IMMOLER, (Littérature) ces termes ne désignaient point chez les Latins le sacrifice sanglant, mais la consécration faite aux dieux d'une victime, en mettant sur sa tête une espèce de pâte salée. Immolare, n'était autre chose que molâ, ou farre molito et sale hostiam perpessam diis sacrare, comme Festus nous l'apprend. Mola signifie une espèce de gâteau d'orge, que l'on assaisonnait de sel ; on l'émiait sur le front de la victime, et c'était la marque de sa consécration, ou de son dévouement aux autels : voilà la cérémonie qui s'appelait proprement immolation ; d'où l'on a fait le verbe immoler. Les mots immoler, immolation ont changé d'acception, et ils désignent le sacrifice sanglant d'une victime.

On appelait autrefois immolation, la partie de la messe que nous appelons la préface.

Immoler se prend aussi au figuré. La pratique de la vertu est un sacrifice continuel, où nos passions, nos gouts, nos penchans, nos intérêts sont immolés.

On immole quelquefois un homme par la raillerie, d'une manière bien cruelle. Ceux au mépris desquels on expose un de leurs semblables, sont des mécans, s'ils ne sont pas révoltés, et s'ils acceptent froidement le sacrifice qu'on leur offre. Que serait-ce s'ils en jouissaient avec une joie secrète ?