S. f. (Belles Lettres) figure de Rhétorique, par laquelle celui qui parle avance une chose par forme de question. L'apostrophe qu'il se fait alors à lui-même ou qu'il fait aux autres, ne donne pas peu de poids et de véhémence à ce qu'il dit. L'orateur peut en plusieurs occasions employer cette figure avec avantage. 1°. Quand il parle d'une chose d'un ton affirmatif, et comme ne pouvant souffrir aucun doute ; 2°. quand il veut montrer les absurdités où l'on tomberait en entreprenant de combattre ses sentiments ; 3°. lorsqu'il veut démêler les réponses captieuses ou les sophismes de son adversaire ; 4°. quand souvent pressé lui-même, il veut à son tour presser vivement son antagoniste. De ce dernier genre est ce bel endroit de l'oraison de Ciceron pour Ligarius, où il s'adresse avec une impétuosité, pour ainsi parler foudroyante, à l'accusateur Tubéron. Quid enim, Tubero, tuus ille districtus in acie Pharsalicâ gladius agebat ? cujus latus ille mucro petebat ? Qui sensus erat armorum tuorum ? Quae tua ments ? oculi ? manus ? ardor animi ? Quid cupiebas ? quid optabas ? Il est évident que de pareils traits devaient embarasser un homme qui, ayant porté les armes contre César, faisait à Ligarius un crime de ce qu'il avait tenu la même conduite.

Cette figure est très-propre à peindre toutes les passions vives, mais surtout l'indignation.

Quoi, Rome et l'Italie en cendres

Me feront honorer Silla ?

J'admirerai dans Alexandre,

Ce que j'abhorre en Attila ?