S. f. (Grammaire et Philosophie morale) c'est l'effet de l'impression d'un objet présent à nos sens ou à notre réflexion, en conséquence de laquelle nous sommes portés tout entiers vers cet objet comme vers un bien dont nous avons la connaissance, et qui excite notre appétit, ou nous en sommes éloignés comme d'un mal que nous connaissons aussi, et qui excite notre crainte et notre aversion. Aussi il y a toujours un objet dans l'action de la volonté ; car quand on veut, on veut quelque chose ; de l'attention à cet objet, une crainte ou un désir excité. De-là vient que nous prenons à tout moment la volonté pour la liberté. Si l'on pouvait supposer cent mille hommes tous absolument conditionnés de même, et qu'on leur présentât un même objet de désir ou d'aversion, ils le désireraient tous et tous de la même manière, ou le rejetteraient tous, et tous de la même manière. Il n'y a nulle différence entre la volonté des fous et des hommes dans leur bon sens, de l'homme qui veille et de l'homme qui rêve, du malade qui a la fièvre chaude et de l'homme qui jouit de la plus parfaite santé, de l'homme tranquille et de l'homme passionné, de celui qu'on traine au supplice ou de celui qui y marche intrépidement. Ils sont tous également emportés tout entiers par l'impression d'un objet qui les attire ou qui les repousse. S'ils veulent subitement le contraire de ce qu'ils voulaient, c'est qu'il est tombé un atome sur le bras de la balance, qui l'a fait pancher du côté opposé. On ne sait ce qu'on veut lorsque les deux bras sont à-peu-près également chargés. Si l'on pese bien ces considérations, on sentira combien il est difficîle de se faire une notion quelconque de la liberté, surtout dans un enchainement de causes et des effets, tels que celui dont nous faisons partie.
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