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Catégorie parente: Arts & métiers
Catégorie : Artificier
S. m. (Artificier) artifice composé de deux fusées directement opposées et attachées sur les tenons d'un tourniquet de bois, comme ceux que les anciens appelaient bâton à feu, avec cette différence que le feu se met au bout par le côté et non suivant l'axe. Cet artifice produit l'effet d'une girandole. (D.J.)

TOURNIQUET, s. m. (Charpentier) espèce de moulinet à quatre bras qui tourne verticalement, à hauteur d'appui, dans une ruelle, ou à côté d'une barrière, pour empêcher les chevaux d'y passer. Il y en a de fer et de bronze dans les cours et jardins de Versailles. (D.J.)

TOURNIQUET, en terme d'Epinglier, c'est une espèce de devidoir à plusieurs branches environnantes de bas en haut, sans celle qui est au centre, sur laquelle la machine pose en haut, et tourne en bas sur un nœud qui l'empêche de tomber. Le tourniquet sert à dresser le fil de laiton. Il est assez semblable à une cloche de jardinier. Il est monté sur une planche à côté de l'engin. Voyez les Pl. de l 'EPINGLIER.

TOURNIQUET, (Lutherie) sorte de petit foret pointu monté sur un arbre a b qui traverse deux poupées A B, comme l'arbre du tour à lunette ; au milieu de cet arbre est une poulie E autour de laquelle la corde de l'archet c d est entortillé ; par le moyen de cet archet, on fait tourner l'arbre a b qui fait tourner la meche ou foret d, contre la pointe duquel on appuie les sautereaux garnis de leurs languettes que l'on perce tout ensemble : on met ensuite une petite épingle dans le trou du foret qui doit être très-menu pour que l'épingle le remplisse exactement ; il n'y a que le trou de la languette qui doit être plus grand, afin qu'elle puisse tourner librement, c'est pourquoi on l'accrait avec l'outil appelé voie de sautereaux. Voyez la fig. Pl. XVII. de Lutherie, fig. 10.

TOURNIQUET, dans les orgues, on appelle ainsi un morceau de bois de forme carrée A, fig. 52. Pl. d'orgue, fixée par une cheville par un de ses angles à un des angles de couverture supérieur de tuyau, représentée par le rectangle B C D E, qui fait voir en même temps comment les quatre planches du tuyau de bois sont assemblées à rainures et languettes. Le tourniquet sert à accorder les tuyaux, où on en met en les avançant pour les faire baisser de ton, ou en le retirant pour le faire hausser, s'il se trouve trop bas. Voyez la fig. 51 qui représente un tuyau sur lequel est placé un tourniquet a.

TOURNIQUET, s. m. (terme de Menuisier) petit morceau de bois grand comme le pouce, un peu creusé par les deux bouts, attaché au bord d'un châssis, et servant à soutenir le châssis quand il est levé. (D.J.)

TOURNIQUETS, (Monnaie) ce sont des barrils dans lesquels, et par le moyen du mercure, on assemble toutes les parties du métal restées dans les terres.

TOURNIQUET, (terme de Serrurier) petit morceau de fer plat, dont l'un des bouts a un piton rivé où l'on met le crochet de la tringle de fer, et l'autre a un trou où entre le bout de la fiche de la colonne du lit.

TOURNIQUET, (terme de Tabletier) machine de bois ronde ou carrée, autour de laquelle sont marquées symétriquement divers nombres en chiffres, il y a au milieu de cette machine un piton de fer avec une aiguille de même métal, qu'on fait tourner, et qui selon l'endroit du tourniquet où elle s'arrête, fait le bon et le mauvais destin du jeu du tourniquet. (D.J.)

TOURNIQUET, instrument de l'art militaire, est une poutre garnie de pointes de fer qu'on place dans une ouverture, dans une breche ou à l'entrée du camp pour disputer le passage à l'ennemi. Voyez CHEVAL DE FRIZE. (Q)

TOURNIQUET, torcular, instrument de Chirurgie, machine avec laquelle on suspend la circulation du sang dans un membre, jusqu'à ce qu'on y ait fait les opérations qui conviennent.

Les anciens se servaient d'un lac tissu de soie ou de fil, dont ils entouraient le membre, et le serraient jusqu'à la suspension parfaite du cours du sang ; cette ligature avait encore, selon eux, l'avantage d'engourdir le membre et de modérer les douleurs des opérations.

La douleur, la meurtrissure et la contusion que ce tourniquet occasionnait, produisant fréquemment la gangrene, ou des abscès consécutifs, on chercha de nouveaux moyens d'éviter les hémorrhagies : on perfectionna d'abord l'application du lien circulaire, pour faire moins de douleur et de meurtrissure à la peau, on entoura le membre avec une compresse assez épaisse, sur laquelle on mettait le lac : on posait ensuite deux petits bâtons sous le lac, l'un en-dedans l'autre en-dehors du membre ; et on les tournait jusqu'à ce qu'il fût suffisamment serré. C'est de cette manière, dit M. Dionis, dans son traité d'opération, que les voituriers serrent avec un bâton, les cordes qui tiennent les ballots sur leur charrettes. Cet auteur donne l'époque de l'invention de ce tourniquet : il en fait honneur à un chirurgien de l'armée française, pendant le siege de Besançon en Franche-Comté. Je crois avoir lu quelque part que ce chirurgien était aide-major de l'armée, et qu'il se nommait Morel. Il a paru depuis peu une dissertation dans les journaux, pour prouver que ce Morel était chirurgien de la ville de Besançon.

Le tourniquet a encore bien des inconvénients ; les modernes y ont fait des corrections notables. Pour arrêter le sang dans le tronc de l'artère, il faut comprimer le moins qu'il est possible les parties voisines ; c'est pourquoi l'on met longitudinalement sur le cordon des vaisseaux, une compresse étroite et épaisse de deux pouces ; avant l'application de la compresse circulaire par dessus cette dernière compresse, et à la partie opposée au trajet des vaisseaux, on met une compresse carrée en six ou huit doubles, recouverte d'une lame de corne ou de carton, on fait sur cet appareil deux tours, avec le cordon de soie ou de fil, que l'on noue sur la lame d'écaille ou de corne, etc. mais on le doit nouer assez lâche, pour pouvoir faire une anse des deux circulaires, sous laquelle on fera passer un petit bâton pour serrer ensemble les deux tours du lien : la compresse épaisse qui est appliquée sur les vaisseaux, les comprime alors, et empêche que le lac ne fasse des contusions aux parties latérales en les serrant trop. La plaque d'écaille un peu courbe, ou le morceau de carton, de cuir, etc. placés sur la partie opposée à celle où l'on doit faire la compression, empêchent que le garrot, ou petit bâton, ne pince la peau. Voyez l'application de ce tourniquet à la cuisse et au bras droit de la fig. 1. Pl. XXX.

M. Petit a présenté à l'académie royale des Sciences, en 1718, un tourniquet de son invention, beaucoup plus parfait que l'ancien, tout rectifié qu'il paraisse. Voyez Pl. XVIII. fig. 1. il est composé de deux pièces de bois, l'une supérieure, et l'autre inférieure : l'inférieure est longue d'environ quatre pouces et demi, large de près de deux pouces, un peu ceintrée en-dessous, légèrement convexe en-dessus, et échancrée par ses extrémités : de son milieu s'élève une éminence ronde, haute de sept lignes, sur huit lignes et demie de diamètre. La supérieure est à-peu-près semblable, mais un peu plus courte ; l'éminence qui s'élève de son milieu, a six lignes de hauteur, et son diamètre un pouce et demi : cette éminence est percée verticalement par un trou dont la cavité est un écrou qui sert à loger une vis de bois dont le sommet est un bouton aplati des deux côtés pour le tourner. Les pas de cette vis sont au nombre de quatre ou cinq, chacun doit avoir quatre lignes de diamètre, afin qu'elle fasse son effet par le moyen d'un demi tour : enfin toute la machine est assujettie par une cheville de fer qui traverse les deux pièces par le milieu, et la vis dans toute sa longueur, et qui est rivée sous la pièce inférieure, et sur le sommet du bouton, de manière pourtant que la vis peut tourner sur cette cheville comme sur un pivot.

Pour se servir du tourniquet, on entoure la partie avec une bande de chamois double, large de quatre travers de doigts ; c'est la compresse la plus douce dont on puisse se servir : à une des extrémités de cette bande est attachée un double coussinet, de la longueur et de la largeur de la pièce inférieure du tourniquet. Voyez Pl. XVIII. fig. 3. il faut de plus une compresse étroite, ou pelote cylindrique, pour comprimer la route des vaisseaux. Cette pelote est construite d'une bande de linge roulée assez ferme, et couverte de chamois (fig. 4.) ; sur la partie externe de cette pelote, est cousu par ses extrémités un ruban de fil, appelé tire-botte, ce qui forme une passe pour la bande de chamois ; par ce moyen la pelote est mobile, afin qu'elle puisse se mettre au point convenable, suivant la grosseur du membre ; il faut de plus un ruban pour fixer la compresse et la pelote autour du membre ; ce ruban doit être attaché par son milieu, sur la partie externe de la bande de chamois ; la pelote cylindrique se place sur le trajet des vaisseaux ; le double coussinet doit répondre à la partie opposée, et la bande de chamois entoure le membre circulairement : tout cet appareil est retenu par le ruban qu'on noue à côté du double coussinet.

Alors on pose le tourniquet au-dessus du double coussinet, à la partie du membre opposée au cours des gros vaisseaux : on assujettit le tourniquet par un lac double (fig. 2.), qui a une boutonnière pour permettre le passage de l'écrou de la plaque supérieure : on voit à côté une anse formée par la duplicature du lac, pour recevoir un des chefs de ce lac, qui après avoir passé par cette anse, sert à former une rosette avec l'autre chef, ce qui contient le tourniquet en place.

Pour faire la compression on donne à la vis un demi-tour, ou un tour de droit à gauche : pour lors la pièce supérieure s'éloignant de l'inférieure, le lac tire le cylindre et le serre contre les vaisseaux, ce qui les comprime parfaitement bien.

Ce tourniquet a l'avantage 1°. de comprimer moins les parties latérales, que le tourniquet ordinaire ; 2°. de n'avoir pas besoin d'aide pour le tenir, ni pour le serrer, ou pour le lâcher ; 3°. l'opérateur peut lui-même, par le moyen de la vis, arrêter plus ou moins le cours du sang dans l'artère ; 4°. quand on craint l'hémorrhagie après l'opération, on peut laisser ce tourniquet en place, et en cas que l'hémorrhagie survienne, le malade, au défaut d'autres personnes, peut se serrer lui-même autant qu'il est nécessaire ; 5°. on ne risque pas que le membre tombe en mortification, par la constriction de ce tourniquet, parce qu'il ne suspend point le cours du sang dans les branches collatérales.

On peut observer ici que l'étendue des deux plaques contribue autant que l'épaisseur de la pelote, à diminuer la compression du lac sur les parties latérales du membre, ce qui fait qu'on doit avoir des tourniquets de différentes grandeurs, selon le volume des membres.

M. Petit a imaginé en 1731, une autre espèce de moyen, pour se rendre maître du sang, nous en avons donné la description à la fin de l'article hémorrhagie. Voyez HEMORRHAGIE.

M. Heister décrit un instrument propre à comprimer l'ouverture d'un artère, qui est une espèce de tourniquet. Voyez la fig. 3. Pl. XXXI. il est composé d'une plaque de cuivre légèrement cambrée, large d'un pouce et demi, et longue de trois ; à une des extrémités de cette lame, il y a deux rangs de petits trous, pour y pouvoir coudre une courroie ; à l'autre extrémité il y a deux petits crochets ; le milieu de cette lame est percé en écrou, au-travers duquel passe une vis assez forte ; la partie supérieure de cette vis est aplatie, et forme une pièce de pouce, et la partie inférieure porte une petite plaque ronde, qui a environ un pouce de diamètre ; la courroie qui est cousue par un de ses bouts à une des extrémités de la grande lame, est percée à l'autre bout de plusieurs trous en deux rangs, pour que cette machine puisse servir à différentes parties ; ces trous servent à accrocher la courroie aux deux crochets qui sont à l'autre extrémité de la grande lame.

Pour se servir de cet instrument pour arrêter une hémorrhagie par la compression, il faut mettre des tampons de charpie sur le vaisseau ouvert ; les couvrir de quelques compresses graduées, et appliquer sur la dernière de ces compresses la petite plaque orbiculaire : alors on entourera fortement le membre avec la courroie, que l'on accrochera par son extrémité libre aux crochets, et en tournant la vis, on comprimera l'appareil, et on se rendra maître du sang.

Il faut observer (ce dont M. Heister n'a fait aucune mention), que l'extrémité de la vis doit être rivée de façon que la plaque orbiculaire ne tourne point avec elle ; ce serait un inconvénient pour la compression, car en tournant la vis, on pourrait déranger les compresses ; elles se plisseraient au moins, ce qui en rendant la compression inégale et douloureuse, peut former des sinus dans l'appareil, par lesquels le sang pourrait s'échapper : on évitera tout cela, si la vis est de façon qu'elle tourne sur la plaque orbiculaire.

Il faut pour cet effet que la vis soit percée dans toute sa longueur, et traversée par une cheville dont la plaque orbiculaire soit la base, et sur laquelle cheville la vis tournera sans fin. (Y)




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