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Catégorie : Optique
S. f. (Ordre encyclopédique, Entendement, Raison, Philosophie ou Science, Science de la nature, Mathématiques, Mathématiques mixtes, Optique, Catoptrique) la science de la vision réfléchie, ou la partie de l'Optique, qui enseigne les lois que suit la lumière réfléchie par les miroirs. Voyez MIROIR et REFLEXION ; voyez aussi VISION, LUMIERE, et OPTIQUE : vous trouverez à ces articles les principes et les lois de la Catoptrique. Ce mot vient du grec , speculum ; formé de et , video, je vais.

La Catoptrique traite non-seulement de la réflexion des rayons de lumière et des lois que suit cette réflexion ; elle traite aussi des phénomènes qui en résultent par rapport à la vision, et cette partie est extrêmement curieuse. Cependant les principes n'en sont pas encore bien développés, surtout par rapport à ce qui concerne le lieu de l'image, et sa grandeur apparente. Sur quoi voyez l'article APPARENT.

Les principaux auteurs qui ont traité de la Catoptrique, sont parmi les anciens, Euclide avant J. C. Alhazen et Vitellion dans le XIe et XIIe siècles ; et parmi les modernes, le P. Tacquet, le P. Fabri, dans son livre intitulé Synopsis Optica ; Jacques Gregory, dans son Optica promota, et surtout le célèbre Isaac Barrow dans ses Leçons optiques : ce dernier ouvrage est sans contredit le meilleur ; l'auteur semble y avoir démontré les lois de la Catoptrique par des principes plus exacts et plus lumineux que les auteurs qui l'ont précédé ; cependant il ne traite que des propriétés des miroirs sphériques, soit concaves, soit convexes ; et il ne dit rien des miroirs plans. Les propriétés de ces derniers miroirs sont démontrées fort au long dans le I. livre de la Catoptrique du P. Tacquet, imprimé dans le recueil de ses œuvres, in-folio M. Smith dans son Optique, a aussi traité avec beaucoup d'étendue des lois de la Catoptrique.

Catoptrique se prend aussi adjectivement pour ce qui a rapport à la Catoptrique, ou ce qui s'exécute par des rayons réfléchis : ainsi,

Cadran CATOPTRIQUE, c'est un cadran qui représente les heures par des rayons réfléchis. Voyez CADRAN.

Télescope CATOPTRIQUE, c'est un télescope qui représente les objets par réflexion. Voyez l'article TELESCOPE.

Boite ou caisse CATOPTRIQUE, est une machine qui représente les petits corps comme très-gros, et ceux qui sont proches comme très-grands, et répandus dans un grand espace. On y voit aussi beaucoup de phénomènes amusans, par le moyen de divers miroirs qui sont disposés suivant les règles de la Catoptrique, dans une espèce de caisse.

Il y en a de différentes espèces, suivant les différentes intentions de celui qui les construit ; les unes multiplient les objets ; d'autres les rendent difformes ; d'autres les grossissent, etc. Nous allons donner la construction de deux, ce qui suffira pour faire voir comme il faudrait s'y prendre pour en faire une infinité d'autres.

Manière de faire une caisse catoptrique qui représente les objets en différente situation. Ayez une boite ou caisse polygone de la figure du prisme multilatère A B C D E F, (Pl. Opt. fig. 19. n°. 1. et 2.) et divisez sa cavité par les plans diagonaux E B, FC, D A, qui se coupent les uns les autres dans l'axe, et forment par-là autant de petites loges triangulaires que le polygone a de côtés. Doublez les plans diagonaux avec des miroirs plans, et pratiquez dans les plans latéraux des trous ronds, à-travers lesquels vous puissiez regarder dans les cellules de la caisse ; remplissez ces trous de verres plans ; placez dans les cellules les différents objets dont vous voulez voir les images ; et enfin couvrez le dessus de la caisse de quelque membrane fine ou transparente, ou de parchemin qui donne passage à la lumière, et la machine sera achevée.

Car les lois de la réflexion enseignent que les images placées dans les angles d'un miroir sont multipliées, et devaient paraitre les unes plus éloignées que les autres ; d'où il s'ensuivra que les objets placés dans une cellule, paraitront remplir plus d'espace que la caisse entière : ainsi regardant par un des trous, on verra les objets de la cellule correspondante multipliés et répandus dans un espace beaucoup plus grand que la boite entière ; et par conséquent chaque trou donnera un nouveau spectacle. Voyez ANAMORPHOSE et MIROIR.

On rendra transparent le parchemin dont on doit couvrir la machine, en le lavant plusieurs fois dans une lessive fort claire, puis dans de belle eau, et en l'attachant bien serré, et l'exposant à l'air pour sécher. Si on voulait jeter quelque couleur sur les objets, on en viendrait à bout en donnant cette couleur au parchemin. Zhan conseille le verd-de-gris mêlé dans du vinaigre, pour le verd ; la décoction de bois de Bresil, pour le rouge : il ajoute qu'il faut vernir le parchemin, si on veut donner de l'éclat aux objets. Wolf, éléments de Catoptrique.

Manière de faire une caisse catoptrique, qui représente les objets qu'on y aura placés, fort multipliés, et répandus dans un grand espace. Faites une boite ou caisse polygone comme ci-dessus, mais sans diviser la cavité interne en plans, Planches d'Optiq. fig. 19. n°. 2. doublez les plans latéraux C B H I, B HL A, A L M F, de miroirs plans, etc. et dans les trous ou ouvertures enlevez l'étain et le vif-argent qui couvre la surface intérieure du miroir, de façon que l'oeil puisse voir au-travers ; mettez ensuite dans la caisse un objet, par exemple, un oiseau en cage, etc.

L'oeil regardant par le trou h i, verra l'objet au fond prodigieusement multiplié, et ses images placées à une distance égale les unes des autres. Si on pratiquait donc dans le palais d'un prince une grande chambre polygone, qu'on tapissât de grandes glaces qui fussent ouvertes en quelques endroits, où on adapterait des verres plans transparents pour lui donner du jour il est évident que ces glaces y feraient voir une grande variété d'objets. Voyez MIROIR, REFLEXION, etc.

Comme les miroirs parallèles sont ceux de tous qui multiplient davantage les objets, la forme qui convient le plus à ces sortes d'appartements, est la forme exagone ; parce que les miroirs y seront tous parallèles deux à deux, et en assez grand nombre pour donner un spectacle agréable sans confusion : mais il faut avoir soin que les miroirs soient bien parallèles, et de plus que leur surface soit bien plane et bien unie ; autrement le nombre réitéré de réflexions pourrait rendre les images difformes. On voit encore aujourd'hui dans plusieurs châteaux des salles ainsi remplies de glaces, qui produisent un très-bel effet : c'est surtout la nuit aux lumières, que ces sortes de spectacles forment le plus beau coup-d'oeil. Tous ces phénomènes s'expliquent par les propriétés des miroirs plans combinés, que l'on peut voir à l'article MIROIR. Wolf, ibid. (O)




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