v. act. (Métaphysique) songer, c'est avoir des idées dans l'esprit, pendant que les sens extérieurs sont fermés, en sorte qu'ils ne reçoivent point l'impression des objets extérieurs avec cette vivacité qui leur est ordinaire ; c'est, dis-je, avoir des idées, sans qu'elles nous soient suggérées par aucun objet de dehors, ou par aucune occasion connue, et sans être choisies ni déterminées en aucune manière par l'entendement ; quant à ce que nous nommons extase, je laisse juger à d'autres si ce n'est point songer les yeux ouverts.

L'esprit s'attache quelquefois à considérer certains objets avec une si grande application, qu'il en examine les faces de tous côtés, en remarque les rapports et les circonstances, et en observe chaque partie avec une telle contention qu'il écarte toute autre pensée, et ne prend aucune connaissance des impressions ordinaires qui se font alors sur les sens, et qui dans d'autres temps lui auraient communiqué des perceptions extrêmement sensibles. Dans certaines occasions, l'homme observe la suite des idées qui se succedent dans son entendement, sans s'attacher particulièrement à aucune ; et dans d'autres rencontres, il les laisse passer, sans presque jeter la vue dessus, comme autant de vaines ombres qui ne font aucune impression sur lui.

Dans l'état où l'âme se trouve aliénée des sens, c'est-à-dire, dans le sommeil, elle conserve souvent une manière de penser faible et sans liaison, que nous nommons songer ; et enfin un profond sommeil ferme entièrement la scène, et met fin à toutes sortes d'apparences. Voilà des réflexions supérieures sur ce mode de penser, elles sont de Locke. (D.J.)