S. f. (Histoire ancienne et moderne, Arts mécaniques) c'est un vase de métal qu'on met au nombre des instruments de percussion, et dont le son est devenu parmi les hommes un signe public ou privé qui les appele.

On fait venir le mot français cloche de cloca, vieux mot gaulois pris au même sens dans les capitulaires de Charlemagne.

L'origine des cloches est ancienne : Kircher l'attribue aux Egyptiens, qui faisaient, dit-il, un grand bruit de cloches pendant la célébration des fêtes d'Osiris. Chez les Hébreux le grand-prêtre avait un grand nombre de clochettes d'or au bas de sa tunique. Chez les Athéniens les prêtres de Proserpine appelaient le peuple aux sacrifices avec une cloche, et ceux de Cybele s'en servaient dans leurs mystères. Les Perses, les Grecs en général, et les Romains, n'en ignoraient pas l'usage. Lucien de Samosate qui vivait dans le premier siècle, parle d'un horloge à sonnerie. Suétone et Dion font mention dans la vie d'Auguste, de tintinnabula, ou cloche, si l'on veut. On trouve dans Ovide les termes de aera, pelves, lebetes, etc. auxquels on donne la même acception. Les anciens annonçaient avec des cloches les heures des assemblées aux temples, aux bains, et dans les marchés, le passage des criminels qu'on menait au supplice, et même la mort des particuliers : ils sonnaient une clochette afin que l'ombre du défunt s'éloignât de la maison : Temesaeaque concrepat aera, dit Ovide, et rogat ut tectis exeat umbra suis. Il est question de cloches dans Tibulle, dans Strabon, et dans Polybe qui vivait deux cent ans avant Jesus-Christ. Josephe en parle dans ses antiquités judaïques, liv. III. On trouve dans Quintilien le proverbe nola in cubiculo ; ce mot nola, cloche, a fait penser que les premières cloches avaient été fondues à Nole, où S. Paulin a été évêque, et qu'on les avait appelées campanae, parce que Nole est dans la Campanie. D'autres font honneur de l'invention des cloches au pape Sabinien qui succéda à S. Grégoire : mais ils se trompent ; on ne peut revendiquer pour le pape Sabinien et saint Paulin que d'en avoir introduit l'usage dans l'Eglise, soit pour appeler le peuple aux offices divins, soit pour distinguer les heures canoniales. Cet usage passa dans les églises d'Orient ; mais il n'y devint jamais fort commun, et il y cessa presqu'entièrement après la prise de Constantinople par les Turcs ; qui l'abolirent sous le prétexte que le bruit des cloches troublait le repos des âmes qui erraient dans l'air, mais par la crainte qu'il ne fût à ceux qu'ils avaient subjugués un signal en cas de révolte ; cependant il continua au mont Athos et dans quelques lieux écartés de la Grèce. Ailleurs on suppléa aux cloches par un ais appelé symandre et par des maillets de bois, ou par une plaque de fer appelée le fer sacré, , qu'on frappait avec des marteaux.

Il en est de la fonderie des grosses cloches ainsi que de la fonderie des canons, de l'art d'imprimer, de l'invention des horloges à roue ou à soleil, de la boussole, des lunettes d'approche, du verre, et de beaucoup d'autres arts, dû. au hasard ou à des hommes obscurs ; on n'a que des conjectures sur l'origine des uns et on ne sait rien du tout sur l'origine des autres, entre lesquels on peut mettre la fonderie des grosses cloches. On croit que l'usage dans nos églises n'en est pas antérieur au sixième siècle : il y était établi en 610 ; mais le fait qui le prouve, savoir la dispersion de l'armée de Clotaire au bruit des cloches de Sens, que Loup évêque d'Orléans fit sonner, prouve aussi que les oreilles n'étaient pas encore faites à ce bruit.

L'Eglise qui veut que tout ce qui a quelque part au culte du souverain Etre, soit consacré par des cérémonies, bénit les cloches nouvelles ; et comme ces cloches sont présentées à l'église ainsi que les enfants nouveaux-nés, qu'elles ont parrains et marraines, et qu'on leur impose des noms, on a donné le nom de baptême à cette bénédiction.

Le baptême des cloches dont il est parlé dans Alcuin, disciple de Bede et précepteur de Charlemagne, comme d'un usage antérieur à l'année 770, se célèbre de la manière suivante, selon le pontifical romain. Le prêtre prie ; après quelques prières, il dit : Que cette cloche soit sanctifiée et consacrée, au nom du Père, du Fils, et du S. Esprit : il prie encore ; il lave la cloche en-dedans et en-dehors avec de l'eau bénite ; il fait dessus sept croix avec l'huîle des malades, et quatre dedans avec le chrême ; il l'encense, et il la nomme. Ceux qui seront curieux de tout le détail de cette cérémonie ; le trouveront dans les cérémonies religieuses de M. l'abbé Banier.

Après cet historique que nous avons rendu le plus court qu'il nous a été possible, nous allons passer à des choses plus importantes, auxquelles nous donnerons toute l'étendue qu'elles méritent. C'est la fonte des cloches. Pour qu'une cloche soit sonore, il faut donner à toutes ses parties certaines proportions. Ces parties sont, fig. 1. le cerveau a N (voyez la Pl. I. de la Fonderie des cloches) ; les anses tiennent au cerveau, qui dans les grandes cloches est renforci d'une épaisseur Q qu'on appelle l'onde : le vase supérieur K N, qui s'unit en K à la partie K 1 ; on appelle faussure le point K où les portions de courbes N K, K 1, se joignent : la gorge ou fourniture K 1 C ; on appelle la partie inférieure 1 C de la fourniture, pince, panse, ou bord : la patte C D 1.

Le bord C 1 qui est le fondement de toute la mesure, se divise en trois parties égales, que l'on appelle corps, et qui servent à donner les différentes proportions selon lesquelles il faut tracer le profil d'une cloche, profil qui doit servir à en former le moule.

Tirez la ligne H D qui représente le diamètre de la cloche ; élevez sur le milieu F la perpendiculaire F f ; élevez sur le milieu des parties F D, F H, deux autres perpendiculaires G a, E N : G E sera le diamètre du cerveau ; c'est-à-dire que le diamètre du cerveau sera la moitié de celui de la cloche, et qu'il aura le diamètre d'une cloche qui sonnerait l'octave de celle dont il est le cerveau.

Divisez la ligne H D diamètre de la cloche en 15 parties égales, et vous aurez C 1 épaisseur du bord ; divisez une de ces quinze parties égales en trois autres parties égales, et formez-en une échelle qui contienne quinze bords ou quarante-cinq tiers de bords ou corps : la longueur de cette échelle sera égale au diamètre de la cloche.

Prenez sur l'échelle avec le compas douze bords ; portez une des pointes de votre compas en D ; décrivez de cette ouverture un arc qui coupe la ligne E e au point N ; tirez la ligne D N ; divisez cette ligne en douze parties égales, ou bords 1, 2, 3, 4, 5, etc. élevez au point 1 la perpendiculaire C 1 ; faites C 1 égale à 1, 0, et vous aurez l'épaisseur C 1 du bord de la cloche que vous voulez fondre, égale à la quinzième partie du diamètre, et telle qu'on a trouvé par l'expérience qu'elle devait être dans une cloche sonore ; tirez la ligne C D qui achevera de terminer la patte C D 1 ; élevez au point 6 sur le milieu de la ligne D N, la perpendiculaire 6 K ; prenez sur l'échelle un bord et demi ; portez-le de 6 en K sur la ligne 6 K, et vous aurez le point K.

Il s'agit maintenant de tracer les arcs qui finiront le profil de la cloche : il faut prendre différents centres. Ouvrez votre compas de trente bords, ou du double du diamètre de la cloche ; portez une des pointes en N, et décrivez un arc de cercle ; portez la même pointe en K, et de la même ouverture décrivez un autre arc de cercle qui coupe le premier ; le point d'intersection de ces deux arcs sera le centre de l'arc N K. De ce centre et du rayon 30 bords, décrivez l'arc N K ; prenez sur la perpendiculaire 6 K la partie K B égale à un corps, et du même centre et d'un rayon 30 bords plus un corps, décrivez un arc A B parallèle au premier N K.

Pour tracer l'arc B C, ouvrez votre compas de douze bords, cherchez un centre, et de ce centre et de l'ouverture douze bords, décrivez l'arc B C, comme vous avez décrit l'arc N K ou A B.

Il y a plusieurs manières de tracer l'arc K p : il y en a qui le décrivent d'un centre distant de neuf bords des points p et K ; d'autres, d'un centre seulement éloigné de sept bords des mêmes points : c'est la méthode que nous suivrons.

Mais il faut auparavant trouver le point p, quand on veut donner à la cloche l'arrondissement p 1 ; ce que quelques fondeurs négligent : ceux-ci font le centre distant de sept ou de neuf bords des points K, 1 ; la cloche en devient plus légère en cet endroit : mais la bonne méthode, surtout pour les grandes cloches, c'est de leur pratiquer un arrondissement p 1.

Pour former l'arrondissement p 1, il faut tracer du point C, comme centre, et du rayon C 1, l'arc 1 p n, et élever sur le milieu de la portion 1, 2 de la ligne D N, la perpendiculaire p m ; cette perpendiculaire coupera l'arc 1 p n au point m, où doit se terminer l'arrondissement 1 p.

L point p étant trouvé, des points k et p, et d'une ouverture de compas de sept bords, cherchez un centre, et décrivez l'arc K p ; cet arc étant décrit le profil ou l'échantillon de la cloche sera fini.

Au reste cette description n'est pas si rigoureuse qu'on ne puisse y apporter quelques changements. Il y a des fondeurs qui placent les faussures K un tiers de bord plus bas que le milieu de la ligne D N ; d'autres font la patte C 1 D plus aiguë par em-bas ; au lieu de tirer la perpendiculaire 1 C à la ligne D N par le point 1, ils tirent cette perpendiculaire par un sixième de bord plus haut, ne lui accordant toutefois que la même longueur d'un bord ; d'où il arrive que la ligne 1 D est plus longue que le bord C 1 : il y en a qui arrondissent les angles A, N, que forment les côtés intérieurs et extérieurs de la cloche avec ceux du cerveau.

Il s'agit maintenant de tracer le cerveau N a : pour cet effet, prenez avec le compas huit bords ; des pointes N et D, comme centres, décrivez des arcs qui s'entre-coupent au point 8 ; du point d'intersection 8, et du rayon huit bords, décrivez l'arc N b ; ce sera la courbe extérieure du cerveau : du même point 8 comme centre, et du même intervalle huit bords moins un tiers de bord, décrivez l'arc A e ; A e sera la courbe intérieure du cerveau, qui aura un corps d'épaisseur.

Le point 8 ne se trouvant point dans l'axe de la cloche, on peut, si l'on veut, des points D et H du diamètre, et d'une ouverture de compas huit bords, tracer deux arcs qui se couperont au point M, qu'on prendra pour centre des courbes du cerveau.

Quant à l'épaisseur Q, ou l'onde dont on le fortifie, on lui donnera un corps d'épaisseur ou environ ; cette fourniture de métal consolidera les anses R qui lui sont adhérentes. On donnera aux anses à-peu-près un sixième du diamètre de la cloche.

Il résulte de cette construction que le diamètre du cerveau n'étant que la moitié de celui de la cloche, sonnera l'octave au-dessus de celle des bords ou extrémités. Le son d'une cloche n'est pas un son simple, c'est un composé des différents tons rendus par les différentes parties de la cloche, entre lesquels les fondamentaux doivent absorber les harmoniques, comme il arrive dans l'orgue ; lorsqu'on touche à-la-fais l'accord parfait ut, mi, sol, on fait résonner ut, mi, sol ; mi, sol , si ; sol, si, re ; cependant on n'entend que ut, mi, sol.

Le rapport de la hauteur de la cloche à son diamètre est comme 12 à 15, ou dans le rapport d'un son fondamental à sa tierce majeure ; d'où l'on conclut que le son de la cloche est composé principalement du son de ses extrémités ou bords, comme fondamental, du son du cerveau qui est à son octave, et de celui de la hauteur qui est à la tierce du fondamental.

Mais il est évident que ces dimensions ne sont pas les seules qui donnent des tons plus ou moins graves : il n'y a sur toute la cloche aucune circonférence qui ne doive produire un son relatif à son diamètre et à sa distance du sommet de la cloche. Si à mesure que l'on remplit d'eau un verre, on le frappe, il rend successivement des sons différents. Il y aurait donc un beau problème à proposer aux Géomètres ; ce serait de déterminer quelle figure il faut donner à une cloche, quel est l'accord qui absorberait le plus parfaitement tous les sons particuliers du corps de la cloche, et quelle figure il faudrait donner à la cloche pour que cet effet fût produit le plus parfaitement qui serait possible.

Quand la solution de ce problème se trouverait un peu écartée de son résultat dans la pratique, elle n'en serait pas moins utile. On prétend déterminer le son d'une cloche par sa forme et par son poids ; mais cela est sujet à erreur : il faudrait faire entrer en calcul l'élasticité et la cohésion des parties de la manière dont on les fond, deux éléments sur lesquels on ne peut guère que former des conjectures vagues ; ce que l'on peut avancer, c'est que les sons des deux cloches de même matière et de figures semblables, seront entr'eux réciproquement comme des racines cubiques de leurs poids ; c'est-à-dire que si l'une pese huit fois moins que l'autre, elle formera dans le même temps un nombre double de vibrations ; un nombre triple, si elle pese 27 fois moins, et ainsi de suite : car en leur appliquant la formule des cordes, et faisant dans cette formule le poids tendant G, comme P/L ; la formule se réduira à 1 /L mais lorsque des corps homogènes sont des figures semblables, leurs poids sont entr'eux comme les cubes de leurs dimensions homologues ; ou leurs dimensions homologues, comme les racines cubiques des poids ; or les nombres des vibrations produites dans un temps donné étant comme 1/ L, elles seront donc aussi comme .

Le P. Mersenne a démontré que la pratique des Fondeurs était fautive à cet égard, et qu'ils ne pouvaient guère espérer, même en supposant l'homogénéité de matière et la similitude de figure, le rapport qu'ils prétendaient établir entre les sons de deux cloches, parce qu'ils n'observaient pas dans la division de leur brochette ou règle, les rapports harmoniques connus entre les tons de l'octave.

On pourrait toutefois aisément construire une table à trois colonnes, dont l'une contiendrait les intervalles de l'octave, l'autre les diamètres des cloches, et la troisième les touches du clavecin ou du prestant de l'orgue, comprises depuis la clé de c-sol-ut qui est le ton des musiciens, jusqu'à l'octave au-dessus, avec lesquelles ces cloches semblables seraient à l'unisson ; il ne s'agirait que de trouver actuellement quelque cloche fondue qui rendit le son d'un tuyau d'orgue connu, dont on sut le poids, et dont la figure fût bien exactement donnée. Le problème ne serait pas bien difficîle à résoudre : on dirait une cloche pesant tant, et de telle figure, donne tel son ; de combien faut-il diminuer ou augmenter son poids, pour avoir une cloche semblable qui rende ou la seconde, ou la tierce majeure ou mineure, ou la quarte au-dessus ou au-dessous, &c ?

Lorsque la table serait formée pour un octave, elle le serait pour toutes les autres, tant en-dessus qu'en-dessous ; il ne s'agirait que de doubler ou que de diminuer de moitié les diamètres, et conserver toujours les similitudes de figures. Ainsi pour trouver le diamètre d'une cloche qui sonnerait l'octave au-dessus de l'octave de la table, on doublerait le diamètre de la cloche de la table répondante au sol, et l'on aurait le diamètre de celle qui sonnerait l'octave au-dessous de ce sol, ou de la clé de g-ré-sol du clavecin, ou l'unisson du sol de quatre pieds de l'orgue : si on doublait encore ce diamètre, on aurait le sol de huit pieds : si on doublait pour la troisième fois ce diamètre, on aurait l'unisson du seize pieds ou du ravalement, octuple de celui de la table, ou le son de la plus grosse cloche de Notre-Dame de Paris pris de bord en bord. En octuplant pareillement le diamètre du la des tailles contenu dans la table, on aurait le diamètre de la seconde cloche de Notre-Dame, ou de la première de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qui sonne le la du ravalement.

On pourrait prendre celle de ces cloches qu'on voudrait pour fondement de la table, il ne s'agirait que d'en bien connaître toutes les dimensions et le poids. Pour prendre le diamètre d'une cloche, les Fondeurs ont un compas ; c'est une règle de bois divisée en pieds et pouces, et terminée par un talon ou crochet que l'on applique à un des bords : il est inutîle de s'entendre sur l'usage de cette règle ; il est évident que l'intervalle compris entre le crochet et le point de la règle où correspond l'autre bord de la cloche, en est le plus grand diamètre.

Après avoir expliqué la manière de tracer le profil d'une cloche, et les proportions qu'elle doit avoir, soit qu'on la considère solitairement, soit qu'on la considère rélativement à une autre cloche qu'il faut mettre avec elle, ou avec laquelle il faut la mettre ou à l'unisson, ou à tel intervalle diatonique qu'on désirera ; il ne nous reste plus qu'à parler de la manière d'en former le moule, de la fondre, et de la suspendre.

Pour former le moule, il faut d'abord construire le compas qu'on voit fig. 3. Pl. de Fond. des cloches : c'est un arbre de fer G F, dont le pivot tourne sur la crapaudine E fixée sur un piquet de fer scellé fermement au milieu de la fosse P Q R S, creusée devant le fourneau T : cette fosse doit avoir un pied ou environ plus de profondeur que la cloche n'a de hauteur au-dessous de l'âtre du fourneau, d'où le métal doit y descendre facilement. A une hauteur convenable de l'axe F G, on place deux bras de fer L M, assemblés à l'axe du compas : ces bras sont refendus, et peuvent recevoir la planche l m d qui fait la fonction de seconde branche du compas. Il faut avoir tracé sur cette planche les trois lignes A B C D, N K i D, o o o d, et la ligne D d : la première est la courbe de l'intérieure de la cloche ; la seconde est la courbe de l'extérieure de la cloche ou du modèle ; et la troisième est la courbe de la chape : il faudra que ces lignes tracées sur la planche fassent avec l'axe F G du compas les mêmes angles que les mêmes lignes font avec l'axe F f, fig. 1.

On bâtit ensuite un massif de briques D H qui soit parfaitement rond, et dont le plan soit bien perpendiculaire à l'axe du compas, ou bien horizontal ; ce massif s'appelle la meule : les briques de la meule sont mises en liaison les unes avec les autres, en sorte que les briques de la seconde assise couvrent les joints des briques de la première assise, et ainsi de suite. Il faut laisser une ligne ou environ de distance entre le plan supérieur de ce massif, et la ligne D d du compas.

Cela fait, on pose une assise de briques dont on rompt les angles ; on joint ces briques avec du mortier de terre ; elles sont disposées de manière qu'il s'en manque une ligne et demie qu'elles ne touchent à la planche ; ce dont on s'assure en la faisant tourner à chaque brique que l'on pose. On pose des assises de briques ainsi les unes sur les autres jusqu'à ce que cette maçonnerie soit élevée à la hauteur du piquet : alors on scelle les bras de ce piquet, s'il en a, dans le corps même du noyau, et on continue d'élever la même maçonnerie jusqu'au cerveau A de la courbe. On couvre alors toute cette maçonnerie creuse avec un ciment composé de terre et de fiente de cheval ; on égalise bien par-tout cet enduit par le moyen de la planche qui est taillée en biseau ; ce biseau emporte tout l'excédent du ciment, et donne au noyau la forme convenable.

Lorsque le noyau est dans cet état, on le fait recuire en l'emplissant de charbons à demi allumés ; et pour que la chaleur se porte vers les parois du moule, et en fasse sortir toute l'humidité, on couvre le dessus avec un carreau de terre cuite. Quand le noyau est sec, on lui applique une seconde couche de ciment qu'on unit bien par-tout avec la planche ; cette seconde couche appliquée, on fait sécher une seconde fois : on recommence et l'application des couches de ciment, et la dessiccation, jusqu'à ce que le noyau soit parfaitement achevé : on le finit par une couche de cendres bien tamisées, que l'on étend convenablement par-tout à l'aide de la planche.

Après ces premières opérations on démonte la planche du compas ; on l'échancre en l'ébiselant jusqu'à la courbe N K 1 D qui doit servir à former le modèle.

Le modèle est composé d'un mélange de terre et de bourre dont on forme plusieurs pièces ou gâteaux ; on les applique sur le noyau ; elles s'unissent ensemble : on termine le modèle par plusieurs couches du même ciment, mais délayé ; chaque couche s'égalise par le compas, et se seche avant que d'en appliquer un autre ; la dernière est un enduit de suif et de cire fondus, qu'on dispose avec le compas sur toute la surface du modèle ; c'est là-dessus qu'on place les armoiries et les lettres, et qu'on trace les cordons. Les cordons se forment par des entailles pratiquées au compas ; et les lettres et armoiries s'exécutent avec un pinceau que l'on trempe dans de la cire fondue, qu'on applique sur le corps du modèle, et qui les y forme ; on les repare ensuite avec des ébauchoirs : c'est l'ouvrage d'un sculpteur.

Il s'agit maintenant d'exécuter la chape ou le surtout : on sépare encore la planche du compas ; on l'échancre en l'ébiselant jusqu'à la ligne o o o d parallèle à la face extérieure de la cloche, et qui en est distante de deux ou trois pouces, plus ou moins, selon que l'on veut d'épaisseur à la chape : la première couche de la chape est composée de terre bien tamisée, que l'on délaye avec de la bourre très-fine ; on applique cet enduit sur tout le modèle avec un pinceau, en sorte qu'il en soit tout couvert ; on laisse sécher cette couche d'elle-même, ou sans feu : on en applique une seconde, une troisième, jusqu'à ce que l'épaisseur de toutes ces couches ait acquis deux lignes d'épaisseur ; alors on applique un ciment plus grossier, et qu'on laisse pareillement sécher sans feu : on rallume ensuite sans feu dans le moule, qu'on augmente petit-à-petit jusqu'à ce qu'il soit assez ardent pour fondre les cires, qui s'écoulent par des égouts pratiqués au-bas de la chape, et qu'on rebouche ensuite avec la terre.

Après que le feu qui est dans le noyau est éteint, on remet le compas en place, et on acheve de donner à la chape l'épaisseur qu'elle doit avoir. Dans les grandes cloches la chape est sertie par des anneaux de fer plat qui l'affermissent : ces bandes ont quelques crochets ou anneaux qui donnent prise pour enlever la chape lorsqu'on en veut retirer le modèle, qui occupe la place du métal dont la cloche doit être formée. La chape ainsi achevée, on démonte le compas, qui n'est plus d'aucun usage.

Il faut maintenant former le cerveau qui est resté ouvert au haut du noyau du modèle et de la chape : pour cet effet, on commence par terminer le noyau avec les mêmes matières dont il a été construit, qu'on dispose selon la forme convenable au cerveau, par le moyen d'une cerce profilée sur la courbe A e A intérieure du cerveau ; on place en même temps l'S ou anse de fer qui doit porter le battant ; on l'enterre dans la maçonnerie du cerveau, de manière que la partie inférieure passe au-dedans de la cloche, et que la partie supérieure soit prise dans la fonte par le métal qui formera le pont. Voyez la figure première.

On forme ensuite avec de la cire et par le moyen d'une cerce ou d'un compas fait exprès, dont le pivot s'appuie sur le centre du noyau où l'on a scellé une petite crapaudine de fer, qu'on ôtera dans la suite avec le compas, dont la planche est profilée selon b Q N ; on forme en cire le cerveau et l'onde qui le renforcit.

On modèle en cire les anses au nombre de six, placées comme on les voit fig. 4. a a, sont les deux anses latérales ; b b, les deux anses antérieure et postérieure ; c, le pont ou le pilier placé au centre du cerveau, sur lequel se réunissent toutes les anses. On voit fig. 5. les anses en perspective.

Après avoir modelé et terminé en cire toutes ces pièces, on les couvre avec le pinceau des mêmes couches de ciment qui ont servi à couvrir la chape, observant que cette chape particulière des anses ne soit point adhérente à celle de la cloche. Lorsqu'elle est finie, on l'enlève pour la faire recuire et en retirer la cire, qui en fondant laisse un vide que le métal doit remplir, pour former le cerveau et les anses de la cloche.

On a eu soin de ménager à la partie supérieure de la chape des anses et du pont plusieurs trous, entre lesquels il y en a un au-dessus du pont, et qui sert de jet pour le métal ; d'autres qui répondent aux anses et qui servent d'évent à l'air qui est contenu dans l'espace laissé vide par les cires, et que le métal fondu fait sortir en prenant leurs places.

Pour retirer le modèle de la cloche qui occupe l'espace entre le noyau et la chape, on soulève celle-ci à force de bras, ou par le moyen d'un treuil placé au-dessus de la fosse dans la charpente de l'attelier ; on ôte le modèle, on remet la charpente après l'avoir enfumée avec de la paille qu'on brule dessous ; on ne la change point de place en la remettant ; on obvie à cet inconvénient par des repaires. Sur la chape de la cloche, on place celle des anses qu'on a repairée pareillement ; on lutte bien et ces deux chapes ensemble, et la chape de la cloche avec la meule qui soutient tout le moule qui est alors entièrement fini. Il ne reste plus qu'à recuire le ciment qui a servi à joindre ses pièces : pour cet effet, on le couvre peu-à-peu de charbons allumés ; on pousse le feu par degrés : par ce moyen on évite des gersures, qu'un feu trop grand et trop vif ne manquerait pas d'occasionner.

On remplit ensuite la fosse de terre, qu'on corroie fortement autour du moule, qui est alors tout disposé à recevoir le métal fondu dans le fourneau.

Le fourneau T pour les cloches, est le même que celui de la fonderie des statues équestres et des canons. Voyez-en la description à l'article BRONZE. Il n'y a de différence que dans la solidité qu'on donne beaucoup plus grande au fourneau des statues équestres. Au lieu d'être de brique, il est seulement de terre corroyée.

Quant à la composition métallique, la plus parfaite est de trois parties de cuivre rouge, et d'une partie d'étain fin. On ne met l'étain que quand le cuivre est en fusion, et qu'après avoir été épuré de ses crasses, peu de temps avant que de couler le métal dans le moule.

Le métal est conduit par un canal de terre recuite dans le godet placé au-dessus du moule, d'où il se répand dans tout le vide qu'occupait le modèle, dont il prend exactement la forme. On le laisse refroidir ; quand il est à-peu-près froid, on déterre le moule, on brise la chape, et la cloche parait à découvert ; on l'enlève de la fosse par le moyen du treuil ; qui a servi auparavant à enlever la chape ; on la nettoie en-dedans et en-dehors ; on la bénit ; on y attache le battant, et on la suspend au mouton qui lui est destiné.

La quantité de métal que l'on met au fourneau se règle sur la grosseur de la cloche à fondre, mais il en faut avoir plus que moins, pour prévenir les pertes accidentelles qui ont quelquefois fait manquer des fontes considérables. On ne risque rien d'en fondre un dixième de plus que le poids qu'on se propose de donner à la cloche.

La proportion de trois parties de cuivre sur une d'étain, n'est pas si bien démontrée la meilleure qu'on ne puisse s'en écarter. Il faut proportionnellement plus de cuivre dans les grosses cloches que dans les petites. C'est encore un problème à résoudre, que le rapport qu'on doit instituer entre les matières du mélange selon la grosseur et la grandeur des cloches, pour qu'elles rendent le plus de son qu'il est possible ; mais ce problème tenant à la nature des matières, il n'y a pas d'apparence qu'on en trouve la solution par une autre voie que l'expérience : les connaissances de la Chimie, de la Musique, et de la Géométrie, ne peuvent équivaloir ici au tâtonnement. Une question que la Géométrie éclairée par les principes de la Musique, résoudrait peut-être plus facilement, c'est celle qu'on doit naturellement faire sur le rapport que doit avoir le battant avec la cloche. La règle des Fondeurs est ici purement expérimentale ; leur pratique est de donner un battant plus leger aux grosses cloches, proportion gardée, qu'aux petites : exemple, le battant d'une cloche de 500 livres, est environ 25 livres ; et celui d'une cloche de 1000 livres, est un peu moins de 50 livres.

Le battant est une masse A O, terminée à sa partie supérieure par un anneau A, dans lequel est l'anneau dormant de la cloche, où passe un fort brayer de cuir de cheval, arrêté par une forte boucle, de manière que le brayer laisse au battant la liberté d'osciller ; la partie B Ve frapper sur la pince C de la cloche ; la partie o ne sert qu'à éloigner le centre de gravité du battant du sommet A, qu'on fait plus menue par cette raison. On l'approche le plus qu'on peut du centre de la poire B ; l'arc que décrit le centre de gravité, doit passer par les pinces de la cloche, pour la frapper avec le plus d'avantage qu'il est possible.

Le mouton auquel on suspend la cloche, est une forte pièce de bois E D C C D E, fig. 6. dont la dimension D D est égale à l'amplitude de la cloche, et la hauteur B C égale au tiers de cette amplitude : cette pièce est allégie aux extrémités par les courbes C D ; les parties E, E, sont de forts tourillons de bois garnis d'une frette de fer ; l'épaisseur du mouton est d'environ les deux tiers de la couronne : on le creuse au milieu de sa partie inférieure en 0 5 6 5 0, selon la courbe des anses et du pont ; les anses et le pont doivent être reçus exactement dans cette entaille. Les extrémités A, A du mouton sont deux tourillons de fer, proportionnés au poids de la cloche ; ces tourillons sont le prolongement d'une masse de fer A B, encastrée dans une gravure pratiquée à la partie inférieure du mouton, et embrassée par la frette qui entoure le tourillon E, fig. 6. La queue B est retenue dans la gravure par une barre de fer 1 qui passe en-travers sous le mouton, et est suspendue par la bride 1, 2, et son opposée à la partie postérieure qui lui est semblable ; ces deux brides ou anneaux de figure parallélogrammatique, prennent en-dessous la barre de fer 1, terminée à ses deux bouts par des crochets qui ne permettent pas aux brides de s'échapper ; les brides sont retenues en-dessus par une autre barre de fer ou de bois, qui a aussi ses crochets. On les tend par le moyen de plusieurs coins de fer plat, qu'on chasse à coups de masse entre la pièce de bois ou la barre de fer, sur laquelle les brides portent par en-haut.

Lorsque le mouton est placé dans le béfroi de la tour ou du clocher pour lequel la cloche est faite, et posé par ses tourillons sur les cuvettes de cuivre qui doivent le soutenir, on y monte la cloche par le moyen des machines ordinaires, le treuil horizontal, les poulies, les mouffles, etc. On présente les anses dans l'entaille 0 5 6 5 0, on passe un fort boulon de fer par le trou du pont appelé l'oeil, et par les trous correspondants du mouton ; alors la cloche se trouve comme suspendue : on lui laisse prendre son à-plomb ; mais comme ce boulon ne suffirait pas pour la soutenir longtemps, on passe sous les anses latérales une barre de fer C, que l'on retient, à la partie antérieure et postérieure, par les brides C 4, qui passent par en-haut sur une pièce de bois ou de fer, 4 ; on serre ces brides avec des coins de fer ; on en fait autant aux anses antérieures et postérieures, avec des brides mouflées, X 6. Les brides mouflées sont celles dont les extrémités inférieures sont terminées par des yeux, dans lesquels passe un boulon qui embrasse l'anse ; elles sont du reste arrêtées par en-haut comme les autres brides.

Cela fait, on place une barre de fer a a, sous les anses antérieures, et une autre semblable sous les anses postérieures : ces barres sont terminées par des crochets qui retiennent les brides simples a 3, a 3, et leurs opposées postérieures semblables ; elles sont arrêtées deux à deux, l'antérieure et la postérieure, sur des pièces de bois 3, 3, sur lesquelles sont couchées des barres de fer terminées par des crochets qui sont tournés verticalement, et qui empêchent ces brides de s'échapper ; elles sont aussi serrées comme toutes les autres par des coins de fer. Les barres de fer a, a, sont sous les barres C C qui passent sous les anses latérales, et qui sont arrêtées par huit brides a 3, a 3, C 4, C 4, et leurs opposées à la partie postérieure du mouton.

Lorsque la cloche est ainsi fixée dans le mouton, et le mouton dans le béfroi, on arme la cloche de son battant, comme nous avons dit plus haut, et on adapte au mouton des leviers ou simples, ou doubles, ou quadruples, tels que ceux des grosses cloches de Notre-Dame de Paris : ces leviers sont de longues pièces de bois fixées en Y, Y, fig. 6. au-dessous du mouton, où elles sont fortement assujetties par les étriers doubles Y R D : elles ont depuis le mouton jusqu'à leurs extrémités a, figure 7. où pend la corde a b à-peu-près de longueur, le diamètre de la cloche ; pour leur donner de la fermeté, on les bride par des liens de fer a A, fixés d'un bout à leurs extrémités, et de l'autre au haut du mouton ; et pour conserver leur parallélisme, on joint celles d'un côté du mouton à celles de l'autre, par des traverses et des croix de S. André ; comme on voit fig. 8. où l'on a représenté le plan du béfroi, des cloches, et des leviers.

Il y a pour les petites cloches une autre sorte de levier, qu'on voit figure 9. Il est composé de trois pièces, dont deux A E, B C, sont droites ; et la troisième est un quart de cercle centré du tourillon, et fait en gouttière sur sa partie convexe ; la corde est reçue dans cette gouttière, lorsqu'on met la cloche à volée : le quart de cercle est aussi tenu par la barre de fer E e, fixée d'un bout au haut de ce quart de cercle, et de l'autre bout au haut du mouton.

Le béfroi dans lequel on place les cloches, est une cage de charpente, de figure pyramidale carrée et tronquée, ou un peu plus étroite à sa partie supérieure qu'à sa base, et placée dans l'intérieur de la tour : on l'a faite plus étroite par en-haut, afin qu'elle ne touchât point les parois de la tour, et qu'elle cédât à l'action de la cloche, quand on l'a mise à volée.

On trouvera à l'explication de nos planches, le détail des pièces au béfroi qu'on voit Planche de Fonderie des cloches. fig. 7.

CLOCHE, (Jurisprudence) Quoique les cloches soient déjà bénites, le fondeur qui en a fourni le métal peut les faire vendre faute de payement. Arrêt du 27 Février 1603. Carondas, liv. XIII. rép. VIIe

Dans les églises cathédrales, l'évêque ne peut communément faire sonner les cloches que de concert avec le chapitre ; cela dépend néanmoins des statuts et de l'usage. Chenu, tit. j. ch. IIe

L'émolument de la sonnerie dans les paroisses, appartient de droit commun à la fabrique, à-moins qu'il n'y ait usage et possession contraire au profit du curé. Arrêt du 21. Mars 1660, pour la fabrique de Beauvais, qui lui attribue l'émolument de la sonnerie, et néanmoins ordonne que les cloches ne pourront être sonnées pour ceux qui sont inhumés dans la paraisse, que le curé n'en ait été averti. Jurisprudence can. de de la Combe, au mot cloche.

Il est enjoint par un arrêt du grand-conseil, du 7 Janvier 1751, à toutes personnes qui auront soigné les bénéficiers jusqu'à la mort, ou chez lesquelles ils seront décédés, d'avertir les préposés à la sonnerie des cloches, de sonner à l'instant pour les ecclésiastiques qui viennent de décéder.

Les monastères ne doivent point avoir de cloches qui puissent empêcher d'entendre celles de l'église principale ou paroissiale du lieu ; et en général, les églises doivent observer entr'elles certaines déférences pour la sonnerie, selon le rang qu'elles tiennent dans la hiérarchie ecclésiastique. Henrys, tom. I. liv. I. ch. IIIe quest. 16.

L'entretien et la réfection des cloches, de la charpente qui les soutient, et des cordes qui servent à les sonner, sont à la charge des habitants, et non des gros-décimateurs. Arrêt du 3 Mars 1690, contre le curé d'Azay. Voyez les lois des bâtiments, part. II. pag. 77. aux notes. (A)

CLOCHE, (Médecine) ampoule ou vessie pleine de sérosité, qui vient aux pieds, aux mains, ou autres parties du corps, par des piqûres d'insectes, par le violent frottement, par la brulure, ou pour avoir trop marché.

Au moyen d'une longue macération de la peau dans l'eau, on en peut détacher avec l'épiderme tous ses allongements, de façon qu'ils entraînent avec eux les poils et leurs racines. Cette remarque sert à expliquer comment les cloches ou ampoules qui s'élèvent sur la peau, restent gonflées pendant un temps considérable, sans laisser la sérosité extravasée échapper par les trous, qui en ce cas devraient être agrandis par la distraction et la tension de l'épiderme soulevé : car quand l'épiderme se détache ainsi du corps de la peau, il arrache aussi et entraîne des portions de ces petits tuyaux entamés, qui étant comprimés par la sérosité, se plissent et bouchent les pores de l'épiderme soulevé, à-peu-près comme les tuyaux des ballons à jouer.

Les cloches se guérissent d'elles-mêmes, ou par l'application de quelques résolutifs, ou par la cessation des causes qui les ont produites. Art. de M(D.J.)

CLOCHE, (Marine) on donne ce nom à une machine dans laquelle un homme est enfermé, et au moyen de laquelle il peut rester quelque temps sous l'eau ; on s'en sert pour retirer du fond de la mer ou des rivières, des choses péries par naufrage ou autrement. La description qu'on en donne ici, est tirée d'un auteur hollandais.

Cette machine qui a la figure d'une cloche dont le sommet serait pointu, doit avoir cinq à six pieds de haut, et au-moins trois pieds de large par le bas, qui est armé d'un gros cercle de fer en-dedans : il sert à maintenir la cloche et résister à la force de l'eau, qui sans cela pourrait enfoncer les côtés de la machine. On la peut faire de bois, de plomb, de fer, ou de cuivre ; la matière la plus pesante est la meilleure, tant pour résister au poids de l'eau, que pour plonger mieux, et descendre plus aisément au fond.

La cloche est surliée de cordes tout-autour, dont quelques-unes descendent jusqu'au bas, et auxquelles sont attachées des plaques de plomb d'un pied en carré, et de deux pouces d'épais au-moins ; à chaque coin de ces plaques il y a un trou par lequel les cordes passent, et ces plaques pendent deux pieds au-dessous de la cloche.

L'homme qui est dans la cloche et qu'on a descendu sous l'eau, pose ses pieds sur ces plaques, et y met aussi les ustensiles dont il a besoin pour son travail, soit tenailles ou grapins, suivant la nature des choses qu'il veut enlever du fond de l'eau.

La pointe de la cloche est terminée par un fort crochet, où l'on attache un bon cordage qui est passé dans une poulie proche de l'étrave du vaisseau d'où l'on coule l'homme et la cloche dans l'eau, et l'on se sert du cabestan pour lâcher ou retirer la corde.

Toutes les parties des jambes de l'homme qui descendent plus bas que le bord de la cloche, et qui sont appuyées sur les plaques de plomb, se mouillent en entrant dans l'eau et deux pouces par-dessus ; parce qu'il entre environ cette quantité d'eau dans la cloche, lorsqu'elle commence à en toucher la superficie.

Il faut laisser couler la cloche fort doucement dans l'eau, et que le bas soit chargé et fort pesant, autrement elle pourrait tourner sur le côté ; mais quand on la retire, il faut le faire le plus vite qu'on peut.

On sait par ceux qui ont été sous l'eau dans une de ces machines, qu'un homme peut y demeurer une demi-heure, quelquefois un peu moins. La vue y est fort libre ; et l'homme qui touche au fond, peut voir distinctement l'eau qui monte peu-à-peu dans la machine ; et lorsqu'elle lui vient jusqu'à la gorge, et qu'il se voit en danger si elle montait plus haut, alors il tire une corde qui est attachée autour de son corps et qui répond dans le vaisseau : au signal on le retire promptement ; et à mesure qu'on l'enleve, l'air augmente dans la machine et l'eau y baisse, de sorte qu'elle se trouve tout à fait vide lorsqu'elle vient sur l'eau.

Plus le plongeur demeure sous l'eau, et plus l'air de la cloche devient chaud, si bien que quelquefois même le plongeur saigne du nez.

Lorsqu'il veut changer de place suivant que son travail l'exige, et faire pour cet effet avancer sa cloche d'un côté ou d'un autre, il fait des signaux par des cordes qui sont attachées au bord de la cloche par le bas, et dont l'autre bout répond au vaisseau.

Pour saisir les fardeaux et autres effets qui sont au fond de l'eau, comme canons, ancres, balles de marchandises, etc. on a de grandes et fortes tenailles dont les branches sont attachées à des cordes qui servent à les serrer et fermer, et dont l'autre bout qui répond dans le navire s'attache au cabestan ; et par ce moyen on enlève les plus gros fardeaux. (Z)

CLOCHE, (Jardinage) est un vase de verre de dix-huit pouces sur tout sens, de la figure d'une cloche, dont les Jardiniers couvrent les melons et les plantes délicates qu'ils élèvent sur couche : elle concentre beaucoup de chaleur, et avance infiniment les plantes. On dit fort bien un melon cloché.

Il y a encore une espèce de cloche de paille, qui sert à garantir les fleurs du soleil : sa chaleur qui perce au-travers du verre, corrige ce que peut causer à la jeune plante la vapeur du fumier, qui au moyen d'un demi-pié de terreau qu'on met dessus, se condense sur la couche. L'air y est encore fort nécessaire, et on a des fourchettes de bois pour élever les cloches. (K)

CLOCHE, en terme d'Orfèvre en grosserie, est un ornement de monture de chandelier, qui se place le plus souvent sous le vase. Voyez VASE. Il prend son nom de la figure, qui ressemble bien à une cloche.