S. m. (Teinture) les Noircisseurs sont les ouvriers qui font l'achevement des noirs. A Rouen ils entrent dans la communauté des Teinturiers.

NOIRE MER, partie de la Méditerranée, qui forme au fond de cette dernière comme une espèce de grand golfe. Voyez MEDITERRANEE. Quelques anciens, et entr'autres Diodore de Sicile, ont écrit que le pont-Euxin ou la mer Noire, n'était autrefois que comme une grande rivière ou un grand lac qui n'avait aucune communication avec la mer de Grèce ; mais que ce grand lac s'étant augmenté considérablement avec le temps par les eaux des fleuves qui y arrivent, il s'était enfin ouvert un passage, d'abord du côté des îles Cyanées, et ensuite du côté de l'Hellespont. C'est sur ce témoignage des anciens que M. de Tournefort dit dans son voyage du Levant, que la mer Noire recevant les eaux d'une grande partie de l'Europe et de l'Asie, après avoir augmenté considérablement, s'ouvrit un chemin par le Bosphore, et ensuite forma la Méditerranée, ou l'augmenta si considérablement, que d'un lac qu'elle était autrefois, elle devint une grande mer, qui s'ouvrit ensuite elle-même un chemin par le détroit de Gibraltar, et que c'est probablement dans ce temps que l'île Atlantide, dont parle Platon, a été submergée. Voyez ATLANTIDE.

Cette opinion ne peut se soutenir, dès qu'on est assuré que c'est l'Océan qui coule dans la Méditerranée, et non pas la Méditerranée dans l'Océan ; d'ailleurs M. de Tournefort n'a pas combiné deux faits essentiels, et qu'il rapporte cependant tous deux : le premier, c'est que la mer Noire reçoit neuf ou dix fleuves, dont il n'y en a pas un qui ne lui fournisse plus d'eau que le Bosphore n'en laisse sortir ; le second, c'est que la mer Méditerranée ne reçoit pas plus d'eau par les fleuves, que la mer Noire ; cependant elle est sept ou huit fois plus grande, et ce que le Bosphore lui fournit, ne fait pas la dixième partie de ce qui tombe dans la mer Noire ; comment veut-il que cette dernière partie de ce qui tombe dans une petite mer, ait formé non-seulement une grande mer, mais encore ait si fort augmenté la quantité des eaux, qu'elles aient renversé les terres à l'endroit du détroit, pour aller ensuite submerger une île plus grande que l'Europe ! La mer Méditerranée tire au contraire au moins dix fois plus d'eau de l'Océan, qu'elle n'en tire de la mer Noire, parce que le Bosphore n'a que 800 pas de largeur dans l'endroit le plus étroit ; au lieu que le détroit de Gibraltar en a plus de 5000 dans l'endroit le plus serré, et qu'en supposant les vitesses égales dans l'un et dans l'autre détroit, celui de Gibraltar a bien plus de profondeur. Histoire naturelle gén. et part. tom. I. Voyez MER, FLEUVE, COURANT, etc.

NOIRE, RIVIERE, (Géographie) il y a dans l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, trois rivières nommées rivières Noires : l'une se rend dans le fleuve saint-Laurent, l'autre se jette dans le lac des Illinais, et la troisième se perd dans le fleuve du Mississipi par les 43d de lat. septent.

NOIRE, PIERRE, (Histoire naturelle) nigrica, ou nigritis, creta nigra, pnigites, pierre noire, tendre, luisante, grasse au toucher, quelquefois très-âcre, et d'un goût vitriolique et astringent. Les ouvriers, qui l'appellent quelquefois crayon noir, s'en servent pour tracer des lignes. La meilleure espèce dont on se serve en France, vient de Normandie. On fait le plus de cas de celle qui n'est point entremêlée de pyrites, et qui ne se vitriolise pas ; c'est-à-dire, à la surface de laquelle il ne se forme point une espèce demoisissure ; ce qui annonce qu'elle renferme des particules pyriteuses qui se sont décomposées.

On trouve deux carrières de cette pierre noire en Westphalie, dans l'évéché d'Osnabruck près d'Essen ; elle est feuilletée comme de l'ardoise. On en transporte une très-grande quantité en Hollande : on prétend que les Hollandais s'en servent pour contrefaire l'encre de la Chine. Il passe près de ces carrières une rivière dont quelquefois les eaux sont entièrement noires. Voyez Bruckmann, epistol. itiner. centuria III. epist. IIe (-)

NOIRE, s. f. est une note de Musique qui se fait ainsi, ou , et qui vaut deux croches, ou la moitié d'une blanche.

Dans nos anciennes musiques on se servait de plusieurs sortes de noires ; noires à queue, noire carrée, noire en lozange. Ces deux dernières espèces sont demeurées dans le plein chant ; mais dans la Musique on ne se sert plus que de la noire à queue. Voyez VALEUR DES NOTES. (S)

NOIRS, s. m. pl. (Commerce) est le nom d'une nation d'Afrique qu'on nomme ainsi à cause de la couleur de leur peau qui est noire. Voyez la raison de cette couleur sous l'article NEGRE, où nous avons aussi traité du commerce que les Européens font de ces noirs, tant dans le continent, que dans quelques îles de l'Amérique. (G)