S. f. (Tissutier-Rubanier) espèce de petit ruban, dont on fait quantité d'ouvrages de modes, comme palatines, agréments, aigrettes, bonnets, etc. On en fait encore l'enfilage de chapelets, et autres ouvrages de dévotion que font les religieuses. Parlons de sa fabrique : ce n'est qu'une quantité de brins de soie, ordinairement composée de 60 brins sur chaque roquetin, qui formera une branche de nompareille ; on met 20 roquetins ainsi remplis à une banque pour l'opération que l'on Ve voir. Cette banque est posée à une certaine distance du moulin à passer. Comme il peut arriver des accidents aux soies de ces roquetins, soit par des brins cassés ou mal doublés, et que les mêmes brins venant à tomber sur les roquetins voisins, ce qui en mettrait plusieurs en danger, il est nécessaire qu'il y ait une personne entendue qui veille continuellement à cette banque, pour au moindre accident, couper l'une ou même plusieurs de ces branches suivant le besoin, attendu que l'opération après laquelle on est ne peut se retarder un seul instant. C'est de l'assemblage de ces 20 roquetins que vont être formées 20 nompareilles ; mais auparavant il faut décrire le moulin à passer.

Une table fort épaisse, posée à tenons sur 4 pieds extrêmement forts et solides. Sur cette table sont enchassés deux montants, garnis en-dedans avec de la tole, exactement de tous les côtés où il peut y avoir du frottement. Ces montants portent deux roues de bois, de même diamètre qu'une autre qui est de cuivre jaune ; la branche du centre de celle-ci qui est à droite est plus longue, afin de recevoir la manivelle dont le manche doit être assez long pour être tourné par deux personnes. Devant ces deux roues et sur cette table, est posé mobilement le peigne, à-travers lequel toutes les 20 branches vont passer. Les choses ainsi disposées, il faut faire chauffer la roue de cuivre à un feu de charbon : ce chauffage a différents degrés ; tantôt il faut qu'elle soit rouge, d'autres fois moins chaude, suivant les différentes couleurs que l'on emploie : c'est à l'ouvrier expérimenté à avoir cette connaissance. Les branches sont mises et logées dans un papier plié, pour commencer l'introduction entre les roues. Après que ces différentes branches ont été placées dans le peigne, ce papier sert à empêcher que les soies ne se collent à la roue de cuivre, et en même temps pour donner prise à la tireuse qui pourrait sans cela en manquer quelques-unes. Cette roue ainsi chauffée, est ôtée du feu par le moyen de la manivelle qu'on introduit dans son tenon, et auquel on met une petite clavette ; il est donc à-propos que ce tenon soit en l'air, lors du chauffage, pour cette prise. La roue est mise à sa place par ce secours, la roue de bois est aussi mise à la sienne, et lui est adaptée de façon qu'elles se touchent dans tous les points de leurs surfaces, par le serrement des coins qui sont introduits dans les embrasures qui donnent passage aux roues ; ces coins sont serrés avec des vis de fer à volonté. Les montants sont encore tenus fixés par des collets de fer qui les environnent. Enfin on ne saurait prendre trop de précautions pour empêcher que les roues ne vacillent d'aucun côté ; il faut absolument que leur mouvement soit direct. Les choses en cet état, le papier contenant les branches est introduit entre les roues, et reçu derrière le moulin, par la tireuse. Les roues sont mises en mouvement par la manivelle tournée par deux forts hommes ; et pour lors il n'est plus possible d'arrêter, ni même de retarder ce travail, par les inconvénients qui en résulteraient. Le feu prendrait à la roue de bois par le moindre retardement, l'ouvrage en périrait ; voilà pourquoi il a été dit qu'il fallait une personne entendue qui veille à la banque, pour au moindre obstacle couper les branches sur le champ, dès qu'il se présente, et mettre celles qui vont bien en état de continuer. La tireuse n'a d'autres soins que de recevoir les 20 branches, à l'aide de ses deux mains à mesure qu'elles sortent des roues, pour les faire retomber dans une corbeille, où le tout se trouve en bloc. Ceci fait, il faut séparer chacune branche ; ce qui se fait ainsi : plusieurs personnes s'emparent d'une certaine quantité de ces branches, et divisent ainsi les portions qu'elles conduisent. Supposé donc qu'il y ait quatre personnes qui relèvent, après s'être placées elles tirent également, et mettent à mesure sur des bobines ce qui leur vient, qui est cinq branches du tout : par ce relevage, ainsi continué à diverses reprises, on parvient à avoir chaque branche séparée, qui est devidée sur différentes bobines. Cet ouvrage a acquis par ce passage entre les roues assez de consistance pour former, au moyen de l'aplatissement, une espèce de ruban étroit ; mais dont les soies n'étant point liées par le travail, seront sujettes à se désunir : pour l'empêcher, on le gomme, ce qui se fait ainsi ; on fait une gomme avec des rognures de parchemin mêlées avec de la gomme arabique, selon la force qu'on veut donner au gommage. Cette eau préparée est mise dans quelque vaisseau, pour être employée chaude ; venons à cette opération. Un rochet de nompareille est mis à la banque ; le bout de nompareille en se déroulant par le tirage du moulin, passe dans le vaisseau pour se charger de gomme, étant conduit par une main qui tient une petite verge de cuivre ou de fer, dont les bouts portent contre les surfaces intérieures du vaisseau, à une certaine élévation, suffisante pour laisser aller librement la nompareille qui doit y passer toujours à-plat ; pour éviter qu'elle ne se mette en cordon, elle est enroulée à mesure par le moulin appelé séchoir, qu'une personne fait tourner avec le pouce de la main droite, pendant que de la gauche elle conduit le bout, en l'arrangeant sur ce moulin chaque tour, l'un à côté, et non jamais sur l'autre ; si l'on agissait autrement, ces tours qui se trouveraient appliqués se colleraient ensemble, et ne pourraient se détacher aisément : cette personne qui conduit ce bout, doit le tenir à plat sur l'éminence du doigt index de la main gauche, et non dans le pli de la phalange ; si on l'y laissait aller, il serait sujet à se plier, le pouce s'applique sur ce bout, et le décharge par le serrement, s'il est nécessaire, du trop de gomme qu'il aurait pris. On pose une poêle de feu sous ce séchoir pour sécher la nompareille. Cette poêle est exhaussée pour être plus à-portée de chauffer et sécher cette nompareille qui, après cette dernière façon, se trouve dans sa perfection. Lorsqu'elle est séche, elle est ôtée de dessus le séchoir et placée dans une corbeille pour être mise en paquet sur la main de bois. Lorsque la nompareille est plus large, elle se fait alors sur le métier, et est liée par quelques coups de navette extrêmement éloignés, seulement pour faire une sorte de liaison, la largeur pouvant faire que les soies qui la composent n'étant que collées comme on l'a vu, elles pourraient se désunir ; celle-ci pour lors est appelée largette.

NOMPAREILLE, Fondeur de caractères d'Imprimerie ; second corps des caractères d'Imprimerie. Sa proportion est d'une ligne, mesure de l'échelle ; et son corps double est le cicero. Voyez PROPORTION DES CARACTERES D'IMPRIMERIE, et l'exemple à l'article CARACTERES.

NOMPAREILLE GROSSE, Fondeur de caractères d'Imprimerie ; vingtième corps des caractères d'Imprimerie. Le plus gros de tous ; sa proportion est de seize lignes, mesure de l'échelle. Voyez PROPORTION DES CARACTERES D'IMPRIMERIE, et l'exemple à l'article CARACTERES.

NOMPAREILLE, est en Confiserie, une espèce de dragées aussi menues que de la graine de navette, et quelquefois plus fine, qu'on tire ordinairement de Sedan.