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Catégorie parente: Science
Catégorie : Optique
S. f. en Optique, est la peinture naturelle et très-ressemblante qui se fait des objets, quand ils sont opposés à une surface bien polie. Voyez MIROIR.

Image signifie plus généralement le spectre ou la représentation d'un objet que l'on voit, soit par réflexion, soit par réfraction. Voyez VISION.

C'est un des problêmes des plus difficiles de l'Optique, que de déterminer le lieu apparent de l'image d'un objet que l'on voit dans un miroir, ou à-travers un verre. Voyez ce que nous avons dit sur ce sujet aux articles APPARENT, MIROIR, DIOPTRIQUE, etc.

IMAGE, (Histoire ancienne et moderne) se dit des représentations artificielles que font les hommes, soit en peinture ou sculpture ; le mot d'image dans un sens est consacré aux choses saintes ou regardées comme telles. L'usage et l'adoration des images ont essuyé beaucoup de contradictions dans le monde. L'hérésie des Iconoclastes ou Iconomaques, c'est-à-dire, brise-images, qui commença sous Leon l'Isaurien en 724, remplit l'empire grec de massacres et de cruautés, tant sous ce prince, que sous son fils Constantin Copronyme ; cependant l'église grecque n'abandonna point le culte des images, et l'église d'Occident ne le condamna pas non plus. Le concîle tenu à Nicée sous Constantin et Irene, rétablit toutes choses dans leur premier état ; et celui de Francfort n'en condamna les décisions que pour une erreur de fait et sur une fausse version. Cependant depuis l'an 815 jusqu'à l'année 855, la fureur des Iconoclastes se ralluma en Orient, et alors leur hérésie fut totalement éteinte : mais diverses sectes, à commencer par les Petrobrusiens et les Henriciens l'ont renouvellée en Occident depuis le douzième siècle. A examiner tout ce qui s'est passé à cet égard, et à juger sainement des choses, on voit que ces sectaires et leurs successeurs ont fait une infinité de fausses imputations à l'église Romaine, dont la doctrine a toujours été de ne déférer aux images qu'un culte relatif et subordonné très-distinct du culte de latrie, comme on le peut voir dans l'exposition de la foi de M. Bossuet. Ainsi tant de livres, de déclamations, de satyres violentes des ministres de la Religion Prétendue Réformée, pour prouver que les Catholiques romains idolatraient et violaient le premier commandement du décalogue, ne sont autre chose que le sophisme que les Dialecticiens appellent ignoratio elenchi. Ces artifices sont bons pour séduire des ignorants ; mais il est étonnant que l'esprit de parti ait aveuglé des gens habiles d'ailleurs, jusqu'à leur faire hasarder de pareils écrits, et à les empêcher de discerner les abus qui pourraient se rencontrer dans le culte des images, d'avec ce que l'Eglise en avait toujours cru, et d'avec le fond de sa doctrine sur cet article.

Les Luthériens blâment les Calvinistes d'avoir brisé les images dans les églises des Catholiques, et regardent cette action comme une espèce de sacrilège, quoiqu'ils traitent les Catholiques romains d'idolâtres, pour en avoir conservé le culte. Les Grecs ont poussé ce culte si loin, que quelques-uns d'entr'eux ont reproché aux Latins de ne point porter de respect aux images ; cependant l'église d'Orient et celle d'Occident n'ont jamais disputé que sur des termes ; elles étaient d'accord pour le fond.

Les Juifs condamnent absolument les images, et ne souffrent aucunes statues ni figures dans leurs maisons, et encore moins dans leurs synagogues et dans les autres lieux consacrés à leurs dévotions. Les Mahométans ne les peuvent souffrir non plus, et c'est en partie pour cela qu'ils ont détruit la plupart des beaux monuments d'antiquité sacrée et profane, qui étaient à Constantinople.

Les Romains conservaient avec beaucoup de soin les images de leurs ancêtres, et les faisaient porter dans leurs pompes funèbres et dans leurs triomphes. Elles étaient pour l'ordinaire de cire et de bois, quoiqu'il y en eut quelquefois de marbre ou d'airain. Ils les plaçaient dans les vestibules de leurs maisons, et elles y demeuraient toujours, quoique la maison changeât de maître, parce qu'on regardait comme une impiété de les déplacer.

Appius Claudius fut le premier qui les introduisit dans les temples l'an de Rome 259, et qui y ajouta des inscriptions, pour marquer l'origine de ceux qu'elles représentaient, aussi bien que les actions par lesquelles ils s'étaient distingués.

Il n'était pas permis à tout le monde de faire porter les images de ses ancêtres dans les pompes funèbres. On n'accordait cet honneur qu'à ceux qui s'étaient acquittés glorieusement de leurs emplois. Quant à ceux qui s'étaient rendus coupables de quelques crimes, on brisait leurs images.

IMAGE, (Belles Lettres) se dit aussi des descriptions qui se font par le discours. Voyez DESCRIPTION.

Les images, suivant la définition qu'en donne Longin, sont des pensées propres à fournir des expressions, et qui présentent une espèce de tableau à l'esprit.

Il donne, dans un autre endroit, à ce mot un sens beaucoup moins étendu, lorsqu'il dit que les images sont des discours que nous prononçons, lorsque par une espèce d'enthousiasme, ou émotion extraordinaire de l'âme, nous croyons voir les choses dont nous parlons, et que nous tâchons de les peindre aux yeux de ceux qui nous écoutent.

Les images, dans la Rhétorique, ont un tout autre usage que parmi les Poètes. Le but qu'on se propose dans la Poésie, c'est l'étonnement et la surprise ; au lieu que dans la prose, c'est de bien peindre les choses, et de les faire voir clairement. Elles ont pourtant cela de commun, qu'elles tendent à émouvoir dans l'un et l'autre genre. Voyez POESIE.

Ces images ou ces peintures sont d'un grand secours pour donner du poids, de la magnificence et de la force au discours. Elles l'échauffent et l'animent, et quand elles sont menagées avec art, dit Longin, elles domptent, pour ainsi dire, et soumettent l'auditeur.

On appelle généralement images, tant en éloquence qu'en poésie, toute description courte et vive, qui présente les objets aux yeux autant qu'à l'esprit. Telle est dans Virgile cette peinture de la consternation de la mère d'Euryale, en apprenant la mort de son fils :

Miserae calor ossa reliquit,

Excussi manibus radii, revolutaque pensa.

Aeneid. IX.

ou cette autre de Verrès par Ciceron : Stetit soleatus praetor populi romani, cum pallio purpureo, tunicaque talari, mulierculâ nixus in littore ; ou cette image de Racine dans Athalie :

De princes égorgés la chambre était remplie,

Un poignard à la main l'implacable Athalie

Au carnage animait ses barbares soldats, &c.

Voyez HYPOTIPOSE.

IMAGE, (Gravure) il se dit aussi de certaines estampes pieuses, ou autres, grossièrement gravées. C'est de-là que vient le substantif imager, ou marchand d'images. On dit de ceux qui sont curieux de livres embellis d'estampes, qu'ils aiment les images.

On fait des images et médailles avec la colle de poisson. Pour cet effet, prenez de la colle de poisson bien nette et bien claire ; brisez-la avec un marteau ; lavez-la d'abord en eau claire et fraiche, ensuite en eau tiede ; ayez un pot neuf ; mettez-la dans ce pot à tremper dans de l'eau pendant une nuit ; faites-la bouillir doucement une heure jusqu'à ce qu'elle prenne corps ; elle en aura suffisamment, si elle fait la goutte sur l'ongle. Cela fait, ayez vos moules prêts ; serrez-les à l'entour d'une corde, ou avec du coton, ou d'une meche de lampe, qui serve à retenir la colle ; frottez-les de miel ; versez dessus la colle jusqu'à ce que tout le moule en soit couvert ; exposez-les au soleil ; la colle s'égalisera et se séchera ; quand elle sera seche, l'image se détachera du creux, d'elle-même, sera mince comme le papier, ou de l'épaisseur d'une médaille, selon la quantité de colle dont on aura couvert le moule. Les traits les plus déliés seront rendus, et l'image sera lustrée. Si on l'eut voulu colorer, on eut teint l'eau dans laquelle on a fait bouillir la colle, soit avec le bois de Brésil, de Fernambouc, soit avec la graine d'Avignon, le bois d'Inde, etc. Il faut que l'eau n'ait qu'une teinte légère, et que la colle ne soit pas trop épaisse ; l'image en viendra d'autant plus belle.




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