v. n. (Chasse) faire sortir les lapins de leur terrier par le moyen des furets. Il y a plusieurs manières de fureter. Si on veut prendre indistinctement tous les lapins, on enferme le terrier avec des panneaux, à deux taises au-moins des gueules les plus éloignées ; on introduit des furets dans le terrier ; on a près de soi un chien sur, attentif et muet, et on attend en silence. Les lapins poursuivis par les furets sortent, et se précipitent dans le panneau, dont les mailles les enveloppent. Le chien les y suit, les tue, et revient à son maître. De cette manière les lapins abandonnent le terrier presque sans résistance, parce que l'éloignement du panneau leur cache le danger. Mais on ne peut pas s'en servir dans les garennes, où il est important de ménager les hases. Voyez GARENNE.

Alors au lieu d'enfermer tout le terrier avec des panneaux, on adapte à chacune des gueules une bourse faite de filet, dont l'ouverture est proportionnée à celle de la gueule. Le lapin poursuivi se jette dans cette bourse avec un effort qui la referme, et on le prend vivant. Ainsi on a l'avantage de choisir les mâles pour les tuer, et on peut laisser aller les femelles.

Une troisième manière de fureter, qui n'a guère pour objet que le plaisir, demande beaucoup d'adresse et d'habitude à tirer. Lorsqu'on a introduit le furet dans le terrier, on se place à portée, le visage tourné du côté du vent ; et on tue à coups de fusil les lapins qui sortent avec une vitesse extrême pour se dérober à la poursuite du furet.

De quelque manière qu'on furete, les furets doivent être emmuselés, assez pour qu'ils ne puissent pas tuer les lapins qu'ils chassent. Sans cela ils jouiraient d'abord, et resteraient endormis dans le terrier. Mais il ne faut pas que la muselière les gêne au point de les occuper. Leur ardeur en serait ralentie, et souvent ils ont besoin d'opiniâtreté pour faire sortir les lapins. Dans un grand terrier, un ou deux furets se lassent inutilement ; il en faut souvent six, et même plus, pour tourmenter les lapins et les forcer. La fatigue rebute les furets et les endort. Alors on a souvent de la peine à les reprendre. Quelques garenniers enfument le terrier avec de la paille, du soufre, de la poudre, etc. pour les éveiller, ou les contraindre à sortir. Mais le plus sur moyen de reprendre son furet, c'est de faire au milieu du terrier un trou rond, d'un pied et demi de diamètre, et de deux à trois pieds de profondeur. Ce trou doit être placé de manière qu'il aboutisse par plusieurs passages aux principales chambres du terrier. On place au fond un lit de foin, et on se retire. Le furet qui est accoutumé à coucher sur le foin rencontre ce lit, et on l'y retrouve presque toujours endormi le lendemain matin. Article de M. LE ROY, lieutenant des chasses du parc de Versailles.