S. f. (Histoire et Art mécanique) instrument de corde et à main, dont on se servait autrefois dans les armées pour lancer des pierres, et même des balles de plomb avec violence.

Pline prétend que les peuples de la Palestine sont les premiers qui se soient servis de la fronde, et qu'ils y étaient si exercés, qu'ils ne manquaient jamais le but. Un passage de l'Ecriture rapporté par le père Daniel dans son histoire de la Milice française, prouve leur adresse en ce genre. On trouve dans ce passage qu'il y avait dans la ville de Gabaa sept cent frondeurs, qui tiraient si juste, qu'ils auraient pu sans manquer toucher un cheveu, sans que la pierre jetée se fût détournée de part ou d'autre *.

Les habitants des îles Baléares, aujourd'hui Majorque et Minorque, ont été aussi très-fameux chez les anciens, par leur habileté à se servir de cette arme. Dans les expéditions militaires ils jetaient, suivant Diodore de Sicile, de plus grosses pierres avec la fronde qu'avec les autres machines de jet. " Quand ils assiègent une place, dit cet auteur, ils atteignent aisément ceux qui gardent les murailles ; et dans les batailles rangées ils brisent les boucliers, les casques, et toutes les armes défensives de leurs ennemis. Ils ont une telle justesse dans la main, qu'il leur arrive peu souvent de manquer leur coup. Ce qui les rend si forts et si adroits dans cet exercice, continue ce même auteur, c'est que les mères même contraignent leurs enfants, quoique fort jeunes encore, à manier continuellement la fronde. Elles leur donnent pour but un morceau de pain pendu au bout d'une perche, et elles les font demeurer à jeun jusqu'à ce qu'ils aient abattu ce pain ; elles leur accordent alors la permission de le manger ". Diodore de Sicile, trad. de M. l'abbé Terrasson, tom. II. pag. 217.

Vegece rapporte aussi à ce sujet que les enfants de ces îles ne mangeaient d'autre viande que celle du gibier qu'ils avaient abattu avec la fronde.

Les frondeurs, conjointement avec les archers ou gens de trait, servaient à escarmoucher au commencement du combat ; et lorsqu'ils avaient fait quelques décharges ou qu'ils étaient repoussés, ils se retiraient derrière les autres combattants, en passant par les intervalles des troupes.

Les Romains ainsi que les autres nations avaient des frondeurs dans leurs armées ; voyez VELITES.

" Nos pères, dit Vegece, se servaient de frondeurs dans leurs batailles. En effet des cailloux ronds lancés avec force font plus de mal malgré les cuirasses et les armures, que n'en peuvent faire toutes les flèches ; et l'on meurt de la contusion sans répandre une goutte de sang. Trad. de Vegece par M. de Sigrais.

Les François ont fait aussi usage de la fronde dans leurs armées. Ils ont même continué de s'en servir longtemps après l'invention de la poudre à canon. D'Aubigné rapporte qu'au siège de Sancère en 1572, les paysans huguenots réfugiés dans cette ville s'en servaient pour épargner la poudre.

Selon Vegece, la portée de la fronde était de six cent pieds. Voyez ci-après FRONDEUR. (Q)

L'effet de la fronde vient principalement de la force centrifuge. La pierre qui tourne dans la fronde tend continuellement à s'échapper par la tangente (voyez CENTRIFUGE et FORCE), et tend la fronde avec une force proportionnelle à cette force centrifuge ; elle est retenue par l'action de la main qui en faisant tourner la fronde, s'oppose à la sortie de la pierre ; et elle s'échappe par la tangente dès que l'action de la main cesse. On trouve au mot CENTRAL des théoremes par lesquels on peut déterminer aisément la force avec laquelle une fronde est tendue, la vitesse de la pierre étant donnée. Cette force est à la pesanteur de la pierre, comme le double de la hauteur d'où la pierre aurait dû tomber pour acquérir la vitesse avec laquelle elle tourne, est au rayon du cercle. Voyez aussi le mot FORCE. Il est bon de remarquer que la pesanteur du corps altère un peu cette force de tendance, en la diminuant dans la partie supérieure du cercle, et en la favorisant dans la partie inférieure ; il est bon de remarquer aussi que cette même pesanteur empêche la vitesse d'être absolument uniforme, mais nous supposons ici, comme il arrive dans la fronde, que la pierre tourne avec une très-grande vitesse, en sorte que l'effet de la pesanteur puisse être regardé comme nul. (O)

FRONDE, terme de Chirurgie, bandage à 4 chefs, ainsi appelé parce qu'il représente une fronde. On l'emploie à contenir les médicaments, les plumaceaux et les compresses sur différentes parties du corps : comme à la tête, au nez, aux lèvres, au menton, aux aisselles, et ailleurs. Il se fait avec une bande ou un morceau de linge d'une largeur et d'une longueur convenables à la partie sur laquelle on veut l'appliquer. Aux lèvres, par exemple, la bande ne doit pas avoir plus d'un bon pouce de large ; et pour le menton, on prend un morceau de linge de quatre travers de doigts. Une fronde est fendue également en deux, suivant sa longueur, jusqu'à trois ou quatre travers de doigts du milieu. Le plein de la fronde s'applique sur les compresses dont on recouvre la partie malade, et les chefs de chaque côté se croisent et vont s'attacher à la partie opposée. Voyez figure 20. Pl. II. la fig. 7. Pl. XXVII. représente l'application de ce bandage à la lèvre supérieure. (Y)