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Catégorie parente: Beaux-arts
Catégorie : Architecture antique
S. m. (Architecture et Antiquité grecque) Odéon, et en latin Odeum, mot dérivé du grec , chant, parce que c'était chez les anciens un lieu destiné pour la répétition de la musique qui devait être chantée sur le théâtre ; c'est du moins la signification que Suidas donne de ce terme.

Le plus superbe odée de l'antiquité était celui d'Athènes, où tant de grands musiciens disputèrent le prix que la république décernait aux plus habiles. Pausanias, Plutarque, Appian, Vitruve et autres écrivains grecs et latins en ont célébré la grandeur et la magnificence.

Ce bâtiment était une espèce de théâtre élevé par Périclès ; l'intérieur en était orné de colonnes et garni de sieges. Il était couvert en pointe de mâts et d'antennes de navires pris sur les Perses ; et il se terminait en cône sous la forme d'une tente ou d'un pavillon royal.

Avant la construction du grand théâtre d'Athènes, les musiciens et les poètes s'assemblaient dans l'Odeum pour y jouer et représenter leurs pièces, d'où le lieu fut surnommé . On avait placé à l'entrée une statue de Bacchus pour rappeler l'origine de la tragédie qui commença chez les Grecs par des hymnes en l'honneur de ce dieu. On continua de réciter dans l'Odeum les nouvelles pièces avant que de les représenter sur le théâtre. Comme l'édifice était vaste et commode, les archontes y tenaient quelquefois leur tribunal, et l'on y faisait au peuple la distribution des blés et des farines.

Ce bâtiment fut brulé l'an de Rome 668, 86 ans avant l'ère chrétienne, pendant le siege d'Athènes par Sylla. Aristion qui défendait la ville pour Mithridate, craignant que le général romain ne se servit des bois et autres matériaux de l'Odeum pour attaquer l'acropole ou le château, y fit mettre le feu. Dans la suite Ariobarzane le fit rebâtir. C'était Ariobarzane Philopator, second du nom, qui regna en Cappadoce depuis l'an 690 de Rome, jusque vers l'an 703. Ce prince n'épargna aucune dépense pour rendre à cet édifice sa première splendeur. Strabon, Plutarque, Pausanias qui ont écrit depuis le rétablissement de cet édifice, le mettent au nombre des plus magnifiques ornements d'Athènes. Le rhéteur Hérodès Atticus, qui vivait sous les Antonins, ajouta de nouveaux embellissements à l'Odeum. Athènes, il est vrai, n'était plus la souveraine de la Gréce ; mais elle conservait encore quelque empire dans les Sciences et dans les Arts ; titre qui lui mérita l'amour, le respect et la bienveillance des princes et des peuples étrangers.

L'édifice d'Ariobarzane était d'une grande solidité, si l'on en juge par les vestiges qui subsistent encore après dix-huit siècles. Voici la description que Whéler en a faite dans son voyage d'Athènes. " Les fondements, dit-il, en sont de prodigieux quartiers de roche taillés en pointe de diamants, et bâtis en demi cercle, dont le diamètre peut être de 140 pas ordinaires ; mais ses deux extrémités se terminent en angle obtus sur le derrière qui est entiérement taillé dans le roc, et élevé de cinq à six pieds. On y monte par des degrés, et à chaque côté sont des bancs ciselés pour s'asseoir le long des deux branches du demi cercle. " Ainsi l'édifice de forme semi-circulaire pouvait avoir dans son diamètre, suivant notre mesure, 350 pieds, ou 58 taises. Whéler prouve d'après ce témoignage de Pausanias, et par les circonstances locales, que ce monument dont il donne le plan est l'Odeum d'Ariobarzane. On ne doit pas le confondre avec le théâtre qui s'appelle encore le théâtre de Bacchus, et dont notre savant voyageur anglais a fait aussi la description.

Il y avait cinq bâtiments à Rome portant le nom d'Odeum. Ils servaient à instruire les musiciens et les joueurs d'instruments, ainsi que ceux qui devaient jouer quelque personnage aux comédies et tragédies, avant que de les produire au théâtre devant le peuple. (D.J.)




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