S. f. pl. (Philosophie, Logique et Morale) Les penchans, les inclinations, les désirs et les aversions, poussés à un certain degré de vivacité, joints à une sensation confuse de plaisir ou de douleur, occasionnés ou accompagnés de quelque mouvement irrégulier du sang et des esprits animaux, c'est ce que nous nommons passions. Elles vont jusqu'à ôter tout usage de la liberté, état où l'âme est en quelque manière rendue passive ; de-là le nom de passions.
L'inclination ou certaine disposition de l'âme, nait de l'opinion où nous sommes qu'un grand bien ou un grand mal est renfermé dans un objet qui par cela même excite la passion. Quand donc cette inclination est mise en jeu (& elle y est mise par tout ce qui est pour nous plaisir ou peine), aussi-tôt l'âme, comme frappée immédiatement par le bien ou par le mal, ne modérant point l'opinion où elle est que c'est pour elle une chose très-importante, la croit par-là même digne de toute son attention ; elle se tourne entièrement de son côté, elle s'y fixe, elle y attache tous ses sens, et dirige toutes ses facultés à la considérer ; oubliant dans cette contemplation, dans ce désir ou dans cette crainte presque tous les autres objets : alors elle est dans le cas d'un homme accablé d'une maladie aiguë ; il n'a pas la liberté de penser à autre chose qu'à ce qui a du rapport à son mal. C'est encore ainsi que les passions sont les maladies de l'âme.
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