S. m. (Architecture) certaine épaisseur faite de solives, qui sépare les étages d'une maison ; c'est aussi l'aire que cette épaisseur forme, et sur laquelle on marche. La première attention qu'on doit avoir lorsqu'on fait un plancher, c'est de prendre garde qu'il ne se rencontre point de murs au-dessous, comme ceux qui ne vont pas au haut de l'édifice ; et quand il y en a, on doit tenir le plancher un peu plus haut que le mur, parce que s'il venait à s'abaisser des deux côtés, le mur le briserait.

Cette précaution prise, voici comme on fait un plancher ; on pose des solives appuyées sur les murs, et sur elles on cloue des planches minces des deux côtés, afin d'empêcher qu'en se tourmentant, elles ne s'élèvent par les bords ; on couvre ces planches de fougère ou de paille, pour les garantir de la chaux qui les gâterait ; après quoi on met une couche de grosse maçonnerie, composée d'une partie de chaux, et de trois de caillous neufs, au moins aussi gros que le poing ou deux parties de chaux, et cinq parties de cailloux qui ont déjà servi ; on bat cette couche pendant quelque temps, de sorte qu'elle soit d'environ neuf pouces d'épaisseur ; là-dessus on pose une couche de six doigts d'épaisseur, faite d'une partie de chaux et de deux de ciment ; ce qu'on appelle faire le noyau. C'est sur ce noyau qu'on met le pavé bien dressé avec la règle, soit qu'il y ait des pièces rapportées, ou seulement des carreaux, et le plancher est fini.

On fait encore des planchers d'une autre façon ; après avoir cloué un rang de planches, on en couche un autre par-dessus en-travers, que l'on arrête aussi avec des clous. Dessus ce double plancher, on met la première couche faite de caillous neufs, mêlés avec une troisième partie de tuileaux pilés, sur cinq parties de ce mélange, et de deux parties de chaux ; cette couche se couvre avec une autre de forte maçonnerie. Vient ensuite le noyau qu'on bâtit comme nous venons de le dire, et on y attache dessus de grands carreaux épais de deux doigts, et posés en sorte qu'ils soient élevés par le milieu de deux doigts pour six pieds. Ce plancher est meilleur que l'autre, mais aussi plus dispendieux.

Les Grecs suivaient une autre méthode dans la construction de leurs planchers. C'est ainsi que Vitruve la décrit : il s'agit ici d'un plancher du premier étage. On faisait un creux de deux pieds de profondeur, et on battait la terre avec le bélier ; ce creux était rempli d'une couche de mortier ou de ciment, qui était un peu élevée au milieu. On couvrait ensuite cette couche avec du charbon, que l'on battait et entassait fortement, et ceci était couvert d'un autre enduit composé de chaux, de sable et de cendre, de l'épaisseur d'un demi-pié. On dressait cet enduit à la règle et au niveau ; on emportait le dessus avec la pierre à aiguiser, et on avait un plancher fort uni. Architecture de Vitruve, liv. VII. ch. IIIe

Selon Pline, le premier plancher de cette espèce fut fait par Sosus, qui en est l'inventeur. Il était composé d'une infinité de petites pièces de différentes couleurs, en manière de mosaïque, qui représentaient les ordures qui peuvent demeurer sur un plancher après un festin, et qui le faisaient paraitre comme n'étant point balayé.

Plancher affaissé, ou arené ; c'est un plancher qui n'étant plus de niveau, panche ou d'un côté ou d'un autre, ou qui est courbe vers le milieu, à cause que sa charge est trop pesante, ou que ses bois sont trop faibles.

Plancher creux ; plancher qui est latté par-dessus à lattes jointes, recouvert d'une fausse aire de deux à trois pouces, pour porter le carreau, et enduit pardessous de plâtre au sas, sur un pareil lattis pour le plafonner.

Plancher enfoncé ; plancher dont le dessous est à bois apparent, avec des entrevoux couverts d'ais, ou enduits de plâtre sur un lattis.

Plancher hourdé ; plancher dont les entrevoux étant couverts par des ais ou des lattes, est ensuite maçonné grossièrement pour recevoir la charge et le carreau, ou les lambourdes du parquet.

Plancher plein ; plancher dont les entrevoux sont remplis de maçonnerie, et enduits à fleur de solive, ou dont les bois restent apparents, ou sont recouverts de plâtre, comme on le pratiquait autrefois ; mais cette sorte de plancher n'est plus en usage, à cause que la grande charge fait plier les solives.

Plancher ruiné et tamponné ; plancher dont les entrevoux sont remplis de plâtre et de platras, retenus par des tampons ou fentons de bois, avec des rainures hachées aux côtés des solives. Ce plancher est ordinairement enduit d'après les enduits par-dessous, et quelquefois par-dessus, sans aire ni charge. Daviler.

PLANCHER DE PLATE-FORMES, (Architecture hydraulique) c'est sur un espace peuplé de pilots, une aire faite de plate-formes ou madriers, posés en chevauchure sur des patins et racinaux, pour recevoir les premières assises de pierre de la culée, ou de la pîle d'un pont, d'un mole, d'une digue, etc.

PLANCHER, charge de (Maçonnerie) c'est la maçonnerie de certaine épaisseur qu'on met sur les solives, et ais d'entrevoux, ou sur le hourdi d'un plancher, pour recevoir l'aire de plâtre ou de carreau. On la nomme aussi fausse aire, lorsqu'elle doit être recouverte de quelque pavé ou parquet.

PLANCHER, asarota, (Littérature) nom donné par les Grecs à une espèce de plancher noir de leurs salles à manger ; il avait cette commodité que tout liquide répandu dessus, soit quand on rinçait les verres, ou qu'on se lavait la bouche, était incontinent séché.

La description que Vitruve fait des planchers des Grecs et de l'agrément qu'ils procuraient en séchant et buvant les liqueurs répandues dessus, fournit quelques lumières pour deviner l'origine de l'épithète qu'on donnait à ces sortes de planchers. L'étymologie que les Grammairiens en ont apprise de Pline, est bien bizarre ; cet auteur dit que le premier plancher de cette espèce imaginé par Sosus, était composé d'une infinité de petites pièces de différentes couleurs en manière de mosaïque, qui représentaient les ordures qui peuvent demeurer sur un plancher après un repas, et qui le faisait paraitre comme n'étant point balayé. Il est ce me semble plus croyable que ces planchers noirs, qui à cause de leur sécheresse, buvaient tout ce qui était répandu dessus, devraient plutôt être appelés , parce qu'il ne les fallait point balayer, ni essuyer avec des éponges comme les autres planchers. (D.J.)