S. f. (Art mécanique et Commerce) matière factice et tenace qui sert, quand elle est molle ou liquide, à joindre plusieurs choses, de manière qu'on ne puisse point les séparer du tout, ou qu'on ne les sépare qu'avec peine quand elle est seche. Il y a différentes sortes de colle, dont nous allons faire mention, après avoir remarqué que M. Musschenbroeck dit que la raison pour laquelle la colle unit deux corps entre lesquels elle est étendue, c'est qu'elle s'insinue dans les cavités de leurs surfaces ; d'où il arrive que ces surfaces se touchent alors par un plus grand nombre de points ; système où l'auteur ne fait point entrer la dessiccation, condition sans laquelle toutefois les corps collés ne résistent point à leur séparation, quoique leurs surfaces se touchent, selon toute apparence, par un nombre de points plus grand avant la dessiccation qu'après.

COLLE D'ANGLETERRE ou COLLE-FORTE, est celle qui se prépare avec des pieds, des peaux, des nerfs, des cartilages de bœuf qu'on fait macérer quelque temps, ensuite bouillir très-longtemps jusqu'à ce que le tout devienne liquide. On le passe à-travers un tamis ou gros linge ; on le jette sur des pierres plates ou dans des moules : étant congélé on le coupe par morceaux, et on lui donne la forme que l'on veut ; et l'on a une colle qui sert aux Menuisiers pour coller et joindre leur bois, et à d'autres pour les ornements de carton et autres ouvrages. On la tire d'Hollande ou d'Angleterre. On en fait aussi à Paris, mais elle est bien inférieure et sent mauvais. Ou prenez du fromage pourri, de l'huîle d'olive la plus vieille, de la chaux vive en poudre ; mêlez bien le tout et collez promptement. Ou prenez de la chaux vive, éteignez-la dans le vin, ajoutez de la graisse, des figues, du suif, et mêlez le tout.

COLLE POUR DORER ; faites bouillir de la peau d'anguille avec un peu de chaux dans de l'eau ; passez l'eau, et ajoutez-y quelques blancs d'œufs. Pour l'employer faites-la chauffer ; passez-en sur le champ une couche ; laissez-la sécher ; appliquez l'or ensuite.

COLLE DE FARINE, est celle qui se fait avec de la farine et de l'eau, qu'on fait un peu bouillir ensemble sur le feu. Elle sert à plusieurs sortes d'artisans, aux Tisserands, pour en coller les trames de leurs toiles ; aux Cartonniers, pour faire leur carton ; aux Relieurs, pour coller les couvertures de leurs livres ; aux Selliers, pour nerver leurs ouvrages ; et à beaucoup d'autres ouvriers.

Cette colle sera plus forte, si au lieu de farine de froment on prend celle de blé noir. On peut aussi la préparer avec la fleur de la farine, et y ajouter du garum.

COLLE DE FLANDRES. La colle de Flandres est un diminutif de la colle forte d'Angleterre, parce qu'elle n'a pas la même consistance, et qu'elle ne pourrait servir à coller le bois ; elle est plus mince que la première et plus transparente ; elle se fait aussi avec plus de choix et de propreté. Lorsque les peaux ou nerfs qui la composent ont bien bouilli, on passe le tout à-travers un gros linge ou tamis ; on la laisse un peu refroidir ; ensuite on la coupe par tranches, et on la met sécher sur des cordes entrelacées comme un filet, afin qu'elle puisse sécher dessus comme dessous. Cette colle sert beaucoup à la Peinture ; on en fait aussi de la colle à bouche pour coller le papier, en la faisant refondre, et y ajoutant un peu d'eau et quatre onces de sucre-candi par livre de colle.

COLLE DE GANT. La colle de gant se fait avec des rognures de gants blancs bien trempés dans de l'eau et bouillis : on en fait aussi avec les rognures de parchemin. Il faut pour que ces deux colles soient bonnes, qu'elles aient la consistance de gelée tremblante lorsqu'elles sont refroidies.

COLLE A MIEL, est une espèce de colle en usage parmi les Doreurs. On la fait en mêlant du miel avec de l'eau de colle et un peu de vinaigre qui sert à faire couler le miel. On détrempe le tout ensemble, on en fait une couche qui reste grasse et gluante à cause du miel qui aspire l'or, et s'attache fortement au corps sur lequel on le met.

Ou prenez de la gomme arabique, du miel et du vinaigre ; faites dissoudre la gomme dans de l'eau bouillante ; ajoutez les deux autres ingrédiens, et collez.

COLLE D'ORLEANS : prenez de la colle de poisson blanche ; détrempez-la dans de l'eau de chaux bien claire ; au bout de vingt-quatre heures d'infusion tirez votre colle, faites-la bouillir dans l'eau commune, et vous en servez.

COLLE A PIERRE : prenez du marbre réduit en poudre, de la colle-forte, de la poix ; mêlez et ajoutez quelque couleur qui convienne à l'usage que vous en voulez faire. Cette colle sert à rejoindre les marbres cassés ou écorchés.

COLLE DE POISSON, est une espèce de colle faite avec les parties mucilagineuses d'un gros poisson qui se trouve très-communément dans les mers de Moscovie. Les Anglais et les Hollandais qui en font seuls le commerce, vont la chercher au port d'Archangel, et c'est d'eux que nous la tirons.

Les auteurs ne sont point d'accord sur la forme ni sur l'espèce de ce poisson. Il y en a qui l'appellent huso ou exossis ; mais ils conviennent tous que les Moscovites prennent sa peau, ses nageoires, et ses parties nerveuses et mucilagineuses ; et qu'après les avoir coupées et fait bouillir à petit-feu jusqu'à consistance de gelée, ils l'étendent de l'épaisseur d'une feuille de papier, et en forment des pains ou cordons tels que nous les recevons de Hollande.

La colle de poisson, pour être bonne, doit être blanche, bien transparente, et sans aucune odeur.

Les ouvriers en soie, et principalement les Rubaniers, s'en servent pour lustrer leurs ouvrages : on en blanchit les gazes, et les Cabaretiers en font usage pour éclaircir leurs vins.

Il y a encore une autre colle de poisson qu'on tire de Hollande et d'Angleterre en petits livres : mais on prétend que ce n'est que le rebut et la partie la moins pure de la colle de poisson de Moscovie.

La colle de poisson entre dans quelques emplâtres décrits dans des anciens dispensaires. Pour s'en servir, il faut la battre, la laisser amollir dans le vinaigre, y ajouter de l'eau commune, la faire bouillir, y mêler un peu de chaux d'étain, bien remuer, et s'en servir le plus chaud qu'on pourra.

Pour rendre la colle de poisson très-forte, on la choisira blanche et claire, on l'amincira et défera à coups de marteau, on la coupera en petits morceaux, on mettra ces morceaux dans un vaisseau de fayence à cou étroit, on les couvrira de bonne eau-de-vie, on placera le vaisseau dans un pot de terre plein d'eau, qu'on tiendra sur un feu doux jusqu'à ce que les morceaux soient fondus ; on les laissera refroidir, et ils seront préparés. Pour s'en servir, il faudra y ajouter un peu d'eau-de-vie, faire réchauffer, et coller sur le champ.

COLLE à verre : prenez des limaçons, exposez-les au soleil, recevez dans un vaisseau la liqueur qui en distillera, extrayez le lait du tithymale ; mêlez ce lait et le suc de limaçon, collez, et exposez au soleil les verres collés.

Les Relieurs, les Chapeliers, et d'autres ouvriers ont leur colle. Voyez-en les compositions aux articles CHAPEAU, et autres.

COLLE, (Géographie moderne) petite ville d'Italie au grand duché de Toscane, dans le Florentin. Long. 28. 45. lat. 43. 24.

COLLE, (Géographie moderne) ville d'Italie en Toscane dans le Florentin, sur les confins du Siennais, près de la rivière d'Elsa.

COLLE, (la) Géographie rivière de France en Champagne, qui se jette dans la Marne près de Châlons.

COLLE à cheval, (Manège) c'est la même chose que cloué. Voyez CLOUE.