S. f. (Métaphysique) ce terme est relatif à l'étendue, comme celui d'éternité à la durée. L'éternité est un temps sans limites ; l'immensité est un espace sans bornes.

On entend par l'immensité de Dieu, la présence de Dieu par-tout. Or on connait que Dieu peut-être présent par-tout de trois manières : 1°. par la connaissance, parce que rien ne lui est caché ; 2°. par son opération ou par sa puissance, parce qu'il produit et conserve tout en tout lieu ; 3°. par son essence ou par sa substance, entant qu'il pénètre tout, et qu'il se trouve par-tout substantiellement.

Parmi les anciens hérétiques qui ont erré sur l'immensité de Dieu, les Valentiniens, les Gnostiques, les Manichéens admettant deux principes de toutes choses, l'un bon, et l'autre mauvais, plaçaient le premier dans la région de la lumière, et le second dans celle des ténèbres, par conséquent ils niaient l'immensité de Dieu quant à sa substance.

Vorstius, les Calvinistes et les Sociniens ont renfermé Dieu dans le ciel, et ne veulent point qu'il soit présent ailleurs, autrement que par sa puissance.

Descartes et ses sectateurs ont nié, suivant leurs principes, que Dieu fût présent quelque part par sa substance ; ainsi, selon eux, Dieu n'est immense que par sa connaissance et par sa puissance. Il faut mettre ici une grande différence entre le sentiment de ces derniers et celui des Sociniens ; car du sentiment des Sociniens, il s'ensuit que Dieu est renfermé dans un lieu ; que par conséquent il est sujet au changement, ce qui est une grande imperfection ; au lieu que dans le sentiment de Descartes, c'est au contraire une grande imperfection à Dieu de ne pouvoir correspondre à un lieu, parce qu'autrement il serait étendu et corporel ce qui est absurde.

Ce qui a trompé les Manichéens et les Sociniens, c'est qu'ils n'ont pas pris garde qu'on ne peut pas accorder que Dieu soit présent quelque part par sa substance, qu'on ne soit en même temps forcé d'accorder qu'il est par-tout : car si Dieu était seulement quelque part, ou il y serait librement et par sa volonté, ou nécessairement et par sa nature. On ne peut point dire qu'il y soit librement, parce qu'il pourrait passer de ce lieu dans un autre, ce qui détruit entiérement l'infinité, la simplicité et l'immutabilité de Dieu. On ne peut pas dire non plus que Dieu soit borné quelque part par sa nature, parce qu'il faudrait dire en même temps que par sa nature il a une manière d'exister finie, ce qui est ridicule ; et d'ailleurs on n'aperçoit ni dans la nature de Dieu, ni dans celle du lieu, rien par où Dieu doive être plutôt là qu'ici.

Les Scotistes admettent, 1°. deux sortes d'étendue. L'une qui est substance, l'autre qui est modification. La première a des parties substancielles, posées les unes hors des autres ; par conséquent elle est divisible, mobîle et corporelle : la seconde est propre aux esprits. Elle a aussi des parties hors les unes des autres, mais distinguées seulement d'une manière formelle, par conséquent cette étendue est indivisible. 2°. Ils soutiennent que Dieu a une étendue éternelle, nécessaire, infinie, par conséquent immobîle ; de-là ils concluent que l'immensité de Dieu n'est point dans un lieu, mais qu'elle est plutôt le lieu universel, et que Dieu est tout entier sous chaque partie de l'immensité.

Les Thomistes rejettent cette étendue formelle pour en substituer une virtuelle ; mais ils admettent avec les Scotistes, que Dieu est infiniment répandu hors de lui-même, et qu'il existe tout entier sous chaque partie de l'étendue créée. Je n'entrerai point dans le détail des raisons dont les deux partis appuient leur opinion ; tout le monde tombe d'accord qu'il y a plus de subtilité que de vraie Logique. Voyez DIEU et L'ESPACE.