v. act. (Arts mécaniques) c'est polir un corps, non pas en l'usant, mais en abattant les petites éminences qui sont sur sa surface ; ce qui se fait par le moyen d'un brunissoir. Voyez BRUNISSOIR.

Dans l'Horlogerie, on brunit les pièces ou les parties, qui par leur grandeur ou par leur figure ne pourraient pas être polies commodément. Notez que cette méthode de polir est la plus expéditive, et celle qui donne le plus d'éclat aux corps polis. Elle est à l'usage des Couteliers, Serruriers, et de la plupart des ouvriers en or, en argent, en fer et en acier. Elle enlève les traits de l'émeril, de la potée, et de la polissoire, et donne aux pièces brunies un lustre noir qui imite celui des glaces.

Les Doreurs brunissent l'or et l'argent, ce qu'ils exécutent avec la dent de loup, la dent de chien, ou la pierre sanguine, qu'ils appuient fortement sur les endroits des pièces à brunir. Lorsqu'on brunit l'or sur les autres métaux, on mouille la sanguine dans du vinaigre : mais lorsqu'on brunit l'or en feuille, sur les couches à détrempe, il faut bien se garder de mouiller la pierre ou la dent de loup.

Les Relieurs brunissent les tranches des livres ; pour cet effet ils mettent les livres dans une presse à endosser, avec des ais devant et derrière la pressée, et deux ou trois autres ais distribués entre les volumes : on prend une dent de loup ou d'acier que l'on frotte fortement plusieurs fois sur la tranche pour la lustrer. Après que la jaspure a été mise et qu'elle est seche, on commence à brunir les gouttières, puis tournant la pressée on brunit les tranches du haut et du bas du volume. Voyez TRANCHE, JASPURE, DENT A BRUNIR.

On brunit de même les livres dorés sur tranche, après y avoir appliqué l'or : mais on observe pour la dorure, de mettre l'or d'abord sur la gouttière, de le faire sécher sur le baquet, et on n'y passe la dent que lorsqu'il est bien sec. Puis desserrant la pressée, on prend chaque volume pour en abaisser les bords du carton au niveau des tranches ; et remettant la pressée dans la presse à endosser, on fait la même opération, soit pour y mettre l'or, le faire sécher, et le brunir. On retourne de nouveau la pressée avec la même précaution, on dore et on brunit la dernière tranche. Voyez DORER SUR TRANCHE et DENT A BRUNIR.