VERNIS DE LA CHINE, (Arts étrangers) gomme qu’on tire par incision et qu’on applique avec art sur le bois pour le conserver, et lui donner un éclat durable.

Un ouvrage d'un bois vernis doit être fait à loisir. Un été suffit à-peine pour donner à l'ouvrage de vernis toute la perfection qu'il doit avoir. Il est rare que les Chinois aient de ces sortes d'ouvrages de prêts, presque toujours ils attendent l'arrivée des vaisseaux pour y travailler, et se conformer au goût des européens.

Ce que c'est que le vernis chinois. Le vernis que les Chinois nomment tsi, est une gomme roussâtre qui découle de certains arbres par des incisions que l'on fait à l'écorce jusqu'au bois, sans cependant l'entamer. Ces arbres se trouvent dans les provinces de Kiang-si et de Se-tehuen : ceux du territoire de Kanttcheou, ville des plus méridionales de la province de Kiang-si, donnent le vernis le plus estimé.

Son choix. Pour tirer du vernis de ces arbres, il faut attendre qu'ils aient 7 ou 8 ans. Celui qu'on en tirerait avant ce temps-là ne serait pas d'un bon usage. Le tronc des arbres les plus jeunes dont on commence à tirer le vernis, a plus d'un pied de circuit. On dit que le vernis qui découle de ces arbres vaut mieux que celui qui découle des arbres plus vieux, mais qu'ils en donnent beaucoup moins.

Arbre d'où découle le vernis. Ces arbres dont la feuille et l'écorce ressemblent assez à la feuille et à l'écorce du frêne, n'ont jamais guère plus de 15 pieds de hauteur ; la grosseur de leur tronc est alors de deux pieds et demi de circuit, ils ne portent ni fleurs, ni fruits : voici comme ils se multiplient.

Sa culture. Au printemps quand l'arbre pousse, on choisit le rejeton le plus vigoureux, qui sorte du tronc et non pas des branches ; quand ce rejeton est long d'environ un pied, on l'enduit par le bas de mortier fait de terre jaune. Cet enduit commence environ deux pouces au-dessous du lieu où il sort du tronc, et descend au-dessous quatre ou cinq pouces ; son épaisseur est au-moins de trois pouces. On couvre bien cette terre, et on l'enveloppe d'une natte qu'on lie avec soin pour la défendre des pluies et des injures de l'air. On laisse le tout dans cet état depuis l'équinoxe du printemps jusqu'à celui d'automne. Alors on ouvre tant-sait-peu la terre pour examiner en quel état sont les racines que le rejeton a coutume d'y pousser, et qui se divisent en plusieurs filets ; si ces filets sont de couleur jaunâtre ou roussâtre, on juge qu'il est temps de séparer le rejeton de l'arbre, on le coupe adroitement sans l'endommager, et on le plante. Si ces filets sont encore blancs, c'est signe qu'ils sont trop tendres, ainsi on recouvre l'enduit de terre comme il était auparavant, et on diffère au printemps suivant à couper le rejeton pour le planter. Mais soit qu'on le plante au printemps ou en automne, il faut mettre beaucoup de cendres dans le trou qu'on a préparé, sans quoi les fourmis dévoreraient les racines encore tendres, ou du-moins en tireraient tout le suc et les feraient sécher.

Saison du vernis. L'été est la seule saison où l'on puisse tirer le vernis des arbres ; il n'en sort point pendant l'hiver, et celui qui sort au printemps et en automne est toujours mêlé d'eau.

Sa récolte. Pour tirer le vernis on fait plusieurs incisions de niveau à l'écorce de l'arbre autour du tronc, qui selon qu'il est plus ou moins gros, peut en fournir plus ou moins. Le premier rang des incisions n'est éloigné de terre que de sept pouces. A la même distance plus haut se fait un second rang d'incisions, et ainsi de sept en sept pouces jusqu'aux branches qui ont une grosseur suffisante.

On se sert pour faire ces incisions d'un petit couteau fait en demi-cercle. Chaque incision doit être un peu oblique de bas-en-haut, aussi profonde que l'écorce est épaisse, et non pas davantage ; celui qui la fait d'une main, a dans l'autre main une coquille dont il insere aussi-tôt les bords dans l'incision autant qu'elle peut y entrer. Ces coquilles sont plus grandes que les plus grandes coquilles d'huitres qu'on voie en Europe. On fait ces incisions le soir, et le matin on Ve recueillir ce qui a coulé dans les coquilles ; le soir on les insere de nouveau dans les incisions, et l'on continue de la même manière jusqu'à la fin de l'été.

Ce ne sont point d'ordinaire les propriétaires de ces arbres qui en tirent le vernis, ce sont des marchands qui, dans la saison, traitent avec les propriétaires, moyennant cinq sous par pied. Ces marchands louent des ouvriers auxquels ils donnent par mois une once d'argent tant pour leur travail que pour leur nourriture. Un de ces ouvriers suffit pour cinquante pieds d'arbre.

Précaution nécessaire à la récolte du vernis. Il y a des précautions à prendre pour garantir les ouvriers des impressions malignes du vernis. Il faut avoir préparé de l'huîle de rabette, où l'on aura fait bouillir une certaine quantité de ces filaments charnus qui se trouvent entremêlés dans la graisse des cochons, et qui ne se fondent point quand on fait le saindoux. Lorsque les ouvriers vont placer ces coquilles aux arbres, ils portent avec eux un peu de cette huîle dont ils se frottent le visage et les mains le matin ; lorsqu'après avoir recueilli le vernis, ils reviennent chez les marchands, ils se frottent encore plus exactement de cette huile.

Après le repas, ils se lavent tout le corps avec de l'eau chaude, dans laquelle on a fait bouillir de l'écorce extérieure et hérissée de chataignes, de l'écorce de bois de sapin, du salpêtre crystallisé, et d'une herbe qui est une espèce de blete qui a du rapport au tricolor. Toutes ces drogues passent pour être froides.

Chaque ouvrier remplit de cette eau un petit bassin, et s'en lave en particulier ; ce bassin doit être d'étain.

Dans le temps qu'ils travaillent près des arbres, ils s'enveloppent la tête d'un sac de toîle qu'ils lient autour du cou où il n'y a que deux trous vis-à-vis des yeux. Ils se couvrent le devant du corps d'une espèce de tablier fait de peau de daim passée, qu'ils suspendent au cou par des cordons, et qu'ils arrêtent par une ceinture ; ils ont aussi des bottines de la même matière, et aux bras des gants de peau fort longs.

Vases pour la récolte. Quand il s'agit de recueillir le vernis, ils ont un vase fait de peau de bœuf attaché à leur ceinture ; d'une main ils dégagent les coquilles, et de l'autre ils les raclent avec un petit instrument de fer, jusqu'à-ce qu'ils en aient tiré tout le vernis. Au bas de l'arbre est un panier où on laisse les coquilles jusqu'au soir. Pour faciliter la récolte du vernis, les propriétaires des arbres ont soin de les planter à peu de distance les uns des autres.

Attelier du vernis. Le marchand tient prêt un grand vase de terre sur lequel est un châssis de bois soutenu par quatre pieds, à-peu-près comme une table carrée dont le milieu serait vide ; sur le châssis est une toîle claire arrêtée par les quatre coins avec des anneaux. On tient cette toîle un peu lâche, et on y verse le vernis. Le plus liquide s'étant écoulé de lui-même, on tord la toîle pour faire couler le reste. Le peu qui demeure dans la toîle se met à part, on le vend aux droguistes parce qu'il est de quelque usage dans la médecine. On est content de la récolte, lorsque dans une nuit mille arbres donnent vingt livres de vernis.

Maladie qu'il occasionne. Il en coute cher aux ouvriers qui recueillent le vernis, quand ils négligent de prendre les précautions nécessaires dont nous venons de parler. Le mal qui les attaque commence par des espèces de dartres qui leur couvrent en un jour le visage et le reste du corps : bien-tôt le visage du malade se bouffit, et son corps qui s'enfle extraordinairement, parait tout couvert de lepre.

Pour guérir un homme attaqué de ce mal, on lui fait boire d'abord quelques écuellées de l'eau droguée dont les ouvriers se servent pour prévenir ces accidents. Cette eau le purge violemment. On lui fait ensuite recevoir une forte fumigation de la même eau, en le tenant bien enveloppé de couvertures, moyennant quoi l'enflure et la bouffissure disparaissent ; mais la peau n'est pas si-tôt saine ; elle se déchire en plusieurs endroits, et rend beaucoup d'eau. Pour y remedier on prend de cette espèce de blete qui a du rapport au tricolor : on la seche et on la brule ; puis on en applique la cendre sur les parties du corps les plus maltraitées. Cette cendre s'imbibe de l'humeur âcre qui sort des parties déchirées ; la peau se seche, tombe, et se renouvelle.

Propriétés du vernis. Le vernis de la Chine, outre l'éclat qu'il donne aux moindres ouvrages auxquels on l'applique, a encore la propriété de conserver le bois et d'empêcher que l'humidité n'y pénetre. On peut y répandre tout ce qu'on veut de liquide ; en passant un linge mouillé sur l'endroit, il n'y reste aucun vestige, pas même l'odeur de ce qui y a été répandu. Mais il y a de l'art à l'appliquer, et quelque bon qu'il soit de sa nature, on a encore besoin d'une main habîle et industrieuse pour le mettre en œuvre. Il faut surtout de l'adresse et de la patience dans l'ouvrier pour trouver ce juste tempérament que demande le vernis, afin qu'il ne soit ni trop liquide, ni trop épais, sans quoi il ne réussirait que médiocrement dans ce travail.

Manières de l'appliquer. Le vernis s'applique en deux manières ; l'une qui est simple, se fait immédiatement sur le bois. Après l'avoir bien poli, on passe deux ou trois fois de cette espèce d'huîle que les Chinois appellent tong-yeou : quand elle est bien seche, on applique deux ou trois couches de vernis. Si on veut cacher toute la matière sur laquelle on travaille, on multiplie le nombre des couches de vernis, et il devient alors si éclatant qu'il ressemble à une glace de miroir. Quand l'ouvrage est sec, on y peint en or et en argent diverses sortes de figures, comme des fleurs, des hommes, des oiseaux, des arbres, des montagnes, des palais, etc. sur lesquels on passe encore une légère couche de vernis, qui leur donne de l'éclat, et qui les conserve.

L'autre manière qui est moins simple, demande plus de préparation ; car elle se fait sur une espèce de petit mastic qu'on a auparavant appliqué sur le bois. On compose de papier, de filasse, de chaux et de quelques autres matières bien battues, une espèce de carton qu'on colle sur le bois, et qui forme un fond très-uni et très-solide, sur lequel on passe deux ou trois fois de l'huîle dont nous avons parlé, après quoi l'on applique le vernis à differentes couches qu'on laisse sécher l'une après l'autre. Chaque ouvrier a son secret particulier qui rend l'ouvrage plus ou moins parfait, selon qu'il est plus ou moins habile.

Moyens de rétablir le vernis. Il arrive souvent qu'à force de répandre du thé ou des liqueurs chaudes sur des ustensiles de vernis, le lustre s'en efface parce que le vernis se ternit et devient jaune ; le moyen de lui rendre le noir éclatant qu'il avait, est de l'exposer une nuit à la gelée blanche, et encore mieux de le tenir quelque temps dans la neige. Observations curieuses sur l'Asie ; et du Halde, description de la Chine, (D.J.)

VERNIS DU JAPON, (Art exotique) l'arbre qui donne le véritable vernis du Japon s'appelle urusi ; cet arbre produit un jus blanchâtre, dont les Japonais se servent pour vernir tous leurs meubles, leurs plats, leurs assiettes de bois qui sont en usage chez toutes sortes de personnes, depuis l'empereur jusqu'au paysan : car à la cour, et à la table de ce monarque, les ustensiles vernissés sont préférés à ceux d'or et d'argent. Le véritable vernis est une espèce particulière au Japon ; il croit dans la province de Fingo et dans l'île de Tricom ; mais le meilleur de tous est celui de la province de Jamatto.

Cet arbre a peu de branches ; son écorce est blanchâtre, raboteuse, se séparant facilement : son bois est très-fragile, et ressemble à celui du saule ; sa moèlle est très-abondante ; ses feuilles semblables à celles du noyer, sont longues de huit à neuf pouces, ovales et terminées en pointe, point découpées à leur bord, ayant au milieu une côte ronde, qui règne dans toute leur longueur jusqu'à la pointe, et qui envoye de chaque côté jusqu'au bord plusieurs moindres nervures. Ces feuilles ont un goût sauvage, et quand on en frotte un panier elles le teignent d'une couleur noirâtre ; les fleurs qui naissent en grappe des aisselles des feuilles, sont fort petites, d'un jaune verdâtre, à cinq pétales, un peu longs et recourbés. Les étamines sont en pointes et très-courtes aussi-bien que le pistil qui est terminé par trois têtes. L'odeur de ces fleurs est douce et fort gracieuse, ayant beaucoup de rapport à celle des fleurs d'orange. Le fruit qui vient ensuite a la figure et la grosseur d'un pois chiche : dans sa maturité il est fort dur et d'une couleur sale.

L'arbre du vernis qui croit dans les Indes, et que Kaempfer juge être le véritable anacarde est tout à fait différent de l'urusi du Japon. A Siam on l'appelle toni-rack, c'est-à-dire l'arbre du rack. Il se tire de la province de Corsama et du royaume de Cambodia ; on en perce le tronc, d'où il sort une liqueur appelée nam-rack, c'est-à-dire jus de rack ; il croit et porte du fruit dans la plupart des contrées de l'Orient ; mais on a observé qu'il ne produit point son jus blanchâtre à l'ouest du Gange, soit à cause de la stérilité du terroir, ou par l'ignorance des gens du pays qui ne savent pas la manière de le cultiver.

La composition du vernis japonais ne demande pas une grande préparation ; on reçoit le jus de l'urusi après qu'on y a fait une incision, sur deux feuilles d'un papier fait exprès, et presque aussi mince que des toiles d'araignées. On le presse ensuite avec la main pour en faire couler la matière la plus pure ; les matières grossières et hétérogènes demeurent dans le papier ; puis on mêle dans ce jus environ une centième partie d'une huîle appelée toi, faite du fruit d'un arbre nommé kiri, et on verse le tout dans des vases de bois qui se transportent où l'on veut.

Le vernis s'y conserve parfaitement, si ce n'est qu'il se forme à la superficie une espèce de croute noirâtre que l'on jete. On rougit le vernis quand on veut avec du cinabre de la Chine, ou avec une espèce de terre rouge, que les Hollandais portaient autrefois de la Chine au Japon, et que les Chinois y portent présentement eux-mêmes ; ou enfin avec la matière qui fait le fond de l'encre du pays : le jus du vernis, tant de celui du Japon que de celui de Siam, a une odeur forte qui empoisonnerait ceux qui l'emploient, leur causerait de violents maux de tête, et leur ferait enfler les lèvres, s'ils n'avaient soin de se couvrir la bouche et les narines avec un linge, quand ils le recueillent. On trouvera la description et la figure de l'arbre du vernis des Indes dans les Aménités exotiques de Kaempfer ; il n'y a rien d'assez particulier pour l'ajouter ici. (D.J.)

VERNIS D'AMBRE JAUNE, (Chimie) c'est une dissolution d'ambre à petit feu, ensuite pulvérisé et incorporé avec de l'huîle seche. Le docteur Shaw nous indique le procédé de ce vernis.

Prenez, dit-il, quatre onces d'ambre jaune, mettez-les dans un creuset, et faites-les fondre précisément au juste degré de chaleur qui convient à cette substance, c'est-à-dire à très-petit feu. Quand la matière sera en fusion, versez-la sur une plaque de fer ; lorsqu'elle sera refroidie vous réduirez l'ambre en poudre, et vous y ajouterez deux onces d'huîle seche (c'est-à-dire d'huîle de semence de lin préparée ou épaissie par un peu de litharge avec laquelle on l'aura fait bouillir), et une pinte d'huîle de térébenthine ; faites ensuite fondre le tout ensemble et vous aurez du vernis.

Cette méthode de faire le vernis d'ambre a été regardée jusqu'à présent comme un secret, dont un très-petit nombre de personnes étaient instruites ; cependant il mérite qu'on le rende public, parce que ce procédé peut nous diriger, dans la conduite des moyens propres à perfectionner l'art des vernis, et particulièrement celui du Japon, ou dans la manière de dissoudre l'ambre, d'où dépend la perfection de plusieurs arts, tels en particulier que l'art des embaumements. On perfectionnerait beaucoup en effet ce dernier, si l'on pouvait parvenir à conserver le corps humain dans une espèce d'enveloppe transparente d'ambre, comme nous voyons les mouches, les araignées, les sauterelles, etc. qu'on conserve de cette manière dans la plus grande perfection.

Pour parvenir à ce but, du-moins par approximation, on a substitué utilement à l'ambre une belle résine cuite jusqu'à la consistance de colophone, ou sous la forme d'une substance transparente et compacte, quoique fragîle ; on fait dissoudre cette résine à une chaleur douce, et l'on y trempe ensuite à plusieurs reprises successivement les corps de quelques insectes, par ce moyen ils sont revêtus de colophone. Cette substance en effet ressemble en quelque façon à l'ambre, il faut seulement avoir soin de la préserver du contact de la poussière si l'on veut lui conserver sa transparence.

Si l'on pouvait dissoudre l'ambre sans diminuer sa transparence, ou en former une masse considérable, en unissant par le moyen de la fusion plusieurs morceaux ensemble, ce procédé tendrait non-seulement à perfectionner l'art des embaumements, mais parviendrait à rendre l'ambre une matière d'usage dans plusieurs circonstances, au-lieu de bois, de marbre, de glace, d'argent, d'or, et d'autres métaux ; car alors on pourrait en faire aisément différentes espèces de vaisseaux et d'instruments.

Notre expérience pousse encore plus loin la découverte, et nous apprend que l'ambre contient une certaine partie visqueuse, aqueuse ou mucilagineuse. En conséquence il exige ordinairement qu'on le fasse évaporer à un très-grand degré de chaleur avant que de pouvoir se dissoudre aisément dans l'huile, avec laquelle il forme ensuite une substance d'une nature composée de celle d'une huile, d'une gomme, et d'une résine. L'huîle éthérée de térébenthine ne la dissoudrait même pas à-moins qu'elle ne fût épaissie, et qu'on ne l'eut rendue propre à ce dessein par le moyen d'une huîle seche. Il parait donc évidemment d'après ces observations, que l'ambre n'est pas seulement résineux, mais aussi mucilagineux ; ainsi lorsqu'on voudra tenter de fondre ensemble de petits morceaux d'ambre pour en former une seule masse, on fera bien de considérer cette substance comme une résine mucilagineuse, et par conséquent propre à se dissoudre ; 1°. dans une huîle épaissie par une évaporation préalable de ses parties aqueuses, ou par la destruction de sa portion la plus mucilagineuse ; 2°. il est possible de la dissoudre en la faisant bouillir dans une lessive de sel de tartre ou de chaux vive, ou dans quelque autre substance plus âcre et plus alkaline encore ; 3°. et que le digesteur parait très-propre à dissoudre cette substance résineuse et mucilagineuse par le moyen d'une huîle par expression qu'on ajoute à l'ambre qu'on a d'abord réduit en poudre subtile. On empêche ensuite l'une et l'autre de bruler par l'interposition de l'eau ; nous recommandons surtout dans cette opération, une digestion lente et modérée, plutôt qu'un très-grand degré de chaleur. L'expérience que nous venons de donner indique donc trois différentes méthodes pour dissoudre l'ambre sans détruire considérablement sa texture, ou du-moins nous met en état de pouvoir lui rendre sa première forme, et d'en refaire une espèce d'ambre par une opération très-utile. Shaws, Essais chimical. (D.J.)

VERNIS, terme d'Imprimeur, composition de térébenthine et d'huîle de noix ou de lin, cuits séparément, puis mêlées et incorporées l'une avec l'autre, dont ils font leur encre à imprimer, en la broyant avec du noir de fumée. (D.J.)

VERNIS à la bronze, (Peinture) on le compose en prenant une once de gomme-laque plate, qu'on réduit en poudre très-fine, et qu'ensuite on met dans un matras de verre de Lorraine qui tienne trois demi-septiers, voyez MATRAS ; alors on verse par-dessus un demiseptier d'esprit-de-vin, et l'on bouche le matras, le laissant reposer quatre jours durant pour laisser dissoudre la gomme laque ; il faut néanmoins pendant ce temps-là remuer le matras, comme en rinçant, quatre ou cinq fois par jour, afin d'empêcher que la gomme laque ne se lie en une masse, et ne s'attache aux parois du matras. Mais si au bout de ces quatre jours la gomme n'est pas dissoute, on mettra le matras sur un petit bain de sable, à un feu très-doux, voyez BAIN DE SABLE, pour la faire dissoudre entièrement, et lorsque la laque sera dissoute, le vernis sera fait. En mettant l'esprit-de-vin sur la gomme qui est dans le matras, vous le verserez peu-à-peu, afin qu'il pénètre mieux la poudre, et de temps-en-temps il faut cesser de verser l'esprit-de-vin et remuer le matras en rinçant, et continuer jusqu'à-ce qu'on y ait mis tout l'esprit-de-vin, pour qu'il soit bien mêlé avec la gomme laque.

VERNIS pour les plâtres, prenez quatre gros du plus beau savon, et quatre gros de la plus belle cire blanche dans une pinte d'eau. L'on met l'eau sur les cendres chaudes, l'on ratisse le savon et la cire que l'on fait fondre dans cette eau dans un vase neuf et vernissé : on y trempe le plâtre en le soutenant un moment ; un quart-d'heure après, on le retrempe de même ; cinq ou six jours après, lorsqu'il est entièrement sec, on le polit en frottant avec un doigt enveloppé de mousseline. Ce vernis ne fait aucune épaisseur, et conserve au plâtre sa blancheur.

VERNIS de plomb, (Arts) on fait le vernis de plomb en jetant du charbon pilé dans du plomb bien fondu, et en les remuant longtemps ensemble. On en sépare le charbon en le lavant dans l'eau, et le faisant sécher. Les Potiers de terre se servent du vernis de plomb ou de plomb minéral pulvérisé, pour vernir leurs ouvrages. On voit par une lampe vernissée, que M. de Caylus a fait graver dans ses antiquités, que les anciens ont connu l'art de vernir avec le plomb les ouvrages de terre, comme nous le faisons aujourd'hui. Il est vrai qu'il y a peu d'exemples de leurs connaissances dans cette matière ; mais celle-là suffit pour prouver que les anciens ont connu un très-grand nombre de pratiques des arts, que plusieurs modernes leur ont refusées. (D.J.)

VERNIS, s. m. (Poterie de terre) espèce d'enduit brillant que l'on met sur les ouvrages de poterie, et sur ceux de fayance. Le plomb sert à la vernissure de la première, et la potée pour vernisser l'autre. (D.J.)