S. m. (Mécanique) terme fréquemment usité parmi les Philosophes et les Mathématiciens, pour désigner la force avec laquelle un corps en mouvement tend à produire un effet, soit qu'il le produise réellement, soit que quelque obstacle l'empêche de le produire.

On dit en ce sens qu'un corps qui se meut suivant une courbe, fait effort à chaque instant pour s'échapper par la tangente ; qu'un coin qu'on pousse dans une pièce de bois fait effort pour la fendre, etc.

L'effort parait être, suivant quelques auteurs, par rapport au mouvement, ce que le point est par rapport à la ligne ; au moins ont-ils cela de commun tous les deux, que comme le point est le commencement de la ligne ou le terme par où elle commence, l'effort est aussi, selon ces auteurs, le commencement de tout mouvement : mais cette dernière idée ne peut s'appliquer tout au plus qu'aux efforts qui tendent à produire une vitesse infiniment petite dans un instant, comme l'effort de la pesanteur, celui de la force centrifuge, etc. Si l'on veut entendre par le mot effort toute tendance au mouvement, ce qui est bien plus exact et plus naturel, alors la mesure de l'effort sera la quantité de mouvement qu'il produit ou qu'il produirait si un obstacle ne l'en empêchait, ou, ce qui est la même chose, le produit de la masse par la vitesse actuelle du corps ou par sa vitesse virtuelle, c'est-à-dire par la vitesse qu'il aurait sans la résistance de l'obstacle. Voyez FORCE, ACTION, PERCUSSION, PESANTEUR, etc. (O)

EFFORT, (Médecine) ce terme est employé dans la physique du corps humain, pour signifier les mouvements extraordinaires de la nature, tendants à opérer des effets utiles pour le bien de l'économie animale ; ou à procurer des changements avantageux, en surmontant, en écartant les résistances qui empêchent l'ordre dans l'exercice des fonctions lésées ; en expulsant ou en corrigeant les causes morbifiques, par la coction et les crises qui la suivent.

C'est sur ce principe, fondé sur l'histoire des maladies exactement recueillie pendant plusieurs siècles, " que la nature a la faculté de faire, et fait réellement des efforts salutaires dans le cours des maladies ; et que les mouvements en quoi consistent ces efforts, s'opèrent avec un certain ordre, tant que la puissance qui les produit, conserve la faculté d'agir ", in quantùm superest natura sana in corpore aegro. C'est sur ce principe, dis-je, que la plupart des anciens et des plus célèbres médecins d'entre les modernes, qui en ont été convaincus par leurs propres observations, ont établi leur méthode de traiter les maladies. Ils ont subordonné les secours de l'art aux indications que fournit la nature, c'est-à-dire qu'ils ont borné ces secours à seconder les efforts qu'elle emploie pour détruire les causes des maladies. Ils ont distingué soigneusement parmi les phénomènes qui ne subsistent constamment que dans le cas de lésion de fonctions, ceux qui ne sont que des efforts salutaires auxquels la cause morbifique donne lieu, mais qu'elle ne produit pas, d'avec les symptômes, qui sont des effets immédiats de cette cause, qui sont par conséquent toujours nuisibles, qu'il est aussi toujours nécessaire de faire cesser. Ils ont laissé agir la nature, dans tous les cas où elle a et où elle emploie des moyens suffisans pour combattre efficacement les causes morbifiques, par les différents efforts qu'elle fait. Ils n'ont fait que suppléer à son défaut, par les secours propres à lever les obstacles qui rendent ses efforts inutiles ; ils ont secondé, aidé, excité ceux qu'elle peut faire avec avantage, lorsqu'elle a cependant besoin d'être renforcée, d'être réveillée ; en sorte que les effets de l'art ne sont jamais qu'une imitation de la méthode que suit la nature lorsqu'elle se suffit à elle-même, ainsi qu'il arrive dans la guérison d'une infinité de maladies, qu'elle opère sans aucun secours : méthode que le médecin doit connaître avant toutes choses.

La fièvre, les spasmes, les convulsions, sont les trois espèces de mouvements extraordinaires auxquels on peut rapporter ceux qui forment les différents efforts que la nature emploie pour détruire les diverses causes morbifiques. Ces trois sortes de mouvements ne doivent cependant être regardés, et ne sont en effet qu'une augmentation, une intensité plus ou moins considérables, diversement combinées, des mouvements systaltique, tonique, et musculaire, qui sont les agens nécessaires de la vie saine, et de sa conservation ; d'où il suit que par une admirable disposition de la Providence, ce qui parait un désordre dans l'économie animale, est très-souvent un effet des moyens employés par la nature pour réparer ce désordre.

En effet, la cause de la maladie étant établie, c'est-à-dire la matière morbifique qui cause la fièvre, par exemple, étant formée dans le corps, il est plus nécessaire, par la disposition de la machine, que les efforts de la nature, c'est-à-dire les mouvements extraordinaires des organes de la circulation du sang, à laquelle cette cause morbifique est opposée ; que ces efforts, dis-je, soient employés, qu'il n'est nécessaire que les aliments étant portés dans l'estomac, il s'excite dans cet organe des mouvements propres à en procurer la digestion : en sorte que lorsqu'on arrête, qu'on empêche de quelque manière que ce soit les efforts fébriles, avant que la coction de la matière morbifique soit faite, on cause un désordre plus réel que n'était la fièvre elle-même ; et on peut dire de ce désordre qu'il est plus grand dans les secondes voies, que ne serait dans les premières celui que l'on y causerait en suspendant l'ouvrage de la digestion par quelque moyen que ce puisse être.

Tout se passe en mouvements digestifs dans toutes les parties du corps humain. La chylification, la sanguification, les secrétions et excrétions, sont autant de différentes digestions. Tant que rien ne s'oppose à ces mouvements et à leurs effets naturels, ils sont modérés, et conformes aux règles de la santé. Dès que ces mouvements trouvent de la résistance, qui tend à les diminuer ou à les faire cesser, au détriment de l'économie animale, la puissance motrice, par une plus grande dépense de forces, augmente ces mouvements, les rend plus considérables que dans l'état de santé, à proportion des obstacles à vaincre : dès-lors ce sont des efforts, conamina. Ainsi, comme toutes les différentes digestions (dénomination sous laquelle on peut comprendre, comme il vient d'être dit, toutes les préparations des humeurs animales dans l'état naturel), sont les effets de ces mouvements ordinaires, de même toutes les différentes coctions (les élaborations, les maturations) des humeurs morbifiques, sont le résultat des mouvements extraordinaires des efforts, que ces coctions produisent. Tous les efforts de la nature dans les maladies, tendent à opérer des coctions. Voyez NATURE, PUISSANCE MOTRICE, ECONOMIE ANIMALE, MOUVEMENT ANIMAL, (SYSTALTIQUE, TONIQUE, MUSCULAIRE), et FIEVRE, SPASME, COCTION, CRISE. (d)

EFFORT ou RESISTANCE, en Hydraulique, c'est la violence que fait l'eau pour passer dans les endroits trop resserrés des brides, des robinets, soupapes, coudes, jarrets, fourches ; ce qui occasionne beaucoup de frottements. (K)

EFFORT, (Voix) défaut qui est dans le Chant, le contraire de l'aisance. On le fait par une contraction violente de la glote : l'air poussé hors des poumons s'élance dans le même temps, et le son alors semble changer de nature ; il perd la douceur dont il était susceptible, acquiert une dureté fatigante pour l'auditeur, défigure les traits du chanteur, le rend vacillant sur le ton, et souvent l'en écarte.

C'est de tous les défauts qu'on peut contracter dans le chant le plus dangereux, et celui dont on revient le moins dès qu'on l'a une fois contracté. Il ne faut pas même dissimuler, que c'est celui vers lequel on a plus de motifs de pancher dans notre chant dramatique ; tels sont les cris au théâtre de la comédie française.

Le volume, les grandes voix sont à-peu-près tout ce qu'applaudit la multitude ; elle est surprise par un grand son, comme elle est ébranlée par un cri. Les acteurs médiocres crient pour lui plaire, les chanteurs communs forcent leurs voix pour le surprendre.

On reviendra tôt ou tard, en France, de l'erreur des grandes voix ; mais il faut attendre que le chant du théâtre ait pris les accroissements dont il est susceptible. Dès qu'il cessera d'être lourd, il faudra bien qu'on croye qu'il n'y a de vraies voix que celles qui sont legeres. Voyez RECITATIF, LEGERETE. (B)

EFFORT, (Manège et Maréchalerie) terme usité parmi nous, et par lequel nous désignons non-seulement le mouvement forcé d'une articulation quelconque, mais l'indisposition qui en résulte, et qui consiste dans une extension violente de quelques-uns des muscles, des tendons et des ligaments de l'article affecté. Cette dénomination, qui devrait par conséquent s'étendre à ce que nous entendons par entorse, est néanmoins restreinte aux seuls cas où les reins, les hanches, les jarrets, reçoivent une pareille atteinte ; car ceux qui concernent l'épaule et le bras s'expriment par les mots d'écart, d'entr'ouverture. Voyez ECART.

Les efforts de reins doivent donc être envisagés comme une extension plus ou moins considérable des ligaments qui servent d'attache aux dernières vertèbres dorsales et aux vertèbres lombaires, accompagnée d'une forte contraction de quelques muscles du dos et des muscles des lombes.

Les causes de cette maladie sont toujours externes ; ainsi une chute, des fardeaux trop pesans, un effort fait par l'animal, soit en voulant sortir d'un mauvais pas, soit en glissant, soit en sautant dans le manège, et y étant retenu et attaqué à contre-temps, soit en se relevant dans l'écurie même, peuvent l'occasionner.

Les signes auxquels on la reconnait, se tirent des mouvements et de la démarche de l'animal. L'effort n'est-il pas violent, le cheval ressent une peine infinie et une vive douleur en reculant ; sa croupe est bernée, elle chancelle, elle balance quand il trote : mais le mal est-il tel que l'extension ait été extrême, bien loin qu'il soit libre de reculer, il peut à peine faire quelques pas en avant ; et pour peu qu'on veuille l'y contraindre, son derrière qu'il traine, fléchit et se montre sans-cesse prêt à tomber.

On n'est pas toujours assuré de remédier radicalement à cette maladie. Les chevaux s'en ressentent longtemps, et même tant qu'ils existent, d'autant plus que dans l'animal qui travaille, le derrière est infiniment plus occupé que le devant. On ne peut donc se flatter constamment d'en opérer la guérison entière, à moins que l'espèce du mal ne soit d'une si petite conséquence, qu'on puisse le regarder comme un simple et leger détour dans les reins.

Ce n'est qu'à l'ignorance des maréchaux que l'on peut rapporter l'idée des efforts des hanches. Lorsque je vois des hommes qui, depuis des siècles entiers, se laissent conduire par des ouvriers assez téméraires pour vouloir réparer les désordres d'une machine, dont ils ne connaissent ni l'organisation, ni la structure, je ne puis m'empêcher de douter, si réellement la pensée n'est pas moins l'apanage de l'humanité que la faiblesse et l'aveuglement. Les hanches sont incontestablement formées par les os des îles ; or les os des îles ou les os innommés sont composés de trois os de chaque côté, c'est-à-dire de l'ileum, de l'ischion, et du pubis. Ces os, exactement distincts dans le poulain, sont tellement unis dans le cheval, qu'ils ne peuvent point se séparer. De plus ils sont joints supérieurement à l'os sacrum, appelé par quelques hypostéologistes méprisables l'os de la cariole : celui-ci en forme le milieu, et leur sert comme de clé. Cette jonction est si intime et si étroite, au moyen de nombre de ligaments, et spécialement d'un cartilage intermédiaire, qu'il est de toute impossibilité qu'ils puissent être disjoints ; elle était même si nécessaire, que le moindre dérangement aurait notablement nui aux viscères contenus dans le bassin, et qui importent essentiellement à la vie ; rien n'est conséquemment plus absurde que la supposition d'une extension violente et forcée dans cette partie : elle n'a été imaginée que parce que l'on a confondu et que l'on confond encore la cuisse et les hanches. Si l'on avait observé que le fémur est supérieurement articulé avec ces mêmes os innommés, on aurait sans doute compris que cette articulation seule est susceptible d'extension ; et dès-lors l'effort aurait été considéré non dans les hanches, mais dans la cuisse.

Il sera causé par une chute, un écart qui le plus communément se fait en-dehors. Les ligaments capsulaires qui entourent l'article, et qui d'une part sont attachés à la circonférence de la cavité cotiloïde destinée à loger la tête du fémur, et de l'autre à la circonférence du cou de ce même os, ainsi que le ligament rond caché dans l'articulation même, qui d'un côté a son attache à la tête du fémur, et de l'autre part au fond de cette cavité cotiloïde, auront été dans le moment de l'écart (je veux dire dans le temps où l'os s'est extrêmement éloigné de sa situation ordinaire) plus ou moins tiraillés et plus ou moins distendus, selon le plus ou le moins de violence et de promptitude de ce mouvement contre nature. Les muscles mêmes qui les entourent, et qui assujettissent le fémur, tels que le psoas, l'iliaque, le pectiné, le triceps, les obturateurs, les jumeaux, pourront en avoir souffert : il y aura peut-être encore rupture de plusieurs vaisseaux sanguins, de plusieurs fibres, soit musculaires, soit ligamenteuses, et conséquemment perte de ressort et de mouvement dans les unes et dans les autres : ce qui, joint à une douleur plus ou moins vive, symptômes affectés à ces accidents, rend cette maladie très-fâcheuse.

Dans cet état l'animal boite plus ou moins bas ; il semble baisser la hanche en cheminant, et traine toute la partie lésée. Quelques personnes examinent s'il tourne la croupe en trotant ; mais ce signe est équivoque dans cette circonstance, et n'est univoque que dans celle des efforts de reins.

Celui du jarret ne peut naître que d'une flexion ou d'une extension forcée ; car il s'agit ici d'une articulation par charnière, et conséquemment cette partie n'est capable que de ces deux mouvements. Les ligaments antérieurs ou postérieurs, le ligament capsulaire et les différents tendons auxquels elle livre un passage, et qui s'y arrêtent, pourront avoir été distendus ; et nous ajouterons, en ce cas, à toutes les autres causes des efforts dont nous avons parlé, celle qui résulte de la contrainte dans laquelle on n'assujettit que trop souvent les chevaux, dans le travail ou autrement, à l'effet de les ferrer.

L'enflure, la douleur, la claudication, l'action de trainer la jambe, de s'y appuyer faiblement, la chaleur de la partie, sont les symptômes les plus ordinaires de l'affection dont il s'agit.

Souvent aussi la corde tendineuse qui répond au jarret, et qui est connue par tous les maréchaux sous le nom de gros nerf, essuie elle seule un effort. Il faut m'expliquer plus clairement. Le muscle sublime où le perforé s'attache supérieurement au fémur entre les deux condyles au-dessous des jumeaux. Il se termine bien-tôt en un tendon assez fort qui se porte en-dessus, et passe sur le tendon de ces mêmes jumeaux pour gagner la tête ou la pointe du jarret. Là il s'élargit et forme une espèce de poulie, qui dans les mouvements de cette partie, glisse sur cette pointe. Ce que les maréchaux et une multitude de prétendus savants qui nous accablent, appellent gros nerf, est donc une partie composée des tendons dépendants des jumeaux et du sublime : ils forment une espèce de corde qui peut être comparée au tendon d'Achille, et qui sera susceptible d'effort toutes les fois qu'il arrivera à ces muscles, une contraction assez violente pour produire une rupture, ou une forte distension dans les fibres musculaires et tendineuses. Cet accident aura lieu, par exemple, lorsque les mouvements de l'animal seront d'une véhémence extrême, lorsqu'il éparera avec trop de force, comme aussi dans une falcade précipitée, dans un temps où le cheval, trop assis, sera prêt à s'acculer : dans toutes ces actions également forcées, les fibres portées au-delà de leur état naturel, perdront leur ressort et leur jeu, les filaments nerveux seront tiraillés ; delà l'engorgement et la douleur, engorgement attendu le relachement des parties, douleur ensuite du tiraillement des nerfs, et conséquemment difficulté et quelquefois impuissance dans le mouvement ; ce qui se manifeste encore par l'inspection de la jambe ou du canon qui demeure comme suspendu, et qui ne peut se mouvoir lorsque le cheval range sa croupe.

Les efforts du grasset ne trompent que trop fréquemment ; ils ont souvent été confondus avec les efforts de la cuisse. Ils arrivent plus rarement, et les suites en sont moins funestes que dans d'autres articulations plus serrées, et dont les ligaments sont plus nombreux. Ils ne peuvent être occasionnés que par un mouvement particulier et extraordinaire. La rotule, en effet, n'est point articulée avec les os qu'elle recouvre, c'est-à-dire, avec le fémur et avec le tibia ; elle roule, elle glisse, elle est vacillante, et n'est nullement assujettie que par les tendons des muscles extenseurs de la jambe dans lesquels elle est contenue et comme enchâssée ; de sorte que selon leur contraction et selon que ces tendons l'entraînent et la déterminent, elle change aisément de situation, et ne peut faire souffrir aucune distension à ces parties : or dans le cas de l'effort dont nous parlons, la rotule ne doit point être envisagée, l'extension violente est seulement dans les fibres des ligaments ou capsulaires ou latéraux, ou dans les fibres mêmes des muscles et des tendons extenseurs : ainsi en rendant à ces fibres et leur ton et leur jeu, l'animal sera bientôt remis. Ce mal s'annonce toujours par le peu de mouvement que l'on observe dans cette partie, lorsque le cheval chemine, par la contrainte dans laquelle il est de la porter en-dehors, et par l'obligation où sont les parties inférieures à celle-ci de trainer et de rester en arrière.

En général dans le traitement des efforts, on doit se proposer de ramener les parties lésées à leur ton ; de prévenir l'engorgement des liqueurs dans les tuyaux qui auront souffert de l'extension, de le dissiper, s'il y en a, en facilitant la résolution de l'humeur, et de calmer enfin l'inflammation et la douleur. Les répercussifs sont convenables dès qu'ils sont appliqués sur le champ ; mais ils fixeraient l'humeur et ne pourraient qu'augmenter la douleur et le gonflement, si on les employait dans le progrès du mal : quant à la saignée elle ne doit jamais être oubliée, et l'on doit ménager prudemment l'usage des émolliens et des résolutifs.

Un simple détour dans les reins peut être guéri par l'eau froide, par de legeres frictions faites avec l'esprit-de-vin, ou l'eau-de-vie et le savon ; mais un véritable effort demande que la saignée soit plus ou moins repétée, et des résolutifs plus forts ; ainsi on frotte la partie malade avec l'essence de térébenthine, et l'on charge les reins d'un ciroine, pour me servir des termes de l'art, lequel sera composé de poix blanche, cire neuve, et térébenthine en gomme, parties égales. Souvent la fièvre accompagne l'effort : c'est au maréchal à décider sur la multiplication des saignées ; il administrera trois fois par jour des lavements émolliens, tiendra l'animal au son et à l'eau blanche, lui donnera peu de fourrage, et il terminera la cure par les résolutifs aromatiques, tels que l'origan, le pouliot, la sauge, le romarin, le thim, etc. qu'il fera bouillir dans du gros vin, et dont il lavera le siège du mal plusieurs fois dans la journée, observant alors de faire promener au petit pas de temps en temps l'animal ; et selon les accidents qui auront accompagné celui-ci, on purgera l'animal une fois seulement.

L'effort peut avoir été négligé et mal-traité ; de plus lorsqu'il a été violent, il est rare que les chevaux n'en ressentent toujours une impression ; mais les boues et les douches des eaux minérales d'Aix y remédieraient entièrement. Voyez EAU envisagée par rapport à ses usages relativement au cheval.

L'effort de la cuisse exige les mêmes soins et les mêmes remèdes que celui dont nous venons de prescrire le traitement ; et le ciroine sera appliqué sur l'articulation du fémur avec l'os des hanches, que les maréchaux appellent savamment la noix. Ils y appliquent le feu, ils pratiquent des orties. Voyez FEU, ORTIES.

L'effort du grasset cede souvent à une saignée, aux résolutifs spiritueux, aromatiques ; et dans le cas où la maladie serait opiniâtre, on pourrait se conduire par les vues que nous avons suggérées en parlant des autres.

Celui du jarret mérite beaucoup plus d'attention ; car quelque legers que soient les défauts de cette partie, ils sont toujours considérables. Un cheval n'est et ne peut être agréable qu'autant que le poids de son corps est contrebalancé sur son derrière, et que ce même derrière supporte une partie du poids de devant et la plus grande charge ; de plus, le mouvement progressif de l'animal n'est opéré que par la voie de la percussion, et la machine entière ne peut être mue et portée en avant, qu'autant que les parties de l'arriere-main l'y déterminent ; or tout ce qui tendra à les affoiblir et à diminuer la force et le jeu du jarret, qui d'ailleurs et en conséquence de sa structure, est toujours plus vivement et plus fortement occupé, ne saurait être envisagé comme un accident médiocre.

Les bains d'eau de rivière lorsqu'on est à portée d'y conduire le cheval sur le champ, et d'autres répercussifs, ne sont pas ici moins nécessaires. On doit saigner pareillement : mais soit que le tendon dont j'ai parlé, soit principalement affecté, soit que l'extension ait eu surtout lieu dans les ligaments antérieurs ou postérieurs, dans le ligament capsulaire, etc. il faut scrupuleusement considérer l'état actuel de la partie. Si la douleur et la chaleur sont très-vives, si le gonflement est considérable, s'il est accompagné de dureté, les résolutifs seraient alors plus nuisibles que salutaires. On aura donc d'abord recours aux émolliens, qui relacheront et amolliront les solides et augmenteront la fluidité des liqueurs. Ces médicaments peuvent être employés de plusieurs manières, ou en bains, ou en cataplasme, ou en onguent. Faites bouillir mauve, pariétaire, althaea, bouillon-blanc, mercuriale, etc. dans suffisante quantité d'eau commune, et bassinez fréquemment la jambe et la partie affligée avec la décoction de ces plantes. Leur application en substance sera plus efficace ; prenez donc leurs feuilles bouillies et réduites en pulpe, fixez-les sur le mal par un bandage convenable, et arrosez de temps en temps l'appareil avec cette même décoction, ou ce qui est encore plus simple, frottez toute la partie avec l'onguent d'althaea. L'inflammation, la douleur étant moindres, et le gonflement ramolli, mêlez les résolutifs aux émolliens ; ajoutez à la décoction de l'esprit-de-vin, de l'essence de térébenthine d'abord en petite quantité, et ensuite plus abondamment ; faites bouillir avec les plantes relachantes quelques herbes aromatiques ; unissez à l'althaea la térébenthine en gomme ; fortifiez ainsi peu-à-peu les émolliens, et excluez-les enfin pour ne vous servir que des remèdes capables d'opérer la résolution. Je pourrais indiquer encore d'autres moyens, mais ceux-ci suffiront lorsque le traitement sera conduit savamment et avec prudence. Ce n'est pas dans l'abondance des recettes que consiste le savoir, mais dans la connaissance du temps précis et de l'ordre dans lequel les médicaments doivent être appliqués. (e)