S. f. en terme de Physique, se dit de la situation mutuelle de deux lignes ou de deux plans l'un par rapport à l'autre, en sorte qu'ils forment au point de leur concours un angle aigu ou obtus.

L'inclinaison d'une ligne droite à un plan est l'angle aigu que cette ligne droite fait avec une autre ligne droite tirée dans ce plan par le point où il se trouve coupé par la ligne inclinée, et par le point où il se trouve aussi coupé par une perpendiculaire tirée de quelque point que ce soit de la ligne inclinée. Voyez LIGNE.

Quelques auteurs d'Optique appellent angle d'inclinaison ce que les autres appellent angle d'incidence, voyez INCIDENCE ; mais l'usage le plus commun est d'appeler angle d'inclinaison (fig. 26. Optiq.) les angles A B D, C B G, formés par les rayons A B, B C, et la surface D E.

L'inclinaison de l'axe de la terre est le complément de l'angle que cet axe fait avec le plan de l'écliptique, ou l'angle compris entre le plan de l'équateur et celui de l'écliptique, qui est d'environ 23 deg. 1/2.

L'inclinaison d'une planète à l'écliptique est l'angle compris entre l'écliptique et le lieu de la planète dans son orbite. La plus grande inclinaison de Saturne, suivant Kepler, est de 2d 32'; celle de Jupiter 1d 20', celle de Mars 1d 50' 30'', celle de Vénus de 30d 22', celle de Mercure de 6d 54'.

Suivant M. de la Hire, la plus grande inclinaison de Saturne est de 2d 33' 30'', celle de Jupiter de 1d 19' 20'', celle de Mars de 1d 51' 0'', celle de Vénus de 3d 23' 5'', et celle de Mercure de 6d 52' 0''.

C'est une assez grande question dans l'Astronomie physique, que de savoir la cause de l'inclinaison des orbites des planètes à l'écliptique. Dans le système de Newton on n'en rend aucune raison, et ce phénomène parait être du nombre de ceux dont ce philosophe a dit à la fin de ses principes qu'ils n'ont point de principe mécanique, originem non habent ex causis mechanicis. Descartes a tenté de l'expliquer ; mais ses efforts et ceux de ses sectateurs n'ont pas été fort heureux, et cette inclinaison des orbites est même une des principales difficultés qu'on oppose au système des tourbillons. Car comment concevoir que les planètes ne se meuvent pas dans un même plan, ou dans des plans parallèles, si les couches du tourbillon ne se croisent pas ; et si ces couches se croisent, comment peuvent-elles conserver leur mouvement ? L'académie royale des Sciences de Paris proposa cette question en 1734 pour le sujet du prix qu'elle donne tous les ans, et elle partagea ce prix entre deux pièces, l'une de M. Jean Bernoulli, professeur de Mathématique à Basle, l'autre de M. Daniel Bernoulli son fils. La pièce de M. Jean Bernoulli est intitulée nouvelle physique céleste ; il y donne un système général de l'univers, sur lequel on pourrait faire beaucoup d'objections, et il y explique conformément à son système, le phénomène dont il s'agit. A l'égard de M. Daniel Bernoulli, ce que sa pièce a de plus remarquable et de plus ingénieux, c'est un calcul qu'il fait, et par lequel il prétend prouver que l'inclinaison des orbites des planètes n'est point l'effet du hasard, et qu'elle doit nécessairement avoir une cause mécanique : voici à peu près le précis de son raisonnement ; il remarque que les planètes ne s'éloignent pas beaucoup de l'écliptique, et que l'orbite de Mercure, qui est celle qui s'en éloigne le plus, ne fait qu'un angle d'environ sept degrés avec l'écliptique ; de sorte que les orbites des planètes n'occupent sur la sphère du monde qu'une zone de la largeur d'environ sept degrés. Il calcule ensuite combien il y a à parier que sept corps jetés au hazard sur la surface d'une sphère y seront disposés dans une zone plus grande que sept degrés, et il trouve qu'il y a 1419856 à parier contre 1, qu'elles n'iraient pas toutes vers le même côté du ciel entre des limites si étroites ; d'où il conclut que cette inclinaison a nécessairement une cause. Mais 1°. ne pourrait-on pas répondre que les cometes, qui sont des planètes véritables, ont des orbites fort élevées au-dessus du plan de l'écliptique, et qu'ainsi sur le nombre de toutes les planètes, qui est peut-être très-grand, il n'est pas surprenant qu'il y en ait sept qui soient à peu près dans le plan de l'écliptique ? 2°. Ne pourrait-on pas croire que le calcul des lois du sort ne doit pas s'appliquer ici ? En effet, quand on calcule quelque chose par ces lais, il s'agit toujours d'un effet qui n'est point encore arrivé ; et comme tous les effets sont également possibles, on détermine aisément qu'il y a tant à parier qu'un effet déterminé n'arrivera pas. Mais quand une fois l'effet est arrivé, il est alors inutîle de se servir des lois du sort pour savoir combien il y avait à parier qu'il n'arriverait pas ; car tous les effets sont également possibles, comme nous l'avons déjà dit, et il faut bien qu'il en arrive quelqu'un ; de sorte qu'il n'est pas extraordinaire que tel effet arrive plutôt que tel autre. Par exemple, si deux personnes jouent ensemble avec deux dez, il y a 35 à parier contre 1, qu'un des joueurs n'amenera pas deux 6 à la fais, mais il y a de même 35 à parier contre 1, qu'il n'amenera pas deux autres nombres quelconques ; par exemple, 3 avec le dez A et 4 avec le dez B ; par conséquent si le joueur dont il s'agit amène par hazard deux 6, cela n'est pas plus singulier que s'il amenait 3 avec le dez A et 4 avec le dez B. Nous avons cru devoir nous étendre un peu là-dessus, parce qu'il nous parait que le calcul des lois du sort pourrait donner souvent lieu à des raisonnements de cette espèce qui ne seraient pas concluans, ou qui s'ils l'étaient, donneraient lieu à des doutes très-fondés sur la manière dont on calcule les lois du sort. Voyez l'article JEU. De quelque manière que les planètes soient disposées, il y avait avant la création, l'infini contre 1 à parier qu'elles ne le seraient pas ainsi, parce qu'il y avait une infinité d'autres manières de les disposer ; mais je ne vois pas qu'on en puisse conclure que leur disposition présente est plutôt qu'une autre, l'effet d'une cause mécanique.

Inclinaison d'un plan, en terme de Gnomonique, est l'arc d'un cercle vertical compris entre le plan et l'horizon.

Pour trouver cette inclinaison, prenez d'abord une équerre garnie d'un fil à plomb, et appliquez sur votre plan un des côtés de cette équerre, de manière que le fil à plomb s'ajuste sur l'autre côté, alors le côté de l'équerre appliqué sur le plan sera de niveau ; menez le long de celui-ci une ligne horizontale, et élevez sur elle une perpendiculaire, le long de laquelle vous appliquerez de nouveau un côté de votre équerre ; si le fil à plomb tombe sur l'autre côté de cette équerre, c'est une preuve que le plan est horizontal. Si votre fil ne tombe point sur l'autre côté de votre équerre, appliquez sur cette équerre un quart de cercle, dont les côtés s'ajustent sur les côtés de l'équerre, et observez sur le quart de cercle quel est l'angle que fait le fil à plomb avec le côté de l'équerre qui n'est point appliqué sur le plan ; ce sera l'angle d'inclinaison du plan.

L'inclinaison de deux plans est l'angle aigu que forment les deux lignes droites tirées dans chaque plan par un même point de leur commune section, perpendiculairement à cette section commune.

Ainsi (Pl. géométr. fig. 98.) l'inclinaison du plan K E G L au plan A C D B est l'angle F H I ou f h i formé par les lignes droites H F et F I, perpendiculaires à la ligne de section E G au point F. Chambers. (O)