S. m. (Architecture) on entend sous ce nom tous les lieux propres à la demeure des grands et des particuliers, aussi-bien que les édifices sacrés, places publiques, portes de ville, arcs-de-triomphe, fontaines, obélisques, etc. construits tous de pierre, ou de pierre et de bois de charpente, et dans lesquels on emploie le marbre, le bronze, le fer, le plomb, et autres matières. Ces différents bâtiments passent pour réguliers ou pour irréguliers, selon la forme des plans qui les composent. Ainsi on dit qu'un bâtiment est régulier, lorsque son plan est carré, ou de forme oblongue, pourvu que ses côtés opposés, ses avant-corps, pavillons et arriere-corps, soient égaux, et bâtis avec symétrie : au contraire on dit qu'il est irrégulier, lorsque son plan n'est pas renfermé dans des lignes parallèles entr'elles, tel qu'est un plan triangulaire, ou celui qui n'a qu'un pavillon, qu'une aîle à l'une de ses extrémités, et qui n'en a point à ses côtés opposés.

Ces mêmes bâtiments prennent encore différents noms, eu égard à leur situation : on les appelle isolés, lorsqu'ils sont entourés de rues, de jardins, ou de grandes cours, comme est celui de l'Observatoire ; flanqués ou adossés, lorsqu'ils touchent à quelque autre grand édifice, tels que ceux qui sont mitoyens au Palais-royal ou au Luxembourg ; enfoncé, lorsque leur sol est plus bas que la rue, ou les maisons adjacentes, tels que ceux qui sont construits dans les rues basses du rempart, à la porte Saint-Honoré, Montmartre, Saint-Denys, etc.

On ajoute ordinairement au terme de bâtiment, celui de son usage en particulier ; par exemple, on appelle bâtiments civils, ceux qui servent de demeures aux princes, aux ministres, aux prélats, et en général ceux qui sont rélatifs à la société ; au contraire on appelle bâtiments militaires, ceux qui sont consacrés à l'art de la guerre, tels que les portes de ville, les arsenaux, casernes, bastions, guérites, etc. on appelle bâtiments hydrauliques, ceux qui sont destinés à contenir les machines pour élever les eaux, soit pour l'utilité publique, comme celui du pont Notre-Dame ; soit pour les embellissements des maisons royales, tels que ceux de la Samaritaine et de Marly : bâtiments publics, ceux qui sont destinés à rendre la justice, ou à l'usage du public, comme le Palais à Paris, l'Hôtel-de-ville, les fontaines de Grenelle et des Innocens, ou autres de cette espèce : bâtiments du commerce, ceux où les négociants s'assemblent certain jour de la semaine, pour s'y tenir en correspondance avec les étrangers ; c'est ce qu'on appelle bourse, banque, &c.

Bâtiments de Marine, sont ceux qui sont destinés à la construction des vaisseaux, dans lesquels sont compris les magasins, arsenaux, corderies, aussi-bien que ceux où l'on tient ces vaisseaux en sûreté, comme les ports, moles, bassins, etc. bâtiments rustiques et champêtres, ceux qui à la campagne sont destinés à contenir les bestiaux, les grains, les jardins potagers, vergers légumiers, connus sous le nom de fermes ; ils sont ordinairement voisins de quelque terre considérable, enfin on appelle bâtiments particuliers, ceux qui sont destinés à la demeure des habitants d'une ville ou d'une province, qui n'ont point d'autre objet qu'une commodité relative à l'état et à la condition de leur propriétaire.

On dit aussi d'un bâtiment qu'il est triple, double, demi-double, ou simple, lorsque dans sa profondeur entre cour et jardin, il est partagé par trois, deux, une et demie, ou une seule pièce ; comme on dit bâtiment en aîle ; lorsque l'on pratique ou ajoute après-coup à un bâtiment un ou plusieurs étages, en retour de sa façade principale.

On dit encore qu'un bâtiment est feint, lorsqu'on veut parler d'une aîle affectée contre un mur mitoyen : sans autre utilité que la symétrie, soit que cette affectation se fasse en peinture ou en maçonnerie, comme celle que l'on a pratiquée à l'hôtel de Beauvilliers à Paris ; de même on appelle bâtiment ruiné, celui qui par vétusté ne laisse plus que quelques fragments de son ancienne ordonnance, tels que les ruines de Tivoli, ou la plupart des anciens châteaux aux environs de Paris, dont il ne reste plus que quelques vestiges.

Des parties essentielles qui composent la plupart des bâtiments dont nous venons de parler, on en distingue trois de préférence, savoir la solidité, la commodité, et l'ordonnance ; la première a pour objet la connaissance de l'emploi et de la qualité des matériaux, et doit être considérée comme la plus importante partie du bâtiment, connue sous le nom de construction ; la seconde consiste dans l'art de distribuer les plans selon la dignité du personnage qui fait bâtir, connue sous le nom de distribution ; la troisième consiste dans l'art de donner de la proportion, de l'harmonie et de l'accord aux parties d'un bâtiment, pour que réunis ensemble ils concourent à faire un beau tout ; et c'est ce qu'on appelle décoration. Voyez la définition de chacun des termes dont on vient de parler à leurs différents articles. (P)

BATIMENT, (Marine) on entend ordinairement par ce mot toutes sortes de navires ou vaisseaux, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, lorsqu'ils ne sont pas vaisseaux de guerre. Il y a cependant beaucoup de gens qui l'attribuent également aux vaisseaux de guerre et aux vaisseaux marchands.

Bâtiment ras, c'est un bâtiment qui n'est pas ponté.

Bâtiment délicat, c'est un navire faible de bois. (Z)