S. m. (Soierie) sorte de soie qui s'emploie dans les étoffes de soie. L'organsin est une soie montée ou tordue à deux, trois, à quatre brins ; on l'appelle organsin pour la distinguer d'avec la trame, en ce qu'elle sert communément pour la chaîne des étoffes ; et que pour cet effet on la perfectionne davantage et on lui donne plus de filage et du tord, afin qu'elle ait plus de corps, la chaîne étant ce qui souffre le plus dans la fabrication de l'étoffe. Voyez à l'article SOIE le moulinage de la soie.

L'organsin destiné à la fabrication de l'étoffe unie, doit être sans contredit le plus fin que l'on puisse préparer dans cette qualité de soie ; le fabriquant connait à l'oeil celui qui est propre à la fabrication de l'étoffe façonnée, tant dans celle qui est riche que dans celle qui ne l'est pas, parce que dans l'autre on n'achète que le gout, qui se trouve ordinairement dans la perfection du dessein, parce que l'un ne peut pas être sans l'autre. L'étoffe de goût ne se paye point relativement à la quantité ou qualité de la soie, mais autant qu'elle plait. Il n'en est pas de même de l'étoffe unie, dans laquelle la matière doit être ménagée attendu la modicité de son prix : la matière première dont elle est composée étant celle de l'organsin, il faut savoir le choisir afin de distinguer la légèreté qui convient au genre d'étoffe que le fabriquant se propose de faire exécuter ; et pour qu'il ne se trompe pas dans son calcul il en fait un essai, lequel en déterminant la qualité de la matière détermine également le prix, attendu que plus un organsin est sin plus il est cher.

La qualité des organsins fins est depuis 18 deniers jusqu'à 48. On ne compte pas au-dessus, les organsins même de 18 deniers ne servent que pour les étamines ou camelots mi-soie qui se fabriquent à Amiens ou à Rheims, leur trop grande finesse leur empêchant de résister au travail d'une étoffe unie, c'est pourquoi les fabriquans qui les emploient dans les étamines ou les camelots, les font monter au moulin avec un fil de laine pour qu'ils aient plus de consistance.

Les organsins de 24 deniers, 28, etc. jusqu'à 48 deniers, sont à proprement parler ceux qui sont destinés pour l'étoffe unie ; il s'agit de distinguer le poids pour ne point tomber dans l'erreur.

Chaque ballot d'organsin de tirage (on donnera l'explication d'organsin de tirage dans le moulinage des soies) doit être d'une qualité uniforme quant au poids. Le fabriquant qui a besoin d'un organsin de 24 deniers, par exemple, prend dans un ballot un matteau au hasard pour en faire l'essai, il choisit dans le matteau une flotte ou écheveau qu'il fait dévider ; cette opération faite il fait ourdir une longueur de soixante aunes par vingt fils seulement ; cette partie étant ourdie il la lève de l'ourdissoir et la pese au trébuchet ; si elle pese 3 deniers ou un gros, pour-lors l'organsin est de 24 deniers ; si elle pese 4 deniers, il est de 32 ; si elle pese 6 deniers ou deux gros, l'organsin est de 48 deniers.

Il résulte de cette opération que l'essai forme ordinairement par son poids la huitième partie de la qualité de l'organsin, et cela parce que les pièces ou chaînes des étoffes unies tirant ordinairement 120 aunes, à l'ourdissage chaque portée dont la chaîne est composée doit peser huit fois le poids de son essai, puisque la portée est de 80 fils, ce qui fait le quart quant à l'essai, et la longueur de 120 aunes, ce qui fait un second quart de diminution sur la longueur, conséquemment une huitième partie sur le tout.

ORGANSIN DE SAINTE-LUCIE, (Soierie) c'est l'organsin que les marchands français tirent de Messine en Sicile. Cet organsin est fort estimé, et quantité de fabriques de France ne peuvent s'en passer, particulièrement à Paris, celles des ferrandines, des moères unies, et des grisettes. On en fait aussi les chaînes des ras de S. Maur qui se fabriquent en cette capitale. (D.J.)