Philosophie morale

S. f. (Philosophie morale) penchant, disposition de l'âme à une chose par goût et par préférence.

Les inclinations sont une pente de la volonté, qui l'entraîne vers certains objets plutôt que vers d'autres, mais d'une manière assez égale et assez tranquille pour ne pas troubler ses opérations, et même pour les faciliter d'ordinaire.

Les inclinations naissent du mécanisme particulier de nos organes, qui dépend de la conformation primitive des sens, et qui nous porte à nous procurer la jouissance de certaines choses que nous envisageons comme une source de félicité ; tel est le goût naturel que les uns ont pour la musique, d'autres pour l'étude, etc.

S. f. (Grammaire et Philosophie morale) état tranquille dans lequel l'âme placée vis-à-vis d'un objet, ne le désire, ni ne s'en éloigne, et n'est pas plus affectée par sa jouissance qu'elle ne le serait par sa privation.

L'indifférence ne produit pas toujours l'inaction. Au défaut d'interêt et de gout, on suit des impressions étrangères, et l'on s'occupe de choses, au succès desquelles on est de soi-même très-indifférent.

L'indifférence peut naître de trois sources, la nature, la raison et la foi ; et l'on peut la diviser en indifférence naturelle, indifférence philosophique, et indifférence religieuse.

(Philosophie morale) L'indifférence est à l'âme ce que la tranquillité est au corps, et la léthargie est au corps ce que l'insensibilité est à l'âme. Ces dernières modifications sont l'une et l'autre l'excès des deux premières, et par conséquent également vicieuses.

L'indifférence chasse du cœur les mouvements impétueux, les désirs fantasques, les inclinations aveugles : l'insensibilité en ferme l'entrée à la tendre amitié, à la noble reconnaissance, à tous les sentiments les plus justes et les plus légitimes. Celle là détruisant les passions de l'homme, ou plutôt naissant de leur non-existence, fait que la raison sans rivales exerce plus librement son empire ; celle-ci détruisant l'homme lui-même, en fait un être sauvage et isolé qui a rompu la plupart des liens qui l'attachaient au reste de l'univers. Par la première enfin l'âme tranquille et calme ressemble à un lac dont les eaux sans pente, sans courant, à l'abri de l'action des vents, et n'ayant d'elles-mêmes aucun mouvement particulier, ne prennent que celui que la rame du batelier leur imprime ; et rendue léthargique par la seconde, elle est semblable à ces mers glaciales qu'un froid excessif engourdit jusques dans le fond de leurs abîmes, et dont il a tellement durci la surface, que les impressions de tous les objets qui la frappent y meurent sans pouvoir passer plus avant, et même sans y avoir causé le moindre ébranlement ni l'altération la plus légère.

S. f. (Philosophie morale) émotion de l'âme causée par le plaisir ou par la possession de quelque bien.

La joie, dit Locke, est un plaisir que l'âme goute, lorsqu'elle considère la possession d'un bien présent ou à venir comme assurée ; et nous sommes en possession d'un bien, lorsqu'il est de telle sorte en notre puissance que nous pouvons en jouir quand nous voulons. Un homme blessé ressent de la joie lorsqu'il lui arrive le secours qu'il désire, avant même qu'il en éprouve l'effet. Le père qui chérit vivement la prospérité de ses enfants, est en possession de ce bien aussi longtemps que ses enfants prospèrent ; car il lui suffit d'y penser pour ressentir de la joie.

S. f. (Philosophie morale) ce mot s'emploie plus généralement au pluriel ; mais les idées qu'il présente à l'esprit varient relativement à l'application qu'on en fait. Lorsqu'on s'en sert pour désigner les biens des citoyens, soit acquis, soit patrimoniaux, il signifie opulence, terme qui exprime non la jouissance, mais la possession d'une infinité de choses superflues, sur un petit nombre de nécessaires. On dit aussi tous les jours les richesses d'un royaume, d'une république, etc. et alors, l'idée de luxe et de superfluités que nous offrait le mot de richesses, appliqué aux biens des citoyens, disparait : et ce terme ne représente plus que le produit de l'industrie, du commerce, tant intérieur qu'extérieur, des différents corps politiques, de l'administration interne et externe des principaux membres qui le constituent ; et enfin de l'action simultanée de plusieurs causes physiques et morales qu'il serait trop long d'indiquer ici, mais dont on peut dire que l'effet, quoique lent et insensible, n'est pas moins réel.