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Catégorie : Métaphysique & Physique
S. m. (Métaphysique et Physique) C'est une substance étendue et impénétrable, qui est purement passive d'elle-même, et indifférente au mouvement ou au repos, mais capable de toute sorte de mouvement, de figure et de forme. Voyez SUBSTANCE, SOLIDE, MOUVEMENT, etc.

Les corps, selon les Péripatéticiens, sont composés de matière, de forme et de privation ; selon les Epicuriens et les Corpusculaires, d'un assemblage d'atomes grossiers et crochus ; selon les Cartésiens, d'une certaine portion d'étendue ; selon les Newtoniens, d'un système ou assemblage de particules solides, dures, pesantes, impénétrables et mobiles, arrangées de telle ou telle manière : d'où résultent des corps de telle ou telle forme, distingués par tel ou tel nom. Voyez ATOME.

Ces particules élémentaires des corps doivent être infiniment dures, beaucoup plus que les corps qui en sont composés, mais non si dures qu'elles ne puissent se décomposer ou se briser. Newton ajoute que cela est nécessaire, afin que le monde persiste dans le même état, et que les corps continuent à être dans tous les temps de la même texture et de la même nature. Voyez MATIERE, PARTICULE, SOLIDITE, DURETE, etc.

Il est impossible, selon quelques philosophes, de démontrer l'existance des corps. Voici, disent-ils, la suite d'arguments par laquelle nous pouvons arriver à cette connaissance.

Nous connaissons d'abord que nous avons des sensations ; nous savons ensuite que ces sensations ne dépendent pas de nous, et de-là nous pouvons conclure que nous n'en sommes donc pas la cause absolue, mais qu'il faut qu'il y ait d'autres causes qui les produisent ; ainsi nous commençons à connaître que nous ne sommes pas les seules choses qui existent, mais qu'il y a encore d'autres êtres dans le monde conjointement avec nous, et nous jugeons que ces causes sont des corps réellement existants, semblables à ceux que nous imaginons. Le docteur Clarke prétend que ce raisonnement n'est pas une démonstration suffisante de l'existance du monde corporel. Il ajoute que toutes les preuves que nous en pouvons avoir, sont fondées sur ce qu'il n'est pas croyable que Dieu permette que tous les jugements que nous faisons sur les choses qui nous environnent, soient faux. S'il n'y avait point de corps, dit-on, il s'ensuivrait que Dieu qui nous représente l'apparence des corps, ne le ferait que pour nous tromper. Voici ce que dit là-dessus le philosophe dont nous parlons. " Il est évident, s'objecte-t-il, que Dieu ne peut pas nous tromper ; et il est évident qu'il nous tromperait à chaque instant, s'il n'y avait point de corps : il est donc évident qu'il y a des corps. On pourrait, selon quelques philosophes, nier la mineure de cet argument. "

En effet, quand même il serait possible qu'il existât des corps, c'est-à-dire des substances solides, figurées, etc. hors de l'esprit, et que ces corps fussent analogues aux idées que nous avons des objets extérieurs, comment nous serait-il possible avec cela de les connaître ? Il faudrait que nous eussions cette connaissance ou par les sens, ou par la raison. Par nos sens, nous avons seulement la connaissance de nos sensations et de nos idées ; ils ne nous montrent pas que les choses existent hors de l'esprit telles que nous les apercevons. Si donc nous avons connaissance de l'existance des corps extérieurs, il faut que ce soit la raison qui nous en assure, d'après la perception des sens. Mais comment la raison nous montrera-t-elle l'existance des corps hors de notre esprit ? Les partisans même de la matière nient qu'il puisse y avoir aucune connexion entr'elle et nos idées. En effet on convient des deux côtés (& ce qui arrive dans les songes, dans les phrénésies, les délires, les extases, en est une preuve incontestable), que nous pouvons être affectés de toutes les idées que nous avons, quoiqu'il n'existe point hors de nous de corps qui leur ressemblent. De-là il est évident que la supposition des corps extérieurs n'est pas nécessaire pour la production de nos idées. Si donc nous avons tort de juger qu'il y ait des corps, c'est notre faute, puisque Dieu nous a fourni un moyen de suspendre notre jugement. Voici encore ce que dit à ce sujet le docteur Berckley, Principes de la connaissance humaine, p. 59. " En accordant aux Matérialistes l'existance des corps extérieurs, de leur propre aveu ils n'en connaitront pas davantage comment nos idées se produisent, puisqu'ils avouent eux-mêmes qu'il est impossible de comprendre comment un corps peut agir sur un esprit, ou comment il se peut faire qu'un corps y imprime aucune idée ; ainsi la production des idées et des sensations dans notre esprit, ne peut pas être la raison pour laquelle nous supposons des corps ou des substances corporelles, puisque cela est aussi inexpliquable dans cette supposition que dans la contraire. En un mot, quoiqu'il y eut des corps extérieurs, il nous serait cependant impossible de savoir comment nous les connaissons ; et s'il n'y en avait pas, nous aurions cependant la même raison de penser qu'il y en a que nous avons maintenant. " Id. ibid. pag. 60. 61.

" Il ne sera pas inutîle de réfléchir un peu ici, sur les motifs qui portent l'homme à supposer l'existance des substances matérielles. C'est ainsi que voyant ces motifs cesser et s'évanouir par degrés, nous pourrons nous déterminer à refuser le consentement qu'ils nous avaient arraché. On a donc cru d'abord que la couleur, la figure, le mouvement et les autres qualités sensibles, existaient réellement hors de l'esprit ; et par cette même raison il semblait nécessaire de supposer une substance ou sujet non pensant, dans lequel ces qualités existassent, puisqu'on ne pouvait pas concevoir qu'elles existassent par elles-mêmes. Ensuite étant convaincus que les couleurs, les sons et les autres qualités secondaires et sensibles, n'avaient point leur existance hors de l'esprit, on a dépouillé ce sujet de ces qualités, en y laissant seulement les premières, comme la figure, le mouvement, etc. qu'on a conçu toujours exister hors de l'esprit, et conséquemment avoir besoin d'un support matériel. Mais comme il n'est pas possible (c'est toujours Berckley qui parle), qu'aucune de ces qualités existe autrement que dans l'esprit qui les aperçoit, il s'ensuit que nous n'avons aucune raison de supposer l'existance de la matière. " Id. ibid. p. 115. 119. Voyez QUALITE, EXISTENCE.

Voilà en substance les raisons du docteur Berckley. Leibnitz ajoute que quand nous examinons les propriétés des corps, telles que nous les concevons, ces propriétés paraissent renfermer contradiction. De quoi les corps sont-ils composés, peut-on se demander ? Qu'on cherche tant qu'on voudra une réponse à cette question, on n'en trouvera point d'autre, sinon que les corps sont eux-mêmes composés d'autres petits corps. Mais ce n'est pas là répondre, car la difficulté reste toujours la même, et on redemandera ce qui forme les corps composans. Il semble qu'il en faille venir à quelque chose qui ne soit point corps, et qui cependant forme les corps que nous voyons. Mais comment cela est-il possible ? On peut faire la même objection sur la cause de la dureté : qui tient de près à celle de l'impénétrabilité. Ces deux propriétés, ainsi que le mouvement et la divisibilité de la matière, sont sujettes à des difficultés très-fortes. Cependant le penchant que nous avons à croire l'existance des corps, sur le rapport de nos sensations, est si grand, qu'il serait fou de ne s'y pas livrer, et c'est peut-être le plus grand argument par lequel on puisse prouver que ce penchant nous vient de Dieu même : aussi personne n'a-t-il jamais révoqué vraiment en doute l'existance des corps. Au reste cette opinion de Berckley est encore exposée dans un ouvrage intitulé Dialogues entre Hilas et Philonous (ami de l'esprit). Il a été traduit depuis quelques années en français par un homme d'esprit, métaphysicien subtil et profond. On voit à la tête d'un de ces dialogues, une vignette du traducteur extrêmement ingénieuse. Un enfant voit son image dans un miroir, et court pour la saisir, croyant voir un être réel ; un philosophe qui est derrière lui, parait rire de la méprise de l'enfant ; et au bas de la vignette on lit ces mots adressés au philosophe : Quid rides ? fabula de te narratur.

Le principal argument du docteur Berckley, et proprement le seul sur lequel roule tout l'ouvrage dont nous parlons, est encore celui-ci : " Notre âme étant spirituelle, et les idées que nous nous formons des objets, n'ayant rien de commun ni d'analogue avec ces objets mêmes, il s'ensuit que ces idées ne peuvent être produites par ces objets. L'objet d'une idée ne peut être qu'une autre idée, et ne saurait être une chose matérielle ; ainsi l'objet de l'idée que nous avons des corps, c'est l'idée même que Dieu a des corps : idée qui ne ressemble en rien aux corps ; et ne saurait leur ressembler. " Voilà, comme l'on voit, le Malebranchisme tout pur, ou du moins à peu de chose près. L'auteur fait tous ses efforts pour prouver que son sentiment diffère beaucoup du système du P. Malebranche ; mais la différence est si subtile, qu'il faut être métaphysicien bien déterminé pour l'apercevoir. Le P. Malebranche, intimement persuadé de son système des idées et de l'étendue intelligible, était fermement convaincu que nous n'avons point de démonstration de l'existance des corps ; il emploie un grand chapitre de son ouvrage à le prouver. Il est vrai qu'il est un peu embarrassé de l'objection tirée de la réalité de la révélation, et il faut avouer qu'on le serait à moins ; car s'il n'est pas démontré qu'il y ait des corps, il ne l'est pas que J. C. soit venu, qu'il ait fait des miracles, etc. aussi le Père Malebranche a-t-il de la peine à se tirer de cette difficulté. L'imagination de ce philosophe, souvent malheureuse dans les principes qu'elle lui faisait adopter, mais assez conséquente dans les conclusions qu'il en tirait, le menait beaucoup plus loin qu'il n'aurait voulu lui-même ; les principes de religion dont il était pénétré, plus forts et plus solides que toute sa philosophie, le retenaient alors sur le bord du précipice. Les vérités de la religion sont donc une barrière pour les philosophes : ceux qui les ayant consultées ne vont pas au-delà des bornes qu'elles leurs prescrivent, ne risquent pas de s'égarer.

Berckley se propose une autre difficulté qui n'est pas moins grande que celle de la révélation : c'est la création, dont le premier chapitre de la Genèse nous fait l'histoire. S'il n'y a point de corps ; qu'est-ce donc que cette terre, ce soleil, ces animaux que Dieu a créés ? Berckley se tire de cette difficulté avec bien de la peine et avec fort peu de succès, et voilà le fruit de toute sa spéculation métaphysique ; c'est de contredire ou d'ébranler les vérités fondamentales. Il est fort étrange que des gens qui avaient tant d'esprit, en aient abusé à ce point ; car comment peut-on mettre sérieusement en question s'il y a des corps ? Les sensations que nous en éprouvons, ont autant de force que si ces corps existaient réellement : donc les corps existent ; car eorumdem effectuum eaedem sunt causae. Mais nous ne concevons pas, dit-on, l'essence des corps, ni comment ils peuvent être la cause de nos sensations. Et concevez-vous mieux l'essence de votre âme, la création, l'éternité, l'accord de la liberté de l'homme et de la science de Dieu, de sa justice et du peché originel, et mille autres vérités dont il ne vous est pourtant pas permis de douter, parce qu'elles sont appuyées sur des arguments incontestables ? Taisez-vous donc, et ne cherchez pas à diminuer par des sophismes subtils, le nombre de vos connaissances les plus claires et les plus certaines, comme si vous en aviez déjà trop.

Nous avons exposé, quoique fort en abrégé, dans le discours préliminaire de l'Encyclopédie, p. IIe comment nos sensations nous prouvent qu'il y a des corps. Ces preuves sont principalement fondées sur l'accord de ces sensations, sur leur nombre, sur les effets involontaires qu'elles produisent en nous ; comparés avec nos réflexions volontaires sur ces mêmes sensations. Mais comment notre âme s'élance-t-elle ; pour ainsi dire, hors d'elle-même, pour arriver aux corps ? Comment expliquer ce passage ? Hoc opus, hic labor est.

Nous avancerons donc dans cet article comme un principe inébranlable, malgré les jeux d'esprit des philosophes, que nos sens nous apprennent qu'il y a des corps hors de nous. Dès que ces corps se présentent à nos sens, dit M. Musschenbroeck, notre âme en reçoit ou s'en forme des idées, qui représentent ce qu'il y a en eux. Tout ce qui se rencontre dans un corps, ce qui est capable d'affecter d'une certaine manière quelqu'un de nos sens, de sorte que nous puissions nous en former une idée, nous le nommons propriété de ce corps. Lorsque nous rassemblons tout ce que nous avons ainsi remarqué dans les corps, nous trouvons qu'il y a certaines propriétés qui sont communes à tous les corps ; et qu'il y en a d'autres encore qui sont particulières, et qui ne conviennent qu'à tels ou tels corps. Nous donnons aux premières le nom de propriétés communes ; et quant à celles de la seconde sorte, nous les appelons simplement propriétés.

Parmi les propriétés communes il y en a quelques-unes qui se rencontrent en tout temps dans tous les corps naturels, et qui sont toujours les mêmes ; il y en a d'autres encore qui, quoiqu'elles soient toujours dans les corps, ont pourtant des degrés d'augmentation ou de diminution. Celles de la première classe sont l'étendue, l'impénétrabilité, la force d'inertie, la mobilité, la possibilité d'être en repos, la figurabilité, etc. Celles de la seconde classe sont la gravité ou pesanteur, et la force d'attraction.

Il ne s'est trouvé jusqu'à présent, selon M. Musschenbroeck, aucun corps, soit grand ou petit, solide ou liquide ; qui ne renfermât en lui-même ces propriétés. Il n'a même jamais été possible d'ôter ou de faire disparaitre par quelqu'art que ce sait, aucune de ces propriétés, que nous appelons pour cette raison propriétés communes. Plusieurs physiciens excluent pourtant la dernière. Voyez ATTRACTION.

Les autres propriétés des corps sont la transparence, l'opacité, la fluidité, la solidité, la colorabilité, la chaleur, la froideur, la saveur, l'insipidité, l'odeur, le son, la dureté, l'élasticité, la mollesse, l'âpreté, la douceur, etc. Ces propriétés ne se remarquent que dans certains corps, et on ne les trouve pas dans d'autres, de sorte qu'elles ne sont pas communes.

Il y a encore une autre sorte de propriétés qui tiennent le milieu entre les premières et les dernières. Ces propriétés sont aussi communes, mais seulement à certains égards. Expliquons cela par un exemple. Tous les corps qui sont en mouvement, ont la force de mettre aussi en mouvement les autres corps qu'ils rencontrent ; cette proprieté doit être mise par conséquent au rang de celles qui sont communes. Cependant comme tous les corps ne sont pas en mouvement en tout temps, il s'ensuit que cette propriété commune ne devra avoir lieu, et ne pourra être regardée comme telle, que dans les cas où l'on suppose les corps en mouvement ; mais les corps ne sont pas toujours en mouvement, et par conséquent cette propriété ne peut passer pour commune, puisqu'elle n'est pas toujours dans tous les corps.

Rien n'est plus propre que les observations, pour nous faire conclure que nous ne connaissons pas en effet la nature des corps ; car si nous la connaissions, ne pourrions-nous pas prédire par avance un grand nombres d'effets que les corps qui agissent l'un sur l'autre devraient produire ? C'est ainsi que les Mathématiciens déduisent plusieurs choses de la nature du cercle. Mais nous ne connaissons d'avance aucun effet, il faut que nous en venions aux expériences pour faire nos découvertes. Dans tous les cas où les observations nous manquent, nous ne pouvons pas commencer à raisonner sur ce que nous ne connaissons pas encore des corps ; et si nous le faisons, nous nous exposons à tirer des conséquences fort incertaines. Nieuwentit a commencé à démontrer cette vérité dans ses Fondements de la certitude, et nous pourrions aussi confirmer la même chose par cent exemples. Ces philosophes qui croient connaître la nature des corps, ont-ils jamais pu prédire par la seule réflexion qu'ils ont faite sur les corps, un seul des effets qu'ils produisent en agissant l'un sur l'autre ? En effet, quand même on leur accorderait que la nature des corps consiste dans l'étendue, ils n'en seraient pas pour cela plus avancés, parce que nous ne pouvons rien déduire de-là, et que nous ne pouvons rien prévoir de ce qui arrive dans les corps, puisqu'il faut que nous fassions toutes nos recherches en recourant aux expériences, comme si nous ne connaissions point du tout la nature des corps. Mussch. Essais de Physiq. l. I. ch. 1. Voyez ETENDUE et IMPENETRABILITE. Par rapport à la couleur des corps, voyez l'article COULEUR. (O)

CORPS, en Géométrie, signifie la même chose que solide. Voyez SOLIDE. Nous avons expliqué dans le Discours préliminaire de cet Ouvrage, comment on se forme l'idée des corps géométriques. Ils diffèrent des corps physiques, en ce que ceux-ci sont impénétrables ; au lieu que les corps géométriques ne sont autre chose qu'une portion d'étendue figurée, c'est-à-dire une portion de l'espace terminée en tout sens par des bornes intellectuelles. C'est proprement le fantôme de la matière, comme nous l'avons dit dans ce discours ; et on pourrait définir l'étendue géométrique, l'étendue intelligible et pénétrable. Voyez ETENDUE.

Les corps réguliers sont ceux qui ont tous leurs côtés, leurs angles et leurs plans égaux et semblables, et par conséquent leurs faces régulières.

Il n'y a que cinq corps réguliers, le tétrahedre composé de quatre triangles équilatéraux ; l'octaedre de huit ; l'icosaedre de vingt ; le dodécaedre de douze pentagones réguliers ; et le cube de six carrés. Quand on dit ici composé, cela s'entend de la surface ; les figures que nous venons de dire, renferment ou contiennent la solidité, et composent la surface de ces corps. Voyez REGULIER, IRREGULIER, etc. (O)

CORPS, (Physique) Corps élastiques, sont ceux qui ayant changé de figure parce qu'un autre corps les a frappés, ont la faculté de reprendre leur première figure ; ce que ne font point les corps qui ne sont point élastiques.

De quelque façon qu'on ploie un morceau d'acier, il reprendra sa première figure : mais un morceau de plomb reste dans l'état où on le met. Voyez ELASTICITE.

Corps mous, sont ceux qui changent de figure par le choc, et ne la reprennent point. Voyez MOLLESSE.

Corps durs, sont ceux que le choc ne saurait faire changer de figure. Voyez DURETE.

Corps fluide ; est celui dont les parties sont détachées les unes des autres, quoique contiguès, et peuvent facilement se mouvoir entre elles. Voyez FLUIDE. (O)

CORPS, (Médecine) dans les animaux, c'est l'opposé de l'âme, c'est-à-dire cette partie de l'animal qui est composée d'os, de muscles, de canaux, de liqueurs, de nerfs. Voyez AME.

Dans ce sens, les corps sont le sujet de l'anatomie comparée. Voyez ANATOMIE.

CORPS, dans l'Oeconomie animale, partie de notre être étendue suivant trois dimensions, d'une certaine figure déterminée propre au mouvement et au repos. Boerhaave.

Quelques Médecins modernes Allemands ont admis pour troisième partie un certain genre d'archée ; mais je ne sais ce qu'ils veulent dire, et je pense qu'ils ne se sont pas entendus eux-mêmes. Voyez ARCHEE.

Le corps humain est composé de solides et de fluides. Voyez SOLIDE et FLUIDE.

Il y a quelques variétés dans les corps des hommes ; c'est ce que prouvent les divers effets des remèdes, surtout en différents pays : c'est de-là que vingt grains, par exemple, de jalap dans un lieu, lâchent à peine le ventre, et dix suffisent dans un autre où l'on transpire moins. Il n'en faut pas conclure de-là qu'il y ait une diversité sensible, dans la nature même des parties qui le composent, et qu'ainsi on ne puisse compter sur aucune pratique générale. L'homme qui mange des aliments de toute espèce, et le bœuf qui ne vit que d'herbe, ont à-peu-près le même sang : l'analyse chimique ne montre aucune différence que les sens puissent apercevoir, si ce n'est une odeur de poisson dans les brebis qui vivent de poisson au détroit de Perse ; et dans les hommes qui vivent de même. Aussi Tabor dit il que le sang de l'homme et du bœuf ont le même poids et les mêmes propriétés. Ceci s'accorde avec le mémoire que M. Homberg donna à l'académie des Sciences, an. 1722 ; et avec Baglivi qui avant ce célèbre chimiste, avait observé très-peu de différence dans la bîle de l'homme et du mouton. Or toute cette analogie n'a rien qui doive surprendre les Physiciens, puisque les sucs des animaux ne diffèrent des végétaux que d'un seul degré, et que les nôtres ne sont pas différents de ceux des animaux. N'est-ce pas encore de la même manière que les plantes ont toutes un suc qui leur est propre, et tout à fait différent des sucs qui les ont nourries et qui les ont fait croitre ? En effet les sucs de la terre qui forment l'aloès, la mélisse, et le cerfeuil, sont tous les mêmes ; cependant telle est la vertu séminale de chacune, que les uns deviennent amers, les autres doux et aromatiques. Dans cent mille végétaux, le même suc se change donc en autant de diverses liqueurs ; comme notre corps de cent mille sucs différents, fait un chyle doux qui lui est propre. Il y a donc dans le corps humain un principe, qui au moyen de deux choses d'une nature étrangère, le pain et l'eau, forme les parties solides et liquides de ce corps ; et si ce principe vient à manquer, jamais toutes les forces de l'univers réunies ensemble, ne pourraient faire les mêmes productions par les mêmes moyens. Boerhaave.

Comme il n'est rien de plus important pour les maladies que de bien connaître la situation des parties, et qu'on se sert très-souvent dans la description de ces parties des mots interne et externe, antérieur et postérieur, supérieur et inférieur, on doit pour éviter la confusion, concevoir le corps divisé par un plan que l'on suppose partager le corps en deux parties égales et symétriques, de la tête aux pieds ; un autre plan sur la tête, et perpendiculaire sur le premier ; un autre qui aille de la face vers les pieds, et qui soit de même perpendiculaire au premier. Toutes les parties tournées vers le premier plan (le plan de division) sont dites internes, et on appelle externes toutes celles qui sont dans un sens opposé : de même on nomme supérieures toutes les parties qui regardent le plan sur la tête (horizontal) dans quelque attitude que le corps puisse être ; inférieures, celles qui sont opposées à ces premières : enfin on appelle antérieures, les parties tournées vers le troisième plan (vertical) ; et postérieures, etc. On doit outre cela supposer les bras pendants sur les côtes, le dedans de la main tourné vers le plan de division.

L'anatomie étant une espèce de géographie dans laquelle la précision est nécessaire, on a divisé le corps comme la terre, en plusieurs régions ; mais comme je craindrais de fatiguer mon lecteur par un trop long détail, je le renvoye aux Pl. anatomiques, où il trouvera l'explication de ces différentes régions à côté de la figure.

On se sert aussi en Anatomie du mot corps, pour désigner quelques parties ; telles que les corps bordés, les corps olivaires, les corps cannelés, les corps caverneux, le corps pyramidal, le corps réticulaire, le corps pampiniforme, etc. Voyez PYRAMIDAL, RETICULAIRE, etc.

Le corps humain étant considéré par rapport aux différentes motions volontaires qu'il est capable de représenter, est un assemblage d'un nombre infini de leviers tirés par des cordes ; si on le considère par rapport aux mouvements des fluides qu'il contient, c'est un autre assemblage d'une infinité de tubes et de machines hydrauliques ; enfin si on le considère par rapport à la génération de ces mêmes fluides, c'est un autre assemblage d'instruments et de vaisseaux chimiques, comme philtres, alembics, récipients, serpentines : etc. et le tout est un composé que l'on peut seulement admirer, et dont la plus grande partie échappe même à notre admiration. Le principal laboratoire chimique du corps est celui du cerveau. Voyez OECONOMIE ANIMALE. (L)

CORPS, (Histoire naturelle des Ins.) Il y a tant de diversités dans la figure extérieure du corps des insectes (car il ne s'agit pas ici de l'intérieure ni des détails), qu'il serait impossible d'épuiser cette variété. Contentons-nous donc de remarquer que le corps des uns, comme celui des araignées, est de figure à peu-près sphérique ; et celui des autres, comme des scarabées de Sainte-Marie, ressemble à un globe coupé par le milieu : il y en a qui sont plats et ronds, comme le pou des chauve-souris ; d'autres ont la figure ovale ; un troisième, comme le ver qu'on trouve dans les excréments des chevaux, a celle d'un œuf comprimé ; et un quatrième, comme le mille-piés rond, ressemble au tuyau d'une plume : beaucoup ont le corps carré, plat ; plusieurs sont courbés comme une faucille, et pourvus d'une longue queue comme celle de la fausse guêpe. L'on ne remarque pas moins de diversité dans la couleur dont ils sont parés.

Quelques-uns de ceux qui n'ont point de pieds, ont en divers endroits de petites pointes qui leur en tiennent lieu : ils s'en servent pour s'accrocher et se tenir fermes aux corps solides.

Le corps des insectes qui vivent dans l'eau, est naturellement couvert d'une espèce d'huîle qui empêche l'eau de s'y arrêter, et de retarder leur mouvement ; d'autres, comme l'araignée blanche de jardin, ont le corps entouré d'un rebord rouge qui en fait le cercle ; quelquefois ils ont de petits tubercules, qui non-seulement leur servent pour empêcher qu'en entrant et en sortant de leur trou le frottement ne les blesse, mais qui encore leur sont un ornement comme dans la chenille blanche à tache jaune, qui vit sur le saule. Ces tubercules ne sont pas tout à fait de la grandeur d'un grain de millet ; cependant on y aperçoit un mélange des plus belles couleurs, et ils ressemblent à ces petites boules remplies d'eau et diversement colorées. Enfin l'on en voit qui, comme les chameaux, ont une bosse sur le dos : telles sont les araignées.

De la partie postérieure du corps des insectes. Les uns l'ont unie, et les autres revêtue de poils. Les araignées y ont des mamelons, dont elles tirent leurs fils ; quelques-uns ont le derrière couvert d'une espèce d'écusson ; d'autres ont dans le même endroit une membrane roide qui leur sert de gouvernail, pour se tourner en volant du côté qu'il leur plait : elle est à ces insectes ce que la queue est aux oiseaux. L'on en trouve qui ont des soies au derrière ; d'autres ont des espèces de queues, qui sont ou droites, ou courbes, ou circonflexes. Il y en a encore qui ont des barbillons ou pointes, qui leur servent à différents usages, tantôt pour apercevoir ce qui les approche par derrière, tantôt pour s'accrocher, tantôt pour pousser leur corps en avant. La partie postérieure est encore le lieu de l'aiguillon de quelques insectes, ou de leur pincette faite en faucille. Enfin l'on trouve des insectes qui ont au derrière une fourche à deux dents.

Des parties de la génération des insectes. Les parties de la génération sont ordinairement placés au derrière dans les mâles ; l'on en voit cependant qui les portent pardevant sous le ventre, même d'autres à la tête. Ces parties sont ordinairement couvertes d'un poil extrêmement fin, à cause de leur délicatesse infinie. La queue des femelles leur sert de conduit, pour pondre leurs œufs dans les corps où elles veulent les introduire : cette queue ou ce conduit est creux en-dedans, et se termine en pointe. Comme les œufs ne descendent point par la pression de l'air, la nature y a formé plusieurs demi-anneaux vis-à-vis l'un de l'autre : qui facilitent cette descente. Les insectes les resserrent successivement, en commençant par celui qui est le plus près du ventre, et font tomber les œufs d'un anneau à l'autre par une espèce de mouvement péristaltique. La fente de ce canal est presque invisible pendant que les insectes sont en vie ; mais elle s'ouvre un peu davantage quand ils sont morts.

Toutes les femelles n'ont pas un pareil canal : celles qui déposent leurs œufs sur la surface des corps, les font passer immédiatement par les parties génitales. Il n'y a que celles qui les déposent dans la chair, dans d'autres insectes, dans les feuilles ou dans la terre, qui aient besoin d'un semblable tuyau, afin qu'elles puissent les introduire aussi profondément qu'il est nécessaire.

Ce tuyau ne sert pas toujours de canal aux œufs. L'on trouve certains insectes aquatiques, dont les mâles ont ce canal aussi-bien que les femelles ; ils s'en servent comme d'un soupirail, par lequel ils respirent un air frais. On les voit souvent avancer sur la superficie de l'eau l'ouverture de ce canal ; et l'on remarque même que quand ils sont rentrés sous l'eau, il s'élève de petites bulles d'air qu'ils en laissent échapper.

Pour ce qui concerne en particulier chaque partie du corps des insectes, voyez-les chacune dans leur ordre alphabétique. Article de M(D.J.)

CORPS ETRANGER, (Chirurgie) on entend par corps étrangers, toutes les choses qui n'entrent point actuellement dans la composition de notre corps. On les partage en deux classes : on met dans la première ceux qui se sont formés au-dedans de nous ; dans la seconde, ceux qui sont venus du dehors. Les uns et les autres peuvent être animés ou inanimés.

Ceux qui se sont formés chez nous, sont de deux espèces. Les uns se sont formés d'eux-mêmes : telles sont la pierre dans les reins, ou dans les uretères, ou dans la vessie, ou dans la vésicule du fiel, ou dans tout autre endroit du corps ; la mole dans la matrice, les vers, et d'autres insectes dans les intestins, ou dans quelque autre partie du corps. Les autres sont devenus corps étrangers, parce qu'ils ont séjourné trop longtemps dans le corps : tel est un enfant mort dans la matrice ; ou parce qu'ils se sont séparés du tout : telles sont les esquilles d'os, une escare, etc.

Les corps étrangers venus de dehors, sont entrés dans le corps en faisant une division, ou sans faire de division. Ceux qui entrent en faisant une division, sont tous les corps portés avec violence : tels qu'un dard, une balle de fusil, un éclat de bombe, de la bourre, etc. Ceux qui entrent sans faire de division sont de toutes espèces, et s'introduisent dans les ouvertures naturelles, dans les yeux, dans le nez, dans le gosier, dans les oreilles, dans l'anus, dans l'urethre, et dans la vessie.

On doit mettre parmi les corps étrangers l'air qui peut causer, en s'insinuant dans l'interstice des parties, des tumeurs qui prennent des noms differents, selon les parties où elles se trouvent. La tumeur faite d'air qui se trouve au ventre, s'appelle hydropisie tympanite ; celle qui se trouve aux bourses, se nomme pneumatocele ; celle qui se trouve à l'ombilic, s'appelle pneumatomphale. Si l'air s'est insinué dans tout le tissu cellulaire de la peau, le gonflement universel qui en résulte s'appelle emphyseme universel ; si l'air ne s'est insinué que dans une certaine étendue, on appelle la tumeur qu'il produit, emphyseme particulier. Le détail de toutes ces maladies appartient à une pathologie particulière. Voyez-en les articles.

Tous les corps étrangers doivent être tirés, dès qu'il est possible de le faire, de peur que ceux qui sont engendrés dans le corps, tels, par exemple, que les pierres contenues dans la vessie, n'augmentent en volume, ou que ceux qui sont venus en-dehors, n'occasionnent par leur pression des accidents qui empêchent leur extraction, ou qui la rendent difficile. Mais il y a différentes manières d'extraire les corps étrangers ; on ne peut tirer les uns que par une ouverture qu'on est obligé de faire ; on peut tirer les autres sans faire aucune division.

Si on tire un corps par l'endroit par lequel il est entré, cette manière s'appelle attraction ; si au contraire on le fait sortir par une ouverture opposée à celle où il est entré, cette manière s'appelle impulsion.

La diversité des corps étrangers qui peuvent entrer, les différents endroits où ils se placent, les moyens singuliers qu'il faut quelquefois inventer pour en faire l'extraction, enfin les accidents que ces corps étrangers occasionnent, demandent quelquefois de la part des Chirurgiens, beaucoup de génie et d'adresse.

Avant que de faire l'extraction d'un corps de quelque espèce que ce sait, on doit se rappeler la structure de la partie où il est placé ; s'informer et s'assurer, s'il est possible, de la grosseur, de la grandeur, de la figure, de la matière, de la quantité, de la situation du corps étranger, et de la force avec laquelle il a été poussé dans le corps, s'il est venu de dehors : il faut outre cela mettre le malade et la partie dans une situation commode, et telle que les muscles soient dans un état de relâchement, et faire choix des instruments les plus convenables pour en faire l'extraction.

Les corps étrangers entrés et engagés dans quelque ouverture naturelle, doivent être tirés promptement. On doit auparavant faire des injections d'huîle d'amande douce, pour lubrifier le passage et faciliter par ce moyen la sortie du corps. Quant aux corps étrangers qu'on ne peut tirer sans faire de division, ou sans agrandir l'ouverture déjà faite par le corps, il faut, en faisant cette division, éviter les gros vaisseaux, les tendons, et les nerfs ; la faire suivant la rectitude des fibres, des muscles, et proportionnée au volume du corps étranger, et même plus grande que petite, surtout si la partie qu'on ouvre est membraneuse et aponévrotique, pour éviter les accidents qui accompagnent presque toujours les petites divisions.

Les instruments dont on se sert pour faire l'extraction des corps étrangers, sont des curetes pour tirer ceux qui sont engagés dans l'oreille, ou dans l'urethre ; les différentes espèces de repoussoir et de pincettes pour tirer ceux qui sont engagés dans le gosier ; les tenettes, les pinces, les tire-balles de différentes espèces, grandeur et figure, pour tirer les pierres, les balles, et les corps étrangers semblables. On emploie encore plusieurs autres instruments, suivant les circonstances qui s'y rencontrent : mais on préfère toujours la main à tout instrument, lorsque le corps étranger est situé de façon qu'on peut le saisir avec les doigts.

On jugera par ce précis court, net, et méthodique, que j'ai tiré de M. de la Faye, combien cette partie de l'art est étendue, combien le chirurgien doit posséder de talents, de connaissances, et d'instruments différents, pour ce genre particulier d'opérations. Mais il y a plus : quelques lumières que le chirurgien ait acquises par ses études, quelques instructions qu'il ait prises dans les écoles, dans les hôpitaux, et dans les armées, quelques sommes qu'il ait pu employer pour se fournir d'un arsenal complet d'instruments, il faut qu'il compte souvent davantage sur son génie, que sur toutes autres ressources ; parce qu'il se présente plusieurs cas extraordinaires et imprevus, dans lesquels il ne peut être guidé que par son bon sens et son invention. Il faut alors qu'il sache tirer de son industrie seule, les moyens de procurer l'extraction des corps étrangers, arrêtés où enclavés dans une partie. Pour prouver ce que j'avance, je vais transcrire à ce sujet une observation fort curieuse, rapportée dans Dionis, et qui servira d'exemple.

" Un homme âgé de 27 ans, ayant reçu un violent coup de couteau sur la partie antérieure de la quatrième des vraies côtes, fut pansé très-simplement pendant les trois premiers jours ; mais une toux extraordinaire et un crachement abondant de sang étant survenus, on eut recours à M. Gerard. Il reconnut que les accidents dépendaient de la présence d'une portion de la lame du couteau qui traversait la côte, et dont la pointe excédait d'environ six lignes dans la cavité de la poitrine. Ce corps étranger débordait si peu l'extérieur de la côte, et y était tellement fixé, qu'il ne fut pas possible de le tirer avec différentes pincettes ou tenailles, ni même de l'ébranler au moyen des ciseaux et du marteau de plomb ; et quoique dans un cas aussi pressant il semble qu'on n'eut d'autre parti à prendre, que de scier ou de couper la côte, M. Gerard crut, avant d'en venir à cette extrémité, devoir tenter de dégager ce corps étranger, en le poussant de dedans en-dehors.

Dans ce dessein il alla choisir un dé dont les tailleurs se servent pour coudre ; il en prit par préférence un de fer, un peu épais, et fermé par le bout ; il y fit creuser une petite gouttière pour y mieux fixer la pointe du couteau ; et ayant suffisamment assujetti ce dé sur son doigt index, il porta ce doigt ainsi armé dans la cavité de la poitrine, et réussit par ce moyen à chasser le morceau de couteau, en le poussant avec force de dedans en-dehors.

Ayant tiré le corps étranger, il quitta le dé et remit le doigt index à nud dans la poitrine, pour examiner si le couteau en traversant la côte, ne l'aurait point fait éclater en-dedans ; il trouva un éclat capable de piquer, et qui tenait trop fortement au corps de la côte pour qu'on put l'en séparer entièrement : il prit donc le parti de l'en rapprocher, et pour le tenir au niveau de la côte, il se servit du doigt qui était dans la poitrine pour conduire une aiguille courbe enfilée d'un fil ciré. Il fit sortir cette aiguille au-dessus de la côte, qui par ce moyen se trouva embrassée par le fil en-dehors de la poitrine sur une compresse épaisse d'un pouce, et serra assez le nœud pour appliquer exactement et remettre au niveau l'esquille saillante.

On sent aisément que l'effet d'une manœuvre aussi ingénieuse a dû être non-seulement la cessation des accidents, mais encore une prompte guérison. "

Je n'ai pas parlé des médicaments attractifs pour tirer des plaies les corps étrangers, parce qu'il n'y a point de tels remèdes. Je sai bien qu'il se trouve des auteurs qui en distinguent de deux sortes, dont les uns, disent-ils, agissent par une qualité manifeste, comme la poix, la résine, le galbanum, et plusieurs autres gommes ; mais ce ne sont-là que des maturatifs, et les autres, ajoutent-ils, attirent par des qualités occultes, comme l'ambre jaune, l'aimant, etc. mais un très-bon chirurgien n'y donne aucune confiance ; il ne connait de moyens de tirer les corps étrangers, que ses doigts, ses instruments, et son génie pour en forger au besoin. Article de M(D.J.)

CORPS, se dit aussi en matière de Littérat. de plusieurs ouvrages de la même nature rassemblés et reliés ensemble.

Gratien a fait une collection des canons de l'Eglise, que l'on appelle corpus canonum. Voyez CANON. Le corps du droit civil est composé du digeste, du code, et des institutes. Voyez DROIT CIVIL. Voyez aussi CODE et DIGESTE. Voyez aussi plus bas CORPS (Jurisprudence) Nous avons aussi un corps des poètes grecs et un autre des poètes latins. (G)

* CORPS DE J. C. (religieux du) Histoire ecclésiast. ordre institué vers le commencement du XIVe siècle. Le fondateur n'en étant pas connu, on a supposé qu'après l'institution de la fête du saint Sacrement par Urbain IV. quelques personnes dévotes s'étaient associées pour adorer particulièrement la présence de J. C. au sacrement de l'autel, et réciter l'office composé par saint Thomas d'Aquin ; et que c'est de là que sont venus les religieux du corps de J. C. ou les religieux blancs du saint Sacrement, ou les frères de l'office du saint Sacrement ; et qu'on les assujettit à la règle de saint Benait. Après avoir erré en plusieurs endroits, Boniface IX. les unit en 1393 à l'ordre de Citeaux. Ils en furent ensuite séparés par différents événements ; et ils subsistèrent indépendants jusques sous Grégoire XIII. qui unit leur congrégation à celle du mont Olivet.

CORPS, (Jurisprudence) est l'assemblage de plusieurs membres ou parties qui forment ensemble un tout complet. Ce terme s'applique à différents objets qui vont être expliqués dans les subdivisions suivantes. (A)

CORPS et COMMUNAUTES. Ce terme comprend tous les corps politiques en général, c'est-à-dire toutes les personnes auxquelles il est permis de s'assembler et de former un corps ; car on ne peut faire aucunes assemblées sans permission du prince ; et ceux même auxquels il permet de s'assembler ne forment pas tous un corps ou communauté. Par exemple, les ordres de chevalerie ne sont pas des corps politiques, mais seulement un ordre, c'est-à-dire un rang et titre commun à plusieurs particuliers ; les avocats forment de même un ordre, sans être un corps politique.

Pour former un corps ou communauté, il faut que ceux qui doivent le composer aient obtenu pour cet effet des lettres patentes dû.ent enregistrées, qui les établissent nommément en corps et communautés, sans quoi ils ne seraient toujours considérés que comme particuliers. Il ne leur serait pas permis de prendre un nom collectif, ni d'agir sous ce nom ; et l'on pourrait leur ordonner de se séparer : ce qui est fondé sur deux motifs légitimes ; l'un d'empêcher qu'il ne se forme des associations qui puissent être préjudiciables au bien de l'état ; l'autre, d'empêcher que les biens qui sont dans le commerce des particuliers ne cessent d'y être, comme il arrive lorsqu'ils appartiennent à des corps et communautés. V. au mot COMMUNAUTE. (A)

CORPS DE DROIT, est la collection des differentes parties du Droit ; il y a deux sortes de corps de Droit, savoir le canonique et le civil. (A)

CORPS DE DROIT CANONIQUE, est la collection des différentes parties qui composent le droit canonique Romain : savoir le decret de Gratien, les decrétales de Grégoire IX. le sexte, les clémentines, les extravagantes communes, les extravagantes de Jean XXII. (A)

CORPS DES CANONS, est la collection ou code des canons des apôtres et des conciles. Voyez CANON et CONCILE. (A)

CORPS DE DROIT CIVIL ROMAIN ou DE DROIT CIVIL simplement, est la collection des différents livres de Droit composés par ordre de l'empereur Justinien, qui sont le code, le digeste, les institutes, les novelles, treize édits du même empereur, on y comprend aussi les novelles de Justin, quelques constitutions de Tibere, quelques-unes de Justinien et de Justin, les novelles de Léon, et celles de plusieurs autres empereurs ; les livres des fiefs, les constitutions de l'empereur Fréderic II. les extravagantes d'Henri VII. le livre de la paix de Constance. Dans quelques éditions du corps de Droit, on a encore compris les fragments de la loi des douze tables, qui est en effet la source de tout le droit Romain, quelques fragments d'Ulpen, les institutions de Caius. (A)

CORPS, (contrainte par) voyez ci-devant CONTRAINTE. (A)

CORPS DE COUR, c'est le corps d'une compagnie de justice, soit souveraine ou autre. Le terme de cour étant pris en cet endroit pour compagnie de justice en général, celui de corps est opposé à députation. Les compagnies vont aux cérémonies en corps de cour ou par députation. Elles sont en corps de cour, lorsque toute la compagnie y est censée présente, quoiqu'elle n'y soit pas toujours complete . Elles vont par députation, lorsque la compagnie commet seulement quelques-uns de ses membres pour la représenter. Une compagnie qui Ve en corps de cour, marche avec plus de pompe et de cérémonie ; et on lui rend de plus grands honneurs qu'à de simples députés. (A)

CORPS DE DELIT, est l'existence d'un délit qui se manifeste de manière qu'on ne peut douter qu'il ait été commis, et qu'il ne soit plus question que d'en découvrir l'auteur, et ensuite de le convaincre. Par exemple, on trouve le cadavre d'un homme assassiné, ou des portes enfoncées la nuit, voilà un corps de délit.

Il n'en faut pas davantage au juge du lieu pour informer de ce délit et en poursuivre la vengeance, quand il n'y aurait ni dénonciateur ni partie civile, parce qu'il importe pour le bien public que les crimes ne demeurent point impunis.

Quand il n'y a point de corps de délit bien constaté, on doit être fort circonspect à ne pas se déterminer trop légèrement par des présomptions, même pour ordonner la question, parce qu'il peut arriver que l'on impute à quelqu'un un délit qui ne soit point réel. On a Ve plusieurs fois des gens accusés, et même condamnés pour prétendu assassinat de gens qui ont ensuite reparu. (A)

CORPS, (femmes de) sont des femmes de condition servile. Voyez SERFS et MORTAILLABLES. (A)

CORPS DU FIEF, c'est le domaine du fief, tant utîle que direct ; il est opposé aux droits incorporels du fief. On appelle aussi corps du fief, ce qui en fait la principale portion relativement à celles qui en ont été démembrées, ou dont le seigneur s'est joué. Voyez FIEF, DEMEMBREMENT, JEU DE FIEF. (A)

CORPS, (gens de) c'est un des noms que l'on donne en quelques endroits aux serfs de main-morte. (A)

CORPS HEREDITAIRES, signifient des biens de la succession tels qu'ils sont en nature. La légitime doit être fournie en corps héréditaires, c'est-à-dire que le légitimaire doit avoir sa part des meubles et immeubles en nature, et qu'on ne peut, au lieu de meubles et immeubles, lui donner de l'argent. (A)

CORPS D'HERITAGES, se dit dans le même sens que corps héréditaires. (A)

CORPS, (hommes de) sont des serfs. Voyez SERFS et MORTAILLABLES. (A)

CORPS D'HOTEL, signifie une maison entière. Plusieurs coutumes disent que l'ainé pour son préciput a droit de prendre un corps d'hôtel. (A)

CORPS DES MARCHANDS, voyez MARCHANDS et CORPS (Commerce). (A)

CORPS DES METIERS, voyez METIERS. (A)

CORPS DE PREUVE ; c'est l'assemblage de plusieurs sortes de preuves, qui toutes ensemble forment une preuve complete . Voyez PREUVE. (A)

CORPS, (six) voyez CORPS DES MARCHANDS, CORPS (Commerce) (A)

CORPS DE VILLE, est une compagnie composée des officiers municipaux, tels que sont à Paris, et dans quelques autres villes, les prevôt des marchands et échevins, et autres officiers, ailleurs, les maire et échevins ; à Toulouse, les capitouls ; à Bordeaux, et dans quelques autres villes, les jurats ; et ailleurs, les consuls, les bailes, syndics, etc. (A)

CORPS, en Architecture, est toute partie qui par sa saillie excède le nud du mur, prend naissance dès le pied du corps-de-logis. On appelle le corps principal avant-corps du bâtiment, qui dans son extérieur est capable de contenir toutes les pièces nécessaires pour l'habitation du maître qui l'a fait bâtir, aussi bien que pour ses domestiques ; alors on l'appelle principal corps-de-logis. On dit corps-de-logis particulier, de celui qui ne contient qu'un petit appartement destiné pour les personnes de dehors, ou bien pour placer des caisses, des écuries, des remises ; et on appelle ces différents corps-de-logis suivant leur situation ; corps-de-logis de devant, lorsqu'il est sur la rue ; de derrière, lorsqu'il donne sur une cour ou sur un jardin ; corps-de-logis en aile, lorsqu'il est placé à la gauche ou à la droite d'une grande cour, et qu'il communique à ceux de devant et de derrière. (P)

CORPS-DE-GARDE, (Architecture) est devant un grand palais un logement au rez-de-chaussée pour les soldats destinés à la garde du prince. Ce lieu doit être vouté de peur du feu, et avoir une grande cheminée et des couchettes pour les paillasses, comme ceux du château de Versailles. (P)

CORPS DE BATAILLE, (Art militaire) c'est, lorsqu'une armée est divisée en trois lignes, la ligne du milieu, ou celle qui est entre l'avant-garde, et l'arriere-garde. (Q)

CORPS-DE-GARDE, (Art militaire) est dans l'Art militaire un petit détachement de soldats pour faire une garde particulière. On en tire des sentinelles pour les poser dans les lieux où il en est besoin.

On appelle aussi corps-de-garde, dans les places de guerre, de petits bâtiments pratiqués dans les places et dans les dehors, pour mettre les soldats et les officiers de garde à l'abri du mauvais temps. (Q)

CORPS-DE-GARDE, (Art militaire) est un poste quelquefois couvert, quelquefois découvert, destiné pour mettre des gens de guerre qui sont de temps en temps relevés par d'autres, pour veiller tour-à-tour à la conservation d'un poste considérable. Voyez GARDE.

Le nom de corps-de-garde ne signifie pas seulement le poste, mais encore les troupes qui l'occupent. Chambers.

On pose ordinairement un grand et un petit corps-de-garde à une distance considérable des lignes, pour être plus promptement averti de l'approche de l'ennemi. Voyez GARDES ORDINAIRES. (Q)

CORPS D'UNE PLACE, dans l'Art militaire, est proprement ce qui en forme immédiatement l'enceinte. Ainsi les bastions et les courtines forment le corps de nos places fortifiées à la moderne. (Q)

CORPS DE BATAILLE, (Marine) on donne ce nom à l'escadre qui est placée au milieu de la ligne. Dans un combat naval, c'est ordinairement l'escadre ou la division du commandant qui se place au milieu, et qui fait le corps de bataille. (Z)

CORPS-DE-GARDE dans un vaisseau, (Marine) c'est ordinairement la partie qui se trouve sous le gaillard de l'arrière, qu'on appelle demi-pont. Voyez Marine, Pl. I. lett. K. (Z)

CORPS-MORT, (Marine) c'est une grosse pièce de bois qu'on enfonce fortement dans la terre, et un peu inclinée, à laquelle tient une chaîne de fer qui sert à amarrer les vaisseaux. (Z)

CORPS, (Marine) on dit le corps du vaisseau ; c'est le corps du bâtiment sans ses agrés et apparaux, comme voiles, cordages, etc. (Z)

CORPS, dans le Commerce, se dit de plusieurs marchands ou négociants dans un même genre, qui forment une compagnie réglée par les mêmes statuts, et soumise aux mêmes chefs ou officiers.

Il y a à Paris six corps de marchands, qui sont regardés comme les principaux canaux et instruments du commerce de cette grande ville.

Le premier est celui de la Draperie. Voyez DRAPERIE.

Le second, celui de l'Epicerie. Voyez EPICERIE.

Le troisième, celui de la Mercerie. Voyez MERCERIE.

Le quatrième, celui de la Pelleterie. Voyez PELLETERIE.

Le cinquième, celui de la Bonnetterie. Voyez BONNETTERIE.

Le sixième est le corps de l'Orfèvrerie. Voyez ORFEVRERIE.

Chacun de ces corps a ses maîtres et gardes en charge, qui en sont comme les chefs ou officiers.

Les assemblées particulières de chaque corps se font dans le Bureau de ce corps ou maison commune qu'a chacun d'eux pour traiter de sa police et de ses affaires particulières. Mais les assemblées générales se font ordinairement dans le bureau des Drapiers, qui seuls sont en droit de les convoquer, à cause du premier rang qu'ils y tiennent ; et c'est toujours le premier grand-garde de la Draperie qui préside.

Ce sont les maîtres et gardes des six corps des marchands qui ont l'honneur de porter le dais sur les Rais, les Reines, et autres princes, princesses, et seigneurs qui font leur entrée publique à Paris, chaque corps alternativement, depuis le trône dressé hors des barrières de la porte Saint-Antoine, jusque dans le Louvre.

Les six corps de marchands de Paris ont une devise, qui a pour corps un homme assis tenant en ses mains un faisceau de baguettes qu'il s'efforce de rompre sur le genou, et pour âme ces mots : Vincit concordia fratrum Voyez le Dict. de Commerce. (G)

CORPS, se dit aussi des communautés des arts et métiers, c'est-à-dire de toutes les sortes d'artisans et d'ouvriers qui ont été réunis en divers corps de jurande. On dit plus ordinairement communauté. Voyez COMMUNAUTE. Ibid. (G)

CORPS DE JURANDE ; ce sont les communautés d'artisans à qui, par des lettres patentes des rais, il a été accordé des jurés, le droit de faire des apprentis, la maitrise, et des statuts de police et de discipline. Voyez JURES et JURANDE Ibid. (G)

CORPS DE POMPE, voyez POMPE.

CORPS D'ENTREE, (Danse) ce sont les chœurs de danse qui figurent dans un ballet, et qu'on nomme aussi figurants. Le corps d'entrée est ordinairement composé de huit danseurs et danseuses ; quelquefois ils sont jusqu'à seize. Voyez ENTREE, FIGURANT, ADRILLEILLE. (B)

CORPS, en Vénerie, se dit quand il s'agit de la tête d'un cerf, d'un dain, et d'un chevreuil, et des perches et du merrein où sont attachés les andouillers ; et quand il s'agit du pied, il se dit des deux côtés du pied d'une bête fauve, et des pinces qui forment le bout du pied.

CORPS LIGNEUX, (Histoire naturelle Botanique) ce qui est renfermé dans la tige couverte de l'écorce dont il tire son origine, aussi-bien que de la graine ; son tissu est plus serré, et forme un cercle plein de pores, plus ouverts que ceux de l'écorce. (K)

CORPS, dans les Arts mécaniques, se dit ordinairement de quelque partie principale d'un ouvrage, d'une machine : en voici quelques exemples.

CORPS DE SEAU, en terme de Boisselerie ; c'est une planche de hêtre fendue très-mince, haute d'environ un pied, dont on fait le milieu ou corps du seau.

CORPS DE CARROSSE ; c'est ainsi que les Selliers appellent le carosse, avant qu'il soit posé sur ses roues et sur son train.

CORPS, dans l'Ecriture ; est relatif à la hauteur et à la force du caractère : ainsi une écriture qui peche par le corps, est ou trop maigre ou trop courte, etc. Le corps a la hauteur de huit becs de plume et cinq et demi de large pour le titulaire ; quatre et demi pour la hauteur de la ronde, et quatre environ de large ; pour la coulée, sept et demi de hauteur et cinq de large.

Les majeurs ou mineurs qui excédent les autres lettres, se partagent en trois parties ; le corps intérieur ou médial de la figure, le corps supérieur qui excède au-dessus du caractère, et l'inférieur qui excède en-dessous.

* CORPS, (Fonderie en caractères d'Imprimerie) Les caractères d'imprimerie ont une épaisseur juste et déterminée, relative à chaque caractère en particulier, et sur lesquels ils doivent être fondus : c'est cette épaisseur qui s'appelle corps, qui fait la distance des lignes dans un livre ; et on peut dire qu'il y a autant de corps dans une page, qu'il y a de lignes : c'est ce corps qui donne le nom au caractère, et non l'oeil de la lettre. Cependant pour ne rien confondre, lorsque l'on fond, par exemple, un cicéro sur le corps de saint-augustin, pour donner plus de blanc entre les lignes de ce cicero, pour les ouvrages de poésie ou autres, on dit pour lors oeil de cicéro sur le corps de saint-augustin. Voyez CARACTERES.

On dit corps faible et corps fort, par un abus qui vient de l'ignorance des premiers temps de l'imprimerie, qui n'a été remarqué qu'en 1742 par le sieur Fournier le jeune, graveur et fondeur de caractères à Paris. Il a donné un plan qui assigne au corps des caractères une épaisseur fixe et déterminée, et une correspondance générale entr'eux. N'y ayant point de règle sure pour exécuter les caractères avant que le sieur Fournier en ait donné, il est arrivé que chaque imprimeur a fait faire ces caractères suivant les modèles qu'il a trouvé chez lui, ou qu'il a voulu choisir : ainsi, il commande, par exemple, un caractère de cicéro, sans connaître la mesure déterminée et exacte que devrait avoir ce corps ; un autre a le même caractère, dont le corps est un peu plus fort ; un troisième en a un plus faible, et ainsi des autres. D'un même caractère ainsi différent de corps, on appelle le plus épais corps fort, et les autres corps faible. Ces corps ainsi confondus, n'ont ni mesure, ni justesse, ni correspondance ; ce qui jette une grande confusion dans l'imprimerie, et elle subsistera tant qu'on n'exécutera point les proportions données par ledit sieur Fournier. V. l'art. CARACTERE.

CORPS, en termes de Fondeur de cloches, est la troisième partie de la plus grande épaisseur du bord de la cloche, ou la quarante-cinquième du diamètre. Voyez l'article FONTE DES CLOCHES.

CORPS, (Jouaillerie) il se dit de l'anneau d'une bague. Lorsqu'une bague a une tête, l'anneau qui la supporte s'appelle le corps de bague.

CORPS, (Maréchalerie) on appelle ainsi les côtes et le ventre du cheval. Avoir ou n'avoir point de corps. Voyez l'article suivant. (V)

CORPS, (avoir du) Maréchall. se dit d'un cheval qui a le flanc rempli, et les côtes évasées et arrondies. N'avoir point de corps, se dit d'un cheval qui a les côtes plates, et dont le ventre Ve en diminuant vers les cuisses, comme celui d'un levrier. Les chevaux d'ardeur sont sujets à cette conformation. Avoir de la noblesse, se dit principalement d'un cheval qui a le cou long et relevé, et la tête haute et bien placée. Avoir du ventre, se dit en mauvaise part d'un cheval qui a le ventre trop gros, ce qui est un signe de paresse. Avoir de l'haleine et du fond, se disent communément des chevaux qu'on emploie à courir, quand ils résistent longtemps à cet exercice sans s'essouffler, et qu'ils le peuvent recommencer souvent sans se fatiguer. Avoir des reins ou du rein, se dit d'un cheval vigoureux, ou de celui dont les reins se font sentir au cavalier, parce qu'ils ont des mouvements trop durs et trop secs. Avoir le nez au vent, se dit d'un cheval qui lève toujours le nez en-haut ; c'est un défaut qui provient souvent de ce que le cheval ayant les os de la ganache serrés, a de la peine à bien placer sa tête : ce défaut vient aussi quelquefois de ce qu'il a la bouche égarée, c'est-à-dire déreglée. Avoir l'éperon fin, se dit d'un cheval fort sensible à l'éperon, et qui s'en aperçoit pour peu qu'on l'approche. Avoir de la tenue à cheval, se dit du cavalier qui y est ferme et ne se déplace point, quelques mouvements irréguliers que le cheval fasse. Avoir du vent, se dit d'un cheval poussif. (V)

CORPS DE RANG, terme de Perruquier ; ce sont des tresses qui se cousent au-dessus des tournans, en allant depuis les temples jusqu'à la nuque. Voyez l'art. PERRUQUE.

CORPS, (Manufacture en soie) c'est l'assemblage de toutes les mailles attachées aux arcades. Voyez ARCADES et VELOURS.

CORPS ; c'est, chez les Tailleurs, la partie d'un habit qui couvre depuis le cou jusqu'à la ceinture : ainsi ils disent un corps de pourpoint ; doubler un habit dans le corps.

Quoique nous ayons rapporté un grand nombre d'acceptions différentes du mot corps, nous ne nous flattons pas de n'en avoir omis aucune ; mais celles qui précèdent suffisent pour donner une idée de l'étendue dans la langue, de ce mot qui désigne une chose qui en a tant dans la nature.



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