S. f. (Mécanique) est une des cinq principales machines dont on traite dans la Statique. Elle consiste en une petite roue, qui est creusée dans sa circonférence, et qui tourne autour d'un clou ou axe placé à son centre ; on s'en sert pour élever des poids par le moyen d'une corde, qu'on place et qu'on fait glisser dans la rainure de la circonférence. Voyez PUISSANCES, MECHANIQUES, MACHINE, LEVIER, FORCES MOUVANTES &c. les latins l'appellent trocles.

L'axe sur lequel la poulie tourne, se nomme goujon ou boulon ; et la pièce fixe de bois ou de fer dans lequel on le met, l'écharpe ou la chape.

Théorie de la poulie O. Si une puissance P, Planche mécan. fig. 49. soutient un poids 2 par le moyen d'une poulie simple A B, de manière que la direction du poids et celle de la puissance soyent tangentes de la circonférence de la poulie, le poids sera égal à la puissance. Donc lorsque la direction de la puissance et du poids sont tangentes de la circonférence, la poulie simple n'aide point la puissance et ne lui nuit pas non plus, mais seulement en change la direction.

Par conséquent l'usage de la poulie est principalement de changer une direction verticale en horizontale, ou une direction qui devrait être de bas en haut, en une direction de haut en bas ; et réciproquement.

C'est aussi principalement par-là, qu'elle est avantageuse. En effet, supposons que plusieurs hommes veuillent élever à une grande hauteur un des gros poids EFG, fig. 49. n. 2. par le moyen d'une corde A B, en tirant cette corde de haut en bas. Si la corde vient à se rompre, la tête des ouvriers qui se trouveront dessous, sera dans un très-grand danger. Mais si par le moyen de la poulie B, la direction verticale A B est changée en horizontale, il n'y a plus rien à craindre de la rupture de la corde. La poulie B est appelée dans ce cas poulie de renvoi, parce qu'elle sert à faire agir la puissance dans un sens différent de celui du poids.

Le changement de direction occasionné par la poulie, a encore cet autre avantage, que si une puissance a plus de force dans une direction que dans une autre, elle peut agir par le moyen de la poulie dans la direction favorable.

Par exemple, un cheval ne peut tirer verticalement, mais tire avec beaucoup de force dans le sens horizontal. Ainsi, en changeant la direction verticale en horizontale, on peut faire élever un poids à un cheval par le moyen d'une poulie.

De même on se sert avec avantage de la poulie pour élever différents poids, par exemple, des seaux remplis d'eau, car quoique la force qu'on emploie pour élever le poids, ne soit qu'égale au poids, cependant elle est appliquée d'une manière très-avantageuse, parce que la pesanteur du corps de la personne qui tire, aide et favorise le mouvement des bras.

Lorsque les deux puissances P et 2 agissent suivant des directions parallèles, c'est-à-dire, lorsque la corde embrasse la moitié de la circonférence de la poulie, alors l'appui C est chargé par une force égale à la somme des deux puissances. Il n'en est pas de même lorsque les puissances P et 2 ne sont point parallèles, car alors la charge de l'appui C est moindre que la somme de ces puissances ; mais ces puissances pour être en équilibre doivent toujours être égales.

M. Varignon démontre les propriétés de la poulie de la manière suivante. Il suppose que les directions de la puissance et du poids soyent prolongées jusqu'à ce qu'elles se rencontrent, après quoi il réduit par le principe de la composition des forces, ces deux puissances en une seule ; or pour qu'il y ait équilibre, il faut que cette dernière puissance soit soutenue par le point d'appui C, c'est-à-dire que sa direction passe par C. De-là il est aisé de conclure que les puissances P et 2 doivent être égales pour faire équilibre, et que la charge de l'appui C, qui n'est autre chose que la puissance ou force qui résulte des deux puissances P et 2, n'est jamais plus grande que leur somme. Si les puissances P et 2 sont parallèles, alors M. Varignon considère le point de concours comme infiniment éloigné, ce qui ne fait que simplifier les démonstrations. Voyez APPUI, LEVIER, etc.

On peut regarder la poulie comme l'assemblage d'une infinité de leviers fixes autour du même point C, et dont les bras sont égaux ; et c'est cette égalité de bras qui fait que la puissance n'est jamais plus grande que le poids. Il est inutîle d'avertir ici que nous faisons abstraction du poids et du frottement des cordes ; car on conçoit aisément que moyennant ce poids et ce frottement, il faudra plus de 100 livres d'effort pour enlever un poids de 100 livres.

La poulie est principalement utîle quand il y en a plusieurs réunies ensemble. Cette réunion forme ce que Vitruve et plusieurs autres après lui, appellent polyspaston, et ce qu'on appelle en français moufle. L'avantage de cette machine est de tenir peu de place, de pouvoir se remuer aisément, et de faire élever un très-grand poids à une force très-médiocre.

L'effet des poulies multiples est fondé sur les théorèmes suivants. 1°. Si une puissance E, fig. 50. soutient un poids attaché au centre d'une poulie A B, elle sera la moitié de ce poids ; on suppose que la corde est attachée en D, ou soutenue de quelque manière que ce sait. 2°. Si une puissance appliquée en B, fig. 50. soutient un poids F, par le moyen de plusieurs poulies, de manière que toutes les cordes A B, H I, G F, E L, C D, soyent parallèles l'une à l'autre, la puissance sera au poids, comme l'unité est au nombre des cordes H I, G F, E L, C D, tirées par le poids F, c'est-à-dire, comme l'unité est au nombre des poulies prises ensemble.

Donc le nombre des poulies et la puissance étant donnés, il est facîle de trouver le poids que cette puissance peut soutenir ; ou le nombre des poulies et le poids étant donnés, de trouver la puissance, ou enfin de trouver le nombre des poulies, la puissance et le poids étant donnés. Voyez POLYSPASTON ou POULIE MULTIPLE, ou MOUFLE.

Si une puissance fait mouvoir un poids par le moyen de différentes poulies, l'espace que décrit la puissance sera à l'espace que décrit le poids dans le même temps, comme le poids est à la puissance.

Donc plus la force qui lève le poids est petite, plus aussi le poids se lève lentement, de sorte que l'épargne de la force est composée par la longueur du temps. Wolf et Chambers. (O)

POULIES PLATES DE BOULINES, (Marine) ce sont des poulies qui tiennent à un pendeur sous la hune. C'est où sont passées les balancines des grandes vergues.

Poulies de palan, c'est une moufle double où il y a deux poulies l'une sur l'autre, quelquefois trois, et quelquefois jusqu'à quatre, et alors ces mouffles ou poulies s'appellent poulie de palan debout, poulie de sabord, poulie de grande drisse. C'est une moufle fort longue, qui sert à hisser et à amener la grande vergue.

C'est où la grande étague est passée. Il y a dans cette moufle trois poulies sur le même aissieu, sur quoi passe la grande drisse, dont l'usage est de hisser et d'amener la grande vergue.

Poulie de drisse de misene, c'est celle qui avec l'étague sert à hisser et à amener la vergue de misene.

Poulie de drisse de sivadière, poulie d'étague de grand hunier ; c'est une poulie qui est double ou simple. Elle tient au bout de l'étague de hune ; la fausse étague y est passée, et elle sert à hisser et à amener la vergue de grand hunier.

Poulie de guinderesse, c'est une grosse poulie qui a sa moufle entourée d'un lien de fer, au bout duquel est un croc dont l'usage est de hisser et d'amener les mâts de hune.

Poulie de pendeur, poulie de retour, c'est une poulie qui est opposée à une autre poulie qu'on emploie au même usage.

Poulies de retour, d'écoutes, de hunes ; ce sont des grosses poulies qui tiennent par une herse sous les vergues, près des hunes par où sont passées les écoutes des hunes.

Poulie étrope, c'est une poulie qui a une étrope, autrement une herse.

Poulie détropée, c'est une poulie qui est sortie de l'étrope.

Poulie d'écoute de misene, et d'écoute de sivadière ; ce sont des poulies qui sont à l'avant des grands haubans, dont le côté du vaisseau sert de moufle.

Poulies d'écoutes de hune, ce sont celles qui sont au bout des grandes vergues où sont passées les écoutes des hunes et les balancines.

Poulies de caliorne, ce sont des poulies à trois rouets sur un même aissieu.

Poulie de capon, poulie de bloc ; c'est la poulie qui sert à la cargue bouline.

POULIE, partie du métier à bas. Voyez cet article.

POULIE, (Horlogerie) espèce de cercle dont la circonférence est faite en rainure pour contenir une corde.

POULIES, les, (Rubanier) servent à élever les hautes lisses par le mouvement que le tirant leur fait faire. Il faut 48 poulies dans le châtelet pour faire mouvoir les 24 hautes lisses.

POULIES, partie du métier d'étoffes de soie. Les poulies dont on se sert pour le métier des étoffes de soie, sont toutes de bois qu'on appelle buis ; elles sont de différentes grosseurs, et faites à l'ordinaire.