S. m. (Physique) est un instrument qui fait connaître les changements qui arrivent dans l'air, par rapport au froid et au chaud. Voyez AIR, TEMS, etc.

Le mot de thermoscope se confond en général avec celui de thermomètre : cependant il y a quelque différence dans la signification littérale de l'un et de l'autre. Le premier signifie un instrument qui marque ou représente aux yeux les changements de chaleur et de froid ; il est formé du grec , chaleur, et de , je vois ; au-lieu que le second est un instrument fait pour mesurer ces changements, et qu'il est formé de , chaleur, et de , mesurer ; de sorte que suivant cette étymologie, le thermomètre devrait être un thermoscope plus exact et plus parfait que les thermoscopes ordinaires. M. Wolf, regarde tous les thermomètres qui sont en usage, comme de simples thermoscopes, prétendant qu'il n'y en a pas un seul qui mesure, à proprement parler, le changement de froid et de chaud, et qu'ils ne font qu'indiquer ces changements, et qu'ainsi quoique les différentes hauteurs où ils montent d'un jour à l'autre, marquent une différence de chaleur, cependant comme elles ne marquent point la proportion qu'il y a de la chaleur d'hier à celle d'aujourd'hui, on ne peut pas à la rigueur leur donner le nom de thermomètres.

On trouve dans le journal intitulé, acta erudit. Lips. une méthode pour régler l'échelle des thermomètres communs, de sorte que leurs divisions inégales répondent à des degrés égaux de chaleur, au moyen de quoi la proportion qu'il y a de la chaleur d'aujourd'hui à celle d'hier, peut être mesurée, et par conséquent un thermoscope peut être porté à la perfection d'un thermomètre.

Cette méthode est d'un physicien nommé Renaldinus, et les éditeurs de LÉipsic l'ont rendue en ces termes. Prenez un tuyau de verre mince, d'environ quatre palmes de long, avec une boule attachée au-bas ; versez-y autant d'esprit-de-vin qu'il en faut pour remplir exactement la boule pendant qu'elle est environnée de glace ; dans cet état, fermez hermétiquement l'orifice du tuyau, et prenez six vaisseaux qui puissent contenir chacun une livre d'eau, ou quelque chose de plus ; dans le premier versez onze onces d'eau froide, dans le second dix onces, dans le troisième neuf, etc. cela fait, enfoncez le thermomètre dans le premier vaisseau, et versez-y une once d'eau chaude, en remarquant à quelle hauteur l'esprit-de-vin monte dans le tuyau, et en marquant ce point de hauteur par le chiffre 1 ; ensuite plongez le thermomètre dans le second vaisseau, où vous verserez deux onces d'eau chaude, et marquerez le point où monte l'esprit-de-vin par le chiffre 2 ; en continuant cette opération jusqu'à ce que toute la livre d'eau soit dépensée, l'instrument se trouvera divisé en douze parties, qui marqueront autant de termes ou degrés de chaleur ; de sorte qu'au n°. 2. la chaleur est double par rapport à celle du n°. 1. au n°. 3. elle est triple, etc.

M. Wolf fait voir que cette méthode est défectueuse et fondée sur des suppositions fausses : car elle suppose qu'une once d'eau chaude mise sur onze onces d'eau froide, nous donne un degré de chaleur ; deux onces d'eau chaude, sur dix d'eau froide, deux degrés, etc. elle suppose qu'un simple degré de chaleur agit sur l'esprit-de-vin qui est dans la boule, par une puissance simple ; un degré double, par une puissance double, etc. enfin elle suppose que si l'effet qui se produit ici par l'eau chaude, se produit dans le thermomètre par la chaleur de l'air qui l'environne, l'air a le même degré de chaleur que l'eau.

Mais il n'y a aucune de ces suppositions qui soit vraie : car à l'égard de la première, quand on accorderait que la chaleur de l'eau chaude étant distribuée également dans l'eau froide, il se trouvera pour lors un degré de chaleur distribué également dans les onze parties de l'eau froide ; deux degrés dans les dix ; trois dans les neuf, etc. la chaleur ne sera point double dans l'une, triple dans une autre, quadruple dans une troisième, etc.

La première supposition est donc erronée ; la seconde ne l'est pas moins ; car la chaleur de l'eau chaude ne se distribue point également par toute l'eau froide, et la chaleur de l'eau chaude n'agit point d'une manière uniforme sur l'esprit-de-vin ; c'est-à-dire qu'elle ne conserve pas la même force pendant tout le temps de son action.

Pour ce qui est de la troisième supposition, la chaleur de l'air qui environne le thermomètre, agit non-seulement sur l'esprit-de-vin qui est dans la boule, mais aussi sur celui qui est dans le tuyau ; de sorte qu'il doit arriver du changement à l'un aussi-bien qu'à l'autre. Chambers.

Pour se convaincre du peu de solidité de toutes ces hypothèses sur la mesure des degrés de chaleur, on n'a qu'à se demander ce que c'est que la chaleur : on ne pourra pas s'en former d'autre idée nette que celle de la sensation qu'elle excite en nous : or quelle absurde entreprise que de comparer nos sensations entr'elles par des nombres ? (O)