S. f. en Architecture, ornement semblable à deux plantes de ce nom, dont l'une est sauvage, l'autre cultivée : la première est appelée en Grec acantha, qui signifie épine ; et c'est elle que la plupart des Sculpteurs gothiques ont imitée dans leurs ornements ; la seconde est appelée en latin branca ursina, à cause que l'on prétend qu'elle ressemble au pied d'un ours : les Sculpteurs anciens et modernes ont préféré celle-ci, et s'en sont servis particulièrement dans leurs chapiteaux. Vitruve et plusieurs de ses commentateurs prétendent que cette plante donna occasion à Callimachus, Sculpteur Grec, de composer le chapiteau Corinthien ; voici à-peu-près comme il rapporte le fait : " Une jeune fille étant morte chez sa nourrice, et cette femme voulant consacrer aux manes de cette jeune personne plusieurs bijoux qu'elle avait aimés pendant sa vie, les porta sur son tombeau ; et afin qu'ils se conservassent plus longtemps, elle couvrit cette corbeille d'une tuîle : ce panier se trouvant placé par hasard sur une racine d'acanthe, le printemps suivant cette racine poussa des branches qui, trouvant de la résistance par le poids de la corbeille, se divisèrent en plusieurs rameaux, qui ayant atteint le sommet de la corbeille, furent contraints de se recourber sur eux-mêmes par la saillie que formait la tuîle sur ce panier ; ce qui donna idée à Callimachus, qui aperçut ce jeu de la nature, de l'imiter dans les chapiteaux de cet ordre, et de distribuer les seize feuilles comme on l'exécute encore aujourd'hui ; la tuîle lui fit aussi imaginer le tailloir ". Voyez CHAPITEAU CORINTHIEN, COLLICOLO, TIGETTES, etc.

Villapaude qui nous a donné la description du Temple de Salomon, traite de fable cette histoire, et prétend que ce chapiteau était exécuté à ce Temple. Il est vrai qu'il nous le décrit composé de feuilles de palmier ; ce qui donna lieu, dit-il expressément, dans la suite, à composer les chapiteaux Corinthiens de feuilles d'olivier plutôt que d'acanthe. Sans entrer en discussion avec ces deux auteurs, je crois ce que l'un et l'autre en disent, c'est-à-dire, que les chapiteaux Corinthiens peuvent fort bien avoir été employés dans leur origine à la décoration du Temple de Jérusalem ; mais que Callimachus Sculpteur habile, peut être aussi celui à qui nous avons l'obligation de la perfection de sa forme générale, de la distribution de ses ornements et de son élégance. Ce qu'il y a de certain, c'est que depuis plusieurs siècles, ce chapiteau a passé pour un chef-d'œuvre dans son genre, et qu'il a presque été impossible à tous nos Architectes modernes qui ont voulu composer des chapiteaux d'une nouvelle invention, de l'égaler. (P)