progrès. On compte trois différents degrés d'hectisie. Lorsque la maladie est parvenue au troisième degré, elle est absolument incurable, etc. Voyez AIR, ATMOSPHERE, CHALEUR, HECTISIE. (d)

DEGRES DE FEU, (Chimie) Voyez FEU, (Chimie) et MANUEL, (Chimie)

DEGRE, en Musique, est la différence de position ou d'élévation qui se trouve entre deux notes placées sur une même portée. Sur la même ligne, ou dans le même espace, elles sont au même degré ; et elles y seraient encore, quand même l'une des deux serait haussée ou baissée d'un semi-ton par une dièse ou par un bémol : au contraire, elles pourraient être à l'unisson, quoique posées sur différents degrés, comme l'ut bémol et le si naturel, le fa dièse et le sol bémol, etc.

Si elles se suivent diatoniquement, de sorte que l'une étant sur une ligne, l'autre soit dans l'espace voisin, l'intervalle est d'un degré, de deux si elles sont à la tierce ; de trois si elles sont à la quarte, de sept si elles sont à l'octave, etc.

Ainsi en ôtant 1 du nombre exprimé par le nom de l'intervalle, on a toujours le nombre des degrés diatoniques qui séparent les deux notes.

Ces degrés diatoniques, ou simplement degrés, sont encore appelés degrés conjoints par opposition aux degrés disjoints qui sont composés de plusieurs degrés conjoints. Par exemple, l'intervalle de seconde est un degré conjoint, mais celui de tierce est un degré disjoint composé de deux degrés conjoints ; et ainsi des autres. Voyez CONJOINT et DISJOINT. (S)

DEGRE, (Architecture) Voyez MARCHE.

DEGRE, s. m. (Fauconnerie) c'est l'endroit vers lequel un oiseau durant sa montée ou son élévation tourne la tête et prend une nouvelle carrière, ce qu'on appelle second ou troisième degré jusqu'à ce qu'on le perde de vue.