S. f. (Mécanique) est une machine simple consistant en une pièce ronde de bois, de métal, ou d'autre matière qui tourne autour d'un aissieu ou axe. Voyez AISSIEU et AXE.

La roue est une des principales puissances employées dans la mécanique, et est d'usage dans la plupart des machines ; en effet, les principales machines dont nous nous servons, comme horloges, moulins, etc. ne sont que des assemblages de roues. Voyez HORLOGE, MOULIN, etc.

La forme des roues est différente, suivant le mouvement qu'on veut leur donner, et l'usage qu'on en veut faire. On les distingue en roues simples et roues dentées.

La roue simple, ou la roue proprement dite, est celle dont la circonférence est uniforme, ainsi que celle de son aissieu ou arbre, et qui n'est point combinée avec d'autres roues. Telles sont les roues des voitures faites pour avoir un mouvement double ; l'un circulaire autour de l'axe, l'autre rectiligne pour aller en avant, quoique, à la vérité, ces deux mouvements ne soient qu'apparents, puisqu'il est impossible qu'un corps puisse avoir à la fois deux directions. Voyez CHARIOT.

Le seul et unique mouvement qu'ait la roue, est un mouvement curviligne, composé du mouvement progressif et du mouvement circulaire ; ce qu'on peut voir aisément en fixant un crayon sur la roue, de manière qu'il marque sa trace sur la muraille pendant que la roue tourne ; car la ligne qui se trouve tracée alors est une vraie courbe ; cette courbe s'appelle par les Géomètres cycloïde, et elle est d'autant moins courte, que le crayon a été placé plus proche de l'axe. Voyez CYCLOÏDE.

Dans les roues simples, la hauteur doit toujours être proportionnée à la hauteur de l'animal qui la fait mouvoir. La règle qu'il faut suivre, c'est que la charge et l'axe de la roue soient de même hauteur que la puissance : car si l'axe était plus haut que la puissance qui tire, une partie de la charge porterait sur elle, et si l'axe était plus bas, la puissance tirerait d'une manière désavantageuse, et aurait besoin d'une plus grande force. Cependant Stevin, Wallis, etc. prétendent que pour tirer un fardeau sur un terrain inégal, il est plus avantageux de placer les traits des roues au-dessous de la poitrine du cheval.

La force des roues simples résulte de la différence entre le rayon de l'aissieu et celui de la roue. Cette force se mesure par cette règle. Le rayon de l'axe ou de l'aissieu est celui de la roue, comme la puissance au poids à soutenir.

Une roue qui tourne, doit être regardée le plus souvent comme un levier du second genre, qui se répète autant de fois qu'on peut imaginer de points à la circonférence. Car chacun de ces points est l'extrémité d'un rayon appuyé d'une part sur le terrain, et dont l'autre bout, chargé de l'aissieu qui porte la voiture, est en même temps tiré par la puissance qui le mène ; de sorte que si le plan était parfaitement uni, et de niveau, si la circonférence des roues était bien ronde, et sans inégalités, s'il n'y avait aucun frottement de l'axe aux moyeux, et si la direction de la puissance était toujours appliquée parallèlement au plan, une petite force menerait une charge très-pesante. Car la résistance qui vient de son poids, repose, pour ainsi dire, entièrement sur le terrain par le rayon vertical de la roue, dont l'extrémité est appuyée sur ce même terrain.

Mais de toutes les conditions que nous venons de supposer, et dont le concours serait nécessaire pour produire un tel effet, à peine s'en rencontre-t-il quelqu'un dans l'usage ordinaire. Les roues des charrettes sont grossièrement arrondies et garnies de gros cloux : les chemins sont inégaux par eux-mêmes, ou ils le deviennent par le poids de la voiture qui les enfonce ; ces inégalités, soit des roues, soit du terrain, font que la roue s'appuie sur le terrain par un rayon oblique à la direction de la puissance ou de la résistance ; de sorte que la puissance est obligée de soutenir une partie du poids, comme si le poids était placé sur un plan incliné. D'ailleurs, il se fait toujours à l'endroit du moyeu un frottement très-considérable. Enfin les creux et les hauteurs qui se trouvent souvent sur les chemins changent aussi la direction de la puissance, et l'obligent à soutenir une partie du poids, c'est de quoi on peut s'assurer journellement. Car une charrette qui se meut assez facilement sur un terrain horizontal, a souvent besoin d'un plus grand nombre de chevaux pour être tirée sur un plan qui Ve tant soit peu en montant.

Mais s'il n'est pas possible de se mettre absolument au-dessus de toutes ces difficultés, on peut cependant les prévenir en partie en employant de grandes roues ; car, il est certain que les petites roues s'engagent plus que les grandes dans les inégalités du terrain ; de plus, comme la circonférence d'une grande roue mesure en roulant plus de chemin que celle d'une petite, elle tourne moins vite, ou elle fait un moindre nombre de tours pour parcourir un espace donné, ce qui épargne une partie des frottements. On entend par grandes roues celles qui ont cinq ou six pieds de diamètres ; dans cette grandeur, elles ont encore l'avantage d'avoir leur centre à-peu-près à la hauteur d'un trait de cheval, ce qui met son effort dans une direction perpendiculaire au rayon qui pose verticalement sur le terrain ; c'est-à-dire dans la direction la plus favorable, au moins dans les cas les plus ordinaires. Leçons de physique de M. l'abbé Nollet.

C'est la même règle, pour ces sortes de roues, que pour la machine appelée axis in peritrochio, c'est-à-dire tour ou treuil ; en effet, la roue simple n'est autre chose qu'une espèce de treuil, dont l'aissieu ou axe est représenté par l'aissieu même de la roue, et dont le tambour ou peritrochium est représenté par la circonférence de la roue.

Les roues dentées sont celles dont les circonférences ou les aissieux sont partagées en dents, afin qu'elles puissent agir les unes sur les autres et se combiner.

L'usage de ces roues est visible dans les horloges, les tournebroches, etc. Voyez HORLOGE, MONTRE.

On donne le nom de pignon aux petites roues qui engrenent dans les grandes. On les appelle aussi quelquefois lanternes, et ces petites roues servent beaucoup à accélerer le mouvement, comme il n'est personne qui ne l'ait remarqué. Les roues dentées ne sont autre chose que des leviers du premier genre multipliés, et qui agissent les uns par les autres ; c'est pourquoi la théorie des leviers peut s'appliquer facilement aux roues, et on trouvera par ce moyen le rapport qui doit être entre la puissance et le poids pour être en équilibre. Voyez PIGNON, ENGRENAGE, DENT, CALCUL, etc.

La force de la roue dentée dépend du même principe que celle de la roue simple. Cette roue est, par rapport à l'autre, ce qu'un levier composé est à un levier simple. Voyez LEVIER, etc.

La théorie des roues dentées peut être renfermée dans la règle suivante. La raison de la puissance au poids, pour qu'il y ait équilibre, doit être composée de la raison du diamètre du pignon de la dernière roue au diamètre de la première roue, et de la raison du nombre de révolutions de la dernière roue au nombre des révolutions de la première, faites dans le même temps. Mais cette théorie demande une explication plus particulière.

Le poids A est à la force appliquée en D, par le principe du levier, comme OCD à BC ; cette force est à la force en G, comme E G est à E F ; la force en G est à la force en K, comme HK est à HI. Donc le poids est à la force en K, comme CD x EG x HK est à BC x EF x HI, c'est-à-dire, de la raison du produit des rayons des roues au produit des rayons des pignons, ce qui revient à la proportion précédente ; mais cette dernière proportion est plus simple et plus aisée à saisir.

1°. En multipliant le poids par le produit des rayons des pignons, et en divisant le tout par le produit des rayons des roues, on aura la puissance qui doit soutenir ce poids. Supposons, par exemple, que le poids à soutenir A (Pl. de la Mécanique, fig. 63.), soit de 6000 livres ; BC de 6 pouces, CD de 34 pouces, E F de 5 pouces, E G de 35 pouces, HI de 4 pouces, H K de 27 pouces, le produit de B C par E F, par HI sera 120, et celui de CD, par EG, par IK de 32130. Multipliant donc 6000 par 120, et divisant le produit par 32130, on aura 22 1/3 pour la puissance capable de soutenir les 6000 livres, et une petite augmentation à cette puissance suffira pour enlever le poids.

2°. En multipliant la puissance par le produit des rayons des roues, et en divisant le produit total par le produit des rayons des pignons, le quotient sera le poids que la puissance peut soutenir. Ainsi, si dans l'exemple, c'eut été la puissance de 22 1/3 qui eut été donnée ; on aurait trouvé pour le poids qu'elle peut soutenir 6000 livres.

3°. Une puissance et un poids etant donnés, trouver le nombre des roues, et quel rapport il doit y avoir dans chaque roue entre le rayon du pignon et celui de la roue, pour que la puissance étant appliquée perpendiculairement à la circonférence de la dernière roue, le poids soit soutenu.

Divisez le poids par la puissance, resolvez le quotient dans les facteurs qui le produisent, et le nombre des facteurs sera celui des roues ; et les rayons des pignons devront être en même proportion à l'égard des rayons des roues, que l'unité à l'égard de ces différents facteurs. Supposons, par exemple, qu'on ait un poids de 300 livres, et une puissance de 60, il vient 500 au quotient, qui se résout dans les facteurs 4, 5, 5, 5. Il faut donc employer quatre roues, dans l'une desquelles le rayon du pignon soit à celui de la roue comme 1 à 4, et dans les autres comme 1 à 5.

4°. Lorsqu'une puissance meut un poids par le moyen de plusieurs roues, l'espace parcouru par le poids est à l'espace parcouru par la puissance, comme la puissance au poids. Et par conséquent plus la puissance sera grande, plus le poids aura de vitesse ; et réciproquement.

5°. Les espaces parcourus par le poids et par la puissance, sont entr'eux dans la raison composée du nombre des révolutions de la roue la plus lente, au nombre des révolutions de la roue la plus prompte, et de la circonférence du pignon de la roue la plus lente à la circonférence de la roue la plus prompte. Et comme l'espace parcouru par le poids est toujours à l'espace parcouru par la puissance, dans la raison de la puissance au poids, il s'ensuit que la puissance est toujours au poids qu'elle peut soutenir, dans la même raison composée du nombre des révolutions de la roue la plus lente, au nombre des révolutions de la roue la plus prompte, et de la circonférence du pignon de la roue la plus lente, à la circonférence de la roue la plus prompte.

6°. La circonférence du pignon de la roue la plus lente, et la circonférence de la roue la plus prompte, étant données, aussi-bien que la raison qui est entre les nombres des révolutions de la première de ces roues à l'autre, trouver l'espace que doit parcourir la puissance, afin que le poids parcoure un espace donné.

Multipliez la circonférence du pignon de la roue la plus lente par l'antécédent de la raison donnée, et la circonférence de la roue la plus prompte par le conséquent de la même raison. Trouvez ensuite une quatrième proportionnelle à ces deux produits et à l'espace qu'on veut faire décrire au poids, et vous aurez l'espace que doit parcourir la puissance. Supposons, par exemple, que la raison des révolutions de roue la plus lente à celle de la plus prompte, soit celle de 2 à 7, que l'espace à faire parcourir au poids soit de 30 pieds, le rapport de la circonférence du pignon de la roue la plus lente à la circonférence de la roue la plus prompte étant supposé celui de 3 à 8, on aura avec ces conditions 280 pieds pour l'espace que doit parcourir la puissance.

7°. La raison de la circonférence de la roue la plus prompte à celle du pignon de la plus lente, la raison des révolutions de ces roues et le poids étant donnés, trouver la puissance.

Multipliez les antécédents de ces deux raisons l'un par l'autre, et faites de même des conséquents ; trouvez ensuite au produit des antécédents, à celui des conséquents, et au poids donné une quatrième proportionnelle, et vous aurez la puissance cherchée. Que la raison des circonférences soit celle de 8 à 3, par exemple, la raison des révolutions celle de 7 à 2, et que le poids soit de 2000, on aura 214 2/7 pour la puissance. On trouverait de la même manière le poids, si c'était la puissance qui fût donnée.

8°. Les révolutions que doit faire la roue la plus prompte, pendant que la plus lente en fait une, étant données, ainsi que l'espace dont il faut élever le poids, et que la circonférence de la roue la plus lente, trouver le temps qui sera employé à l'élévation de ce poids.

Trouvez premièrement une quatrième proportionnelle à la circonférence du pignon de la roue la plus lente, à l'espace que le poids doit parcourir, et au nombre des révolutions de la roue la plus prompte, et vous aurez le nombre des révolutions que doit faire cette roue, pendant que le poids s'élève de la quantité demandée. Trouvez ensuite par expérience le nombre des révolutions que fait la roue la plus prompte dans une heure, et faites servir ce nombre de diviseur au quatrième terme de la proportion dont on vient de parler, le quotient sera le temps employé à l'élévation du poids.

Au reste, il est bon de remarquer en finissant cet article, que quoique la multiplication des roues soit souvent fort utîle dans la mécanique, soit pour aider le mouvement, soit pour l'accélérer, cependant cette même multiplication entraîne aussi d'un autre côté, une plus grande quantité de frottements, et qui peut devenir si considérable, qu'elle égalerait, ou même surpasserait l'avantage que la multiplication des roues pourrait produire. C'est à quoi on ne fait pas souvent assez d'attention lorsqu'on veut construire une machine, et surtout si cette machine est un peu composée. Voyez MACHINE et FROTTEMENT. Voyez aussi ENGRENAGE, DENT, etc. Wolf et Chambers. (O)

ROUE D'ARISTOTE, est le nom d'un fameux problème de mécanique, sur le mouvement d'une roue autour de son aissieu. On appelle ainsi ce problème, parce qu'on croit qu'Aristote est le premier qui en ait parlé.

Voici en quoi la difficulté consiste. Un cercle qui tourne sur son centre, et qui se meut en même temps en ligne droite sur un plan, décrit sur ce plan une ligne droite, égale à sa circonférence, pendant le temps d'une révolution.

Maintenant si ce cercle que l'on peut appeler déférent, a au-dedans de lui un autre cercle plus petit, qui lui soit concentrique, qui n'ait de mouvement que celui qu'il reçoit du déférent, et qui sait, si l'on veut, le moyeu d'une roue de carrosse, ce petit cercle ou moyeu décrira pendant le temps d'une révolution, une ligne droite égale, non à sa circonférence, mais à celle de la roue : car le centre du moyeu fait autant de chemin en ligne droite, que le centre de la roue, puisque ces deux centres ne sont qu'un même point.

Le fait est certain, mais il parait difficîle à expliquer. Il est évident que tandis que la roue fait un tour entier, elle doit décrire sur le plan une ligne égale à sa circonférence. Mais comment peut-il se faire que le moyeu, qui tourne en même temps que la roue, décrive une ligne droite plus grande que sa circonférence ?

La solution d'Aristote ne contient qu'une bonne explication de la difficulté. Galilée qui a cherché à la résoudre, a eu recours à une infinité de vides infiniment petits, qu'il suppose répandus dans la ligne droite que décrivent les deux cercles ; et il prétend que le petit cercle n'applique point sa circonférence à ces vides, et qu'ainsi il ne décrit réellement qu'une ligne droite égale à sa circonférence, quoiqu'il paraisse en décrire une droite plus grande.

Mais il saute aux yeux que ces petits vides sont tout à fait imaginaires. Et pourquoi le grand cercle y appliquerait-il sa circonférence ? D'ailleurs la grandeur de ces vides devrait être plus ou moins considérable selon le rapport des deux circonférences.

Le P. Tacquet prétend que le petit cercle fait sa révolution plus lentement que le grand, et décrit par ce moyen une ligne plus longue que sa circonférence, sans néanmoins appliquer aucun des points de sa circonférence à plus d'un point de la base. Mais cette hypothèse n'est pas plus recevable que la précédente.

M. Dortous de Mairan, aujourd'hui membre de l'académie royale des Sciences de Paris, et de plusieurs autres, a aussi cherché une solution du problème dont il s'agit, et l'a envoyée à l'académie des Sciences, en 1715. MM. de Louville et Saumon, ayant été nommés pour l'examiner, assurèrent dans leur rapport qu'elle satisfaisait pleinement à la difficulté : voici en quoi cette solution consiste.

La roue d'un carrosse est simplement tirée ou poussée en ligne droite. Son mouvement circulaire ne vient que de la résistance du plan sur lequel elle se meut. Or cette résistance est égale à la force avec laquelle la roue est tirée en ligne droite, puisqu'elle détruit le mouvement que doit avoir dans cette direction le point de la roue qui touche le plan. Les causes de ces deux mouvements, l'un droit, l'autre circulaire, sont donc égales, et par conséquent aussi leurs effets, ou les mouvements qu'elles produisent doivent être égaux. C'est pour cette raison que la roue décrit sur le plan une ligne droite égale à sa circonférence.

A l'égard du moyeu il n'en est pas de même. Il est tiré en ligne droite par la même force que la roue ; mais il ne tourne que parce que la roue tourne, il ne peut tourner qu'avec elle, et dans le même temps qu'elle. D'où il s'ensuit que le mouvement circulaire du moyeu est moindre que celui de la roue, dans le rapport des deux circonférences, et que par conséquent le mouvement circulaire du moyeu est moindre que son mouvement rectiligne.

Puis donc que le moyeu décrit nécessairement une ligne droite, égale à la circonférence de la roue, il s'ensuit selon M. de Mairan, qu'il ne peut la décrire qu'en glissant, ou par ce qu'on appelle mouvement de rasion. En effet, les point du moyeu ne peuvent s'appliquer aux points d'une ligne droite, plus grande que la circonférence du moyeu, sans glisser en partie sur cette ligne droite, et il est clair qu'ils doivent glisser plus ou moins, selon que le moyeu est plus petit ou plus grand. Voyez ROULEMENT et GLISSER. Histoire de l'acad. 1715.

On concevra aisément comment il se peut faire que les mouvements circulaires et rectilignes soient inégaux, si au lieu de supposer que le cercle roule tandis qu'il avance, on suppose qu'il ne fasse que se mouvoir simplement en ligne droite sur un plan, et que durant ce temps un point mobîle parcoure sa circonférence. Il est certain que ce point mobîle est alors dans le même point que serait un point de la circonférence, en supposant qu'elle roulât. Or la vitesse de ce point mobîle peut être ou égale, ou plus grande, ou plus petite que celle du cercle pour aller en avant. Si elle est égale, c'est le cas du roulement ordinaire, qui n'a aucune difficulté. Si elle est plus grande, c'est le cas dont nous parlons ici, où la ligne que décrit le centre du cercle, par son mouvement progressif, est plus grande que la circonférence décrite durant le même temps par le point mobile. Or comme on n'a aucune peine à concevoir que la vitesse du point mobîle soit moindre que celle du centre du cercle, on peut substituer cette idée à celle du mouvement de rasion, pour n'avoir plus aucune difficulté.

Si la vitesse du point mobîle était plus grande que celle du cercle, alors la ligne décrite par le cercle, serait moindre que la circonférence ; et c'est ce qui arriverait, par exemple, à la circonférence d'une roue, si on faisait tourner le moyeu sur un plan.

On peut encore, pour résoudre la difficulté dont il s'agit, se servir d'un autre moyen. Imaginons un cercle qui tourne autour de son centre, tandis que ce centre est emporté en ligne droite, il est évident que le mouvement rectiligne du centre n'a rien de commun avec le mouvement de rotation du cercle, et que par conséquent, deux mouvements peuvent être dans tel rapport qu'on voudra. Or une roue qui avance sur un plan, peut être imaginée comme un cercle qui tourne sur son centre, tandis que ce centre est emporté parallélement au plan sur lequel la roue se meut. Donc le premier de ces deux mouvements n'est pas plus difficîle à concevoir que l'autre. Voyez CYCLOÏDE. (O)

ROUE PERSANE ou PERSIQUE, dans l'Agriculture, c'est une machine propre à élever une quantité d'eau suffisante à l'inondation des terres limitrophes des rivières, et dans les endroits où le courant de l'eau est trop bas, ou n'a pas assez de force pour le faire sans secours étranger. Voyez ROUE.

ROUE A FEU, (Artif.) c'est une roue préparée d'une façon particulière, qui tourne fort vite et vomit du feu.

ROUE, s. f. terme de Carrier, la roue des Carriers est un bâti de menu bois de charpente, qui a au-moins vingt-deux pieds de circonférence. Le long du cercle qui forme cette roue est l'échelier, c'est-à-dire des chevilles ou échelons de bois de huit pouces de longueur, et d'un pouce et demi de grosseur, qui de pied en pied traversent le bord de la roue. C'est en montant d'échelon en échelon le long de l'échelier que les manœuvres carriers donnent le mouvement à la roue, ou plutôt à l'arbre à l'un des bouts duquel la roue est attachée et élevée perpendiculairement sur l'horizon. Les proportions les plus ordinaires de l'arbre sont de quatorze pieds de longueur sur deux pieds de diamètre. (D.J.)

ROUE, grande ou petite, terme de Charron, c'est un cercle entier composé de plusieurs gentes, au milieu de ce cercle est un moyeu d'où partent plusieurs raies qui vont se joindre et s'enchâsser dans les gentes ; tout cela se proportionne à la grandeur des roues, Voyez les figures, Planches du Charron et les figures du Sellier.

ROUES de carrosse, de chariot, etc. on trouve dans les Transactions philosophiques quelques expériences sur l'avantage des grandes roues dans toutes sortes de voitures ; voici leurs résultats.

1°. Quatre roues de 5 2/3 pouces de haut, c'est-à-dire de moitié plus petites que celles qu'on emploie ordinairement dans les chariots, ont tiré un poids de 50 1/2 livres aver-du-poids sur un plan incliné, avec une puissance moindre de six onces que deux des mêmes roues employées avec deux plus petites, dont la hauteur n'était que de 4 1/3 de pouces de haut.

2°. Que toute voiture est tirée avec plus de facilité dans les chemins raboteux, lorsque les roues de devant sont aussi hautes que celles de derrière, et que le timon est placé sous l'aissieu.

3°. Qu'il en est de même dans les chemins d'une terre grasse ou dans ceux de sable.

4°. Que les grandes roues ne font pas des ornières si profondes que les petites.

5°. Que les petites roues sont meilleures lorsqu'il s'agit de tourner dans un petit espace.

ROUE, s. f. (Machine de Charpenterie) grand assemblage de bois de charpente de figure cylindrique, qui est attachée au bout du treuil des grues et de quelques autres machines propres à élever de pesans fardeaux. Il y a de ces roues qui sont doubles, et au-dedans desquelles les ouvriers peuvent marcher pour leur donner le mouvement, telles sont celles des grues. D'autres sont simples, et n'ont que de fortes chevilles qui traversent leur bord extérieur de pied en pied en forme d'échelier, sur lesquelles un ou deux ouvriers mis à côté l'un de l'autre (l'échelier entre deux) montent pour les faire tourner. On se sert ordinairement de celles-ci pour les engins des carrières de pierre. Savary. (D.J.)

ROUE, s. f. terme de Coutelier, la roue des Couteliers qu'un garçon tourne avec une manivelle de fer sert à donner le mouvement aux meules et aux polissoirs, sur lesquels se remoulent, s'adoucissent et se polissent les ouvrages tranchants et coupans de coutellerie ; comme les couteaux, rasoirs, lancettes, ciseaux, bistouris, etc. on en fait ailleurs la description. (D.J.)

ROUE DU MILIEU, chez les Fileurs d'or, est une roue de bois, pleine et plus grande que les autres de cette espèce ; elle est placée à-peu-près au centre du rouet vis-à-vis la roue du moulinet, par qui elle est mue.

ROUE DU MOULINET, est une roue de bois en plein, la plus petite des roues du rouet des Fileurs d'or ; elle est placée au-dessous de la grande roue sur le derrière vis-à-vis la roue du milieu, qui n'ayant pas d'autre arbre que le sien, reçoit le mouvement d'elle. On l'appelle roue du moulinet, parce que c'est par elle que les moulinets sont mis en jeu. Voyez ROUE DU MILIEU et MOULINETS.

ROUE, s. f. (Manuf. de glaces) ce qu'on appelle de la sorte dans les manufactures des glaces, et dont on se sert pour adoucir celles du plus grand volume, ne tourne pas autour d'un aissieu, mais est posé horizontalement et attaché sur ce qu'on nomme la table. Elle est de bois, à rayons, forte et légère, environ de six pieds de diamètre. Savary. (D.J.)

ROUE dont se servent les Graveurs en pierres fines, est une roue de bois placée sous le tablier, dont l'usage est de faire mouvoir l'arbre du touret. Voyez les Planches et les figures de cet article. Cette roue doit être plombée, pour qu'elle conserve plus longtemps la vitesse imprimée par la marche ou pédale, sur laquelle l'ouvrier appuie le pied alternativement. Voyez l'article GRAVURE.

ROUE dans l'Horlogerie signifie en général un cercle de métal qui a des dents à sa circonférence. Les Horlogers emploient différentes sortes de roues, mais celles dont l'usage est le plus répété dans les montres et pendules sont composées d'un anneau c, voyez les figures et les Planches, des barettes b (voyez BARETTES), d'un centre ou petit cercle l, et enfin d'un arbre ou pignon sur lequel la roue fixée au moyen d'une assiette tourne parfaitement droit et rond, de façon que le tout ensemble se nomme toujours roue, comme roue de rencontre, de champ, etc. qui signifie cette roue et le pignon sur lequel elle est enarbrée.

Nom des roues dont les différentes horloges sont composées.

Roues du mouvement d'une montre. La première est la grande roue portée sur l'arbre de la fusée. Voyez MONTRE, FUSEE, et les figures. Dans cette figure la partie K représente une éminence, que les Horlogers appellent goutte ; elle sert à augmenter la longueur du trou de la roue ou son canon, et à fortifier cette partie, pour que de l'autre côté on puisse y faire une petite creusure pour noyer une goutte d'acier, dont on verra l'usage article FUSEE. La partie obscure o est une creusure continuée jusqu'au bord c ; c'est dans cette creusure que sont ajustées les pièces de l'encliquetage, et c'est sur son fond que porte le rochet de la fusée.

La seconde roue d'une montre simple est la grande roue moyenne, voyez les Pl. et les fig. qu'on nomme dans les pendules roue de longue tige ; elle a une tige t du côté de la platine des piliers qui sert à porter la chaussée e : comme, par la disposition du calibre, cette roue se trouve ordinairement au centre du cadran, on dispose toujours le nombre des roues, de façon qu'elle fasse un tour en 60 minutes ; c'est ce qui fait qu'on met l'aiguille des minutes sur la chaussée. Voyez CHAUSSEE, ROUAGE, CALIBRE, MONTRE, etc.

La petite roue moyenne est la troisième roue, voyez les fig. suiv. elle est plate, et à-peu-près semblable à la précédente, si ce n'est qu'elle est un peu plus petite, et qu'elle est enarbrée sur un pignon de six ou de sept au moyen d'une petite assiette. Voyez ASSIETTE. Cette roue engrene dans le pignon de roue de champ.

La roue de champ, voyez les fig. se présente la première quand on ouvre une montre. Ses dents, au lieu d'être perpendiculaires à son axe, lui sont parallèles, et s'élèvent perpendiculairement sur le plan de son cercle et de ses barettes. Cette forme est requise dans cette roue, afin qu'elle puisse engrener dans les pignons de la roue de rencontre, dont la tige perpendiculaire à celle du balancier est posée parallèlement aux platines.

Roue de rencontre. Les dents de cette roue, la dernière d'un mouvement simple, sont toujours en nombre impair. Ce sont des espèces de pointes renversées, posées parallèlement à l'axe comme celles de la roue de champ ; elles engrenent dans les palettes, ainsi qu'il est expliqué à l'article ECHAPPEMENT. Voyez les Planches de l'Horlogerie, et leur explication. Le pivot de la roue de rencontre qui est voisin de cette roue roule dans un trou percé dans le nez de la potence, l'autre dans le bouchon de contre-potence. On étampe quelquefois ces deux dernières roues, afin de rendre leur champ plus dur. Voyez la fig. 22.

Roues de la cadrature. Ce sont deux roues plates, savoir la roue de cadran de 40 dents, et celle des minutes de 36. Voyez les fig. et les Planches. La première est rivée sur un canon qui entre librement sans cependant avoir trop de jeu sur celui de la chaussée. Cette roue qui est retenue avec un jeu convenable entre le cadran et la platine des piliers porte l'aiguille des heures par l'extrémité de son canon qui passe au-travers du cadran.

La roue des minutes, autre fig. autrement appelée roue de renvoi, est menée par le pignon de chaussée qui est de douze, elle porte un pignon de dix, qu'on nomme pignon de renvoi ; ce pignon mène la roue de cadran : il est percé à son centre, et tourne avec la roue qu'il porte sur une tige fixée perpendiculairement sur la platine des piliers sous le cadran, comme on le voit dans les fig.

Roue de vis sans fin, fig. suiv. est une roue qui engrene dans les pas de la vis sans fin, et qui entre à carré sur l'arbre de barillet ; elle sert a bander le ressort au moyen de la vis sans fin.

Roue de rosette, figures suivantes, est la roue qui engrene dans le rateau, et qui sert à faire avancer ou retarder la montre.

Roues d'une répétition. On distingue dans une répétition le rouage du mouvement d'avec celui de la sonnerie ; les roues du premier et celles de la cadrature sont semblables à celles des montres simples, quant aux roues de sonnerie qui sont au nombre de cinq, si l'on en excepte la première, qu'on nomme grande roue de sonnerie, qui a un encliquetage, et est assez semblable à la grande roue du mouvement ; ce sont des roues plates montées sur des pignons de six ; elles vont en diminuant jusqu'à la dernière qui engrene dans le délai. Voyez l'article SONNERIE, où l'on explique l'usage de ces roues.

Roues du mouvement des pendules. Celles qui sont à ressort en ont ordinairement cinq, que l'on distingue de la manière suivante, Planches suiv. de l'Horlogerie : 1°. le barillet R, 2°. la seconde roue S, 3°. la roue à longue tige T, 4°. la roue de champ V, et enfin la roue de rencontre X, qu'on appelle aussi quelquefois roue à couronne. Ces deux dernières ne diffèrent qu'en grandeur de celles du même nom d'une montre. On vient de voir ce que c'est que la roue à longue tige, qui répond à la grande roue moyenne ; et quant au barillet, c'est un barillet ordinaire qui a des dents à sa circonférence. Dans les pendules à secondes où l'on n'emploie presque plus l'échappement à roue de rencontre, la dernière roue ou roue d'échappement s'appelle le rochet ; et la roue de champ qui par-là devient une roue ordinaire, s'appelle alors la troisième roue, parce que ces pendules n'en ont que quatre, et la première s'appelle la grande roue. Voyez ROCHET. En général dans toutes sortes de pendules d'horloges, etc. la première roue du mouvement s'appelle la grande roue, et la dernière rochet ou roue de rencontre, selon qu'elle est plate ou formée en roue de rencontre. Il en est approchant de même dans les montres, quoiqu'ordinairement la dernière roue conserve le nom de roue de rencontre, quoiqu'elle ne soit pas faite de la même façon que celles à qui on donne communément ce nom.

Roues de sonnerie. Le nombre de ces roues n'est pas absolument fixe, il diffère selon les sonneries ; dans les pendules, il est ordinairement de cinq, le barillet 2 W, la seconde roue P, la roue de chevilles O, la roue d'étoquiau M, la roue du volant N, il y a de plus le volant E : comme nous venons de dire, qu'il y a en général dans toutes les horloges une grande roue, une roue de rencontre ou un équivalent ; il y a de même aussi dans toutes les sonneries une grande roue, une roue de chevilles et une roue d'étoquiau. Dans les horloges, la grande roue est en même temps la roue de chevilles. On donne ce nom à cette roue, parce qu'elle porte des chevilles qui servent à lever les queues des marteaux ou des bascules. La roue d'étoquiau prend son nom d'un étoquiau qui est à sa circonférence, et qui sert à arrêter la sonnerie ; cette cheville, quand la sonnerie est en repos, s'appuyant sur la détente ; cette roue fait ordinairement un tour par coup de marteau. Voyez SONNERIE. Dans plusieurs sonneries elle ne fait qu'un demi-tour ; elle est alors garnie proche de sa circonférence d'une espèce d'anneau coupé en deux par son milieu, et la détente après que l'heure a sonné s'engage dans les entailles de ces deux portions d'anneau. Cette manière d'arrêter la sonnerie est plus sure pour des horloges mal exécutées que par un étoquiau, comme nous l'avons dit plus haut. On appelle cette dernière roue roue de cercle. Voyez SONNERIE, HORLOGE, PENDULE, etc. Il y a encore la roue de compte, qui est la même chose que le chaperon. Voyez CHAPERON.

Outil à placer les roues de rencontre, instrument dont se servent les Horlogers. Voyez RAPPORTEUR.

Grande ROUE, nom que les Horlogers donnent en général à la première roue du mouvement de la sonnerie, etc. de toutes sortes d'horloges. Voyez ROUE.

Grande ROUE MOYENNE, nom que les Horlogers donnent à la seconde roue d'une montre. Voyez ROUE.

ROUE A TRAVAILLER ou MEULE, en terme de Lapidaire, est un disque de fer, de cuivre ou de plomb représenté, voyez les Pl. du Lapidaire. e est la roue vue par-dessus, c'est-à-dire, du côté sur lequel on taille ces pierres, qui est uni pour celles de fer et de cuivre, et taillé comme une lime pour celles de plomb. La fig. c représente la meule vue par-dessus, où l'on voit quatre trous dont l'usage est de recevoir les pointes de l'assiette de l'arbre, dont la partie supérieure entre dans le trou rond qui est au centre de la meule ou roue qui est retenue sur cet arbre au moyen d'une clavette qui le traverse. Voyez les Pl. de cet article et leur explication et MOULIN du lapidaire.

ROUE DE CHASSE I, parmi les Lapidaires est la principale roue de leur moulin qui donne le branle à celle sur laquelle ils travaillent les pierres, au moyen d'une corde sans fin. Cette roue est mue par la manivelle H qu'on voit sur la table de ce moulin représenté Pl. du lapidaire. Voyez aussi une autre fig. qui représente les mêmes parties séparées du moulin : V la roue de châsse, X crapaudine et pivot inférieur de cette roue, V carré de la manivelle, b b a corde sans fin qui après avoir passé dans la gravure de la roue de châsse V, Ve passer sur la poulie de la meule Y, Z pivot et crapaudine inférieure de l'arbre de la meule, Z pivot supérieur qui entre dans une pièce de bois N qui traverse le nez de la potence M N entre lesquels l'arbre de la meule Y tourne par le moyen de la corde sans fin b b a qui lui transmet le mouvement imprimé par la manivelle à la roue de châsse V.

ROUE A CHEVER est, parmi les Lapidaires, une roue plus petite que la roue ordinaire à travailler les pierres ; elle est le plus souvent de fer, de figure tant-sait-peu convexe, et se place au-dessus de la roue à travailler au même arbre qu'elle, et elle sert pour chever les pierres concaves. Voyez CHEVER.

Roue, en terme de Potier, c'est un instrument sur lequel on façonne les grosses pièces qu'on ne peut travailler au tour.

C'est une grande roue dont les rayons s'élèvent de la circonférence jusqu'à une espèce de moyeu ou billot tournant aisément sur son pivot, et dont la surface est fort unie. Cette roue est mise en mouvement par le potier avec un bâton. Voyez les Pl. et les fig.

ROUE, s. f. terme de Tourneurs. Les Tourneurs et les Potiers d'étain se servent d'une roue pour tourner sur le tour les ouvrages qui sont ou d'un trop grand volume ou d'un trop grand poids. Cette roue qui n'a guère moins de quatre pieds de diamètre, a tout-autour de sa circonférence extérieure une cannelure dans laquelle se met la corde : son axe ou aissieu qui est de fer porte de chaque bout dans les trous de deux jambages de bois élevés d'à-plomb sur des semelles aussi de bois ; pour fortifier ces jambages, il y a quatre liens à contre-fiches, deux à chacun ; chaque extrémité de l'aissieu est carrée pour y emboiter des manivelles. Lorsqu'on veut travailler, on passe la corde dont les deux bouts sont joints ensemble avec de la ficelle, sur la cannelure de la roue, et on lui fait aussi faire un tour sur la pièce de bois, de pierre, d'étain, ou de telle autre matière que ce sait, qu'on veut tourner, ou bien sur le mandrin auquel la pièce est attachée ; alors un ou deux hommes, suivant l'ouvrage, tournant la roue avec les manivelles, font tourner la pièce que le tourneur dégrossit, et à laquelle il donne telle figure sphérique qu'il juge à propos, avec divers outils de fer, qui sont propres aux ouvrages de tour. Savary. (D.J.)

ROUE, terme de Vitrier. Les Vitriers appellent les roues du tire-plomb, deux petits cylindres d'acier posés l'un dessus l'autre, qui servent à refendre les plombs des panneaux et vitrages. Trévoux. (D.J.)

ROUE-MANOEUVRES, (Marine) commandement de replier les manœuvres.

ROUE, (Critique sacrée) Cette pièce de bois tournée en rond, et qui se meut sur un aissieu, se prend au propre et au figuré dans l'Ecriture. Comme les Hébreux foulaient quelquefois le grain avec la roue d'un chariot, Isaïe, dit xxiij. 27. " On ne fait point passer la roue du chariot sur le cumin " : c'est une allégorie pour signifier que Dieu ne traite pas si sévèrement les faibles que les forts. Quand le même prophète dit ailleurs, ch. Ve 28. " Les roues de leurs chars sont rapides comme la tempête " : il désigne par cette similitude les Chaldéens qui devaient venir fondre sur la Judée. Roue est encore pris au figuré pour cours, révolution : " la langue enflamme tout le cours de notre vie, " rotam vitae nostrae, , Jacq. IIIe 6 : c'est-à-dire, " la langue médisante n'est propre qu'à rendre notre vie malheureuse. Si vous parlez mal des autres, peut-être entendrez-vous parler plus mal de vous ". C'est un vers d'Hésiode, auquel revient celui-ci : " Le mal qu'on dit d'autrui, ne produit que du mal. " (D.J.)

ROUE, (Jurisprudence) est un supplice pour les criminels, dont l'usage est venu d'Allemagne. La peine de la roue s'exécute sur un échafaud dressé en place publique, ou après avoir attaché le condamné à deux morceaux de bois disposés en sautoir en forme de croix de Saint-André, l'éxecuteur de la haute-justice lui décharge plusieurs coups de barre de fer sur les bras, les cuisses, les jambes et la poitrine ; après quoi il le met sur une petite roue de carrosse, soutenue en l'air sur un poteau. Le criminel a les mains et les jambes derrière le dos, et la face tournée vers le ciel pour y expirer dans cet état.

Anciennement, et encore dans quelques pays, le criminel était attaché tout-d'un-coup sur une grande roue de charrette, où on lui cassait les membres.

Quelquefois, pour adoucir la peine, les cours par un retentum qu'ils mettent au-bas de l'arrêt, ordonnent que le condamné sera étranglé dans le temps de l'éxecution.

Cette peine n'a lieu que pour des crimes atroces : tels que l'assassinat, le meurtre d'un maître par son domestique, le vol de grand chemin, le parricide, le viol.

Les femmes ne sont point condamnées à cette peine, par des raisons de décence et d'honnêteté publique, voyez le gloss. de M. de Laurière, et les institutes au droit criminel de M. de Vouglans. (A)

ROUE, terme de Blason. Quand elle est représentée avec des rasoirs et fers tranchans, elle s'appelle roue de Sainte-Catherine. Menestrier. (D.J.)