adj. (Belles Lettres) terme dont on se sert principalement en parlant du style des lettres, qu'on appelle style épistolaire.

Il est plus facîle de sentir que de définir les qualités que doit avoir le style épistolaire ; les lettres de Cicéron suffisent pour en donner une juste idée. Il y en a de pur compliment, de remerciment, de louange, de recommandation ; on en trouve d'enjouées, dans lesquelles il badine avec beaucoup d'aisance et de grâce ; d'autres graves et sérieuses, dans lesquelles il examine et traite des affaires importantes. Celle qu'il adresse à son frère Quintus et à Caton, sont pleines de délicatesse, quoiqu'elles roulent sur des affaires d'état et des matières politiques. Celles de Pline le jeune ne réunissent pas moins d'agréments et de solidité. Mais les épitres de Seneque sont trop travaillées : ce n'est point un homme qui parle à son ami, c'est un rhéteur qui arrange des phrases pour se faire admirer ; l'esprit y pétille à chaque ligne, mais le sentiment et l'effusion de cœur ne s'y trouvent pas.

Dans notre langue nous n'avons guère de lettres politiques que celles du cardinal d'Ossat, qui sous un style un peu suranné, contiennent des maximes profondes et des détails intéressants pour le commerce ordinaire de la vie. Celles de madame de Sevigné sont généralement les plus estimées.

Celles de Balzac, même ses lettres choisies, sont trop guindées, et sentent trop le travail : le tour nombreux et périodique de ses phrases, est diamétralement opposé à l'aisance et à la naïveté de la conversation, que le genre épistolaire se propose de copier. Pour celles de Voiture, quelqu'ingénieuses qu'elles soient, le ton en est trop singulier et le style trop peu exact, pour que personne ambitionnât aujourd'hui d'écrire comme cet auteur.

On pourrait encore moins proposer pour modèle certains recueils de lettres faites à tête reposée, et avec un dessein prémédité d'y mettre de l'esprit ; telles que les lettres du chevalier d'Her**, les lettres à la Marquise, etc. Le soin qu'on a pris de les embellir à l'excès, est précisément ce qui les masque et les défigure ; en retranchant la moitié de l'estime qu'elles eurent autrefois, il leur resterait la portion qu'elles méritent. Essai sur l'étude des Belles-Lett. pag. 64 et suiv.

Epistolaire se dit aussi quelquefois des auteurs qui ont écrit des lettres ou des épitres, tels que sont Cicéron, Pline le jeune, Seneque, Sidoine Apollinaire, Pétrarque, Politien, Busbeck, Erasme, Juste-Lipse, Muret, Milton, Petau, Launoy, Sarrau, Balzac, Voiture, et les autres que nous avons déjà nommés. (G)